PARIS (AFP) - A la faveur du froid, plusieurs régions françaises connaissent ces jours-ci de nouveaux pics de pollution aux particules fines, polluants émis par nos pots d'échappement ou nos cheminées et dont la France, dans le collimateur de Bruxelles, ne parvient pas à se débarrasser.
Dans les Bouches-du-Rhône, les taux de particules en suspension dépassent le seuil d'information de la population depuis le 19 février, a indiqué jeudi Air Paca, l'association régionale de surveillance de l'air. En cause: le froid, qui maintient au sol les masses d'air polluées, et le vent faible, qui empêche leur évacuation.
L'ensemble de la région Rhône-Alpes est également touchée depuis samedi par un épisode de pollution et le niveau d'alerte a été franchi mardi, soulignait mercredi l'observatoire Air Rhône-Alpes. Les régions voisines, Auvergne, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et le canton de Genève, enregistraient également de très forts niveaux de pollution.
Le dépassement du seuil d'information, à partir d'une concentration de 50 microgrammes par mètre cube d'air, s'accompagne de recommandations notamment pour les personnes les plus vulnérables, et celui du seuil d'alerte, au-delà de 80 microgrammes, doit prévoir des mesures de restrictions, comme la limitation de la vitesse maximale.
Ce seuil d'information a aussi été atteint mercredi en Haute-Garonne et dans le Tarn, selon l'ORAMIP, l'organisme régional, mais un vent d'autan (le vent typique de la région) devait permettre une amélioration de la situation.
Dans un communiqué, le ministère de l’Écologie a rapporté des dépassements du seuil d'information dans "plusieurs zones" des régions Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Centre, Île-de-France, Limousin, Nord Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Poitou-Charentes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Diesel
Ces pics de pollution se multiplient en France depuis quelques années dès que surviennent des conditions météorologiques permettant l'accumulation de ces particules émises par le transport routier, principale source d'émissions dans les villes, mais aussi par le chauffage au bois des cheminées, l'industrie ou l'agriculture.
Le salage et le sablage des routes en hiver contribuent aussi à ces pics, en apportant d'autres particules qui seront elles aussi envoyées dans l'air, explique Joëlle Colosio, en charge de la qualité de l'air à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Dans les régions concernées par les pics de pollution, le ministère demande notamment de ne pas utiliser les cheminées, de limiter l'usage des véhicules diesel non équipés de filtres à particules ou de réduire sa vitesse sur les voies rapides ou les autoroutes.
Les particules fines (appelées PM10 ou PM 2,5 selon leur diamètre) ont un impact majeur sur la santé en s’immisçant profondément dans l'organisme. Outre de nombreuses maladies chroniques, comme l'asthme, la mauvaise qualité de l'air serait responsable de 42.000 décès prématurés en France chaque année, selon des chiffres rappelés début février par la ministre de l’Écologie Delphine Batho en marge de sa présentant d'une série de mesures "d'urgence" .
Les dépassements récurrents dans une quinzaine d'agglomérations des normes européennes devraient valoir à la France, visée par un recours devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, de lourdes sanctions financières.
Pour rassurer Bruxelles, le gouvernement envisage notamment de réduire la vitesse sur "certains axes à forte fréquentation" comme le périphérique parisien et de bannir 6 millions de véhicules anciens lors des pics de pollution .
Un levier sans doute plus efficace à long terme serait de réduire la part du diesel, gros émetteur de particules, dans le parc automobile français (60% aujourd'hui). Un comité sur la fiscalité écologique doit se prononcer d'ici juin sur un éventuel alignement des taxes du diesel sur celles de l'essence, une mesure jugée "incontournable" par Mme Batho.