La décision de Jean-Claude Juncker, de rattacher l'Agence européenne du médicament (EMA) et la politique des produits de santé à la branche « entreprises » de la Commission est une régression selon la revue françaisePrescrire et le British Medical Journal (BMJ).
Qualifiée d'« incompréhensible retour en arrière », cette décision du nouveau président de l'exécutif européen « suscite l'incompréhension de tous ceux qui donnent la priorité à la santé publique en Europe », insite la rédactrice en chef du BMJ et le directeur de la revue indépendante française.
Ils rappellent dans cette missive intitulée « Le médicament n'est pas une marchandise... » et rendue publique mardi 16 septembre, que son prédécesseur José Manuel Barroso avait au contraire choisi en 2009 de rattacher la politique des produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux) et l'EMA à la direction générale « sanco » (santé et consommateurs). Une mesure saluée à l'époque.
Ce rattachement, « réclamé depuis longtemps », est un « meilleur gage d'une priorité donnée à la santé publique et aux patients, plutôt qu'aux intérêts industriels et économiques à courte vue ».
« LES INTÉRÊTS INDUSTRIELS PUISSAMMENT DÉFENDUS »
« Trop de médicaments mis sur le marché européen ne représentent pas de progrès tangible pour les patients, voire sont de véritables régressions », relèvent encore les auteurs, qui avertissent M. Juncker :
« Rapprocher encore davantage l'EMA des firmes met en danger la protection de la santé des citoyens européens. »
Observateurs de l'activité de l'EMA depuis sa création en 1995, Prescrire et leBritish Medical Journal soulignent que « les intérêts industriels y sont en permanence puissamment défendus ».
Ils en citent un exemple récent : « En 2010, l'EMA a annoncé une politique volontariste de transparence et d'accès public aux données sur lesquelles l'agence base ses avis, qui intéressent la santé des Européens ». Or « la position de l'EMA s'est retournée de manière spectaculaire au cours des derniers mois, concomitamment avec la prise de fonctions à l'agence d'un responsable juridique issu des firmes ».