• Prise d'otages en Algérie: un patron en colère

    Prise d'otages en Algérie: un patron en colère

    Trois semaines après l'attaque du site BP en Algérie, Régis Arnoux, le patron de la société française CIS Catering, dont les employés ont été retenus en otages pendant 40 heures, est remonté. Contre le gouvernement, la ministre des PME et le Medef. En cause : le manque de soutien au moment des épreuves.

    Par Patricia Salentey pour LEntreprise.com, publié le05/02/2013 à 05:30

     

    Régis Arnoux est PDG et fondateur de CIS à Marseille. Trois semaines après la prise d'otages d'In Anemas en Algérie, déplore le manque de soutien du gouvernement et du Medef lors de l'attaque terroriste dont son entreprise a été victime. "Visiblement, il était plus important de se congratuler sur le retour de Florence Cassez que sur les épreuves d'une PME française face au terrorisme."

    Régis Arnoux est PDG et fondateur de CIS à Marseille. Trois semaines après la prise d'otages d'In Anemas en Algérie, déplore le manque de soutien du gouvernement et du Medef lors de l'attaque terroriste dont son entreprise a été victime. "Visiblement, il était plus important de se congratuler sur le retour de Florence Cassez que sur les épreuves d'une PME française face au terrorisme."

    Lexpress.fr

    Régis Arnoux, patron de la PME marseillaise CIS (Catering International Services), n'est pas près d'oublier ce 15 janvier 2013. Ce jour-là, à l'aube, des djihadistes attaquaient le site gazier de BP en Algérie. Sur la base de vie, 150 employés de son entreprise et un expatrié français Alexandre Berceau, responsable de la restauration. Le choc est rude : tous ses salariés sont pris en otage, des premiers morts sur le site sont déjà annoncés.

    Malgré une issue ''heureuse'' pour CIS, l'entrepreneur reste amer sur l'attentisme des autorités françaises. "Visiblement, il était plus important de se congratuler sur le retour de Florence Cassez que sur les épreuves d'une PME française face au terrorisme."

    40 heures d'attente."J'étais à Paris quand j'ai reçu un appel à 11h30 du directeur de la zone Algérie, lui-même venant d'être prévenu par Areski, le patron de notre filiale algérienne Cieptal (lire l'encadré) : la base a été attaquée !". Les nouvelles ne nous parvenaient que via le siège social de notre filiale qui se trouve à 800 km d'In Anemas. Nous avons vécu dans une angoisse extrême.'' Au total près de 800 personnes travaillaient sur le site de Tiguentourine. En majorité des Algériens, mais aussi une quarantaine de ressortissants étrangers, Américains, Britanniques, Japonais, Français, Irlandais et Norvégiens. ''Nous savions qu'il y avait eu 6 morts et que les Occidentaux étaient pris pour cible par les terroristes. Jusqu'au bout nous avons eu peur.''

    Heureusement, en entendant les coups de feu lors de l'attaque, Alexandre Berceau parvient à échapper aux terroristes. ''Djamel l'a sauvé. Grâce à lui, il a pu rester caché presque 40 heures sous son lit. Il lui apportait à manger et à boire, en prenant le risque de se faire repérer par les djihadistes. La première leçon de cette histoire, c'est celle de la solidarité," raconte avec émotion Régis Arnoux.

    Hôtelier de l'extrême. Régis Arnoux se dépeint volontiers comme "hôtelier de l'extrême". Sa société exploite quelque 170 bases de vie dans une quarantaine de pays émergents : sites gaziers, pétroliers et miniers... Dont la base de vie de Tiguentourine, en plein désert à 1 300 km au Sud Est d'Alger, que CIS gère depuis un an. "Nous n'étions pas préparés à cette attaque. La sécurité du site était assuré par 100 militaires algériens en permanence et par une entreprise de sécurité gérée par BP, une société en joint-venture : mi-algérienne, Redmed et mi-britanique, Sterling. L'un de ses collaborateurs dont Alexandre Berceau était très proche, Yann Desjeux, a été exécuté de sang-froid par les terroristes lors de l'assaut de l'armée algérienne pour libérer le site.''

    Bilan mitigé. Aujourd'hui, Régis Arnoux tire un bilan mitigé du déroulement des opérations. "C'est un miracle si aucun salarié de CIS n'a été blessé ni tué. On doit une fière chandelle à Djamel et même si tout le monde est traumatisé, je mesure l'extrême solidarité tant au niveau de la filiale (durant les quatre jours de l'assaut, aucun des sites gérés par CIS ne s'est arrêté) que des salariés en France. J'ai reçu immédiatement des témoignages et soutiens des patrons avec lesquels on travaille. Sans oublier des messages chaleureux comme ceux de Thierry Desmarest (Total), Pierre Bellon (Sodexo). Une solidarité formidable."

    CIS en chiffres

    La PME marseillaise CIS (Catering International Services) - 316 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012 et 11600 collaborateurs dans le monde entier - est spécialiste depuis 20 ans du catering, l'organisation hôtelière des bases de vie installées sur des sites d'exploitation énergétique.

    La base d'In Anemas est un lieu stratégique pour les Algériens. C'est le premier site gazier exploité, soit 10% de la production gazière locale. Premier employeur étranger en Algérie, CIS via sa filiale Cieptal y compte 4 700 collaborateurs sur plus de 50 sites et y réalise environ 68 millions d'euros de chiffre d'affaires.

    Silence assourdissant.Le chef d'entreprise ne mâche par contre pas ses mots à l'encontre du gouvernement. "Je suis choqué par le manque de soutien de nos représentants de l'Etat, par le silence assourdissant des autorités françaises, de la ministre des PME et du Medef !", insiste le patron de CIS. Lorsqu'Alexandre Berceau a été rapatrié en Sicile par les Américains avec d'autres expatriés (turques, suédois, norvégiens etc.), il y avait sur place des représentants de tous ces pays pour les accueillir. Personne pour la France ! " Une déception que ne parvient pas à effacer des échanges ultérieurs avec les autorités françaises.

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    Effet Florence Cassez ? "Bien sûr qu'on a été discret pour des raisons évidentes de sécurité en raison de la présence sur la base de vie d'un otage français [dont les terroristes ignoraient la présence]. Mais est-ce suffisant pour ne pas envoyer un signe ? Visiblement, il était plus important de se congratuler sur le retour de Florence Cassez que sur les épreuves d'une PME française face au terrorisme. Je trouve que, là encore, on ne soutient pas notre activité d'entrepreneur et notre aptitude à prendre des risques. Comme si on ne comprenait pas que la prise de risque c'est l'avenir. Que c'est grâce aux PME qu'on pourra lutter contre le chômage. Cette méconnaissance et cette non considération pour les PME est aberrante quant on voit que ce sont elles qui font le solde de la balance commerciale (CIS réalise 100% de son activité à l'international)"

    Régis Arnoux est président-fondateur de CIS à Marseille. Son entreprise est l'un des premiers employeurs étrangers en Algérie.

    D.R.

    Depuis, Régis Arnoux s'est relevé. Il est retourné en Algérie à Hassi Messaoud, début février, où il a rencontré des équipes de sa filiale, l'ambassadeur de France et des collaborateurs de BP : tous très secoués par l'attentat, mais déterminés à reprendre l'activité. Une première opération de nettoyage de la base de vie a commencé. Alexandre Berceau toujours très choqué se reconstruit chez lui avec l'aide d'une cellule psychologique. "On repart, comme dans toute situation de la vie, tant qu'il n'y a pas la mort, il y a du positif, comme la solidarité, conclut l'entrepreneur. Mais il ne faudrait pas que cela recommence.''lien 


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