• Procès de la mort d'Inaya, 20 mois : le père et la mère s'accusent

    Procès de la mort d'Inaya, 20 mois : le père et la mère s'accusent

    Par Ondine Millot, Envoyée spéciale à Melun — <time datetime="2015-10-30T22:32:12" itemprop="datePublished">30 octobre 2015 à 22h23   lien </time>
     
     
     
     
     
     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Le tribunal de Melun, le 29 octobre 2015 Photo THOMAS SAMSON. AFP

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    Le procès aux assises des parents d'Inaya, accusés d'avoir battu à mort leur fillette de 20 mois, s'est ouvert ce vendredi à Melun.

    La policière de la brigade des mineurs s’approche de la barre. Pour démarrer le résumé de semaines d’enquête, elle choisit de raconter l’audition de Sélim (1), 4 ans à l’époque, le «grand frère» d’Inaya. «Il était très agité, c’était très compliqué pour nous de capter son attention. Il nous a dit "Papa il met du sang" en nous désignant son nez. Il nous a dit qu’il avait deux sœurs, qui s’appelaient Laïla et Laïla. Lorsque l’on évoque avec lui le prénom d’Inaya, il répond : "Je connais plus"».

    Inaya, 20 mois, est morte des suites de maltraitances répétées «aux alentours de décembre 2011», ses parents ne se rappellent «pas exactement» quand. Grégoire Compiègne, 27 ans, et Bushra Taher Saleh, 29 ans, sont jugés jusqu’au 6 novembre devant la cour d’assises pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Des sévices commis «par le père», dit la mère. «Par la mère», dit le père. Chacune de leurs déclarations est un miroir accusant l’autre, perpétuant le huis clos morbide dans lequel rien ni personne ne les a jamais dérangés. Les services sociaux, pourtant censés suivre la famille et la visiter régulièrement, ne se sont aperçus de la disparition d’Inaya qu’un an après sa mort, en décembre 2012.

    La brigadière poursuit son exposé. Lors de sa deuxième audition, explique-t-elle, Sélim « nous parle d’avantage ». «Il dit "Papa mettre coups de pied et coups de poing". Il raconte que quand Inaya est décédée, il y avait du sang sur son ventre et que Papa avait dit "oh putain"». Ces violences, que les trois enfants semblaient subir quasi-quotidiennement, le triste résumé de leurs vies en porte des traces récurrentes. Il y a d’abord cette condamnation de Grégoire Compiègne, en septembre 2009, à six mois de prison pour violences sur son fils Sélim. Puis le signalement de la maternité à la naissance d’Inaya, et dans la foulée celui d’une puéricultrice, qui constatent la perte de poids du bébé et une marque sur le front de Sélim, «enfant silencieux» grondé à répétition par ses parents. Un placement des enfants est ordonné en mai 2010.

    «Des griffures et des bleus sur le visage»

    L’assistante familiale qui les recueille chez elle s’appelle Sylvie J. Elle aussi, a alerté à plusieurs reprises. «Les parents avaient un droit d’hébergement le week-end, poursuit la policière à la barre. Sylvie J. a remarqué que les enfants, au retour des week-ends qu’ils passaient chez leurs parents, perdaient du poids. Elle en a parlé aux services sociaux. Elle a constaté aussi que Laïla avait des griffures et des bleus sur le visage. Elle en a aussi parlé aux services sociaux. » Malgré ces alarmes, malgré la description de parents « volubiles, agressifs», interdisant formellement à Sylvie J. «toute marque d’affection envers les enfants», les services sociaux et la juge des enfants constatent «l’évolution positive du positionnement du couple parental» et cette dernière prononce, en août 2011, la fin du placement.

    La décision est accompagnée, en théorie, d’un suivi renforcé, avec une «aide au retour en famille». Entre ce retour et février 2012, les travailleurs sociaux se rendent «à trois ou autre reprises» au domicile de la famille. Inaya n’est jamais là, elle est «gardée par ses grands parents maternels », affirment Bushra Taher Saleh et Grégoire Compiègne. Pourtant, le 6 janvier, les parents de Bushra Taher Saleh écrivent au juge des enfants pour dire qu’ils sont sans nouvelles de leur fille depuis des mois, et sollicitent l’aide de la magistrate pour la retrouver. La juge n’en tient pas compte. Bien qu’Inaya n’ait toujours pas été vue par les éducateurs, ni inscrite à la crèche comme prévu, la magistrate estime que les parents ont « totalement stabilisé leur situation» et décide de mettre un terme au suivi. Sa décision est rendue le 27 juillet 2012. A cette date, Inaya est morte depuis déjà sept mois.

    (1) Les prénoms des mineurs ont été modifiés.


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