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    Économie

    PSA, le lion aux abois

    <time datetime="2012-10-24T21:56:55+02:00" itemprop="datePublished">24 octobre 2012 à 21:56   </time>lien

    Analyse Alors que l’Etat octroie une garantie de 7 milliards d’euros à sa banque interne, le constructeur a enregistré une nouvelle baisse sur les marchés, hier, et envisage l’avenir avec circonspection.

    Par YANN PHILIPPIN

    La descente aux enfers continue pour PSA. Le cours de Bourse du constructeur s’est effondré de 4,6% hier (et de 54% depuis janvier !), au terme d’une nouvelle journée folle qui a démontré encore une fois l’extrême faiblesse du groupe. De plus en plus malade économiquement, PSA est accusé par les marchés d’être passé sous la coupe de l’Etat pour sauver sa banque interne. Sans oublier une alliance industrielle a minima avec General Motors, et la tentation de la famille Peugeot d’abandonner le navire. Revue des enjeux d’un groupe à la dérive.

    PSA est-il passé sous la tutelle de l’État ?

    C’est la grande crainte des marchés, et la raison de la nouvelle chute de l’action. En échange de la garantie de 7 milliards d’euros de l’Etat pour sauver sa banque interne, PSA a dû accorder plusieurs contreparties : aucun versement de dividendes pendant trois ans, pas de stock-options pour les dirigeants, nomination au conseil de surveillance d’un représentant des salariés et d’un représentant officieux de l’Etat. Et, surtout, création d’un «comité de suivi» de la garantie bancaire, où siégera l’Etat. Lequel devra, selon les ministres Pierre Moscovici (Economie) et Arnaud Montebourg (Redressement productif), «donner son accord à toute opération affectant le contrôle» ou «le périmètre» de PSA.

    Le patron du groupe, Philippe Varin, a dit au contraire que ce comité ne jouera qu’un rôle «technique». Et assuré que les concessions s’inscrivent dans «le cadre de la gouvernance normale». Il est vrai que deux administrateurs isolés n’auront aucun pouvoir face à la famille Peugeot, qui contrôle le groupe. Même si l’Etat a acquis, grâce à la garantie, davantage d’influence. Au-delà des concessions, les marchés ont aussi surréagi aux déclarations musclées d’Arnaud Montebourg et de Jean-Marc Ayrault. Lequel martelait hier que le temps «des cadeaux, comme cela, sans engagement, […] est terminé».

    Y aura-t-il des contreparties en matière d’emploi ?

    Montebourg avait exigé mardi que le plan social de PSA, et ses 8 000 suppressions de postes, soit réduit de «plusieurs centaines d’emplois». Varin a refusé de confirmer, renvoyant le sujet à la consultation en cours avec les syndicats. Car PSA ne peut rien annoncer hors procédure : ce serait un délit d’entrave qui retarderait le plan social de plusieurs mois. Mais Varin a évoqué hier de possibles «ajustements» et le fait qu’il était «ouvert aux suggestions». De source gouvernementale, PSA a bien accepté de faire un effort, incluant quelques suppressions d’emplois en moins et, surtout, davantage de reclassements internes et externes. Le sujet sera abordé aujourd’hui lors d’une réunion tripartite entre la direction, les syndicats et les pouvoirs publics, a indiqué hier Pierre Moscovici.

    L’alliance avec General Motors manque-t-elle d’ambition ?

    Avec une nouvelle baisse du chiffre d’affaires de 3,9% au troisième trimestre et une hémorragie de cash qui se poursuit, PSA est aux abois. Au-delà du plan d’économies, la seule piste de rebond à moyen terme est le partage des frais de développement des nouveaux modèles avec l’allié américain GM. Seul problème : les quatre projets communs (monospaces, berlines, etc.) annoncés hier sont presque tous limités au marché européen, et réalisés non pas avec GM, mais avec sa filiale européenne Opel. Le projet de petite voiture destinée à l’Amérique latine, dont PSA a grand besoin, n’a pas été retenu. Il n’y aura rien non plus en Chine. Varin a assuré qu’il s’agit d’un arbitrage «économique». Et qu’au vu des pertes des deux groupes sur un marché européen déprimé, c’est là qu’il faut «tout faire pour réduire les coûts». Il n’empêche, cette focalisation sur l’Europe accrédite les rumeurs selon lesquelles GM refuse d’aider PSA dans les pays émergents, où l’américain est fort et le français en position de faiblesse.

    La famille Peugeot va-t-elle larguer PSA ?

    Le conflit s’envenime entre Thierry Peugeot, qui veut que la famille conserve le contrôle sur l’activité automobile, et son cousin Robert, qui souhaite lâcher progressivement les rênes en fusionnant la division auto de PSA avec Opel dans une coentreprise détenue à 50-50. Ce projet n’est pas encore arbitré. Mais il n’est pas démenti par Varin. «On ne s’interdit pas d’avoir d’autres idées en matière de synergies [avec GM et Opel]», a-t-il glissé hier. Cette perspective crée une forte émotion en interne, où la famille Peugeot est perçue, malgré ses erreurs stratégiques, comme le dernier pôle de stabilité. Mais aussi au sein du gouvernement, qui redoute de lourdes conséquences sociales en cas de fusion entre PSA et Opel. Selon un bon connaisseur du groupe, les fuites dans la presse vont en tout cas forcer la famille à «accélérer le processus de décision» sur ce choix stratégique explosif.


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