• Putsch au Mali : le président Touré dans un camp militaire à Bamako

    Putsch au Mali : le président Touré dans un camp militaire à Bamako

    Publié le 22.03.2012, 07h28 | Mise à jour : 17h12

    Des soldats mutins maliens ont affirmé jeudi à l'AFP avoir pris le contrôle de la présidence à Bamako après plusieurs heures de combats avec la garde présidentielle et avoir arrêté des ministres, dont celui des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga.

    Des soldats mutins maliens ont affirmé jeudi à l'AFP avoir pris le contrôle de la présidence à Bamako après plusieurs heures de combats avec la garde présidentielle et avoir arrêté des ministres, dont celui des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga. | Habibou Kouyate

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    Des soldats mutinés ont annoncé jeudi avoir fermé toutes les frontières après avoir renversé le malien Amadou Toumani Touré qui, selon son entourage, était dans un camp militaire à Bamako, avec des hommes d'élite de la garde présidentielle. De nombreuses condamnations ont suivi le coup de force dans ce pays d'Afrique de l'Ouest vaste comme près de deux fois la , qui devait organiser le 29 avril une élection présidentielle en dépit d'une rébellion touareg meurtrière déclenchée mi-janvier.
     

    «Le président est bien à Bamako, il n'est pas dans une ambassade. Il est dans un camp militaire d'où il dirige le commandement», a affirmé à l'AFP une source militaire loyaliste, ce qu'a confirmé un membre de l'entourage de M. Touré, en précisant qu'il était avec des Bérets rouges de sa garde présidentielle. Plus tôt, un autre responsable militaire loyaliste avait dit à l'AFP: «le président va bien, il est en lieu sûr» avec certains ministres, sans plus de détails.

    Les frontières fermées «jusqu'à nouvel ordre»

    Jeudi vers 04H00 (locales et GMT), des militaires en uniforme sont apparus à la télévision nationale qu'ils occupaient depuis mercredi, après une mutinerie partie de Kita, ville-garnison à 15 km de la capitale, qui a gagné Bamako, puis la ville de Koulouba où se trouve le siège du palais présidentiel. La révolte a gagné Gao, (nord-est), siège d'un commandement de l'armée contre la rébellion où des chefs militaires loyalistes étaient détenus.

    Les soldats mutinés ont annoncé avoir mis «fin au régime incompétent» du président Touré, décrété la dissolution de «toutes les institutions» ainsi qu'un couvre-feu, pour une durée non précisée. Les frontières du Mali ont été fermées «jusqu'à nouvel ordre», l'aéroport de Bamako a été fermé, et les vols sont annulés jusqu'à nouvel ordre, de source aéroportuaire. Les
    ont été invités à rependre le travail le mardi 27 mars à partir de 07H30 (locales et GMT), sous peine d'être considérés comme en «abandon de poste», ont-ils affirmé jeudi dans la journée.

    «L'incapacité» du gouvernement «à gérer la crise dans le Nord»

    Ce putsch intervient après plus de
    deux mois de guerre contre des rebelles touareg dans le nord du pays, vaste zone déjà en proie aux activités de groupes islamistes armés incluant Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de divers trafiquants. Le régime de Touré a dû gérer ces dernières semaines la colère au front, de soldats sous-équipés face à des adversaires lourdement armés, appuyés par des islamistes, mais aussi au sein de leurs familles, qui critiquaient l'absence de nouvelles des leurs, dont certains ont été exécutés. Le bilan de cette guerre, lourd pour les deux camps, est difficile à établir de sources indépendantes. Le conflit a poussé près de 200 000 personnes à se déplacer à l'intérieur du Mali ou dans des pays voisins.

    Le lieutenant Amadou Konaré, porte-parole des mutins qui ont formé un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE), a dénoncé «l'incapacité» du gouvernement «à gérer la crise dans le Nord». Les putschistes s'engagent à «restaurer le pouvoir» civil et à mettre en place un gouvernement d'union nationale.
    Depuis mercredi soir, des tirs de sommation sont sporadiquement entendus à Bamako, où la circulation était très fluide, selon un journaliste de l'AFP et des témoins. Des ministres africains des Affaires étrangères qui s'étaient rendus à Bamako pour une rencontre sur la sécurité dans le Sahel, étaient bloqués dans leur hôtel.


    Condamnations internationales

    Le coup d'Etat militaire a mis fin à un processus électoral qui prévoyait la présidentielle, un référendum constitutionnel et des législatives. Amadou Toumani Touré -élu en 2000 et réélu en 2007- devait céder son fauteuil, conformément à la Constitution qui lui autorisait au maximum deux mandats consécutifs de cinq ans. L'unique formation de l'opposition représentée à l'Assemblée nationale malienne, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), a été le seul à se prononcer sur le putsch, qu'il a salué. Son président, Oumar Mariko, s'est déclaré prêt à rejoindre un gouvernement d'union nationale.

    Mais l'annonce du renversement du pouvoir a suscité une vague de condamnations et d'appels au rétablissement de l'ordre constitutionnel à l'étranger: Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Union africaine, France, Algérie, Etats-Unis, Union européenne (UE), ONU et Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Union africaine (UA), Afrique du Sud, Nigeria, organisation de la Conférence islamique (OCI), notamment.

    La France a décidé de suspendre «toutes ses coopérations régaliennes avec le Mali», a demandé le respect de l'intégrité physique du président Touré et la libération des personnes détenues. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a souhaité des élections «le plus vite possible».

    Pour Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine, le putsch «constitue un sérieux recul pour le Mali et pour les processus démocratiques en cours sur le continent». Le chef de l'OCI s'en est dit «profondément choqué». Le président nigérien Goodluck Jonathan a parlé d'«un revers» pour la démocratie en Afrique.

    L'Algérie a exprimé sa «grande préoccupation», l'UE a réclamé le retour de l'ordre constitutionnel et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé à une résolution pacifique des «doléances».

    Les Etats-Unis ont demandé «le retour immédiat de l'ordre constitutionnel au Mali, dont l'autorité pleine et entière du pouvoir civil sur les forces armées, et au respect des institutions et traditions démocratiques du pays».


    Les coups d'Etat depuis l'indépendance

    Le Mali, théâtre dans les années 1990 d'une rébellion touareg puis d'une résurgence de cette rébellion de 2006 à 2009, est confronté depuis mi-janvier à des attaques du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi en Libye. La branche maghrébine d'Al-Qaïda, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a des bases dans le nord du territoire.

    19 nov 1968: Un coup d'Etat militaire dirigé par Moussa Traoré renverse Modibo Keïta, au pouvoir depuis l'indépendance en 1960 et met en place un Comité militaire de libération nationale (CMLN). Traoré cumule les fonctions de président du CMLN, de chef de l'Etat et du gouvernement. Modibo Keïta meurt en détention en 1977.

    26 mars 1991: Le général Moussa Traoré est renversé lors d'un coup d'Etat militaire après plus de 22 ans de pouvoir sans partage, à l'issue de plusieurs jours d'un soulèvement populaire durement réprimé (plus d'une centaine de morts, un millier de blessés). Un Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), présidé par Amadou Toumani Touré, surnommé "ATT", est chargé de diriger le pays.
    Après une Conférence nationale qui adopte un projet de Constitution instaurant le multipartisme et un système présidentiel, "ATT" remet le pouvoir à un régime civil et en 1992, Alpha Oumar Konaré est le premier président démocratiquement élu. Moussa Traoré et son épouse Mariam, condamnés à mort en 1993 pour "crimes de sang" puis en 1999 pour "crimes économiques", sont graciés en 2002.

    12 mai 2002: Amadou Toumani Touré, ayant pris sa retraite de l'armée, retrouve le pouvoir en remportant le second tour de l'élection présidentielle. Alpha Oumar Konaré, réélu en 1997, ne s'était pas représenté, respectant en cela les termes de la Constitution limitant à deux le nombre de mandats à la magistrature suprême.

     

     

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