Des milliers de manifestants, dont Thierry Lepaon (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO), sont partis mardi en début d’après-midi de Montparnasse vers l’Assemblée nationale, où le projet de loi sur l’emploi, rejeté par ces syndicats, devait être adopté en fin d’après-midi.
Derrière la banderole de tête défilaient aussi, sous une pluie battante, les leaders de la FSU, Bernadette Groison, et de Solidaires, Annick Coupé. «Ce n’est pas du tout un accord donnant-donnant, comme le dit Michel Sapin (ministre du Travail) mais un accord donnant-perdant», a lancé au départ du cortège Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT. Selon lui, «on voit bien l’intérêt que peuvent avoir les employeurs à avoir plus de flexibilité et de mobilité. Par contre pour les employés, ils ont du mal à nous convaincre que ça permettra de répondre à l’objectif fixé qui est la création d’emplois dans notre pays».
De son côté, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a affirmé : «Je veux que les députés sachent qu’il y en a qui ne sont pas d’accord avec eux.» «C’est une piqûre de rappel, une façon de leur dire que dans quelques mois, quand la loi sera appliquée, c’est vous qui en porterez la responsabilité», a ajouté le leader de FO.
En tête de cortège défilaient les militants de PSA Aulnay qui scandaient «interdiction des licenciements, aucune usine ne doit fermer». «C’est un symbole qu’on soit en tête de manif», a lancé Jean-Pierre Mercier (CGT Aulnay), rappelant que l’usine entame sa «13e semaine de grève».
Dans l’hémicycle les élus devaient adopter le texte en fin d’après midi. Ils avaient achevé peu après minuit l’examen de tous les articles et des amendements - émanant essentiellement du Front de gauche. Le projet sera ensuite soumis au Sénat à partir du 17 avril en procédure accélérée. Présent au défilé parisien, le sénateur Pierre Laurent, numéro un du PCF, a promis la poursuite de la bataille à la haute assemblée. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un jour de «deuil social».
En revanche, la présidente du Medef, Laurence Parisot, est «plutôt satisfaite» de voir respectés «les grands dispositifs» de l’accord. Le leader de la CGT a reproché au gouvernement d’avoir «une oreille droite bien ouverte» aux revendications du Medef et «une oreille gauche un peu bouchée».
«Meurtre avec préméditation» du code du travail
Toutefois, la CGT et FO ont mobilisé modestement mardi dans le reste de la France. A Lyon, 1 800 manifestants, selon la police, ont défilé de la manufacture des tabacs à la place Bellecour, les drapeaux CGT colorant le défilé. «C’est contre le gouvernement qu’on manifeste. On nous parle de sécurité de l’emploi mais c’est tout l’inverse», a affirmé Guillaume Dumoulin, représentant CGT chez Presstalis.
Aux cris de «non à l’accord destructeur de nos droits et nos emplois», 350 manifestants ont battu le pavé à Strasbourg, sous une pluie fine. «Le Medef obtient tout, les salariés rien», s’est indigné auprès de l’AFP un manifestant CGT.
A Marseille, plusieurs milliers de manifestants ont marché de la Canebière à la Préfecture, drapeaux CGT et FO au vent. «Parlementaires osez le progrès social, résistez au diktat du Medef», lisait-on sur la banderole de tête. «Hollande, c’est le peuple qui t’a élu pas le Medef, ni la CFDT», prévenait une pancarte.
A Toulouse entre 1 800 (police) et 3 000 personnes (syndicats), ont défilé derrière une banderole dénonçant «l’accord scélérat». Des affichettes dénonçaient le «meurtre avec préméditation» visant le Code du travail.
Entre 1 700 et 7 000 personnes ont défilé à Bordeaux. «La régression, on n’en veut pas, retirons ce projet de loi criminel et mortifère», scandaient des manifestants.
A Bayonne, ils étaient 750, à Pau 800, selon la police, à Nice entre 650 et 1 500, à Nîmes entre 400 et 500. Environ 700 manifestants ont défilé à Rennes, selon des journalistes AFP. Au Mans, ils étaient un millier à aller au siège du PS. 920 salariés selon la police, ont défilé à Grenoble et entre 900 et 1.500 à Clermont-Ferrand.