• Qui est Béji Caïd Essebsi, le nouveau président de Tunisie

    Qui est Béji Caïd Essebsi, le nouveau

    président de Tunisie

    Publication: <time datetime="2014-12-21T14:30:02-05:00"> 21/12/2014 20h30 CET </time> Mis à jour: <time datetime="2014-12-22T09:23:37-05:00"> 22/12/2014 15h23 CET </time>
     
    BEJI CAID ESSEBSITUNISIE - Pour la première fois de leur histoire, les Tunisiens ont pu voter librement pour élire leur président. Dimanche 21 décembre, les électeurs se sont prononcés sur qui ils voulaient voir succéder au chef de l'Etat par intérim, Moncef Marzouki, désigné en décembre 2011 à la suite de la chute de Ben Ali.

    Et c'est le favori, Béji Caïd Essebsi, qui la emporté en récoltant 55,68% des voix selon des résultats officiels. À bientôt 88 ans, le candidat de Nidaa Tounès semble avoir réalisé un doublé après la victoire de son alliance libérale et laïque aux législatives d'octobre (86 sièges sur 217) aux dépens des islamistes d'Ennahda, qui n'ont pas présenté de candidat à la présidentielle.

    Front anti-islamistes

    Doyen des 27 candidats, Béji Caïd Essebsi, avocat de formation, fait figure de vieux routard de la politique tunisienne mais aussi d'adversaire numéro un des islamistes. Nommé Premier ministre provisoire en février 2011, il a axé sa campagne sur "le prestige de l'Etat", un discours qui a trouvé de l'écho auprès de nombreux Tunisiens exaspérés de l'instabilité qui a suivi le soulèvement populaire de décembre 2010-janvier 2011.

    Père de quatre enfants, issu de la vieille bourgeoisie tunisienne, Béji Caïd Essebsi se réclame de la pensée bourguibienne, du nom du "père de l'indépendance" tunisienne qu'il qualifie de "visionnaire" et "fondateur de l'Etat moderne". Son parti Nidaa Tounès est une formation hétéroclite qui a attiré des hommes d'affaires, des intellectuels, des syndicalistes et des militants de gauche, mais aussi des proches de l'ancien régime unis par leur opposition aux islamistes, à la tête de la "troïka" qui gouverne le pays depuis 2011.

    Nidaa Tounès avait d'ailleurs axé sa campagne victorieuse des législatives d'octobre sur l'opposition aux islamistes, martelant tout au long de ses meetings qu'Ennahdha avait "ramené la Tunisie en arrière".

    Projet du XXIe siècle

    Un credo que Béji Caïd Essebsi a conservé durant la campagne présidentielle, lançant régulièrement que "ce qui nous sépare de ces gens-là, ce sont 14 siècles" ou se présentant lors d'un déplacement à Nice, début octobre, comme "l'alternative à l'islamisme".

    "La différence fondamentale entre nous et ce parti, affirmait alors Béji Caïd Essebsi, c'est que nous sommes entrés dans un processus démocratique, alors que les islamistes, eux, prennent leurs ordres auprès de Dieu, et pas du peuple. Les électeurs vont trancher entre notre projet, inscrit dans la modernité et le XXIe siècle, et un autre projet, religieux."

    essebsi

    Le candidat laïc a également mis en avant comme priorité la sécurité, déplorant que "la Tunisie connaît le terrorisme, ce qui n'est pas dans ses habitudes". Des attaques en règle contre Ennahdha mais aussi contre Moncef Marzouki, rival principal de Béji Caïd Essebsi, devenu président à la faveur d'une union avec les islamistes.

    Vers un retour à "l'ancien régime"?

    Si ses partisans le considèrent comme le seul à pouvoir "faire barrage" aux islamistes, les opposants de Béji Caïd Essebsi mettent cependant en cause son âge avancé, estimant qu'il n'est pas représentatif de la révolution conduite par la jeunesse. A l'image de son rival Moncef Marzouki, d'autres l'accusent de menacer les libertés acquises grâce à la révolution en cherchant à ressusciter l'ancien régime, voire d'être un "deuxième Ben Ali".

    Moncef Marzouki n'a donc cessé, pendant une campagne faite de vives passes d'armes, de se poser en rempart, exhortant les Tunisiens à voter pour lui afin d'éviter le retour des anciens du régime Ben Ali aux affaires. Béji Caïd Essebsi n'incarne certes pas le renouveau en Tunisie, lui qui a été ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous Habib Bourguiba, puis président du Parlement en 1990-1991 sous Ben Ali.

    Signe qu'il reste associé à cette époque, une plainte le citant avait été déposée en 2012 par des représentants d'un mouvement d'opposition à Bourguiba, les Youssefistes, torturés à l'époque où Béji Caïd Essebsi était ministre de l'Intérieur. Pendant la campagne pour les législatives, il s'est aussi attiré de vifs reproches lorsque, interrogé sur les critiques de Meherzia Laabidi, élue d'Ennahdha, il avait lancé "Ce n'est qu'une femme".

    La Tunisie "a besoin de tous ses enfants"

    "Si j’ai présenté ma candidature c'est parce que je pense qu’elle était utile (...) pour le pays parce que je suis porteur d’un projet qui est de ramener la Tunisie à un Etat du 21e siècle", s'était justifié Béji Caïd Essebsi dans un entretien accordé à l'AFP avant les élections, affirmant au sujet des anciens partisans de Ben Ali qu'ils restaient "des citoyens qui [...] ont le droit de participer à la vie politique de notre pays" et se disant "contre le règlement de comptes du passé".

    Tout en assurant assumer ce passé, le candidat avait appelé les Tunisiens à "regarder beaucoup plus vers l’avenir (...) parce que la Tunisie dans ces deux prochaines années a besoin de tous ses enfants". Il est vrai que Béji Caïd Essebsi et son parti Nidaa Tounès devront rassembler au-delà de leur camp. Malgré la victoire des législatives d'octobre, son parti devra batailler pour former sa majorité après la présidentielle et sera peut-être forcé de s'allier... avec les islamistes.

    Nidaa Tounès n'a en effet pas exclu une collaboration de circonstance avec eux après l'élection présidentielle dans le cadre d'un nouveau gouvernement de coalition, Béji Caïd Essebsi reconnaissant lui-même qu'"Ennahdha, arrivé deuxième des dernières législatives avec 69 sièges, "fait partie intégrante de la vie politique tunisienne".

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