• Racisme anti-blancs : "Noir, arabe ou blanc, c'est la même loi"

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    Racisme anti-blancs : "Noir, arabe ou blanc,

    c'est la même loi"

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    <time datetime="2013-04-26T21:33:47" itemprop="dateCreated">Créé le 26-04-2013 à 21h33</time> - <time datetime="2013-04-26T22:06:25" itemprop="dateModified">Mis à jour à 22h06</time>

    Le parquet a requis ce vendredi quatre ans de prison dont trois ferme contre un homme de 29 ans accusé d'une agression à caractère raciste survenue à Paris en 2010.

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    Palais de Justice de Paris (SUPERSTOCK/SIPA)

    Palais de Justice de Paris (SUPERSTOCK/SIPA)

    Le crane rasé, vêtu d’un jean et d’une veste grise un peu trop grande, l’homme n’est pas bavard. Usant d’un vocabulaire pauvre, il répond souvent par un "ouais" laconique aux questions du président. Ce vendredi 26 avril, le parquet a requis quatre ans de prison, dont trois ferme, à l’encontre d’un homme de 29 ans qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour une agression violente à caractère raciste "anti-blancs" envers un trentenaire. La qualification d'acte à caractère raciste a été retenue.

    La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) s'est portée partie civile dans ce dossier, une première pour l'association dans une affaire de racisme "anti-blancs". Le procès, qui devait se tenir en octobre dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, avait été renvoyé à la demande de l'avocat de la victime, qui avait souhaité un contexte plus propice à la "sérénité" pour juger le dossier. En pleine campagne pour la présidence de l’UMP, Jean-François Copé avait invité le thème du racisme "anti-blancs" sur le terrain politique.

    Une entaille de 15 cm sur la joue

    Les faits, attestés par les bandes de vidéosurveillance de la RATP, surviennent en septembre 2010. Peu avant 6h du matin, la victime, employée dans le prêt-à-porter - qui ne s’est pas déplacée à l’audience - patiente sur un quai du métro parisien, à la station Strasbourg-Saint-Denis. Survient alors, pour une histoire de cigarette, une altercation avec un homme qui accompagne le prévenu et ne sera, lui, jamais identifié. La victime affirme avoir été traitée de "sale français" en arabe. Les trois hommes montent séparément dans la rame, direction Gare du nord, d’où la victime entend emprunter le RER B.

    Quelques minutes plus tard, sur un quai de cette autre station, l’agresseur inconnu et la victime en viennent aux mains. Celle-ci parvient à maîtriser son assaillant, quand le prévenu se présente par derrière avant de lui porter un violent coup au visage - qui manque de se révéler fatal - avec un objet contondant. Il dira avoir voulu porter secours à son ami. Les agresseurs s’éloignent. La victime est à terre, en sang, le t-shirt déchiré. Bilan : une entaille de 15 cm sur la joue gauche - dont il porte aujourd’hui toujours les stigmates - assortie de plaies au menton et au cuir chevelu. Il se voit notifier une interruption temporaire de travail de 30 jours. Trois témoins présents à la station Gare du nord attestent que des injures à caractères racistes ont, là aussi, été proférées. L’un les impute à l’agresseur inconnu, l’autre aux deux hommes. Un troisième ne précise pas de qui elles émanaient.

    "C’est le 93 quoi"

    "J’ai rien entendu, j’étais sous alcool". A la barre, d’une voix mal assurée, le prévenu - qui reconnaît par ailleurs l’agression - nie en bloc.  La victime "invente", dira-t-il. 

    Blanc, - ses parents se prénomment Alain et Muriel - employé en cuisine dans un restaurant, l’homme a déjà été condamné à sept reprises, notamment pour des affaires de stupéfiant, détention d’armes et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique. "Comment expliquez-vous vos précédentes condamnations ? ", l’interroge le président. "La police me tape, je tape", avance le prévenu, dont l’argumentaire limité ne semble convaincre personne. "C’est le 93 quoi. Il y a des contrôles de police matin midi et soir, un climat d’insécurité. Je suis né dedans. Quand quelqu’un que vous connaissez se fait taper, vous le défendez. C’est comme ça que moi j’ai appris", avancera-t-il plus tard, poussé par son avocat à dépeindre l’environnement dans lequel il évolue.

    Un point interpelle la procureure. Lors d’une déposition en mars 2011, lors de laquelle le prévenu niait encore l’agression, des clichés de lui-même lui on été soumis, sur lesquels il avait affirmé ne pas se reconnaître. Pressé de décrire la personne y figurant, il évoque un homme "de type arabe". "J’étais en train de nier. Je vais pas dire c’est un Français". "Je peux pas dire c’était un noir", ajoute-t-il, suscitant quelques sourires dans l’assistance.

    "Amalgame"

    A l’instar de ses précisions sur ses liens avec l’agresseur inconnu. "Je le connais pas", lâche-t-il, avant d’expliquer avoir rencontré l’homme à une soirée la nuit précédant les faits, et ne jamais avoir eu de nouvelles de lui depuis. "Je sais juste ce qu’il aime comme filles c’est tout".

    "Il est incongru de s’interroger sur la couleur de la peau de l’auteur des faits", lance Me Mario-Pierre Stasi, l’avocat de la Licra, qui fait valoir "un dossier classique de racisme". "C’eut été un noir, c’eut été un arabe…c ’est un blanc, le dossier doit être traité de la même façon". La procureure lui emboite la pas quelques minutes plus tard. "Je ne vois pas pourquoi, quand les propos sont de traiter un blanc de sale français, on appliquerait la loi différemment", argumente-t-elle. Quand Me Grégoire Etrillard, l'avocat du prévenu, crie à l'"amalgame" et aux "raccourcis", dénoncant la "grande frustration de ne pas avoir pris la bonne personne dans cette affaire". Sur son banc, le prévenu reste impassible, les yeux baissés vers le sol. "Je suis dégoûté. Je suis pas du tout raciste, toutes mes copines sont noires ou métisses", avait-il déclaré pendant l’instruction. Le jugement a été mis en délibéré au 21 juin.


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