Reprendre la main sur le front de l’emploi: Manuel Valls veut prendre «rapidement» des « mesures nouvelles », après des élections régionales marquées par un score record du FN et le chômage qui reste premier facteur de vote.

«Le gouvernement, autour de Matignon , travaille sur un ensemble de mesures nouvelles pour l’emploi, pour mise en oeuvre rapidement», a indiqué cette source haut placée à l’AFP.

Contactée par l’AFP, une porte- parole de Bercy a assuré que le ministre de l’Economie Emmanuel Macron ferait des propositions au Premier ministre dans la semaine , «dans le cadre de la stratégie pour les nouvelles opportunités économiques », portée par la future loi Noé, présentée en janvier au Conseil des ministres.

Baisse du coût du travail via le pacte de responsabilité, contrats aidés, primes à la première embauche, CDD renouvelables deux fois... Les différentes mesures prises depuis deux ans par l’exécutif n’ont pour l’heure pas permis «d’inverser la courbe du chômage», promesse présidentielle devenue rengaine sans cesse repoussée.

Malgré le -petit- retour de la croissance , qui devrait atteindre au minimum 1,1% en 2015, les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler sur le front du chômage, selon les statistiques publiées depuis fin novembre.

Le taux de l’ Insee a atteint 10,2% de la population active en métropole au 3e trimestre, du jamais-vu depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi , il a bondi à 3,59 millions (+42.000 personnes ) en octobre , effaçant la baisse prometteuse du mois de septembre. Les prochains chiffres de l’ex-ANPE, ceux de novembre, seront publiés la veille de Noël.

Or le «front» de l’emploi, dans les tranchées desquelles les gouvernements successifs pataugent depuis plus de 30 ans, a continué à jouer un rôle électoral massif pour les régionales, marquées par un record en pourcentage (27,7%) du FN au premier tour et en voix (6,8 millions) au second.

Selon un sondage d’Harris Interactive , l’emploi a été l’enjeu «qui a le plus compté» pour les électeurs du premier tour, devant la sécurité (39%) et l’ immigration (34%).

Dimanche soir, peu après les premières estimations, Manuel Valls avait déjà jugé que les résultats des élections régionales, même si le FN n’a finalement remporté aucune région, étaient une «injonction» à «agir, sans relâche, plus vite» pour l’emploi.

- Le code du travail réécrit -

Le Premier ministre, qui sera lundi soir l’invité du 20 heures de France 2, n’avait toutefois pas évoqué de mesures concrètes.

L’entourage du chef du gouvernement a toutefois clairement refusé tout virage vers l’ aile gauche. Ou de changement de cap sur la baisse du coût du travail: le Smic augmentera ainsi de 0,6% au 1er janvier, sans « coup de pouce », a annoncé la ministre du Travail Myriam El Khomri.

Sujet d’inquiétude pour la remplaçante de François Rebsamen: l’emploi a calé au troisième trimestre (-900 postes). Ce voyant reste néanmoins au vert , bien que pâle, sur un an, avec 37.600 créations de postes.

C’est toutefois insuffisant pour compenser le dynamisme de la démographie française , et les plus de 100.000 nouveaux actifs qui affluent chaque année.

Que fait déjà l’exécutif? En attendant que l’économie crée suffisamment d’ emplois dans le privé, le gouvernement compense avec des contrats aidés. Il prévoit d’en financer 295.000 en 2015.

Depuis le «tournant» du quinquennat Hollande début 2014, il mène une politique de l’ offre et de réduction du coût du travail, par le biais du pacte de responsabilité, qui permettra, une fois atteint son régime de croisière en 2017, de redistribuer 40 milliards d’euros par an aux entreprises.

Il a également pris en juin une série de mesures pour favoriser l’emploi des PME: une prime de 4.000 euros à la première embauche, le gel des seuils fiscaux et la possibilité de renouveler les CDD deux fois, au lieu d’une auparavant. Ainsi que le plafonnement des indemnités prud’homales accordées aux salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse , mais cette mesure avait été en partie censurée par le Conseil constitutionnel.

Pour aller plus loin , le gouvernement s’attaque désormais à la réécriture à partir de début 2016 du code du travail: il s’agira de dire clairement dans la loi ce à quoi il ne peut être dérogé et ce qui est ouvert aux négociations de branches ou d’entreprises.

AFP