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Sarkozy célèbre Césaire, «très beau signal de diversité»
Sarkozy célèbre Césaire, «très beau signal de diversité»
Le fils d'Aimé Césaire, Jacques, et Nicolas Sarkozy, mercredi, devant la plaque installée au Panthéon en mémoire de l'écrivain. Crédits photo : ERIC FEFERBERG/AFPLe chef de l'État a rendu mercredi au Panthéon un hommage national au poète et homme politique martiniquais.
Pour la première fois, Nicolas Sarkozy a célébré un mort illustre sous les voûtes sonores du Panthéon. Aimé Césaire, le poète, le politique, le chantre de la négritude, et aussi de la langue française. Dans les travées, une partie du gouvernement, de François Fillon à Alain Juppé et Frédéric Mitterrand. Mais aussi le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et celui du Sénat, Gérard Larcher.
Ainsi que tous les groupes politiques, de Marie-George Buffet pour le Parti communiste à Martine Aubry (PS), François Bayrou (MoDem) et Jean-François Copé (UMP). Mais aussi deux candidats déclarés aux primaires socialistes : François Hollande, qui a siégé en même temps qu'Aimé Césaire à l'Assemblée nationale, et Ségolène Royal. Sur l'autre travée du Panthéon se tenait la famille du poète disparu.
Les cendres d'Aimé Césaire sont restées en Martinique, conformément au souhait de ses proches. Il s'agissait donc mercredi de transformer l'hommage en un moment de solennité républicaine. Après Alexandre Dumas, reçu par Jacques Chirac sous les colonnes du Panthéon, l'hommage à Césaire renoue avec les grandes figures du XXe siècle, pleinement engagées dans les combats politiques de leurs temps, à la façon d'un Jean Moulin.
Césaire, enfant de la méritocratie républicaine, entré à l'École normale supérieure, rue d'Ulm, à quelques mètres du Panthéon, dans les prestigieuses promotions des années trente, a suivi une trajectoire «libre» dont Nicolas Sarkozy a retracé le cours, mercredi, en tentant d'éviter toute récupération. Ainsi le chef de l'État a-t-il rappelé longuement le refus du colonialisme, le compagnonnage de Césaire avec la France libre à partir de 1943, puis le combat pour la départementalisation de la Martinique, et sa rupture avec le Parti communiste en 1956, après la répression de l'insurrection hongroise. Mais aussi son refus farouche de «l'assimilation», grande idée républicaine de ce temps-là.
Sarkozy a ainsi souligné que Césaire aurait ajouté le mot «identité» à la devise «liberté, égalité, fraternité». Mais en se gardant bien de faire allusion à d'autres débats sur «l'identité nationale».
Le président de la République avait eu un premier contact difficile avec Césaire. En 2005, lors d'un voyage aux Antilles, le poète avait refusé de rencontrer le ministre de l'Intérieur d'alors. Le vieux chef «progressiste» de la Martinique refusait toute récupération politique. Les deux hommes s'étaient ensuite retrouvés, lors d'un deuxième déplacement de Sarkozy en 2006. Depuis, le chef de l'État est retourné à trois reprises en Martinique en tant que président de la République. Il y a baptisé notamment l'aéroport de la Martinique du nom d'Aimé Césaire. Accompagné de Jacques Césaire, le fils du poète, le président est descendu dans la crypte pour inaugurer la plaque qui rend hommage au grand homme martiniquais. «J'habite une soif irrémédiable, j'habite l'espace inexploité», pouvait-on lire su la plaque.
En quittant le Panthéon, Nicolas Sarkozy est allé serrer les mains d'une foule nombreuse. «Cette cérémonie était importante parce que c'est un homme qui compte pour la France, et pour nos compatriotes ultramarins. C'est un très beau signal de diversité de la France», a-t-il conclu. En sortant du Panthéon, François Hollande a salué un moment de «rassemblement républicain». Et Jean-François Copé a fait allusion à un «grand moment républicain» qui lui a rappelé «le débat sur laïcité» conduit mercredi à l'UMP. Ce fut la seule allusion au climat politique du moment.
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Bisous et douce nuit