• Sénégal: l'opposition tente de remobiliser avant la campagne présidentielle

     

    Mardi, un rassemblement de plusieurs d'opposants sur une esplanade de la capitale avait été dispersé à coups de grenades lacrymogènes par la police.

    Mardi, un rassemblement de plusieurs d'opposants sur une esplanade de la capitale avait été dispersé à coups de grenades lacrymogènes par la police.

    Après une semaine de vives tensions politiques, l'opposition et la société civile tentaient samedi, à la veille du début officiel de la campagne électorale, de préserver leur unité pour empêcher la candidature du chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle du 26 février.

    "La campagne électorale démarre à minuit", rappelle le quotidien public Le Soleil, pour un "scrutin ouvert et indécis", où "tout tourne" autour du président Wade et où "le seul dénominateur commun des autres candidats est le rejet de cette candidature" du chef de l'Etat sortant.

    "Jamais le Sénégal n'a connu une élection présidentielle avec un président sortant dont la présence même dans la course est contestée", observe le même journal, tandis que L'Observateur (opposition) s'inquiète d'une "campagne d'incertitude et de peur" qui "s'annonce grosse de dangers pour la démocratie".

    A partir de dimanche soir, la télévision nationale RTS accueillera chaque soir la profession de foi d'un candidat, avec Wade en dernier intervenant selon un tirage au sort du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (Cnra).

    A la pointe de la contestation, le Mouvement du 23 juin (M23), qui regroupe représentants de l'opposition et de la société civile, devait annoncer samedi à la mi-journée sa nouvelle stratégie à l'approche de l'échéance. Pour le M23, il s'agit d'abord de donner un nouvel élan à une "résistance pacifique" qui semble s'essouffler.

    La validation de la candidature de M. Wade par le Conseil constitutionnel le 27 janvier avait donné le signal de la révolte, avec des violences qui ont éclaté à Dakar et dans plusieurs villes du pays. Mardi, un rassemblement de plusieurs d'opposants sur une esplanade de la capitale avait été dispersé à coups de grenades lacrymogènes par la police. Au total, quatre personnes ont été tuées au cours de ces manifestations à Dakar et dans le pays. Vendredi, un appel à une "journée de prière" dans le centre-ville, à proximité de la présidence, n'a guère mobilisé, avec à peine quelques centaines de fidèles.

    Elu en 2000 puis réélu en 2007, Abdoulaye Wade, 85 ans, se présente pour un troisième mandat de sept ans avec, face à lui, 13 candidats de l'opposition en ordre dispersé. La candidature du chanteur Youssou Ndour, très populaire à Dakar et à l'étranger, a été rejetée. L'opposition estime que M. Wade a épuisé ses deux mandats légaux et donc que sa nouvelle candidature est un "coup d'Etat constitutionnel". Le camp Wade récuse cet argument, arguant de réformes de la Constitution en 2001 et 2008 qui lui permettraient de se représenter.

    Au delà du simple mot d'ordre "tous contre la candidature de Wade", le M23, coalition hétéroclite d'activistes de la société civile et de classiques politiciens d'opposition, va devoir également essayer de sauvegarder son unité. Avec l'ouverture de la campagne, les candidats de l'opposition pourraient en effet être tentés de jouer cavalier seul et privilégier leurs propres intérêts dans la course à la magistrature suprême.

    Certaines voix --minoritaires-- ont avancé l'idée d'un boycott du scrutin, tandis que des membres de la société civile, le collectif "Y'en a marre" en tête, menacent de perturber le bon déroulement de la campagne du président Wade. "Nous n'accepterons pas que des individus, parce qu'ils pensent qu'ils ne peuvent pas gagner des élections, troublent l'ordre public", a mis en garde vendredi à ce propos le chef de l'Etat. "Il y aura l'ordre et la sécurité pendant la campagne électorale et jusqu'à la proclamation des résultats", a-t-il prévenu, rejetant la responsabilité des récentes violences sur les manifestants de l'opposition, qui "ne représentent rien par rapport aux millions de personnes qui sont avec moi".

    Loin de ces préoccupations politiques, la majorité des Sénégalais célébraient samedi le Gamou, l'anniversaire de la naissance du prophète. Cet anniversaire est fêté avec une intense ferveur dans les capitales religieuses, comme Tivouane, abritant les influentes confréries soufies du pays.


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