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Sortie de l'euro, laïcité? Elles disent leurs quatre vérités au FN
Sortie de l'euro, laïcité… Elles disent
leurs quatre vérités au FN
<time>Publié le </time>16-03-2015à 19h29
TRIBUNE. A moins d'une semaine des élections départementales, quatre jeunes responsables du PS prennent leur plume pour contrer le programme du Front national.
Tract du Front national à Angoulême (GUILLAUME COLLET/SIPA)
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Sortie de l'euro, protectionnisme : les chimères de Marine Le Pen"
Par Juliette Méadel, porte-parole du Parti socialiste
La sortie de l'euro pour la France serait un saut dans l'inconnu. Personne n'est capable de prévoir ce qu'il adviendrait de notre pays s'il sortait de la zone euro, mais il est vraisemblable que le retour au franc se ferait à une parité bien plus faible que celle de la monnaie européenne.
Aux yeux du monde et de ses créanciers, l'économie française inspirerait fatalement de la défiance et le doute dans sa capacité à rembourser sa dette. Il en résulterait une augmentation vertigineuse des taux d'intérêts d'emprunt : la France, qui se finance quotidiennement à des taux très faibles, verrait donc la charge de sa dette exploser.
Aujourd'hui, le montant des taux d'intérêt de la dette s'élève à 45 milliards d'euros ; une sortie de la zone euro et son corolaire, la hausse des taux d'intérêt, multiplierait par 2 ou 3 la charge de la dette, ce qui représente trois fois le budget de l'éducation nationale. (...)
Le protectionnisme ? Obsolète
Le protectionnisme économique est d'autant plus aberrant que les Etats et les peuples n'ont jamais été aussi interdépendants, liés, connectés, informés depuis Adam Smith. Plus que jamais, les peuples ont besoin d'échange commercial régulé pour vivre et se développer mieux.
En 2012, le commerce extérieur représente 25% de la croissance française, il faut donc poursuivre, avec nos partenaires commerciaux, la régulation des échanges au service de la prospérité et de la justice, et non pas l'interdire unilatéralement. Le protectionnisme est obsolète et impossible à mettre en œuvre alors que les Français réalisent de plus en plus de transactions électroniques. Il aurait pour effet un développement du marché noir internationalisé, avec toutes les dérives qui y seraient liées.
La vision économique du monde de Marine Le Pen repose sur des chimères. Le fantasme du village français protégé du monde, seul contre tous, ne résiste pas à l'épreuve des faits. (...)
>> Lire l'intégralité de la tribune de Juliette Méadel sur Le Plus
"Suspicion et relégation, la vraie nature du FN ?"
< >Par Elsa Di Méo, Secrétaire nationale du PS à la Promotion et à l'action républicaineMme Le Pen, les propos des candidats FNne sont pas anecdotiques et vous ne les effacerez pas en faisant vœux de fermeté. Il n'y a dans vos paroles qu'incitation à aller toujours plus loin dans la stigmatisation de certains. Les taches sur le tableau que vous vouliez idyllique sont si nombreuses qu'elles ne peuvent être un simple "détail".
Vous aviez promis de gommer ce soit disant "vieil FN". Mais le vernis s'écaille, laissant le champ libre à la vraie nature de votre parti. Xénophobie, racisme, antisémitisme, homophobie et misogynie sont les marqueurs de l'idéologie profonde que vous véhiculez aujourd'hui comme hier.
Dans chacune des villes que vous avez remportéesaux dernières municipales, la même déferlante de haine de l'autre a accompagné votre prise de pouvoir. Haine de celui que vous avez attaqué à Hayange, en stigmatisant une boucherie halal, à Fréjus et à Mantes-la-Ville avec vos fabulations sur les lieux de cultes. Vos cadres savent ce qu'ils font. Ils suivent votre sillon, celui de la fragmentation par la haine du vivre ensemble républicain.
Il n'y a d'égalité pour vous que de façade. L'égalité républicaine, c'est la considération de tous avec la même bienveillance. Votre projet de société, c'est la relégation ethnique et sociale. Bref, l'apartheid, ne vous en déplaise. Les plus précaires sont les grands oubliés de vos pratiques locales. Vous aggravez les inégalités sous couvert d'égalité formelle. Donner autant à ceux qui ont déjà qu'à ceux qui n'ont rien revient à favoriser les plus privilégiés. Bref, oublier ceux dont la seule protection sera toujours la République sociale.
"Une laïcité sélective qui fracture la société"
< >Par Corinne Narassiguin, porte-parole du PSDepuis les attentats de janvier, le Front national brandit la laïcité comme un étendard pour mieux la dévoyer. Son instrumentalisation de celle-ci est une manière cynique de se draper dans les oripeaux de la République pour manipuler les peurs et justifier des politiques discriminatoires. Un discours rodé depuis de nombreuses années et qui a trouvé une nouvelle chambre d'écho ces deux derniers mois.
Le FN pratique une laïcité sélective : défense de la religion catholique mais stigmatisation des musulmans. En 2010, Marine Le Pen invoquait la laïcité pour condamner les prières de rue des musulmans, faisait mine d'ignorer le manque manifeste de mosquées. Dans une République apaisée, la laïcité, c'est pourtant garantir le libre exercice des cultes. Nous n'avons, en revanche, pas entendu le FN appeler au respect de la laïcité quand les militants de Civitas organisaient des prières de rue contre le mariage pour tous.
Plus récemment à Béziers, le maire soutenu par le FN a imposé une messe catholiqueà l'ouverture de la Féria. Le même avait annoncé qu'il n'y aurait pas de repas hallal dans les cantines scolaires, inventant de toutes pièces un problème qui n'a jamais existé. Ces exemples de laïcité à géométrie variable sont nombreux.
Les principes de la loi de 1905 sont immuables : la République assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes. Dans la France d'aujourd'hui, riche de sa diversité, la laïcité est une valeur essentielle pour le vivre ensemble. Ne laissons pas le FN la pervertir en instrument de fracture.
"Le FN, un parti républicain ?"
< >Par Sarah Proust, Secrétaire nationale du PS à la CommunicationDepuis que Mme Le Pen est devenue présidente du Front national, une question émerge régulièrement : le FN est-il un parti républicain? Si elle se pose, c'est bien parce ses responsables le revendiquent et que nous, leurs opposants, le contestons. Si le débat perdure, c'est qu'il n'est qu'effleuré, laissant ainsi naître de terribles confusions. La plus délétère d'entre elles consiste à utiliser de façon interchangeable les termes "démocratique" et "républicain", suggérant ainsi que si le FN s'inscrit dans l'exercice démocratique électoral, cela en fait un parti républicain.
La République est le principe selon lequel tous ceux qui résident sur le territoire ont un égal accès aux droits et devoirs. Depuis la Révolution française, le droit français tend à privilégier le critère de territorialité plutôt que celui de nationalité. Or, que dit le programme du FN ? "Instaurer la priorité nationale pour l'emploi, le logement et les aides sociales". Pour le FN, la nationalité doit être le premier guide de l'action publique. Ce n'est pas très nouveau : il y a 30 ans, son slogan était "Les Français d'abord !". Le fond reste le même : interdire aux étrangers en situation régulière l'accès aux aides publiques.
La crise économique permet au FN d'assumer au grand jour la priorité nationale, brandie comme solution pragmatique : "Soyons moins nombreux à partager un gâteau plus petit". Un "gâteau" auquel contribuent pourtant les étrangers en situation régulière, puisqu'ils s'acquittent de l'impôt et contribuent à la richesse nationale. Conditionner les aides publiques à la nationalité, c'est donc être hors du cadre républicain. Contre une stratégie instrumentalisant la démocratie pour démanteler la République, réédifions les digues !(Photos : Stéphane de Sakutin - AFP / Revelli Beaumont - Sipa / Jacques Demarthon - AFP / Revelli Beaumont - SIPA)
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