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    Syrie: Bachar al-Assad nie tout rôle dans la répression

     

    Sans surprise, il n'accorde aucun crédit au bilan de 4.000 morts avancé par l'ONU. "Qui a dit que l'ONU était une institution crédible?", s'interroge-t-il. ( © AFP photo AFP)

    WASHINGTON (AFP) - Le président Bachar al-Assad a nié mercredi toute responsabilité dans la mort de milliers de manifestants en Syrie, assurant que seul "un fou" pourrait donner l'ordre de tirer sur son peuple, des propos jugés "pas dignes de foi" par les Etats-Unis.

    "On ne tue pas sa population... aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d'être mené par un fou", martèle le président syrien au cours d'un entretien accordé à la chaîne américaine ABC News diffusé mercredi, concédant toutefois que "quelques erreurs" ont pu être commises par des membres des forces armées.

    La Maison Blanche a affirmé mercredi que les dénégations du président Bachar al-Assad sur sa responsabilité dans la répression en Syrie n'étaient "pas dignes de foi" et contredites par de multiples témoignages.

    "Ce n'est tout simplement pas digne de foi", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney, interrogé lors d'un point de presse sur des propos de M. Assad niant toute responsabilité dans la mort de milliers de manifestants dans son pays.

    Interpellé dès mardi sur l'entretien accordé par Bachar al-Assad, un porte-parole du département d'Etat américain avait jugé "ridicule" que Bachar al-Assad "tente de s'abriter derrière je ne sais quel jeu de bonneteau et ose affirmer qu'il n'exerce pas d'autorité dans son pays".

    Interrogé sur des exemples précis d'opposants battus, torturés ou tués, le président syrien, qui apparaît détendu et sûr de son fait dans les extraits diffusés, rejette de "fausses allégations": "Qui a tué qui? La plupart des gens qui ont été tués sont des partisans du régime, et non l'inverse".

    Et s'il concède que des membres des forces armées ont pu aller trop loin dans la répression, c'est pour mieux s'en démarquer.

    "Toute réaction violente a été le fait d'un individu, non d'une institution", assure-t-il, poursuivant: "Il y a une différence entre une répression politique délibérée et quelques erreurs commises par certains responsables. Il y a une grande différence".

    "Il n'y a pas eu d'ordre demandant de tuer ou d'être violent", repète-t-il au cours de l'entretien mené à Damas en anglais.

    Sans surprise, il n'accorde aucun crédit au bilan de 4.000 morts avancé par l'ONU. "Qui a dit que l'ONU était une institution crédible?", s'interroge-t-il.

    Et loin de voir dans les manifestations organisées depuis mars une marque de désaveu, l'ancien médecin revendique un soutien populaire. "Si je sens que le soutien du peuple décline, je partirai. (...) Je ne serais pas là si je n'avais pas le soutien du peuple", assure-t-il avec aplomb. "Je suis devenu président grâce au soutien du peuple" syrien, ajoute celui qui a succédé à son père Hafez en avril 2000.

    "J'ai fait de mon mieux pour protéger la population", poursuit-il, interrogé sur d'éventuels regrets qu'il aurait face aux événements: "On ne peut pas se sentir coupable quand on a fait de son mieux. On se sent désolé pour les vies qui ont été perdues, mais on ne se sent pas coupable quand on ne tue pas des gens".

    Malgré la pression qui s'accroît sur son régime, le président syrien se montre confiant et dit ne rien craindre des sanctions prises par les pays occidentaux et la Ligue arabe: "Nous sommes visés par des sanctions depuis 30, 35 ans. Ce n'est pas quelque chose de nouveau", ironise-t-il.

    "Nous n'avons jamais dit que nous étions une démocratie", souligne M. Assad, qui se félicite cependant des réformes engagées par son régime, qui avait annoncé en avril la levée de l'état d'urgence et l'abolition de la Cour de sûreté de l'Etat.

    Secouée par une vague de contestation sans précédent depuis mars, la Syrie, visée par des sanctions des Occidentaux et de la Ligue arabe, est de plus en plus isolée sur le plan international. Les ambassadeurs de France et des Etats-Unis ont regagné Damas mardi et devraient contribuer à maintenir la pression sur le régime.

    La Turquie a pris de nouvelles sanctions contre la Syrie, a annoncé mercredi le ministre turc du Commerce et des douanes, Hayati Yazici, cité par la télévision privée NTV.

    "Nous allons imposer une taxe de 30% aux marchandises venant de Syrie", a dit le ministre, parmi les nouvelles mesures prises à l'encontre du régime syrien avec lequel Ankara a coupé les ponts pour protester contre la répression des manifestations antigouvernementales.

    Damas a fait savoir mardi qu'il exigeait la levée des sanctions de la Ligue arabe pour accepter la venue d'observateurs de l'organisation panarabe sur son territoire.

    Un diplomate turc a par ailleurs assuré mercredi qu'Ankara n'autorisait aucune attaque contre d'autres pays depuis son territoire, une déclaration dont s'est félicité Damas.

    © 2011 AFP


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