• Syrie : la sinistre

     

    Syrie : la sinistre "usine à otages"

    de l'Etat islamique

    James Foley et quelques dizaines d'autres étrangers

    sont passés par cette structure très bien organisée et

    alimentée par les terroristes jihadistes.

     

     

    <figure id="image_782461">Une photo du journaliste américain James Foley en Libye prise en août 2011.<figcaption>

    Une photo du journaliste américain James Foley en Libye prise en août 2011. (EYEPRESS / SIPA)

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    Mis à jour le <time datetime="2014-08-21T19:12:49+02:00" itemprop="dateModified">21/08/2014 | 19:12</time> , publié le <time datetime="2014-08-21T19:12:38+02:00" itemprop="datePublished">21/08/2014 | 19:12</time>

    </section>

    "L'Usine à otages" ou "la maison des otages". C'est ainsi que les services de renseignements occidentaux appellent la structure qui retient de nombreux *

    otages en Syrie. Libération révélait son fonctionnement le 21 avril 2014. A cette

    époque, la France avait le sourire. Quatre otages français venaient de faire leur

    retour à Paris après plus de huit mois de détention. Quatre mois plus tard, cette structure fait à nouveau parler d'elle, mais dans des conditions dramatiques. L'un

    de ses anciens "pensionnaires", James Foley a été exécuté par l'Etat islamique.

    Le reporter américain y avait côtoyé les journalistes français.

    Les journalistes dans l'œil du viseur

    Au début du conflit syrien, en 2011, la présence des journalistes étrangers est vue d'un bon œil. Ils

    témoignent des horreurs du régime de Bachar Al-Assad, tandis que les rebelles réclament des armes.

    Le problème, alors, ce ne sont pas les rebelles, mais les troupes fidèles au régime de Damas. Dans la ville de Homs, en février 2012, Marie Colvin, journaliste britannique du Sunday Times, et Rémi Ochlik, photoreporter de Paris Match, en font la tragique expérience. Ils périssent dans le bombardement du centre de presse où ils se trouvent. Ils ont peut-être même été délibérément visés.

    Le 13 août suivant, un journaliste et ancien Marine américain, Austin Tice, est enlevé par le régime, rappelle Foreign Policy dans une enquête (en anglais). Depuis l'automne 2012, on est sans nouvelles de

    lui. Et, en novembre, c'est au tour de Richard Engel et son équipe de NBC d'être enlevés par une milice

    fidèle à Bachar Al-Assad. Ils s'échappent au bout de cinq jours.

    Le 22 novembre 2012, quand James Foley est enlevé sur le chemin du retour vers la Turquie par des

    hommes armés, les regards se tournent à nouveau vers le régime et ses sbires. Mais les enquêteurs abandonnent cette piste. Il semble plutôt que ce soit le front Al-Nosra, en pleine montée en puissance à

    cette époque, ou une autre organisation rebelle qui l'ait enlevé. Le paradigme a changé. Désormais,

    les deux camps peuvent être une menace pour les journalistes.

    L'EI transforme la prise d'otages en vrai business

    Comment James Foley a-t-il atterri entre les mains de l'Etat islamique (EI) ? A-t-il été vendu ? Etait-il

    une prise de guerre ? Toujours est-il que la machine des prises d'otages se met vraiment en route

    en juin 2013. Deux Français sont enlevés, suivis par deux autres... et la liste ne cesse de s'allonger. Difficile d'évaluer le phénomène, les captures sont souvent tenues secrètes pour ne pas perturber les négociations. Mais Reporters sans frontières estime que "trois journalistes étrangers sont toujours otages en Syrie, tandis qu'on reste sans nouvelles de quatre autres".

    Libération remarque que l'EI a porté le business des otages "à son paroxysme en cherchant à s’emparer de tout étranger séjournant sur le sol syrien - journalistes, humanitaires, religieux". Le journal ajoute que, "à ce jour, l'EI a donc capturé, acheté ou repris par la force à d'autres groupes une trentaine d'otages occidentaux - ils ont été jusqu'à 22 (Américains, Britanniques, Français, Espagnols, Italiens, Allemands, Danois...), dont trois femmes travaillant pour MSF, à être détenus ensemble dans deux pièces de la même prison de Raqqa, surnommée 'l'usine d'otages' par les services occidentaux".

    Une structure organisée et autonome

    Selon Libération et Le Monde, l'"usine à otages" a été un temps fixée à Alep, avant d'être déplacée à Raqqa. La structure est soigneusement organisée et fonctionne de manière presque autonome. Un groupe est chargé de surveiller les otages : quatre ou cinq Français et un Belge s'occupent des captifs français à Alep. C'est plus pratique pour communiquer avec les otages, mais cela dénote aussi d'"une forme de hiérarchie interne au sein de l'EI plaçant les Arabes francophones au plus bas de l'échelle", explique Le Monde.

    Au-dessus, se trouvent des "Britanniques, vraisemblablement d'origine pakistanaise" qui assurent la gestion de la maison, affirme Le Monde. Libérationévoque des "Britanniques d’origine irakienne ou palestinienne, experts dans le maniement d’Internet". Ils conduiraient les négociations sous la supervision d'un religieux irakien. L'autorisation de libération vient du chef de l'organisation lui-même, Al-Baghdadi.

    En arrivant, les nouveaux otages sont longuement interrogés, Libération parle de"plusieurs semaines à l'isolement et de durs interrogatoires". C'est probablement lors de cette enquête que les ravisseurs apprennent, en fouillant dans l'ordinateur de James Foley, qu'il a un frère dans l'US Air Force.

    Matthew Schrier, otage américain libéré en 2013 après 210 jours de captivité, évoquait, dans l'émission 60 Minutes de CBS, des conditions de vie difficiles : une sortie par jour pour faire ses besoins, les coups, la torture, les humiliations. Il parle d'un "Club Med" pour terroristes. Deux otages français, Didier François et Nicolas Hénin se souviennent, sur France 2, de la faim, du froid, de l'obscurité des caves, de la violence, des les simulacres d'exécution, mais aussi de quelques moments plus légers.

    L'importance des nationalités

    Dans "l'usine à otages", tous ne sont pas traités de la même manière. Si les captifs font office de boucliers humains, ce sont aussi des sources de revenus. Les Européens, excepté les Britanniques, ont pour habitude de payer pour libérer leurs ressortissants, comme le révélait une enquête du New York Times. Al-Qaïda et ses affidés auraient ainsi récupéré plus de 125 millions de dollars.

    Une idée bien ancrée dans la tête des jihadistes. Le 5 février 2014, le journaliste et ancien otage suédois Magnus Falkehed expliquait, devant des parlementaires à Strasbourg, que quand il avait annoncé à ses geôliers qu'il était Suédois, ils ont compris "Européen" et "être Européen, c'était quelque chose de très clair et vital dans leur tête. Ils faisaient vraiment la différence avec le fait d'être Américain. Ils avaient une vision de l'Europe beaucoup plus unie que nous ne l'avons nous-mêmes."

    En revanche, les Etats-Unis ne paient jamais. Conséquence : James Foley, notamment parce qu'il était Américain, a eu le droit "'à un traitement de faveur'. Il est devenu le souffre-douleur des geôliers. Il s'en prenait plein la gueule, mais il restait impassible", selon le journaliste français Nicolas Hénin, qui a partagé la même cellule avec lui pendant sept mois.

    S'ils ne paient pas, les Etats-Unis peuvent négocier des libérations de prisonnier. Mais ils ont aussi choisi une autre option. Un raid nocturne a été mené en Irak par plusieurs dizaines de commandos de la Force Delta et des Navy Seal, cet été, selon le New York Times. Objectif : libérer James Foley et d'autres Américains retenus par l'EI. Hélas, les otages n'étaient plus là, l'opération a échoué "pour une question d'heures, peut-être un jour ou deux".

     
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