• Syrie : les mannifestations continuent sous les bombes

    Le Point.fr - Publié le 23/03/2012 à 19:23 - Modifié le 23/03/2012 à 20:17

     

    Des dizaines de milliers de contestataires ont investi les rues du pays malgré les bombardements de l'armée.

    Les manifestants syriens ont défié vendredi les bombardements du régime syrien, comme ici, à Binnish, dans la province d'Idleb.

    Les manifestants syriens ont défié vendredi les bombardements du régime syrien, comme ici, à Binnish, dans la province d'Idleb. © Ricardo Garcia Vilanova / AFP

    Les forces syriennes ont bombardé vendredi plusieurs villes rebelles de Syrie, où des dizaines de milliers de manifestants antirégime ont défilé, à la veille d'une mission de l'émissaire international Kofi Annan à Moscou et Pékin pour tenter de mettre fin à l'effusion de sang. Pour accroître la pression sur le régime de Bachar el-Assad, qui réprime depuis un an dans le sang un mouvement de contestation sans précédent, l'Union européenne devait adopter de nouvelles sanctions, notamment contre son épouse Asma et sa mère.

    À l'appel des militants pro-démocratie, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, notamment à Damas, réclamant entre autres le jugement de dirigeants du régime. Les forces de l'ordre ont tiré pour les disperser dans certaines localités, blessant plusieurs civils, selon les militants. Au même moment, de violents combats ont opposé les troupes gouvernementales et l'Armée syrienne libre (ASL, composée en majorité de déserteurs) à Aazaz, une ville proche de la frontière turque par laquelle transitent de nombreux blessés et des civils fuyant des violences.

    Affrontements à Damas

    Au total, sept soldats, trois déserteurs et sept civils ont péri vendredi dans le pays, au lendemain de la mort de 62 personnes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les combats durent depuis jeudi à Aazaz, localité de 75 000 habitants dans la province d'Alep, "bombardée par les troupes et survolée par des hélicoptères de l'armée", a affirmé Mohammad al-Halabi, un militant. À Homs (centre), autre place forte des rebelles, cinq civils ont été tués lors de tirs de roquettes par l'armée sur le quartier de Bab Sbaa, selon l'OSDH.

    Plus au nord, l'armée pilonnait le bastion rebelle de Bineche, à l'est de la ville d'Idleb (nord-ouest). "Nous avons placé des mines anti-char et anti-personnel autour de Bineche. Chaque avenue, chaque rue et ruelle de cette ville recèle des mines et des explosifs. Nous n'allons pas nous rendre sans nous battre et vendre cher notre peau", a affirmé le général Abou Abdel Kader, qui commande les forces rebelles à Bineche. Les violences ont également gagné ces derniers jours Damas et sa région, théâtre chaque nuit d'affrontements entre soldats et déserteurs.

    Kofi Annan poursuit sa médiation

    Sur le plan diplomatique, Kofi Annan, émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, se rend ce week-end en Russie et en Chine, fidèles alliés de Damas qui ont voté mercredi une déclaration à l'ONU appelant à la fin des violences, après avoir opposé leur veto à deux résolutions condamnant la répression. Par cette déclaration, le Conseil de sécurité exhorte le président Assad et ses opposants à "appliquer immédiatement" le plan Annan, prévoyant "un arrêt des violences par toutes les parties", "l'acheminement de l'aide humanitaire" et la libération des détenus.

    L'émissaire international rencontrera dimanche à Moscou le président russe Dmitri Medvedev et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. Le journal gouvernemental syrien Techrine s'est félicité de cette déclaration, sans dire si le régime comptait la respecter. L'opposition l'avait dénoncée, la jugeant en-deçà des attentes du peuple syrien. Une mission envoyée par Kofi Annan en Syrie a quitté le pays jeudi "après trois jours d'entretiens intensifs". "Les autorités syriennes nous ont donné des réponses, et nous allons à présent les étudier soigneusement", selon le porte-parole de Kofi Annan.

    Asma el-Assad sanctionnée par l'UE

    Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a de son côté prolongé le mandat de sa commission d'enquête en Syrie, lui demandant de dresser un "relevé des violations flagrantes des droits de l'homme" commises depuis mars 2011, y compris une évaluation du nombre de victimes. Cette commission a dressé une liste confidentielle de hauts responsables soupçonnés d'être impliqués dans des "crimes contre l'humanité". Les enquêteurs accusent les forces d'opposition d'avoir "également commis des abus, bien que non comparables en termes d'échelle et d'organisation à ceux commis par l'État".

    Face aux flots de civils fuyant les violences, l'ONU a lancé un appel de fonds à la communauté internationale de 84 millions de dollars pour aider 100 000 réfugiés syriens en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Irak. L'UE a imposé de nouvelles sanctions contre le régime qui viseront notamment douze proches du régime, dont l'épouse, la mère, la soeur et la belle-soeur de Bachar el-Assad, privées de voyage vers l'Europe et dont les avoirs sont gelés. Les États-Unis ont salué cette "très bonne démarche" qui s'ajoute à l'effort international pour précipiter la chute de Bachar el-Assad.

    L'opposition a de son côté appelé l'Unesco à "agir immédiatement" pour protéger les sites historiques du pays mis en péril, selon elle, par les attaques de l'armée régulière.


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