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Syrie: Moscou et Washington s'accordent sur un médiateur
Syrie: Moscou et Washington s'accordent sur un médiateur
Par Georges Malbrunot Mis à jour <time class="updated" datetime="14-12-2012T00:03:00+02:00;">le 14/12/2012 à 00:03</time> | publié <time datetime="13-12-2012T23:34:00+02:00;" pubdate="">le 13/12/2012 à 23:34</time>
Hillary Clinton et Sergueï Lavrov se sont rencontrés, il y a dix jours à Dublin. Crédits photo : Art Widak / Demotix/Art Widak / DemotixAlors que le soutien russe à la Syrie fléchit, l'émissaire onusien, Lakhdar Brahimi, pourrait être porteur d'un ultimatum à Bachar el-Assad.
À l'issue de deux sessions de négociations directes à Dublin et Genève, Washington et Moscou ont décidé de dépêcher Lakhdar Brahimi, le médiateur international de l'ONU et de la Ligue, auprès de Bachar el-Assad dans ce qui pourrait s'apparenter à la remise d'un ultimatum pour que le président syrien quitte le pouvoir dans «la dignité», a-t-on appris auprès de l'émissaire onusien.
Jeudi, sur les ondes de la BBC en arabe, Robert Ford, l'ancien ambassadeur américain en Syrie, avait annoncé cette initiative, soulignant que les «Russes ont commencé de bouger sous la pression des rebelles sur le terrain». Selon M. Ford, responsable de la Task Force Syrie au Département d'État, «les Russes se rendent compte que bientôt Bachar el-Assad sera isolé à Damas, et qu'il aura perdu son aéroport par où lui parviennent ses armes».
Quelques heures plus tard, Mikhaël Bogdanov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, affirmait que «nous devons regarder la réalité en face, le régime et le gouvernement syrien perdent de plus en plus de terrain». C'est la première fois en vingt mois de crise que Moscou, le plus important allié de Damas avec l'Iran, dresse un tel constat. Est-ce à dire que la Russie, qui n'exclut plus une victoire des rebelles, s'apprête à lâcher un régime poussé dans ses retranchements? Ou s'agit-il de faire monter les enchères avant une négociation avec les États-Unis sur l'avenir du pays et de Bachar el-Assad? Sans doute un peu des deux.
En fait, les négociations semblent assez bien engagées, après deux rencontres: l'une au niveau des ministres des Affaires étrangères, Hillary Clinton et Sergueï Lavrov, il y a dix jours à Dublin, et un second round au niveau des vice-ministres, entre MM. Bogdanov et William Burns, le week-end dernier à Genève. À chaque fois, Lakhdar Brahimi était présent. Genève a marqué une percée, souligne-t-on dans l'entourage de Brahimi. En effet, les Russes ont renoncé à leur exigence que Bachar el-Assad puisse jouer un rôle dans une phase de transition politique. «Pour Moscou, Bachar peut rester président, mais sans compétence, et il ne pourrait pas se présenter à l'élection présidentielle de 2014, contrairement à ce que les Russes souhaitaient à Dublin», ajoute notre source.
«C'est votre dernière chance»
À Genève, Américains et Russes ont également «échangé des noms» de responsables, qui pourraient figurer dans un gouvernement de transition. Cette dernière structure est une «des idées» défendues par Lakhdar Brahimi pour éviter que la Syrie ne s'enfonce encore plus dans la guerre civile (plus de 40.000 morts en vingt mois de répression des opposants). Plusieurs pays auraient également été évoqués pour fournir une terre d'asile à Bachar el-Assad - la Biélorussie, notamment ou d'autres en Amérique latine, mais pas le Venezuela, selon nos informations.
Fort d'un début de convergence des positions américano-russes, Lakhdar Brahimi pourrait se rendre dès la semaine prochaine à Damas porteur du message à Assad selon lequel «c'est votre dernière chance de quitter le pouvoir dans la dignité», estime un diplomate de l'équipe du médiateur international.
Côté américain, même si on se félicite de l'évolution de Moscou, on se montre encore extrêmement prudent. «Les Russes vont-ils exercer suffisamment de pressions pour que Bachar quitte le pouvoir?, s'interrogeait jeudi Robert Ford. Nous n'en savons rien. À trois reprises depuis le début de la crise, les Russes nous ont dit qu'ils allaient faire pression sur Assad et ils n'ont rien fait», reconnaît le diplomate américain, vieux briscard du Moyen-Orient. Autre obstacle à surmonter: le veto des opposants à toute négociation avec Bachar el-Assad et à «ceux qui ont du sang sur les mains».
Malgré les écueils, une percée est peut-être enfin en vue dans la crise syrienne. «Maintenant, les Russes sont prêts à négocier», nous déclarait la semaine dernière l'opposant Haytham Manna de la Coordination nationale, qui venait de rencontrer MM. Lavrov et Bogdanov à Moscou. «Les Russes veulent une négociation à deux avec les États-Unis», ajoutait M. Manna que ses interlocuteurs ont surpris par une question sur une possible chute du régime à court terme. Et lorsqu'un membre de la délégation syrienne a répondu à M. Lavrov qu'à «un moment ou à un autre, le palais présidentiel peut très bien être encerclé», le chef de la diplomatie russe a rétorqué «mais nous n'allons pas envoyer des hélicoptères pour protéger le palais» de Bachar el-Assad.
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Tags : Syrie, États-Unis, Russie, Lakhdar Brahimi, Bachar El-Assad
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