Les Européens et la Russie ont soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU, vendredi 20 avril, deux projets rivaux de résolution sur le déploiement d'une mission d'observateurs en Syrie. Seul le texte russe était pour l'instant "en discussion" entre les quinze pays membres, a indiqué un diplomate russe. Il a laissé entendre qu'il pourrait être soumis au vote dès ce week-end. Mais les Etats-Unis n'ont pas encore donné leur réponse définitive sur le déploiement de la mission, selon d'autres diplomates.
Les deux textes, dont l'Agence France-Presse a obtenu copie, autorisent le déploiement, pour une période initiale de trois mois, de trois cents observateurs militaires de l'ONU non armés. Ils doivent superviser le cessez-le-feu et aider à faire appliquer le plan de paix du médiateur Kofi Annan. Mais seul le projet européen menace Damas de sanctions s'il ne retire pas ses forces de villes, comme le régime de Bachar al-Assad l'avait promis à M. Annan.
Une précédente résolution adoptée samedi dernier avait autorisé l'envoi en Syrie d'une équipe restreinte de trente personnes chargées de prendre des contacts et de mettre en place des procédures de supervision du cessez-le-feu. Celui-ci est régulièrement violé depuis son entrée en vigueur officielle, le 12 avril.
"ACCENTUER LA PRESSION"
Dans ce contexte, les Etats-Unis demandent à leurs alliés de se tenir prêts à "accentuer la pression" sur la Syrie si le plan pour la paix de l'émissaire international Kofi Annan échoue, a indiqué la porte-parole de la diplomatie américaine. Jeudi, à Paris, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait indiqué que les Etats-Unis plaidaient en faveur de "mesures plus sévères" contre le régime de Bachar Al-Assad pour obtenir le respect du plan Annan, avec une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU prévoyant des sanctions et un embargo sur les armes.
En outre, L'Union européenne doit adopter lundi un quatorzième train de sanctions portant sur les matières premières et les produits de luxe, a déclaré vendredi le Quai d'Orsay. Les sanctions comprendront une restriction des exportations de produits de luxe et de certaines matières premières pouvant être recyclées et utilisées pour la répression. Leur adoption sera décidée ou non lundi par les ministres des affaires étrangères européens, qui seront réunis à Luxembourg, en fonction de l'évolution sur le terrain, a précisé un diplomate.
DES MILLIERS DE SYRIENS MANIFESTENT
Des milliers de Syriens manifestaient à travers le pays, vendredi 20 avril, à l'appel des militants de l'opposition à "défaire" le président Assad. Les manifestants ont interpellé l'équipe restreinte d'observateurs déjà sur le terrain, dénonçant leur nombre - moins d'une dizaine. "Où sont les observateurs ?", "Où sont les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité ?", "Cinq observateurs pour surveiller Bachar ?", interrogeaient des panneaux à travers le pays.
Violée chaque jour depuis son entrée en vigueur, la trêve a de nouveau vacillé avec la mort de quatorze civils tués par les forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), et de dix-huit membres des forces de l'ordre tués par des "terroristes", selon les médias officiels.
Les observateurs internationaux ont indiqué qu'ils n'assisteraient pas aux manifestations, afin d'éviter que leur "présence ne soit utilisée" pour favoriser "une escalade" de la violence. "Aujourd'hui, nous avons d'autres tâches, nous allons rencontrer des civils et des représentants d'organisation", a déclaré le colonel Ahmed Himmiche, qui dirige la mission.
Bombardements, tirs lors des manifestations, selon l'OSDH, les violences de vendredi ont tués quatorze civils. Les médias officiels font eux état de dix-huit membres des forces de l'ordre tués par des "terroristes".
Environ cent cinquante personnes ont été tuées en huit jours en Syrie, et l'opposition armée réclame désormais une intervention militaire de "pays amis" sans l'aval de l'ONU.