• Syrie : une responsable de l'ONU redoute une "guerre civile"

    Syrie : une responsable de l'ONU redoute une "guerre civile"

    LEMONDE.FR Avec AFP | 14.10.11 | 20h09   •  Mis à jour le 14.10.11 | 20h35

     

    Les manifestants, à Deraa, ont bravé les forces loyalistes, qui n'ont pas hésité à tirer pour disperser le rassemblement.

    Les manifestants, à Deraa, ont bravé les forces loyalistes, qui n'ont pas hésité à tirer pour disperser le rassemblement.AFP/-

    Le sang continue de couler en Syrie. Douze personnes ont été tuées vendredi par les forces de l'ordre lors de manifestations de soutien aux soldats ralliés à la contestation, selon des militants. Ces soldats rebelles luttent désormais par les armes contre les troupes du régime.

    A l'appel des militants pro-démocratie, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour rendre hommage aux "hommes libres de l'armée qui ne tuent pas les hommes libres du peuple revendiquant la liberté", selon leur page Facebook "The Syrian Revolution".

    Les troupes déployées pour étouffer les protestations antirégime ont tiré pour disperser les manifestants. Elles ont fait neuf victimes dans la région de Deraa, dont une femme et un enfant, une près de Damas, une autre dans la capitale et une douzième à Alep, a indiqué le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Une quarantaine de manifestants ont également été blessées.

     

    LES DÉSERTIONS S'AMPLIFIENT

    Selon M. Abdel Rahmane, les Syriens sont descendus par milliers dans les rues de nombreuses villes en dépit du déploiement massif des forces de sécurité. Parallèlement aux manifestations pacifiques violemment réprimées, des accrochages armés ont eu lieu entre les militaires et des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, à Sebqa, dans la région de Damas, alors que des échanges de tirs ont aussi eu lieu à Homs, selon l'ONG.

    Ces derniers jours, les ONG syriennes, notamment l'OSDH, ont fait état de combats entre soldats et "déserteurs" qui ont refusé, selon elles, d'obéir aux ordres de tirer sur les civils. De nombreux soldats font défection et s'engagent dans la lutte contre l'armée régulière et la Sécurité chargées de la répression du mouvement de contestation, ont affirmé l'OSDH et les comités locaux de coordination (LCC). Vingt-cinq militaires ont ainsi été tués jeudi dans des affrontements à Deraa, a précisé l'OSDH.

    Le régime du président Bachar Al-Assad, qui ne mentionne pas ces défections et ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation lancée le 15 mars, accuse régulièrement des "bandes terroristes armées" d'être à l'origine des troubles et de la mort des soldats.

    "3000 MORTS DEPUIS SEPT MOIS"

    Face à la poursuite de l'escalade en Syrie, Navi Pillay, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a appelé la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils. Elle a cité, outre les 3 000 morts, des "milliers" de personnes "arrêtées, détenues, victimes de disparition forcée et torturées".

    Relevant que "de plus en plus de membres de l'armée refusent d'attaquer des civils" et se rangent du côté des opposants, elle a fait état de "signes inquiétants indiquant que la situation sombre dans une lutte armée".

    La haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a aussi affirmé craindre une "guerre civile" en Syrie. Selon elle, la répression du mouvement de contestation a fait, depuis sept mois, plus de 3 000 morts, dont au moins 187 enfants.

    LA CHINE ET LA RUSSIE RESTENT FIDÈLES À AL-ASSAD

    La communauté internationale est divisée sur la Syrie. La Russie et la Chine, alliés du régime Assad et membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont opposé le 4 octobre leur veto à un projet de résolution occidental menaçant le régime syrien de "mesures ciblées" pour qu'il cesse la répression.

    Enfin, les monarchies arabes du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont appelé à la tenue, dimanche, d'une réunion d'urgence des ministres arabes des Affaires étrangères consacrée à la violence en Syrie. L'objectif est d'"étudier les développements en Syrie", a annoncé le conseil, sans délivrer d'autres précisions.

    Une manifestation contre la répression en Syrie, samedi à Paris

    La plus importante manifestation contre la répression en Syrie jamais organisée à Paris doit avoir lieu samedi 15 octobre à partir de 14 h 30 entre la place de la République et celle de la Bastille. Elle est organisée par le Collectif Urgence Solidarité Syrie avec le soutien de plusieurs organisations syriennes (Le Comité de la Déclaration de Damas, le Collectif du 15 mars pour la démocratie en Syrie, Souria Houria, Les jeunes de la révolution syrienne 2011, le Mouvement pacifique syrien, Pour un Syrie libre, la Coordination des Kurdes de Syrie en France, le Mouvement pour la solidarité avec le peuple syrien) mais aussi libanaises (l'association des Amis de Samir Kassir, le Rassemblement pour la démocratie au Liban), françaises (Amnesty International France, la Ligue des droits de l'homme, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, l'ACAT, le MRAP), de partis politiques (PS, PCF, Parti de Gauche, Europe Ecologie-Les Verts) et de syndicats.


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :