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Taxe Google : Hollande menace d'une loi, "si nécessaire"
Le Point.fr - Publié le <time datetime="2012-10-29T19:14" itemprop="datePublished" pubdate=""> 29/10/2012 à 19:14</time> - Modifié le <time datetime="2012-10-29T20:05" itemprop="dateModified"> 29/10/2012 à 20:05 </time>
lienLe patron de Google, Eric Schmidt, s'est entretenu trois quarts d'heure avec le chef de l'État lundi soir.
Français, Italiens et Allemands font cause commune pour réclamer l'instauration d'un droit payant qui serait reversé par Google aux organes de presse, arguant que ce sont leurs contenus, régulièrement actualisés, qui drainent les visiteurs vers le géant du Net. © PARK JIN HEE/LANDOV / MAXPPP
François Hollande a souhaité lundi que des "négociations puissent s'engager rapidement" entre Google et les éditeurs de presse. "Si nécessaire, une loi pourrait intervenir sur cette question", a-t-il affirmé, selon un communiqué de l'Élysée. Une déclaration qui intervient au terme d'une rencontre entre le patron de Google, Eric Schmidt, et François Hollande, alors que le gouvernement, poussé par les éditeurs de presse français et européens, est déterminé à faire payer une taxe au moteur de recherche américain.
Au cours de l'entretien, François Hollande a plaidé pour une "adaptation de la fiscalité afin de mieux appréhender le partage de la valeur ajoutée et le financement de la création de contenus sur chaque territoire". Il a "souhaité que des négociations puissent rapidement s'engager et être conclusives d'ici la fin de l'année entre Google et les éditeurs de presse", selon le communiqué de la présidence. Se plaçant dans l'hypothèse où ces discussions n'aboutiraient pas, "si nécessaire, une loi pourrait intervenir sur cette question, à l'instar du projet en cours en Allemagne", a ajouté le chef de l'État.
"Quatre milliards de clics par mois"
Italiens et Allemands font cause commune avec les Français pour réclamer l'instauration d'un droit qui serait versé par Google aux organes de presse, arguant que ce sont leurs contenus régulièrement actualisés qui drainent les visiteurs vers le géant du Net, lui permettant de réaliser d'importants profits publicitaires. Google rétorque qu'il redirige "quatre milliards de clics par mois" vers les éditeurs dans le monde.
"Ce mouvement européen nous permet de ne pas être démunis face à Google. Il ne faut pas qu'on considère que tous les combats sont perdus face à ces grandes entreprises du numérique", a souligné lundi sur France Inter la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti. Il "est normal que les grands sites agrégateurs participent au financement de la presse", a réaffirmé la ministre, qui a reçu lundi le patron de Google. Arrivé à 15 heures rue de Valois, le patron du moteur de recherche américain est ressorti 40 minutes après sans faire aucun commentaire.
Sourd à ce stade aux revendications d'une presse qui prend la crise de plein fouet, le moteur de recherche américain menace de ne plus référencer les journaux français si une telle taxe devait voir le jour, c'est-à-dire de ne plus afficher les liens qui renvoient le lecteur vers leurs sites. Instaurer une taxe serait "néfaste pour Internet et pour les internautes", a mis en garde Olivier Esper, responsable de Google France, dont le siège social est basé en Irlande et échappe ainsi, par ailleurs, à la taxation sur les sociétés dans l'Hexagone.
"Discussion apaisée"
Selon Le Figaro, François Hollande serait lui favorable à une loi pour contraindre Google à partager les bénéfices créés par l'information en ligne. Il l'aurait affirmé aux éditeurs de la presse quotidienne régionale qu'il recevait à déjeuner mercredi dernier avec Aurélie Filippetti : "Il nous a affirmé qu'il soutiendrait l'adoption d'un texte de loi dès janvier 2013", a raconté un convive au Figaro. En revanche, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Économie numérique, qui sera au côté de François Hollande lundi après-midi à l'Élysée, préférerait se passer d'une "Google Lex" et prône "une discussion apaisée". Selon le site d'information américain spécialisé Quartz, la ministre préconiserait un délai de "trois mois" pour des négociations.
"J'espère que Google vient avec des propositions concrètes", souhaite lundi dans Le Figaro la présidente de l'Association de la presse d'information politique et générale, Nathalie Collin, une des représentantes à l'origine du projet de loi au coeur du débat.
Les éditeurs restent néanmoins divisés sur le dossier : pour le Syndicat de la presse en ligne (Spiil), qui regroupe les sites d'information sur Internet, les "pure players" comme Mediapart, Atlantico, Slate ou Rue89, une telle taxe ne tient pas compte de la spécificité d'Internet. "Admettons que cette taxe marche, elle serait évidemment une source de revenus à court terme, mais nous pensons qu'à long terme cela va détruire la diversité de la presse", a déclaré lundi son président, Maurice Botbol. "La presse est déjà totalement dépendante de Google au niveau de l'audience, si à cela on ajoute une dépendance économique, Google pourra décider de tout", estime-t-il.
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