Fer de lance de la mobilisation contre la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples
homosexuels, la Manif pour tous a acté samedi à la Maison de la Mutualité, à Paris, la
deuxième phase de son action. «Nous souhaitons être constructifs», a déclaré Ludovine
de la Rochère, présidente du mouvement, en présentant un «Manifeste pour la famille et
pour l’enfant» agrémenté de 38 propositions (à lire ici). Lesquelles pourraient être portées
dans les prochains mois à l’Assemblée nationale par des parlementaires sensibles à la défense
d’un modèle familial traditionnel.
Le mouvement espère devenir un «think tank» qui compte dans la vie politique française,
«pour demain et après-demain». Cette nouvelle orientation a d’ores et déjà commencé, puisque
plusieurs centaines de candidats aux élections municipales ont signé une charte d’adhésion aux
valeurs de la Manif pour tous. Refus des unions homosexuelles, préservation de la «filiation père
-mère-enfant», lutte acharnée contre des supposées «expérimentations de genre» à l’école, toutes
les marottes de cette France très tradi sont là.
Un travail de lobbying qui semble prendre auprès du gros millier de sympathisants réunis samedi
à la Mutualité. Tel François, habitant du XVIe arrondissement de Paris. «Les politiques au pouvoir
se sont assis sur les convictions d’une très grande majorité de Français, estime-t-il. Ils refusent
d’entendre une certaine sagesse populaire.» Ce cinquantenaire, qui se défend de tout «jugement
envers les homosexuels», regrette toutefois que «la droite molle – les Juppé, Raffarin -, ait du
mal à s’engager sur ces thèmes». Et d’appuyer : «Je me sens plus proche d’un Henri Guaino,
qui essaye de défendre la famille, un trésor.»
«IL FAUDRA VOTER CORRECTEMENT AUX PROCHAINES ÉLECTIONS
MUNICIPALES»
Sur les écrans géants de la salle, les très solennels extraits vidéo du député des Yvelines, ancienne
plume de Nicolas Sarkozy, recueillent d’ailleurs un beau succès à l’applaudimètre. Tout comme
l’intervention enflammée de Henri Joyeux, ancien président de l’association Familles de France,
et qui espère se porter candidat aux prochaines élections européennes avec son mouvement Européens solidaires. «Il faudra voter correctement aux prochaines élections municipales pour foutre dehors
les gens…», lance-t-il, avant que ses paroles ne se perdent dans le brouhaha enthousiaste de la salle.
Ravi de son effet, il interpelle Ludovine de la Rochère : «Il faut que nous allions ensemble aux
prochaines élections européennes, pour la famille, l’enfant, et contre l’argent.» Réponse polie
de l’intéressée : «La Manif pour tous n’est pas engagée politiquement à ce jour [son fameux
«apolitisme» ndlr], mais la porte est ouverte.»Charles Beigbeder, dissident UMP aux prochaines
élections dans la capitale, s’attire également une certaine sympathie quand il prend la parole et
lance : «La République est laïque, mais la France est chrétienne !»
Venus d’Ermont, dans le Val-d’Oise, Jacques et Françoise ne cachent pas leur attachement à ces
potentiels débouchés politiques. «Le candidat pour lequel on votera aux municipales a signé la
Charte de la Manif pour tous. De toute façon, s’il ne l’avait pas fait, on serait allé le voir pour
l’y inciter.»