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    Publié le 24/11/2011 10:16 | Patrick Guerrier

    Graulhet. L'ancien maire Jean Picarel devant les juges

    L'ancien maire de Graulhet devant la justice

    .L'audience  qui s'est déroulée hier avait été renvoyée une première fois  en l'absence de l'avocat de Jean Picarel le 25 mai dernier/ Photo DDM, T.A., archives,
    .L'audience  qui s'est déroulée hier avait été renvoyée une première fois  en l'absence de l'avocat de Jean Picarel le 25 mai dernier/ Photo DDM, T.A., archives,
    .L'audience qui s'est déroulée hier avait été renvoyée une première fois en l'absence de l'avocat de Jean Picarel le 25 mai dernier/ Photo DDM, T.A., archives,

    Jean Picarel, l'ancien maire de Graulhet, comparaissait hier, en correctionnel pour harcèlement moral à l'encontre de deux cadres territoriaux.

    C'est une plongée dans un univers politique que l'on peut espérer terminé. Les faits remontent à 2005, date de l'élection municipale anticipée où Jean Picarel avait reconquis la mairie à sa rivale et ancienne adjointe Françoise Rodet. Durant plus de 4 heures partie civile, ministère public mais aussi défense ont eu des mots très fort sur le climat délétère qui régnait sur la cité du cuir. Les différents témoignages recueillis lors de l'instruction font état du sentiment de haine, de l'esprit de vengeance qui entoure cette élection et le retour de Jean Picarel à la mairie (Lire ci-contre).

    Mesures vexatoires

    Eugène Nicolas est à l'époque le directeur des services techniques, Corinne Bouron est responsable du service des sports. Ils ont contre eux d'avoir été proches de Françoise Rodet dans la gestion de la ville. Dès l'investiture de Jean Picarel, les deux fonctionnaires sont mis au placard. Les mesures vexatoires s'enchaînent: plus de bureau, plus aucune mission à exercer. Durant l'audience, Anne Maffre, la présidente va détailler les faits de harcèlement supposés. Face à eux, Jean Picarel garde souvent le silence, incapable de s'expliquer si ce n'est par le déni. «Je n'ai jamais voulu faire preuve d'indélicatesse, ni faire de mal à qui que ce soit». Anne Maffre: «En gros, vous avez fait comme s'ils n'existaient plus». Lorsqu'il ne sait quoi répondre, Jean Picarel charge ses adjoints. Au point que Me Gil, l'avocat de la défense se demande pourquoi ces élus ne sont pas là aussi pour rendre des comptes.

    «Compter les chasses d'eau»

    La nouvelle majorité ira jusqu'à remplacer Corinne Bouron par un de ses subordonnés, agent de catégorie C avant de l'isoler dans une pièce qui servait alors de lieu de stockage.

    «On dit que le pouvoir rend fou, cette affaire en est l'illustration, s'exclame Me Nakache dans sa plaidoirie. C'est une affaire de haine comme peut parfois le provoquer la politique.» L'avocat de la partie civile donne lecture des témoignages: « On est allé jusqu'à lui faire compter les chasses d'eau». Un autre agent: «J'avais pour instruction de rapporter tout ce qui concernait Corinne Bouron à la directrice de cabinet.»

    Dans ses réquisitions, Philippe Mao donne sa conception de la politique; celle de l'exemplarité des élites. «Vous êtes un cas d'école. Il faut que ce soit dit. Que tous les potentats locaux ne peuvent pas tout se permettre. Je demande une peine d'emprisonnement avec sursis de 3 à 4 mois.»

    La partie n'était pas facile pour Me Gil tant son client a semblé dépassé par les événements. Le climat de vengeance, «il était de part et d'autre». Mais surtout l'avocat a voulu instiller le doute sur les raisons qui ont poussé les deux agents à porter plainte. Il s'est servi de l'énormité des dommages et intérêts réclamés notamment par Eugène Nicolas (plus de 500.000 euros) au titre de l'action civile et a demandé la relaxe. L'affaire est mise en délibéré au 7 décembre.


    «Ici, on est à Graulhet»

    «Ici, on est à Graulhet», dira un témoin durant l'instruction pour donner l'état d'esprit qui régnait sur la ville à l'époque. Il est question de clientélisme, d'attestation de complaisance par des responsables d'association. Le tribunal revient sur des épisodes peu glorieux de la gestion de la ville qui ont alimenté les rumeurs: des repas qui disparaissent, des saisonniers recrutés à tour de bras, une dette qui s'envole.

    «C'est toujours dans les accointances politiques les plus proches que les haines sont les plus tenaces» dira Philippe Mao pour expliquer le climat de revanche entre élus du même bord. De l'invalidation de Picarel en 2002 dont le mandataire financier était le mari de la plaignante jusqu'à son retour en 2005, la majorité locale de droite s'est déchirée jusqu'à remplir la page des faits divers avec la tentative d'assassinat de Jean Picarel par le mari de Françoise Rodet (aujourd'hui décédé), la veille de son investiture.


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