• Thaïlande : un conflit sans issue ?..

     

    La Thaïlande prisonnière d'une profonde crise politique et sociale

     

    LE MONDE | 12.04.10 | 16h06  •  Mis à jour le 12.04.10 | 16h08

    Les affrontements sanglants qui ont opposé, samedi 10 avril à Bangkok, les forces de sécurité aux "chemises rouges", qui rassemblent les fidèles de l'ancien premier ministre Thaksin Shinawatra et des opposants à l'actuel chef du gouvernement, Abhisit Vejjajiva, ont encore aggravé la crise politique dont le pays est la proie depuis la mi-mars.

     

    Des scènes de fraternisation entre les forces de sécurité et les "rouges". Samedi, les violences et les tirs à balles réelles (démentis par le pouvoir lundi) ont fait, selon le dernier bilan, 21 morts et 863 blessés. Cinq soldats ont été tués lors des émeutes. Parmi les victimes, figure un cameraman japonais de l'agence Reuters. C'est le plus lourd bilan pour des manifestations en Thaïlande depuis celles de 1992.

    Le pays ne parvient toujours pas à sortir d'un cycle d'instabilité politique qui fait alterner, depuis 2006, les phases de violence et de calme. Selon la presse thaïlandaise, la coalition au pouvoir, soutenue par la monarchie et l'armée, envisageait, lundi, d'organiser des élections"dans les six mois". Un porte-parole du gouvernement précisait néanmoins qu'"aucune discussion directe" n'était en cours.

    "Tireurs d'élite"

    De leur côté, les manifestants ont refusé toute négociation, posant comme préalable la démission d'Abhisit Vejjajiva et son départ pour l'étranger. "Il n'y aura pas de discussion avec des tueurs", a déclaré Jatuporn Prompan, l'un des chefs de l'opposition.

    Selon une source diplomatique, lundi, à Bangkok, l'escalade de la violence trouverait son explication dans l'instauration, le 7 avril, de l'état d'urgence et dans l'action déterminée de groupes radicaux, d'obédience marxiste et d'ex-militaires, au sein des "chemises rouges". Ces éléments avaient été auparavant tenus à l'écart du mouvement. "La mise en place par l'armée de tireurs d'élite sur les toits dominant les lieux où sont regroupés les "rouges" aurait mis le feu aux poudres", notait cette source.

    "La flambée de violence, analyse, pour sa part, à Bangkok, Jacques Ivanoff, de l'Institut de recherche pour l'Asie du Sud-Est contemporaine, fait découvrir brutalement à la Thaïlande l'affrontement des classes sociales que le pays tente de masquer depuis vingt-cinq ans. Porteur initialement d'une revendication rurale face à l'élite urbaine, le mouvement des chemises rouges illustre la naissance d'une véritable conscience politique qui dépasse la défense du seul Thaksin."

    L'armée a indiqué, lundi, qu'elle avait décrété une trêve. "Nous ne sommes pas à la veille d'un bain de sang, estime M. Ivanoff, la recherche d'un consensus est toujours en cours."

    Jacques Follorou

    http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/04/12/la-thailande-prisonniere-d-une-profonde-crise-politique-et-sociale_1332290_3216.html


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