• Total : sept questions clefs sur une fuite de gaz encore incontrôlée

     

    28/03 | 19:44 | mis à jour à 21:44 | Emmanuel Grasland

    Total  : sept questions clefs sur une

    fuite de gaz encore incontrôlée

    Total n'a pas encore réussi à déterminer l'origine de la fuite de gaz. Un risque d'explosion existe car la torchère continue de brûler.

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    Emmanuel GRASLAND
    Emmanuel GRASLAND
     
    Total  : sept questions clefs sur une fuite de gaz encore incontrôlée

    D'où vient la fuite de gaz ?

    L'origine de la fuite n'est pas encore clairement déterminée. L'hypothèse la plus probable est que le gaz provient d'une « poche crayeuse » située à environ 4.000 mètres de profondeur au-dessus du réservoir principal. Sous pression, ce gaz remonterait ensuite vers la surface via le puits pour s'échapper au niveau de la tête de puits de la plate-forme. Total cherche à savoir quel est le point de faiblesse de l'installation. Pour autant, le groupe ne peut pas complètement exclure que la fuite provienne du réservoir principal, dont l'exploitation a cessé voilà un an.

    Quand s'est-elle produite ?

    L'incident est intervenu dimanche à 12h15 pendant des opérations visant à l'abandon du puits Elgin G4, l'un des seize puits producteurs de la plate-forme. Ces opérations, menées par des équipes de Total, consistaient à injecter des boues de forage afin de préparer la fermeture définitive du puits. Dans le cadre d'un plan d'urgence, 219 salariés du site ont quitté la plate-forme en début de soirée. Dix-neuf salariés clefs sont restés sur place pour tenter de contrôler la situation, avant de rejoindre Aberdeen par bateau dans la nuit de dimanche à lundi. Le groupe n'a déploré aucun blessé.

    Y a-t-il un risque d'explosion ?

    A l'évidence oui. Avant d'abandonner la plate-forme, les équipes de Total ont coupé l'alimentation électrique du site. Mais la torchère de la plate-forme continue de brûler, et le gaz de fuir, à hauteur de quelque 200.000 mètres cubes de gaz, selon les estimations. Le risque d'une explosion qui détruirait les installations, comme sur Piper Alpha en 1988, n'est donc pas écarté.

    Pour l'instant, le vent pousse cependant le panache de gaz dans une direction opposée à celle de la torchère. « La fuite est au niveau de la plate-forme du puits tandis que la torchère est sur la plate-forme de traitement et d'hébergement. Il y a une distance de 90 mètres entre les deux », précise Total.

    Comment peut-on colmater la fuite ?

    Total évalue encore les différentes options possibles. L'une d'entre elles consisterait à forer un puits de secours afin d'injecter des boues dans le réservoir secondaire pour boucher la fuite. Cette solution prendrait néanmoins du temps, « jusqu'à six mois », a indiqué Total. Pour l'instant, le pétrolier n'a pas pris la décision de faire appel à un appareil de forage. L'autre option consiste à envoyer des équipes sur place afin d'essayer de « tuer le puits » à partir de la plate-forme. Cette option serait beaucoup plus rapide mais elle impose de risquer la vie de ces professionnels.

    Quels moyens sont mis en oeuvre ?

    Total a mis en place des cellules de crise à Pau, à Paris et à Aberdeen en Ecosse. Chacune regroupe plusieurs dizaines d'experts. Des vols de surveillance sont effectués deux fois par jour et des navires de surveillance ont été déployés autour du site. Un robot sous-marin a été également envoyé sur place. Le pétrolier a fait appel à la société Wild Well Control, spécialisée dans les pertes de contrôle de puits. Le groupe a aussi reçu des offres de soutien de Shell.

    Quelles sont les conséquences financières ?

    Elles dépendront du temps mis pour arrêter la fuite. Opérateur, Total détient une participation de 46 % dans la production contre 20 % pour ENI et 14 % pour BG, le reste étant aux mains d'E.ON, ExxonMobil, Chevron et Summit Petroleum. Selon nos informations, l'arrêt de la production de gaz représenterait un manque à gagner de l'ordre d'environ 1,5 million de dollars par jour pour Total, auquel il faut ajouter des coûts d'intervention, de nettoyage et d'éventuelles indemnisations pour les propriétaires des plates-formes voisines.

    En cas de destruction de la plate-forme, CM-CIC estime les coûts d'une reconstruction entre 2 et 4 milliards de dollars. Un abandon définitif de l'exploitation du gisement coûterait, lui, environ 5,7 milliards d'euros selon l'agence Fitch, dont 3,1 milliards d'euros de compensation pour les autres actionnaires du gisement.

    Une marée noire est-elle à craindre ?

    Total se trouve dans une situation radicalement différente de celle de BP dans le golfe du Mexique en 2010. Il s'agit d'une fuite non pas de pétrole mais de gaz, qui part dans l'air. Cependant, des huiles légères (les « condensats ») sont également extraites. S'il n'y a pas d'explosion, les conséquences sur l'environnement devraient être limitées. Total a estimé que l'utilisation de dispersants n'était pas nécessaires à ce stade. Le groupe évalue le volume d'huiles légères présentes à proximité de la plate-forme à environ 30 mètres cubes.

     

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