• Tunisie : dans la crise, Ennahda perd des alliés

    ACTUALITÉ International S'abonner au Figaro.fr

    Tunisie : dans la crise, Ennahda perd des alliés

    lien

    Par Thibaut Cavaillès Mis à jour <time class="updated" datetime="18-02-2013T21:19:00+02:00;">le 18/02/2013 à 21:19</time> | publié <time datetime="18-02-2013T20:05:00+02:00;" pubdate="">le 18/02/2013 à 20:05</time> 

    Le premier ministre tunisien, Hamadi Jebali (ici vendredi à Tunis), menace de démissionner s'il ne parvient pas à imposer un cabinet de technochrates.
    Le premier ministre tunisien, Hamadi Jebali (ici vendredi à Tunis), menace de démissionner s'il ne parvient pas à imposer un cabinet de technochrates. Crédits photo : ANIS MILI/REUTERS
     

    Plus les négociations sur un nouveau gouvernement se poursuivent, plus le parti islamiste au pouvoir s'isole.

    Le temps joue-t-il contre Ennahda? Sauf coup de théâtre, personne ne s'attendait à ce que la Tunisie ait un nouveau gouvernement lundi soir. En fin d'après-midi, le premier ministre Hamadi Jebali, qui menace de démissionner s'il ne parvient à imposer un cabinet de technocrates, reprenait les discussions avec les différents leaders de partis. Le secrétaire général d'Ennahda se retrouvait ainsi face à Rached Ghannouchi, le leader de ce même parti islamiste, qui se trouve désormais à l'épicentre de la plus grave crise que connaît le pays depuis la chute de Ben Ali.

    La situation est de plus en plus inconfortable pour Ennahda, qui n'a guère mobilisé samedi, et qui doit affronter les divisions et une série de démissions chez ses alliés du CPR. Bien qu'appelés de tout le pays, ses militants étaient tout au plus 10.000, samedi à Tunis, pour entendre Rached Ghannouchi proclamer qu'«Ennahda n'est pas prêt à céder le pouvoir», et continuera jusqu'au bout à se battre contre «un coup d'État contre le gouvernement élu».

    Ennahda, qui, à l'issue des élections, avait dû partager le pouvoir avec deux autres formations, voit cependant ses alliances se disloquer. Les trois ministres et deux secrétaires d'état du CPR - Congrès pour la République (centre gauche) - dont est issu Moncef Marzouki, le président de la république, menaçaient déjà de quitter le gouvernement. Dimanche et lundi, ce sont deux députés qui ont démissionné. L'un d'eux, Lazhar Chemli dit ne plus se reconnaître dans la ligne d'un parti qui envoie sa ministre des affaires de la Femme monter sur la scène d'Ennahda samedi, alors que des manifestants venaient de demander l'application de la charia.

    Une grande famille

    Plusieurs mois après une première scission qui l'avait ébranlé, le CPR pourrait aussi perdre son secrétaire général, Mohamed Abbou. Déjà ministre démissionnaire du gouvernement, il serait en passe, selon la presse tunisienne, de monter un nouveau parti. Autant de défections qui isolent Ennahda au sein de la troïka, et qui pourraient conforter le premier ministre, Hamadi Jebali.

    Durant le week-end, Ennahda avait rassemblé son conseil consultatif, la Choura, invitant Hamadi Jebali, qui malgré son désaccord avec Ghannouchi, reste membre de la très «familiale» Ennahda. Malgré tout, à l'issue du conseil, ses membres campaient sur leur position de défendre un gouvernement fait de personnalités politiques. Samedi au cœur de la manifestation de son parti, Sahbi Attig, le président du groupe Ennahda à l'ANC, nous expliquait que son mouvement était «pour former un gouvernement de coalition politique vaste». Avec à sa tête… Hamadi Jebali, qui ne serait donc pas rejeté. Un sympathisant voulait «positiver». «Ennahda, expliquait-il, c'est comme une famille, ses enfants ne se séparent pas.» Même si parfois ils se chamaillent.


    Le buste de Belaïd vandalisé

    Un buste en marbre et des fleurs déposées dimanche devant le lieu où a été assassiné Chokri Belaïd ont été saccagés. Quelques heures après un nouvel hommage rendu à l'opposant tunisien, le buste installé sur un socle a été retrouvé, par la veuve de M. Belaïd, brisé en trois morceaux, les fleurs piétinées. «Il faisait peur vivant, il fait toujours peur mort», a déclaré au Figaro Basma Belaïd. Le frère de Chokri Belaïd, Abdelmajid, voit derrière cet acte la main de ceux qui ont tué le leader du mouvement al-Watad (Patriotes démocrates): «Nous ne porterons pas plainte et ne comptons plus sur une protection du ministère de l'Intérieur, qui appartient à Ennahda, que nous accusons d'avoir tué Chokri.»

    LIRE AUSSI:

    » Tunisie: quitte ou double pour Hamadi Jebali


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :