• Tunisie : quitte ou double pour Hamadi Jebali

    Tunisie : quitte ou double pour Hamadi Jebali

     

    Par Thibaut Cavaillès Publié <time datetime="15-02-2013T19:32:00+02:00;" pubdate="">le 15/02/2013 à 19:32</time>lien

    Le premier ministre tunisien Hamadi Jebali (à droite) se rend à une réunion avec les représentants du Parti démocrate progressiste, jeudi à Tunis.
    Le premier ministre tunisien Hamadi Jebali (à droite) se rend à une réunion avec les représentants du Parti démocrate progressiste, jeudi à Tunis. Crédits photo : HASNA/AFP
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    Le premier ministre menace de démissionner mais reporte à lundi les pourparlers sur le gouvernement.

    La Tunisie aurait pu se retrouver ce soir sans premier ministre. Mais des avancées dans les négociations entre le chef de gouvernement et les ­responsables de partis repoussent l'échéance. «Il y a une évolution et des progrès sur tous les points soulevés, a déclaré tard vendredi soir Hamadi Jebali. C'est pour cela que nous avons décidé de poursuivre les discussions lundi.»

    Discussions en cours depuis l'assassinat de Chokri Bélaïd et l'annonce le soir même par le premier ministre de vouloir former un gouvernement de technocrates. Dehors les ministres de son parti, Ennahda, place à des personnalités apolitiques pour mener le pays jusqu'aux élections.

    Lever de boucliers au sein du parti islamiste qui, après avoir désavoué celui qui reste son secrétaire général, Hamadi Jebali, appelle à manifester ce samedi après-midi pour «défendre la légitimité du parti à gouverner». Jeudi, avant de mettre de l'eau dans son thé, le premier ministre n'en démordait pas: «Samedi, j'annoncerai si mon initiative a réussi ou non. Dans le second cas, j'irai voir le président de la République pour lui remettre ma démission.» Et Hamadi Jebali, qui semble vouloir passer en force, d'ajouter alors, avec une ironie aussi aiguisée que son sourire est carnassier: «À partir de là, le génie tunisien trouvera, inch'Allah, une autre solution.»

    C'est bien d'un génie dont le pays a besoin. Ennahda multiplie les réunions pour trouver une issue au blocage entamé bien avant la mort de Belaïd. Un remaniement évoqué en juillet, espéré fin janvier, se trouvait coincé entre les désirs des uns et les rejets des autres. La choura d'Ennahda, assemblée consultative du parti, contre l'initiative de Jebali, s'est mise d'accord cette semaine sur un gouvernement mixte. «Il serait fait de politiques et de technocrates», confiait jeudi au Figaro Badreddine Abdelkafi, l'un des vice-présidents de l'Assemblée nationale constituante et membre de cette choura.

    Arguant que les technocrates apolitiques sont bien rares, ou alors proches du parti d'opposition, l'Appel de la Tunisie, honni d'Ennahda, Abdelkafi défend la légitimité à gouverner de son parti, qui a remporté les élections. Avant l'assassinat de Belaïd, le remaniement achoppait sur le remplacement, exigé par les partis alliés d'Ennahda, des ministres régaliens de la Justice et des Affaires étrangères. «Nous allons sûrement accepter de les changer, y compris celui de l'Intérieur», affirme maintenant Abdelkafi. «Mais, ajoute-t-il, ce ministère de l'Intérieur doit rester aux mains d'un politique.»

    Ghannouchi «néfaste à la paix sociale»

    Les négociations avancent, le «conseil de sages» mis en place par Hamadi Jebali pour trouver une solution a ouvert ses portes au leader d'Ennahda, Rached Ghannouchi. Pour un vraisemblable apaisement, une photo les montrant tous les deux tout sourire hier circulait sur Internet, avec à leurs côtés Mustafa Ben Jaafar, le patron d'Ettakatol, et Mohamed Abbou, secrétaire général du CPR, les deux autres alliés de la coalition au pouvoir avec Ennahda.

    Si malgré les avancées, son nouveau cabinet était désapprouvé par l'Assemblée nationale constituante, le chef du gouvernement ne serait plus patron de la Kasbah, le quartier des ministères. Il reviendrait alors au président de la République de désigner comme nouveau chef du gouvernement le candidat du parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale constituante, donc Ennahda. À en croire Badreddine Abdelkafi, la choura d'Ennahda est pour que Hamadi Jebali reste premier ministre. À lui de voir s'il serait prêt à accepter un gouvernement imposé.

    Dans ce vaste imbroglio, alors qu'Ennahda appelle ses militants à descendre ce samedi sur l'avenue Bourguiba de Tunis contre l'initiative de Jebali, Abdelfattah Mourou, numéro deux du parti islamiste et soutien du même Jebali, déclare dans le magazine Marianne que Ghannouchi, le leader d'Ennahda, est néfaste à la paix sociale. Le génie tunisien est un malin qui joue avec les nerfs de chacun.

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