Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le Premier ministre a beau s’en défendre, personne n’est dupe: c’est bien un nouveau gouvernement AKP que dirige Ahmet Davutoglu, ne fût-ce que pour seulement deux mois. Puisque 11 de ses ministres - et bien sûr vice-Premier ministres - restent en place, et que sur les 11 autres postes de ministres, seuls deux vont à l’opposition et un à un député nationaliste très proche du parti au pouvoir. Les autres revenant à des bureaucrates très proches de gouvernement.
Contrairement aux deux autres formations parlementaires - la kémaliste CHP et l’ultranationaliste MHP - le parti HDP pro-kurde avait toujours annoncé sa volonté de participer à un tel gouvernement d’union nationale. Histoire de montrer sa loyauté envers les institutions du pays, qu’on l’accuse souvent de vouloir bafouer voire transgresser, mais aussi de s’inscrire dans le processus politique particulièrement délicat du moment, où les Kurdes risquent d’être marginalisés par la reprise des hostilités.
En fait, les deux ministres issus du HDP ne sont pas Kurdes eux-mêmes, mais Alévis, ce qui minimise le risque de friction avec l’AKP au pouvoir. Une expérience inédite, donc, dans l’histoire de la Turquie, mais à la portée limitée, car les dés seront à nouveau jetés dans 2 mois à peine.
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