-
UIMM : quand Denis Gautier-Sauvagnac se montre plus bavard
FRANCEUIMM : quand Denis Gautier-Sauvagnac
se montre plus bavard
L’ancien patron de l’UIMM a confirmé ce lundi au tribunal correctionnel de Paris que les syndicats étaient bien les bénéficiaires des enveloppes d’argent liquide de la puissante fédération patronale de la métallurgie.
Le week-end porte conseil. A l’ouverture ce lundi de l’audience du procès de la « caisse noire » de l’UIMM Denis Gautier-Sauvagnac a tenu à apporter quelques « précisions » à sa manière sobre et de bon ton. Mais à y regarder de plus près, il semble bien que les propos de l’ancien président délégué général soient plus graves qu’il ne veuille bien le prétendre.
« J’ai peur de ne pas avoir été assez clair », commence-t-il. De fait il va être beaucoup plus précis que lors de sa précédente audition mercredi dernier. « Je voudrais confirmer les propos de monsieur Leenhardt : les destinataires des fonds sont bien les syndicats. Ces contributions étaient une forme d’appui que depuis des décennies l’UIMM apportait à des organisations de salariés et patronales. Cette contribution prenait deux formes. D’un côté des achats d’espace publicitaire à prix d’or, des allocations de stand ou l’achat de journaux - mais (ces versements NDLR) prétextes étaient limités - ; alors l’autre façon c’était la remise d’espèce. Une participation directe et donc discrète ».
« Je suis coincé je ne peux pas aller plus loin »
L’ancien président de l’UIMM Arnaud Leenhardt (1985-1999) avait affirmé mercredi dernier devant le tribunal que les bénéficiaires de la « caisse noire » de la puissante fédération de la métallurgie étaient « les cinq syndicats représentatifs ». Selon lui, le CNPF (ancêtre du Medef) aurait également touché des enveloppes.
Alors les propos de Denis Gautier-Sauvagnac qui s’est longtemps tu sur les destinataires des fonds, mettent les juges en appel : « Quels étaient les syndicats ? », interroge Benjamin Blanchet, un des juges. « Je confirme les propos de M. Leenhardt », redis Gautier Sauvagnac, bavard mais jusqu’à un certain point. « Quelles étaient les personnes physiques », insiste Christophe Vacandar, un autre juge. « Je ne peux trahir la confiance que m’ont fait ces personnes, c’est contraire à mes convictions, à mes valeurs. Je suis coincé je ne peux pas aller plus loin », redit-il
« Comment être certain que ces sommes allaient bien aux syndicats », réattaque Benjamin Blanchet. « Les personnes physiques étaient mandatées par leur syndicat », explique Denis Gautier-Sauvagnac, qui estime déjà qu’il en a dit assez. Ainsi des « clefs de répartition » affectées à chaque syndicat : « Mon prédécesseur m’a donné les montants et je les ai maintenus », explique-t-il.
Rappel des faitsL’enquête judiciaire débute en septembre 2007 par un signalement au parquet de Paris de Tracfin, la cellule anti-blanchiment de Bercy, qui elle-même avait été alertée trois ans plus tôt par une banque sur d’importants retraits en liquide opérés par l’UIMM. L’instruction va révéler au public l’existence de la caisse « Epim » (entraide professionnelle des industries et des métaux). Créée par l’UIMM en 1972 pour apporter « un appui moral et matériel » à ses adhérents subissant un conflit collectif du travail et ayant versé pour cela 2% du montant de leur masse salariale brut annuelle (0,4% depuis 2001). Fin 2006, le magot ainsi amassé avoisinait les 600 millions d’euros.
La justice reproche à Denis Gautier-Sauvagnac d’avoir abusé de la confiance des adhérents en utilisant en toute opacité, une partie du pactole à des fins contraires au but de l’Epim et à la légalité. Près de 18 millions d’euros ont été retirés en espèces et sans contrôle des autres responsables de la fédération par Denis Gautier-Sauvagnac de comptes spéciaux alimentés par l’Epim entre 2000 et 2007.
Toutes les traces comptables ont été détruites. Si une partie de cette somme a été retrouvée, il reste un solde de 15,6 millions sur lequel la justice a enquêté. Devant le juge, le patron de l’UIMM a justifié l’utilisation de ces fonds « en trois paquets » : l’un pour des compléments de rémunération, un deuxième pour des dépenses de caisse et un troisième pour « fluidifier les relations sociales ». Interrogé sur le nom des bénéficiaires, l’ex-patron de l’UIMM a toujours gardé le silence. Mais pour Dominique de Calan, les acteurs de cette « régulation sociale » seraient « les associations, les partenaires sociaux, les intellectuels, les médias et les pouvoirs publics ». Il a reconnu avoir lui-même remis des fonds à des organismes liés à la vie universitaire.
Pour le directeur des études de l’UIMM Daniel Gagliardi, « tous les syndicats », y compris la CGT, auraient « bénéficié des aides » de la fédération de la métallurgie.POUR EN SAVOIR PLUS :
Tags : Syndicats- UIMM - Denis Gautier- Sauvagnac- se montre plus bavard
-
Commentaires