En pleine polémique sur les investissements du Qatar dans les banlieues françaises, l'ex-chef de la DST (Direction de la surveillance du territoire) jette un pavé dans la marre. Yves Bonnet, qui a dirigé le service de 1982 à 1985, met en cause, ce lundi 8 octobre, l'argent de la drogue mais aussi celui de l'Arabie saoudite et du Qatar dans le financement de réseaux islamistes radicaux.
Dans un entretien publié lundi par la "Dépêche du Midi", Yves Bonnet estime que ces réseaux posent la question du trafic de drogue mais selon lui "il y aussi le problème de l'argent qui est alloué par des pays salafistes".
"On n'ose pas parler de l'Arabie Saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d'alimenter de leurs fonds un certain nombre d'actions préoccupantes", déclare-t-il.
"Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar car là il y a un vrai problème. Et je me fiche des résultats du Paris-Saint-Germain", a-t-il déclaré.
Les projets d'investissements du Qatar en France suscitent des interrogations dans la classe politique. Après avoir investi au Paris-Saint-Germain, dans l'achat de droits de diffusion TV, puis sur le marché de l'art, le Qatar pourrait dédier un fonds d'investissement de 50 à 100 millions d'euros aux banlieues françaises.
Une "cellule" islamiste radicale a été démantelée samedi et l'un de ses membres, un Français de 33 ans de la communauté antillaise, a été tué à Strasbourg après avoir ouvert le feu sur des policiers venus l'interpeller. 12 personnes, toutes françaises, sont actuellement en garde à vue.
Travailler en profondeur ces milieux
"Côté renseignement, ce type de réseau est beaucoup plus difficile à identifier car là on a affaire à des gens qui sont des convertis (...) ils sont beaucoup plus difficiles à cerner", commente Yves Bonnet.
Selon lui, il faut "s'intéresser à ces milieux de jeunes délinquants qui sont à la marge (...) Si la police veut être efficace, elle va devoir travailler en profondeur ces milieux, liés principalement à la drogue. Cela passera essentiellement par l'infiltration".
L'ancienne DST a fusionné avec la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) au sein de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).