• Une affaire de viols de plusieurs centaines d?enfants secoue le Pakistan

    Une affaire de viols de plusieurs

    centaines d’enfants secoue le Pakistan

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-08-10T18:26:58+02:00" itemprop="datePublished">10.08.2015 à 18h26</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-08-10T18:49:20+02:00" itemprop="dateModified">10.08.2015 à 18h49  lien </time>

     
    Des mères d'enfants violés dans le village de Hussian Khanwala, le 10 août.

    Le scandale est d’une ampleur sans précédent au Pakistan. D’après The Nation, quotidien local diffusé en anglais, près de quatre cents vidéos pédopornographiques ont été saisies dans la province de Kasur, mettant en scène environ deux cent quatre-vingts mineurs, âgés pour la plupart de moins de 14 ans et originaires du village de Hussain Khanwala. Des faits qui se seraient déroulés entre 2006 et 2014.

    Les enfants y sont filmés en train d’être violés par un ou plusieurs hommes ou contraints à des rapports sexuels entre eux, a indiqué Latif Ahmed Sra, un avocat représentant les victimes. Une enquête judiciaire a été ouverte, et douze personnes ont été arrêtées par la police. Dix ont été identifiées à partir d’une trentaine de vidéos, selon le Daily Times, et vingt-cinq en tout sont soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire.

    D’après plusieurs témoignages, les coupables présumés essayaient d’extorquer de l’argent aux parents de leurs victimes, menaçant, en cas de refus, de vendre localement ces vidéos infamantes au prix modique de 40 roupies (0,30 euro). La mère d’un garçon a dit à l’AFP verser de l’argent aux maîtres chanteurs depuis 2011. Grand-père d’une autre victime, Muhammad Akram, 60 ans, raconte que son petit-fils « avait volé des objets de valeur et de l’argent à la maison pour en fait payer les racketteurs ».

    Haseeb Amir, le principal accusé, âgé de 25 ans, a reconnu l’authenticité des vidéos, mais il a assuré qu’« elles ont été faites pour le plaisir ». Les relations sexuelles étaient consenties et les victimes présumées y ont joué un rôle actif, a-t-il juré, ajoutant qu’aucun chantage n’avait été exercé sur leurs familles.

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    Manifestation contre les viols d'enfant à Islamabad, le 10 août. </figure>

    La police mise en cause

    Dans un rapport initial sur cette affaire, la police avait conclu la semaine dernière que les accusations d’abus étaient « sans fondement ». Les vidéos auraient été ressorties à la mi-juillet par un clan local pour discréditer un clan rival dans le cadre d’un différend foncier. Une thèse battue en brèche par les avocats des victimes, qui reprochent aux forces de l’ordre d’avoir longtemps fermé les yeux et d’être de connivence avec les agresseurs.

    The Nation va plus loin encore, accusant un élu local du PML-N (Pakistan Muslim League-Nawaz) d’avoir fait pression sur les policiers pour qu’ils relâchent le principal suspect. Un pot-de-vin de 5 millions de roupies aurait été versé pour sa libération.

    « Colère » du premier ministre, Nawaz Sharif

    Le scandale a été mis au jour mardi 4 août après une manifestation réclamant la justice pour les victimes, réunissant quatre mille personnes, près du village de Dolaywala. Depuis, l’affaire a pris une dimension nationale. C’est le « plus grand scandale d’abus sur des enfants de l’histoire du Pakistan », selon le chef du bureau de protection de l’enfance du Pendjab, Saba Sadiq.

    Le premier ministre, Nawaz Sharif, a fait part de sa « colère » et de sa « douleur », promettant « qu’aucun passe-droit » ne serait accordé aux coupables de cette affaire survenue au cœur de son bastion électoral du Pendjab. Le Sénat a lui condamné lundi ces abus et réclamé des châtiments exemplaires à l’encontre des agresseurs.

    « La partie visible de l’iceberg » ?

    Ce scandale « n’est probablement que la partie visible de l’iceberg », déplorait lundi le Daily Times, en s’inquiétant du nombre d’agressions sexuelles sur mineur jamais rapportées dans le pays. Un constat partagé par plusieurs spécialistes locaux de l’enfance interrogés par l’AFP, qui ont souligné que les victimes taisaient le plus souvent les abus dont elles avaient été victimes pour que l’« honneur » de leur famille ne soit pas souillé par cette « honte ».

    Selon Mumtaz Hussain, qui travaille pour Sahil, l’une des principales ONG locales de défense des droits de l’enfant, plus de trois mille cinq cents affaires de ce type ont été recensées l’an dernier, mais le chiffre réel serait bien plus élevé, s’élevant à dix mille.


     

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