• Valls annonce des «renforts» pour la Corse dès 2013

    Valls annonce des «renforts» pour la Corse dès 2013

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    Par Christophe Cornevin Publié <time datetime="25-11-2012T21:24:00+02:00;" pubdate="">le 25/11/2012 à 21:24</time> 
    Manuel Valls, dimanche, à Ajaccio.
    Manuel Valls, dimanche, à Ajaccio. Crédits photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP

    Une quarantaine de policiers supplémentaires vont traiter les «menaces affairistes» et les «dérives mafieuses» .

    Soucieux d'enrayer la spirale de violence qui tenaille la Corse, ensanglantée par dix-huit règlements de comptes depuis janvier, Manuel Valls exige désormais des «résultats, pas des mots ni des discours». À l'occasion de sa deuxième visite en dix jours à Ajaccio, et avant de se rendre lundi à Bastia en compagnie de son homologue à la Jus­tice, Christiane Taubira, qui devrait dévoiler les contours d'une circulaire de politique pénale spécifique à l'île, le ministre de l'Intérieur en a appelé au «sursaut» et au «respect de l'État de droit».

    D'abord en conférant un accent «républicain» au déplacement, avec un hommage appuyé à la Résistance en ­Corse, premier territoire français libéré en septembre 1943. Ensuite, en réaffirmant la politique de la main tendue de Paris en matière de développement économique et social. Dès lundi devant l'Assemblée territoriale, il confirmera une nouvelle tranche de 537 millions d'euros dans le cadre d'un plan exceptionnel d'investissement pour la Corse d'ici à 2016. Cette enveloppe s'ajoutera aux 1,3 milliard d'euros dont a déjà bénéficié l'île depuis 2002.

    Inflexible

    Sur le front des «menaces affairistes» et des «dérives mafieuses», le premier flic de France se veut aussi inflexible. «Demain, il peut y avoir de nouveau un crime, un assassinat, a-t-il prévenu. On défie en permanence la République, mais c'est par la détermination de tous les instants, par la mobilisation et par la confiance que nous portons aux Corses que nous atteindrons ces objectifs.» Moins d'une semaine après l'assassinat d'un entrepreneur de BTP à Prunete-Cervion (Haute-Corse), Manuel Valls a confirmé un renfort «au plus tard, début 2013» d'une quarantaine de policiers et de gendarmes experts dans la répression du crime organisé. Une vingtaine seront affectés sur l'île pour fournir du renseignement et privilégier une approche patrimoniale afin de frapper les criminels au portefeuille. Une vingtaine de limiers éplucheront en perma­nence le dossier corse au sein même de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Basés à Nanterre, ils agiront loin de toute pression.

    Outre un renforcement de la vidéosurveillance, les forces de l'ordre bénéficieront de l'appui d'agents du fisc supplémentaires. Et d'inédites équipes communes d'enquête (ECE) réuniront fonctionnaires et militaires en cas de besoin. «Policiers et gendarmes peuvent travailler mieux, pas seulement en Corse», a observé Manuel Valls, annonçant des «sanctions» en cas de «concurrence qui mette en cause l'efficacité, les résultats». À ceux qui brocardent le faible taux d'élucidation criminelle en Corse, Manuel Valls a révélé que les services de police judiciaire ont mis en cause 2 686 suspects en ­quinze ans. Parmi eux, 996 ont été écroués, dont 130 pour homicides.

    Valls et Taubira décrètent un «sursaut de l'État» en Corse

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    Par Christophe Cornevin Mis à jour <time class="updated" datetime="15-11-2012T15:26:00+02:00;">le 15/11/2012 à 15:26</time> | publié <time datetime="15-11-2012T14:44:00+02:00;" pubdate="">le 15/11/2012 à 14:44</time> Réactions (321)
    Manuel Valls et Christiane Taubira étaient jeudi à Ajaccio, au lendemain de l'exécution par balles de Jacques Nacer, président de la Chambre de commerce et d'industrie.
    Manuel Valls et Christiane Taubira étaient jeudi à Ajaccio, au lendemain de l'exécution par balles de Jacques Nacer, président de la Chambre de commerce et d'industrie. Crédits photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP

    VIDÉO - Le ministre de l'Intérieur et la garde des Sceaux ont annoncé jeudi de nouveaux moyens pour «aider à l'isolement des truands, de leurs cortèges de tueurs et de leurs dérives mafieuses».

    Soucieux de «faire refluer l'affairisme, de desserrer le carcan criminel» qui étreint l'île de Beauté, Manuel Valls a décidé jeudi de déclencher un combat sans relâche contre «les tentatives de mise en coupe réglée» de la société corse et de ses décideurs. À l'occasion d'une conférence de presse en préfecture d'Ajaccio en compagnie de son homologue de la Justice Christiane Taubira, le premier flic de France a affirmé la «volonté inflexible, intraitable du gouvernement» pour «rétablir l'ordre», «aider à l'isolement des truands, de leurs cortèges de tueurs et de leurs dérives mafieuses». «La Corse, c'est la France; la Corse, c'est la République; la Corse n'est pas un territoire à part où le crime serait accepté comme une fatalité», a martelé l'hôte de la Place Beauvau.

    Évoquant la «montée en puissance des logiques affairistes» et celles des «bandes qui exercent leurs convoitises», Manuel Valls a décrété une «mobilisation totale de tous les services de police, de gendarmerie et de renseignements, aussi bien à l'échelon local que central». Dans le collimateur des limiers qui vont se livrer à un profond travail d'«analyse» et de «répression», le ministre de l'Intérieur a notamment ciblé les secteurs sensibles de «l'immobilier, du BTP, de la sécurité privée et du sport, mais aussi ceux du tourisme, de la nuit et des jeux…»

     

    Manuel Valls a d'ores et déjà annoncé l'arrivée en renfort de quatre enquêteurs spécialisés au sein du Groupe d'intervention régional (GIR) en charge de la lutte contre l'économie souterraine, de quatre autres à la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ), de quatorze gendarmes ainsi que de la création de postes supplémentaires, sans en préciser le nombre, au sein de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP).

    Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur entend proposer aux maires de Bastia et Ajaccio une aide «exceptionnelle et dérogatoire» de l'État pour «renforcer la vidéosurveillance» et ainsi «faciliter l'identification des auteurs de crimes ou de délits lors de leurs déplacements». Dans le même esprit, le ministre va généraliser l'usage sur l'île de détecteurs permettant la lecture automatisée des plaques d'immatriculation (Lapi), qui ont fait leur preuve sur le continent.

    «L'État seul ne peut rien»

    «Tous les moyens seront mis en œuvre, la détermination de l'État sera totale», a prévenu le ministre de l'intérieur qui annonce un «sursaut de l'État». Mais «l'État seul ne peut rien», a-t-il insisté tout en lançant un «appel pressant à la société corse, meurtrie et désespérée». «Nous avons besoin de la mobilisation de tous les Corses, a exhorté Manuel Valls. Si quelqu'un sait quelque chose, il doit parler. Les notaires notamment doivent remplir pleinement leur rôle. S'ils sont menacés, l'État est à leur disposition pour apporter la protection nécessaire.»

    «La loi permet l'anonymat pour protéger ceux qui concourent à la manifestation de la vérité», a renchéri Christiane Taubira qui concède «des difficultés pour obtenir des renseignements». Annonçant de son côté la mise en place d'une imminente «circulaire pénale territoriale» et un renforcement des parquets, la garde des Sceaux a considéré que «ce n'est pas à une minorité d'assassins, d'affairistes et de mafieux de tenir l'île, mais à la société corse toute entière.» Soucieuse d'améliorer le taux d'élucidation des affaires, «inférieur à la moyenne national, Christiane Taubira appelle à «améliorer les méthodes de travail» et planche, aux côtés de Manuel Valls, sur une «meilleure coordination au sein des institutions judiciaires» pour réduire «la porosité les criminels et l'activité économique».

    Les deux ministres, arrivés dans la nuit de mercredi à jeudi sur l'île, s'expriment au lendemain de l'exécution par balles de Jacques Nacer, président de la Chambre de commerce et d'industrie, en plein centre-ville d'Ajaccio. Survenant près d'un mois après celle de Me Antoine Sollacaro, il s'agit du 17e assassinat dans l'île depuis le début de l'année.

    Indigné par une «série d'actes criminels répétée», l'«étalage d'une chronique mortuaire qui choque et scandalise», Manuel Valls a rappelé que «chaque année, et depuis dix ans, 33 homicides sont commis en moyenne sur l'île». À eux seuls, les règlements de comptes insulaires représentent 20% de tous ceux dénombrés sur le territoire français. Une proportion jugée «exceptionnelle et intolérable».

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