Manuel Valls a défendu jeudi à l’Assemblée nationale le projet de loi qui prolonge de trois mois et renforce l’état d’urgence après les attentats, en annonçant la création d’une nouvelle structure pour «jeunes radicalisés» et en avertissant du risque d’attentats chimiques et bactériologiques.
«Ce projet de loi, c’est la réponse d’une France forte, qui ne plie pas, et qui ne pliera jamais. C’est la réponse rapide d’une démocratie, face à la barbarie. C’est la réponse efficace du droit d’un pays libre, d’une démocratie, face à une idéologie du chaos», a déclaré le Premier ministre devant les députés.
Ce projet de loi, présenté mercredi en Conseil des ministres, prévoit notamment l’élargissement des assignations à résidence et la dissolution de groupes radicaux chapeautant des mosquées et des lieux de prières extrémistes. Après les attentats de vendredi qui ont fait au moins 129 morts, il se veut la première étape avant une réforme constitutionnelle espérée dans les trois mois pour mettre dans le texte suprême un «régime civil de crise».
Evoquant une «guerre nouvelle» et l'«imagination macabre» des donneurs d’ordre des attentats, Manuel Valls a appelé à ne «rien exclure» comme type d’attaques.
«Je le dis bien sûr avec toutes les précautions qui s’imposent mais nous savons et nous l’avons à l’esprit. Il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques ou bactériologiques».
Le gouvernement a autorisé en urgence, dans un arrêté publié samedi, la pharmacie des armées à distribuer un antidote aux armes bactériologiques à des services d’urgence civils en France.
«Nous sommes en guerre ! Pas une guerre à laquelle l’Histoire nous a tragiquement habitués. Non, une guerre nouvelle -extérieure et intérieure-, où la terreur est le premier but et la première arme», a souligné M. Valls.
«C’est une guerre dont le front se déplace constamment et se retrouve au coeur même de notre vie quotidienne», même si elle reste «planifiée» et «menée par une armée de criminels».
Alors que les ministres de l’Intérieur des pays de l’Union européenne se réunissent vendredi à Bruxelles, Manuel Valls a insisté sur le besoin d’adopter le «Passenger Name Record» (PNR).
«Il est plus que jamais temps que l’Europe adopte le texte sur le PNR afin de garantir la traçabilité des déplacements y compris à l’intérieur de l’Union (européenne, ndlr). C’est une condition de notre sécurité collective», a-t-il affirmé.
- «des repentis à l’épreuve» -
Autre nouvelle mesure annoncée par le Premier ministre: la création d’une nouvelle structure pour «jeunes radicalisés».
«Les financements sont prêts, le cadre juridique et le projet pédagogique en voie de finalisation» pour un site «choisi d’ici la fin de l’année».
Selon Manuel Valls, les premiers admis pourront être «des repentis», que nous mettrons «à l’épreuve afin de mesurer leur volonté de réinsertion dans la durée».
En revanche, il est hors de question que les jihadistes français de retour de Syrie et d’Irak aillent dans ces structures.
«Leur place est en prison. Un centre de déradicalistion ne peut pas être une alternative à l’enfermement carcéral», a dit M. Valls.
Le texte sur la prolongation d’état d’urgence (de trois mois à compter du 26 novembre) doit être voté à une très large majorité jeudi à l’Assemblée et vendredi au Sénat en vue d’une adoption définitive.
Les députés socialistes, 15 des 18 écologistes, les députés Front de gauche, les radicaux de gauche, mais aussi l’UDI et Les Républicains comptent soutenir ce texte un peu modifié en commission mercredi et qui sera sans doute encore retouché en séance.