• Vintimille, aux portes de la France, bastion de la mafia calabraise

    Vintimille, aux portes de la France, bastion de la mafia calabraise

    Le 25/02/2012 à 08h48 | Mis à jour à 09h02

    Outre Vintimille, trois autre bourgades de la Riviera ligure, Diana Marina, Arma Di Taggia, Riva Ligure, sont sous surveillance.

    Outre Vintimille, trois autre bourgades de la Riviera ligure, Diana Marina, Arma Di Taggia, Riva Ligure, sont sous surveillance.  © VALERY HACHE

    Vintimille, dernière ville italienne côtière avant la France, digère l’éviction début février de l’équipe municipale pour présomptions d’infiltrations de la mafia calabraise, la 'Ndrangheta. Les habitants s’y attendaient, après des mois d’investigations.

    Les trois-quarts des habitants sont calabrais

    «Ca ne me surprend pas, j’espère qu’on va se libérer », dit Ana Bonzano, 72 ans, tonique présidente des commerçants de Vintimille. Conseillère municipale dans les années 90, elle dénonçait déjà des irrégularités : « je pensais qu’on pouvait changer les choses ». Bilan : 24 pneus crevés, deux voitures brûlées. «Les travailleurs calabrais sont arrivés après les années 50. Je m’en souviens bien, on se promenait librement avec les garçons, ils n’étaient pas habitués... Aujourd’hui les trois quarts des habitants de Vintimille sont d’origine calabraise, certains parlent en patois calabrais », explique-t-elle.
    «Vintimille est une ville du Sud plutôt que du Nord », analyse cette Ligure. « Les gens qui ont des problèmes avec la mafia calabraise ne parlent pas. Sur 400 questionnaires anonymes envoyés à des commerçants, deux réponses étaient affirmatives ». Ana Bonzano estime que sa ville a changée : « des boutiques de franchises sans intérêt ouvrent mais sont vides de clients, on dit ici qu’elles sont ouvertes par la mafia ».
    La ville commerçante de 26 000 habitants est réputée pour son immense marché du vendredi, attirant Français et Italiens. « Il y a beaucoup d’ordre dans cette ville, peu de vols, car la cité ne doit pas attirer l’attention », souligne un habitant. L’un des deux clans qui contrôlerait la ville, la famille Barilaro (deux membres en prison), tenait une épicerie de produits calabrais. « Le propriétaire est un homme gentil, qui mène une vie très simple », décrit-il. Seul indice de son rang : « la façon respectueuse avec laquelle on s’adressait à lui ». «L’Etat est en train de faire son travail. C’est plutôt bien l’arrivée de trois préfets venus mettre de l’ordre à la mairie », juge un ancien membre du conseil municipal, qui préfère garder l’anonymat.
    Un ville sous tutelle
    La mise sous tutelle de Vintimille, intervient après celle de la ville voisine de Bordighera en mars 2011. Quatre tueurs de Calabre avaient été dépêchés dans cette coquette station balnéaire pour éliminer une conseillère municipale opposée à l’ouverture d’une salle de jeux par le puissant clan calabrais des Pelegrino.
    «L’union des industriels de la province a souvent appelé le maire de Vintimille pour se plaindre de propositions trop basses, jusqu’à -30 %, retenues par la ville pour ses travaux. Mais le maire n’en a pas tenu compte », s’insurge l’ex-conseiller municipal.
    L’ex-maire calabrais de Vintimille, Gaetano Scullino, membre du parti « Peuple de la liberté » de Berlusconi, s’est-il trop rapproché de la 'Ndrangheta ? C’est trop tôt pour le dire. Mais le conseil municipal administrait une société privée, qui confiait l’essentiel des travaux de la ville à une coopérative contrôlée en fait par le grand chef régional de la 'Ndrangheta. Dans le port, un entrepreneur a également été menacé, sur fond de racket sur les tonnes de rochers transportés.


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