• ZAMBIE : Mort de Michael Sata, le cheminot devenu président

    ZAMBIE

    Mort de Michael Sata, le cheminot devenu président

    Le président zambien Michael Sata est décédé, mardi soir, à 77 ans à Londres, succombant à une longue maladie. En décembre 2011, quelque mois après son arrivée au pouvoir, City Press racontait sa vie.
    • 29 OCTOBRE 2014

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    Michael SataMichael SataDessin de Glez (Ouagadougou) pour Courrier international.

    Michael Sata n’a pas eu une vie de tout repos. Il a quitté très tôt son pays natal pour devenir conducteur de train dans les chemins de fer britanniques. Victoria Station, une gare animée du centre de Londres, était son endroit favori. Après son passage au Royaume-Uni, dont il garde un très bon souvenir, le nouveau président de la Zambie a reçu une formation militaire dans l’ancienne Union soviétique et en Allemagne de l’Est, où il a appris à piloter un avion.

    Des années plus tard, Sata est devenu le premier Noir à faire partie du club aéronautique de Kitwe, en Zambie, et le premier homme noir du pays à acheter un avion. Selon ses assistants, l’homme a fait fortune comme consultant. De retour au pays natal, il s’est lancé dans la politique, pour finalement devenir gouverneur de la province de Lusaka [1985]. Déçu par l’ancien président Kenneth Kaunda [1964-1991] et son Parti uni pour l’indépendance nationale (UNIP), Michael Sata décide de rejoindre le Mouvement pour la démocratie multipartite de l’ancien président Frederick Chiluba [1991-2002]. 

    Quand ce dernier a choisi Levy Mwanawasa pour lui succéder, Michael Sata, également ancien policier, a pris ses cliques et ses claques pour créer son propre parti, le Front patriotique, grâce auquel il a gravi les échelons jusqu’au sommet. Dès sa prise de fonctions, le 23 septembre dernier, l’ambitieux président s’est donné un délai de quatre-vingt-dix jours pour mettre en œuvre des “changements radicaux”. Sûr de lui, il a déclaré : “Une stratégie gagnante sera élaborée pendant cette période.”Les impôts et les taux d’intérêt ont été réduits. La taxe sur les exploitations minières a été doublée pour renflouer les caisses de l’Etat. Et une campagne de lutte contre la corruption a été lancée. Le nouveau président a réduit le nombre de ministères de 26 à 19 et fait une croix sur tous les voyages à l’étranger superflus. C’est peut-être pour ça qu’il n’a encore accompli aucune visite officielle, bien que l’Afrique du Sud et l’Angola veuillent à tout prix être chacun le premier pays à l’accueillir. 

    Les médias nationaux ont été libéralisés : l’Etat a proposé de se décharger de 35 % des parts qu’il possédait dans les deux quotidiens de Lusaka, le Daily Mail et The Times of Zambia. Les responsables partisans de l’ancien gouvernement ont été remerciés, tout comme de nombreux hauts fonctionnaires. 

    L’ancien conducteur de métro a annoncé à la Chine [très présente dans le pays] qu’une nouvelle ère commençait et que les mauvaises pratiques dans le monde du travail, à la fois dans les mines et dans les entreprises, ne seraient plus tolérées. Il a même annulé un accord selon lequel une banque zambienne, Finance Bank, devait être vendue à FirstRand, un établissement financier sud-africain. Le contrat était certes corrompu, mais l’objectif était aussi de rendre à la Zambie un bien national.

    Très dynamique, Michael Sata manque parfois de diplomatie. Récemment, il a fait honte à l’ambassadeur de Chine, venu lui apporter une lettre pour le féliciter de son élection. “Ouvrez-la et lisez-la”, a-t-il ordonné au diplomate, fébrile, devant tous les membres du gouvernement. Ce n’est rien, comparé au jour où il s’est précipité pour ouvrir la porte de la voiture d’un diplomate britannique lors de son arrivée à la résidence présidentielle, devant des gardes du corps consternés par le mépris du président pour le protocole. Michael Sata a commis sa première grosse erreur tout juste un mois après son entrée en fonctions. Il a voulu nommer – en douce – deux gouverneurs de province accusés de corruption, en totale opposition avec sa promesse électorale d’éradiquer ce fléau. 

    La réussite ou l’échec de Michael Sata dépendra de sa façon de prendre des décisions, selon son entourage. S’il travaille avec ses conseillers, il deviendra peut-être l’homme qui a fait des promesses et les a tenues.


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