<figure class="visuel">
<figcaption class="sz11 c2 tshadow2">
Photomontage : Mitt Romney (g.) et Barack Obama (d.) / Crédits : AFP</figcaption></figure>
50 Etats composent les Etats-Unis. Mais ils n'ont pas la même importance lors de l'élection présidentielle. Conséquence du fédéralisme et du suffrage universel indirect en vigueur, le scrutin se déroule en effet Etat par Etat, chacun disposant d'un certain nombre de "Grands électeurs" selon sa population.
La totalité des "Grands électeurs" de chaque Etat est ensuite attribuée au vainqueur du vote populaire de cet Etat, quel que soit son score (sauf dans le Maine et le Nebraska, où l'attribution est teintée de proportionnelle). Chaque "Grand électeur" s'engage à suivre le vote populaire lors de la réunion du "Collège électoral" -l'Assemblée qui regroupe les 538 "Grands électeurs" du pays. Le premier objectif des candidats est donc simple : remporter les Etats où les "Grands électeurs" sont les plus nombreux afin d'obtenir la majorité du "Collège électoral" (soit 270 "Grands électeurs").
Pas de campagne dans les Etats "sûrs"
Le deuxième objectif est le résultat de la composition sociologique des Etats-Unis. Souvent très uniforme selon les Etats, elle assure alors une large victoire au candidat républicain ou à son opposant démocrate. Ils ne font donc quasiment pas campagne dans ces Etats, considérés comme "sûrs" (en règle générale, ceux des côtes Est et Ouest pour les démocrates, ceux du centre pour les républicains).
Les prétendants à la Maison-Blanche préfèrent donc se concentrer sur les quelques Etats qui basculent d'un camp à l'autre, d'une élection à l'autre. D'où leur surnom de "swing states". Si certains de ces Etats qui "balancent" le sont depuis des décennies (Floride et Ohio notamment), d'autres entrent ou disparaissent de la liste selon leurs mouvements démographiques et sociologiques. Pour 2012, voici cette liste, évolutive et non exhaustive, des Etats les plus cités par la presse américaine. Ils représentent entre 100 et 130 "Grands électeurs" sur 538.
FLORIDE
Nombre de Grands électeurs : 29 (sur 538)
2008 : Obama, 51% - McCain, 48%
Sondages fin septembre : Obama, 48% - Romney, 46%
Très représentatif des Etats-Unis sur le plan politique et économique (notamment beaucoup de retraités, de latinos et d'employés du tertiaire), c'est le "swing state" par excellence. Le souvenir de 2000 et de la victoire de George W. Bush face à Al Gore pour 537 voix, après un long recomptage et une décision de la Cour suprême, est encore dans toutes les mémoires. La bataille de 2012 sera une nouvelle fois très rude : grâce à l'augmentation de sa population, la Floride donnera 29 "Grands électeurs" (autant que New York) à son vainqueur, soit deux de plus qu'en 2008. A l'époque, Barack Obama avait battu John McCain de trois points. Mais en 2010, les républicains ont gagné le poste de gouverneur.
Fin septembre, les sondages donnaient environ deux points d'avance à Barack Obama sur Mitt Romney. Ce dernier, malgré la tenue de la convention à Tampa, pourrait cependant s'aliéner le vote des personnes âgées, pourtant généralement pro-républicains, en raison des idées radicales de son colistier. Paul Ryan propose notamment de supprimer "Medicare" (l'assurance-maladie publique des retraités) et de le privatiser.
OHIO
Nombre de Grands électeurs : 18 (sur 538).
2008 : Obama, 52% - McCain, 47%
Sondages fin septembre : Obama, 48% - Romney, 44%
S'il avait remporté cet Etat industriel et rural, perdu de peu face à George W. Bush, en 2004, John Kerry serait devenu président, malgré un vote populaire largement favorable à son adversaire. Huit ans plus tard, même s'il compte deux "Grands électeurs" en moins en raison de la baisse de sa population, l'Ohio continue d'être au centre des préoccupations des deux candidats.
Et pour cause : démocrate ou républicain, il s'est toujours donné au futur président depuis 1944, sauf en 1960 ! Pour Mitt Romney, c'est encore plus simple : jamais un candidat républicain n'est entré à la Maison-Blanche sans s'imposer dans l'Ohio. Un petit avantage pour lui : la population de Blancs et de personnes âgées, point faible de Barack Obama, est supérieure à la moyenne nationale.
CAROLINE DU NORD
Nombre de "Grands électeurs" : 15 (sur 538)
2008 : Obama, 49,9% - McCain, 49,5%
Sondages fin septembre : Obama, 48% - Romney, 46%
Grâce à la mobilisation de la population noire et des jeunes, Barack Obama s'était imposé de très peu (ce fut l'un des deux scores les plus serrés) en 2008 dans cet Etat du Sud acquis (ou presque) aux républicains depuis les années 60. Mitt Romney en a fait logiquement un axe de reconquête pour 2012. Pour convaincre une nouvelle fois les jeunes de s'inscrire sur les listes électorales puis de voter le 6 novembre, les démocrates ont quant à eux organisé leur convention à Charlotte, la principale ville de l'Etat, afin de bénéficier de l'attention médiatique.
VIRGINIE
Nombre de "Grands électeurs" : 13 (sur 538)
2008 : Obama, 52% - McCain, 46%
Sondages fin septembre : Obama, 49% - Romney, 45%
En 2008, Barack Obama a mis fin de manière assez nette à la longue domination républicaine entamée dans les années 60 dans cet Etat conservateur du Sud. La population noire (20%), acquise aux démocrates mais souvent tentée par l'abstention, voire la non-inscription sur les listes électorales, s'était en effet fortement mobilisée sous l'impulsion du travail quotidien menée par les militants démocrates sur le terrain et les réseaux sociaux.
Quatre ans plus tard, la Virginie intègre donc la liste des "swing states" puisqu'elle fait partie des Etats les plus gagnables pour Mitt Romney au vu du passé. Mais l'arrivée de CSP+ dans les grandes aires technologiques du Nord est un atout pour Barack Obama.
WISCONSIN
Nombre de "Grands électeurs" : 10 (sur 538)
2008 : Obama, 56% - McCain, 42%
Sondages fin septembre : Obama, 51% - Romney, 43%
Remporté largement par Barack Obama en 2008, cet Etat plutôt rural du Mid-West a toujours voté pour le candidat démocrate depuis 1988. A priori, le président sortant partait avec une nette longueur d'avance. Mais la désignation de Paul Ryan, député de l'Etat depuis 1989, comme colistier de Mitt Romney a changé la donne en soudant le camp républicain derrière le "ticket" du parti de l'éléphant. Mitt Romney est rapidement revenu dans la marge d'erreur des sondages, donnant ainsi au Wisconsin son statut de "swing state" pour 2012 pour la plupart des médias américains. Fin septembre, Barack Obama avait néanmoins repris un bel avantage.
COLORADO
Nombre de "Grands électeurs" : 9 (sur 538)
2008 : Obama, 53% - McCain, 44%
Sondages fin septembre : Obama, 48% - Romney, 46%
La nette victoire de Barack Obama sur John McCain, alors que le Colorado s'offrait généralement aux républicains, s'explique pour beaucoup par l'accroissement démographique de cet Etat situé dans les "Montagnes rocheuses" qui a vu l'arrivée d'une population plutôt favorable au parti démocrate.
Mais la méfiance des électeurs de l'Ouest de l'Etat envers le gouvernement fédéral permet à Mitt Romney d'espérer récupérer les neuf "Grands électeurs". Dans cette optique, le candidat du parti républicain doit convaincre les nombreux indépendants, qui ont cependant eu tendance à voter démocrate aux législatives de 2010.
Autres "swing states" selon la presse americaine
NEVADA
6 "Grands électeurs".
Vainqueur 2008 : Obama.
Sondages fin septembre : avantage Obama
IOWA
6 "Grands électeurs"
Vainqueur 2008 : Obama
Sondages fin septembre : avantage Obama
NEW HAMPSHIRE
4 "Grands électeurs".
Vainqueur 2008 : Obama
Sondages fin août : avantage Obama
Autres Etats cités parfois comme "swing states" par la presse américaine
Pennsylvanie, 21 "Grands électeurs"
Michigan, 16 "Grands électeurs"