• Viols : le procès de l'armée américaine n'aura pas lieu

    LEMONDE.FR | 14.12.11 | 14h30   •  Mis à jour le 14.12.11 | 16h25

     

    Seuls 8 % des affaires d'agressions sexuelles signalées au sein de l'armée américaine donnent lieu à des poursuites.

    Seuls 8 % des affaires d'agressions sexuelles signalées au sein de l'armée américaine donnent lieu à des poursuites.AP/JACOB SILBERBERG

    Pas moins de 3 158 viols ont eu lieu dans l'armée américaine en 2010, soit un toutes les trois heures. C'est la statistique choc du rapport du département américain de la défense publié en mars dernier. Et elle ne tient pas compte de toutes les agressions sexuelles non signalées qui, selon l'administration américaine, sont estimées à près de 16 000. Pour autant, si les affaires se médiatisent depuis quelques années outre-Atlantique, laissant apparaître ce qui commence à ressembler à une épidémie, les suites judiciaires données à ces délits sont très rares.

    Vendredi 9 décembre, une cour fédérale de Virginie a rejeté l'une des affaires les plus emblématiques de viol dans l'armée américaine, a-t-on appris mardi auprès de l'avocate des plaignants, Susan Burke, qui annonce par ailleurs son intention de faire appel. "C'est une décision évidemment décevante, a réagi dans le Daily Beast, Kori Cioca, l'une des plaignantes. Je suis sûre que quelque chose de bien sortira de notre action. Elle aura au moins permis de sensibiliser le public sur ces problèmes."

    En février dernier, 17 vétérans (dont deux hommes) avaient porté plainte contre le Pentagone pour diverses agressions sexuelles subies au cours de leur carrière. Une première. Rejoints depuis par une dizaine d'autres, ils visaient les anciens secrétaires d'Etat à la défense Robert Gates et Donald Rumsfeld, qui auraient toléré ce genre de pratiques dans les rangs de l'armée. Selon le texte de la plainte, les victimes, qui souffrent de stress post-traumatique, ont toutes dû faire face à des réponses inappropriées de leur supérieur, eu égard à la gravité des faits dénoncés. Les sanctions contre les agresseurs, dans les cas où des poursuites ont été engagées, allaient d'amendes mineures à l'exclusion temporaire de la base militaire.

    L'IMPÉNÉTRABLE JUSTICE MILITAIRE

    Selon le texte de la décision de rejet (PDF), la cour fédérale se retranche derrière plusieurs arrêts de la Cour suprême, soulignant l'impossibilité pour la justice civile de s'immiscer dans les affaires militaires.

    C'était d'ailleurs la teneur de l'argument avancé par l'avocat du département de la défense, Marcus Meeks, qui avait déposé une motion demandant le rejet de l'affaire. L'avocat se fondait sur l'arrêt Feres/United States, un arrêt de la Cour suprême datant de 1950, qui précise que des responsables militaires ne pouvaient être poursuivis par un soldat pour des blessures occasionnées lors de l'exercice de ses fonctions au sein de l'armée.

    Pour les associations de victimes, cet arrêt est l'une des principales raisons de l'impunité dont bénéficient encore aujourd'hui les agresseurs au sein de l'armée américaine et un obstacle majeur à la judiciarisation de ces affaires. C'est l'argument par exemple de Kira Mountjoy-Pepka, directrice de l'association Pack Parachute, qui déplore que "les militaires ont leurs propres enquêteurs. Et c'est à eux de déterminer si telle ou telle affaire mérite d'être transmise à la justice civile".

    Dans une enquête publiée en octobre dernier, Al-Jazira confirmait que malgré le signalement de nombreuses affaires, seuls 8 % d'entre elles donnent lieu à des poursuites, quand la justice civile engage des poursuites dans 40 % des cas.

    LE RÈGNE DE L'OMERTA

    Vendredi 9 décembre, avant cette décision de justice, le Guardian revenait longuement, témoignages à l'appui, sur ce "sale petit secret" que l'armée américaine aimerait bien oublier, affirmant qu'une femme soldat engagée en Irak a plus de chance d'être agressée sexuellement par un de ses "frères d'armes" que d'être blessée sous le feu ennemi. Kate Weber, une américaine de 36 ans, raconte qu'alors qu'elle était en mission en Allemagne, elle a tenté de prévenir sa hiérarchie qu'elle avait été victime d'un viol. "Mon sergent m'a répondu de rester tranquille et de me taire", explique-t-elle, avant de détailler comment son accusation, une fois connue, a provoqué railleries et stigmatisation au sein de son unité.

    Au delà de l'organisation juridique américaine et de la séparation des justices civiles et militaires matérialisées ici par l'arrêt Feres/United States, c'est donc avant tout le sentiment d'impunité et le règne de l'omerta qui semblent justifier la survivance de ces pratiques. La crainte de perdre son travail, l'angoisse de représailles, ou encore la perte de confiance dans l'institution qu'est l'armée s'ajoutant à cette culture du silence, comme l'explique Newsweek dans une longue enquête consacrée au sujet.

    Pour Mic Hunter, auteur d'un des tout premiers livres abordant ce sujet sensible ("Honor betrayed : sexual abuse in america's military"), la pratique du viol au sein de l'armée relève aussi d'une volonté de domination. Cette hypothèse expliquerait le fait que les hommes sont aussi touchés par le phénomène. D'après Newsweek, l'avis de Hunter rejoint celui de nombreux autres experts qui expliquent que dans l'armée, les prisons ou tout autre environnement à prédominance masculine, les agressions sont motivées par le pouvoir, l'intimidation et la volonté de domination. Les victimes, hommes comme femmes, sont le plus souvent jeunes et de rangs inférieurs et sont identifiées par certains de leurs collègues comme les plus vulnérables. Pour Mic Hunter, "les agressions sexuelles dans l'armée ne relèvent pas du sexe, mais de la violence".

    Simon Piel


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    Your voice was heard far and wide. From Baghdad to Belgrade, together we joined hundreds of local organizations raising awareness about 16 Days of Activism Against Gender Violence.

    People are still buzzing on Twitter and Facebook because you shared stories about Global Fund for Women grantee partners working to end violence.

    What does a world without violence look like? Take a peek:

    Samuel from Kenya posts, "Economies of the world would be stable."

    Magda from Cyprus writes, "Freedom from fear."

    Elin from the U.S. tweets, "Safety, liberation and love abound."

    We asked and you answered. Thank you for sharing your thoughts with the Global Fund community!

    In case you missed it, catch up with 16 Days by reading stories of our 16 courageous grantee partners working for peace around the world.

    Check out our Women Dismantling Militarism Initiative for more information about how our grantee partners are mobilizing opposition to militarism and violence.


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    They spoke to reveal the truth, seek justice and most importantly, to heal.

    Global Fund grantee-partner, Colectiva Actoras de Cambio, trains experts in psychotherapy to help survivors of violence re-establishing a life free of guilt, shame and other emotions that torment survivors of sexual violence.

    They gather women in small, local groups to tell their stories. Through the eyes, words and experiences of Mayan rape survivors, Colectiva Actoras de Cambio recovers painful memories in hopes of helping the women heal.

    Many of you have told us what’s the best thing about a world without violence. Now we need you to take another step and support pioneering peacemakers leading the way to create that world.

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  • "La 'ménagère de moins de 50 ans' a fait son temps"

    02-12-11 à 11:02 par Anne-Marie Rocco Réagir

    INTERVIEW de Maryam Salehi, directeur délégué de NRJ Group, à quelques jours d'un débat à l'Assemblée nationale sur "l’image des femmes dans les médias".

    Maryam Salehi (c) Sipa Maryam Salehi (c) Sipa

    Le 7 décembre prochain se tiendra à l’Assemblée nationale un débat sur "l’image des femmes dans les médias" organisé par les services de Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la cohésion sociale. Brigitte Grésy (IGAS) remettra à cette occasion son rapport sur l’un des volets de la charte pour l’amélioration de l’image de la femme dans les médias, signée début 2011 par un grand nombre de journaux, radios et télévisions: l’engagement de recourir à un plus grand nombre de femmes expertes dans les domaines habituellement réservés aux hommes (économie, finance, stratégie internationale…). Directeur délégué de NRJ Group, Maryam Salehi souhaite pour sa part lancer le débat sur un autre sujet directement lié à l’image de la femme dans les médias: le concept de "ménagère de moins de 50 ans" toujours en vigueur dans la conception des campagnes publicitaires audiovisuelles.

    Pourquoi partir en guerre contre l’appellation "ménagère de moins de 50 ans" ?

    - Chaque matin, je consulte les données d’audience de la télévision ainsi que les performances quotidiennes des chaînes. J’y retrouve cette division de la société française: "individu de 4 ans et + ; individu de 25-49 ; individu de 35-59 ; individu de 15-49 et surtout la "ménagère de 15-49". Surprise, embarrassée et finalement mal à l’aise, je constate que tous les âges ont droit à une appellation neutre "individu"…sauf "la ménagère". Mais qui est-elle donc cette "ménagère"? Une chose? Un service de couverts rangés dans un coffret? Un intrus? Au contraire: tout le monde la connaît, puisqu’elle est la cible publicitaire de prédilection. Stricto sensu, la "ménagère de moins de 50 ans", incarne la Femme Responsable des achats de moins de 50 ans (RDA Femme -50 ans) dans un foyer, ce qui ne représente pas moins de… 44% de la population française. C’est donc considérable.

    En quoi ce terme est-il choquant ?

    - Il est obsolète, il fleure la IVe République, René Coty, les films de Robert Lamoureux. C’est une expression figée dans la résine péjorative, dévalorisante. Dans l’esprit des gens, c’est la femme au foyer, balai en main et chiffon sur la tête, prête à batailler contre la poussière, le désordre et à menacer son mari du rouleau à pâtisserie. Ménagère, mégère…même combat! Cette appellation dépassée ne correspond plus à rien. Il ne s’agit pas de réclamer au nom du politiquement correct qu’une dénomination utilisée par tous, soit éradiquée de notre vocabulaire. Il s’agit simplement de souhaiter que ceux-ci cessent d’employer une appellation dégradante dans notre imaginaire collectif et qui ne recoupe plus aucune réalité. Car qui emploie encore le mot "ménagère" à part les instituts de sondage et ceux qui utilisent les résultats de leur travail ? Personne.

    Ne faut-il pas simplement y voir une facilité de vocabulaire dont la raison d’être serait purement technique ?

    - Mais elle ne recouvre pas une spécificité pour laquelle le vocabulaire français serait insuffisant, comme lorsque l’on emploie un mot anglais qui n’a pas son équivalent. En réalité, si ce terme a la vie dure, c’est tout simplement parce que nul, jusqu’à une époque récente ne s’intéressait au vocabulaire qui était susceptible d’offenser ou simplement de cantonner les femmes dans un rôle secondaire. L’égalité de l’homme et de la femme doit commencer par l’égalité dans l’utilisation des expressions car elles véhiculent des images et des concepts. Albert Camus disait: "mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde". Et justement, alors même qu’une prise de conscience collective commence à exister sur la place de la femme (la loi Copé-Zimmermann sur les quotas de femmes dans les conseils d’administration, les accords sur l’égalité salariale hommes/femmes…), ceux-là même qui sondent une partie de la population et qui révèlent le sentiment commun, ne peuvent continuer à utiliser une expression qui caricature la femme et qui relève d’un singulier manque de perception de la culture de l’époque.

    En définitive, il ne s’agit pas que d’une question de vocabulaire ?

    - Non, car cette expression véhicule une analyse sociologique anachronique. Fort justement, les pouvoirs publics ont donné l’impulsion pour appréhender l’image de la femme dans les médias. Il serait donc utile que ces derniers et leurs organes de contrôle redéfinissent avec les instituts de sondage le reflet de la femme qu’ils renvoient, et qui n’est plus celle d’avant-guerre. Rangeons la ménagère dans son placard à balais: voici venu le temps de la femme responsable.

    Anne-Marie Rocco


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  • Trafic de femmes en hausse vers la Chine depuis l'Asie du Sud-Est

    LEMONDE.FR avec AFP | 03.12.11 | 11h12

    De plus en plus de femmes d'Asie du Sud-Est sont vendues à des villageois ou forcées à se prostituer en Chine.

    De plus en plus de femmes d'Asie du Sud-Est sont vendues à des villageois ou forcées à se prostituer en Chine.AFP/MADAREE TOHLALA

    De plus en plus de femmes d'Asie du Sud-Est passent illégalement en Chine, où elles sont vendues à des villageois ou forcées à se prostituer.

    "Le nombre de femmes étrangères amenées clandestinement en Chine est sans aucun doute en hausse", affirme Chen Shiqu, directeur du bureau de répression du trafic d'êtres humains du ministère de la sécurité publique, cité samedi 3 décembre par le China Daily, qui n'a cependant pas donné de chiffre permettant de mesurer l'ampleur du phénomène.

    Ces femmes viennent en général de régions rurales pauvres du Vietnam, du Laos et de la Birmanie et sont souvent attirées par des trafiquants qui leur promettent un emploi bien rémunéré ou un mariage avec un riche Chinois.

    ÉPOUSES OU PROSTITUÉES

    "Les victimes sont souvent vendues dans les régions rurales chinoises comme épouses de villageois locaux, ou contraintes à offrir des services sexuels dans des maisons de passe clandestines des régions côtières ou frontalières de la Chine, notamment dans les provinces du Guangdong et du Guangxi (sud), ainsi qu'au Yunnan (sud-ouest)", détaille M. Chen.

    Dans les campagnes chinoises, la famille du mari doit traditionnellement verser une dot considérable à celle de la bru. Aussi est-il fréquent que les moins fortunés se marient à moindre coût avec des femmes venues de régions pauvres. Ces femmes leur ont souvent été présentées par des trafiquants qui les "achètent" dans leur province d'origine pour les "revendre" ailleurs.

    Le prix d'une femme varie entre 20 000 yuans (2 350 euros) et 50 000 yuans (5 870 euros) selon leur apparence et leur nationalité, d'après Jin Yulu, un responsable du poste frontière de Ruili, à la frontière birmane, interrogé par le China Daily.

    La population chinoise compte plus d'hommes que de femmes. A cause de l'élimination prénatale des foetus féminins, il naît 118,1 garçons pour seulement 100 filles, contre un ratio naturel de 105 garçons pour 100 filles, d'après les chiffres des Nations unies.


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