C’est une devinette historique mais totalement d’actualité: quel est le lien entre les All Blacks, Roland Garros, Apollinaire et les lettres de votre militaire d’arrière-grand-père? Réponse: tous ont un rôle de premier plan à jouer dans le Centenaire de la Première guerre mondiale, que François Hollande ouvrira officiellement la semaine prochaine. Pour cette grande année de commémorations, les organisateurs ont souhaité associer le plus grand nombre de Français. D’où un programme officiel riche de plus de mille projets dans tout l’Hexagone.

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Le 7 novembre à l’Elysée, le chef de l’Etat doit donner sa vision du Centenaire dans un discours devant un parterre d’invités triés sur le volet, historiens, élus et anciens combattants. La veille au soir, ce sont les rugbymen néo-zélandais, en France pour un test-match contre les Bleus le 9, qui offriront la première image symbolique de ces commémorations. Entre 1914 et 1918, la Nouvelle-Zélande a mobilisé 128000 soldats et perdu 18000 hommes, principalement en Picardie. Un morceau d’histoire tellement vivace pour les Néo-Zélandais que toutes les chambres d’hôtes de la région affichent déjà complet pour l’été et l’automne 2016, date anniversaire des 100 ans de la bataille de la Somme. Mercredi soir, pour rendre hommage à leurs morts, les All Blacks iront raviver la flamme sous l’Arc de Triomphe.

Un tour sportif

Le geste doit beaucoup au ministre des Anciens combattants Kader Arif. Natif du Sud-Ouest et fou de rugby, il a voulu donner un tour sportif aux commémorations, ajoutant des manifestations ultra-populaires au programme officiel. La Fédération française de rugby a joué le jeu: des bleuets seront tissés sur les maillots français pour la première fois lors du tournoi des Six Nations et des notices historiques ont été insérées dans les programmes distribués aux spectateurs. La Mission du centenaire de son côté a rédigé des fiches pour les commentateurs sportifs. Le courant est aussi bien passé avec la Fédération française de tennis (FFT) et plusieurs idées sont en lice pour célébrer la mémoire de Roland Garros, lieutenant aviateur de l’armée française tué au combat en octobre 1918 la veille de ses trente ans. En juillet, le Tour de France - l’événement sportif qui attire chaque année le plus de téléspectateurs - sera aussi placé sous le signe du Centenaire.

«Il faut que ce cycle nourrisse l’esprit de nos concitoyens. En passant par le sport, on touche un autre public que les spécialistes et les historiens, on ouvre la mémoire à d’autres gens que ceux qui peuplent les colloques et les bibliothèques», estime le ministre délégué aux Anciens combattants. Le 9 novembre au Stade de France, 80000 spectateurs, dont François Hollande, savoureront un morceau d’histoire avant les premiers essais. Le lendemain, la Mission du Centenaire donne une grande soirée à la Comédie Française, où seront lus des textes sur la Grande guerre d’Apollinaire, engagé volontaire dans l’armée française en 1914 et mort le 9 novembre 1918, à Giono, devenu un farouche pacifiste après avoir été soldat en 1915.

Une semaine de «Grande collecte»

En parallèle, vous, moi, tout le monde est invité à déposer ses archives familiales relatives à la Grande guerre: c’est la «Grande collecte», qui se déroule du 9 au 16 novembre, dans 70 lieux répartis dans toute la France. Du carnet d’aquarelles du grand-oncle Emile aux cartes postales dénichées dans le grenier en passant par toutes les photos de l’époque ou un objet lié au conflit: les historiens prennent tout et certains sites de collecte, comme la Bibliothèque nationale de France (BNF) à Paris, ont pris des précautions de sécurité au cas où certains apporteraient douilles, munitions ou armes! Le projet consiste, ensuite, à numériser toutes ces archives qui seront mises en ligne sur la plateforme Europeana. En Allemagne, une opération semblable a permis de mettre la main sur des lettres écrites du front belge par le soldat Adolf Hitler.

Cette première phase des commémorations culminera le 11 novembre par un déplacement de François Hollande à Oyonnax (Ain). Le 11 novembre 1943, pour le 25e anniversaire de l’Armistice, les maquisards de la région bravèrent l’interdiction de manifester pour déposer une gerbe en forme de croix de Lorraine devant le monument aux morts. Avec cette mention: «les vainqueurs de demain à ceux de 14-18». Viendront ensuite des cérémonies pour le 14 juillet - avec des délégations de 72 pays défilant sur les Champs-Elysées -, le 3 août, date de l’entrée en guerre et le 12 septembre, à Reims, pour commémorer la bataille de la Marne. Un pan d’histoire auquel Jean-François Copé vient de consacrer un ouvrage. Maire de Meaux, le patron de l’UMP a envoyé une invitation à François Hollande pour septembre. Pour l’instant, le président réserve sa réponse.

Laure BRETTON