• 26 février 2012

    Une Pompéi végétale de 300 millions d’années exhumée en Chine

     

    C'est une jolie lucarne temporelle qu'une équipe sino-américaine vient d'ouvrir dans la dernière livraison des Proceedings de l'Académie des sciences des Etats-Unis. Une fenêtre sur la végétation de la Terre telle qu'on pouvait la trouver il y a presque 300 millions d'années, au début du Permien, avant même l'apparition des dinosaures. C'est sur une véritable Pompéi végétale que sont tombés ces chercheurs, au beau milieu d'une mine de charbon chinoise, dans la province autonome de Mongolie intérieure. Pour ceux qui auraient oublié leur histoire romaine, je rappelle qu'en 79 de notre ère, Pompéi et Herculanum furent ensevelies sous les matériaux éjectés par une éruption du Vésuve. Ce fut une catastrophe pour les habitants mais les couches de cendres, de pierres et de boues volcaniques eurent pour effet de figer les sites dans le temps et de les conserver tels qu'ils étaient il y a deux millénaires.

    Il est arrivé exactement la même chose sur le site chinois de Wuda. A la suite d'une éruption volcanique, les éjectas ont certes tué les plantes, fait tomber les feuilles, cassé les petites branches, décapité les arbres mais ils ont aussi, à leur manière un peu violente, préservé toute cette végétation. La couche de cendres initiale devait avoir un mètre d'épaisseur puis elle s'est tassée et pétrifiée, pendant que les plantes se fossilisaient entre deux veines de charbon. C'est d'ailleurs à l'exploitation minière que l'on doit cette découverte. Les chercheurs ont dû travailler vite, sur un peu plus de 1 000 mètres carrés, pour profiter de la chance unique qui leur était offerte d'avoir accès à cette couche géologique d'autant plus exceptionnelle que les arbres se trouvaient encore à leur emplacement d'origine. Comme le résume un des auteurs de l'étude, Hermann Pfefferkorn, tout "est merveilleusement préservé. Nous pouvons nous tenir là et trouver une branche avec ses feuilles encore attachées, et puis nous trouvons la branche suivante, et la suivante, et la suivante. Et enfin nous trouvons la souche du même arbre. C'est réellement excitant." Voilà, dans le diaporama ci-dessous, les premières photographies de cet éclat du passé, un herbier du temps jadis.

    Pour les chercheurs, la découverte est intéressante à plus d'un titre. Non seulement ils peuvent étudier des spécimens de plantes disparues extrêmement bien conservés mais ils ont aussi la possibilité de reconstruire tout le site en disposant les végétaux à l'emplacement exact qu'ils occupaient (tout comme, à Pompéi, on a retrouvé les hommes là où la mort les a saisis). Cela leur permet d'analyser l'écologie du lieu, d'établir les relations entre les diverses familles de plantes et, au bout du compte, de deviner à quoi ressemblait ce bout de forêt du Permien.

    Comme on peut le voir sur la vue d'artiste ci-contre réalisée à partir de l'analyse du site, on a affaire à une forêt tropicale. Il y a 300 millions d'années, Wuda se trouvait non pas au beau milieu d'un continent, comme aujourd'hui, mais sur une grande île au large de la Pangée, le super-continent de l'époque. Le sol, tourbeux, était la plupart du temps recouvert de marécages de quelques centimètres de profondeur. Formant la canopée principale à une dizaine de mètres de hauteur, des fougères arborescentes constituaient l'essentiel de la végétation. Au milieu d'elles surnageaient çà et là des sigillaires, de grands arbres filiformes pouvant dépasser les 25 mètres, et des cordaites (à gauche), sortes de conifères primitifs. Les auteurs de l'étude soulignent que si des sites plus anciens ont déjà été découverts, aucun ne se trouvait en Extrême-Orient et aucun n'a pu être aussi largement exploré que celui de Wuda. Ils ajoutent que "les flores du début du Permien sont d'une importance particulière parce qu'elles appartiennent à une époque d'oscillations climatiques passant par des transitions entre moments de glacière et moments de serre, transitions qui pourraient servir d'analogues au changement moderne et global de végétation". Une manière habile d'ancrer ce monde perdu dans les préoccupations de notre XXIe siècle.

    Pierre Barthélémy (@PasseurSciences sur Twitter)

    (Crédits photos : PNAS ; vue d'artiste : Ren Yugao.)


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  • Amandine, premier bébé éprouvette en France, fête ses 30 ans

    Créé le 20-02-2012 à 12h41 - Mis à jour à 17h22      

     

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception.
(c) Afp

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception. (c) Afp

    Le 24 février 1982, naissait Amandine, premier bébé-éprouvette français, moins de quatre ans après Louise Brown, premier bébé au monde né grâce à la fécondation in vitro, une technique qui a bénéficié depuis à environ 20.000 Françaises.

    René Frydman, ancien chef du service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine), à l'origine d'une série de "premières" en France, se souvient de ce moment de "bonheur" et du chemin qui a conduit à sa conception.

    Une aventure qu'il a menée avec le biologiste Jacques Testart venu rejoindre l'équipe de Clamart.

    Quand "vous voyiez les premiers embryons au microscope, c'était formidable. A chaque étape, il y avait quelque chose qui vous tenait en haleine, chaque étape était une victoire", dit-il. C'était artisanal à l'époque. "Il nous a fallu deux ans pour voir l'ovocyte, et quatre pour réussir". "La naissance d'Amandine s'est faite en cycle naturel sans traitement de stimulation hormonale de la mère, comme on continue à la faire parfois", poursuit-il.

    "A l'heure actuelle, si on devait refaire Amandine, on ne pourrait pas à cause du carcan administratif", s'exclame Violaine Kerbrat, sage-femme, une des quatre personnes présentes à l'accouchement d'Annie, la mère d'Amandine.

    Face à la frénésie médiatique - photographes sur les toits, intrusion de journalistes "déguisés en personnel hospitalier" -, une stratégie avait été élaborée pour protéger l'anonymat de la mère. "J'avais inscrit sur le tableau : Madame X, césarienne le 28 février, pour brouiller les pistes", se rappelle le Pr Frydman. "La mère était censée être ma cousine. Donc, quoi de plus normal que la chef sage-femme et le Pr Frydman passent la voir" en salle des naissances, raconte Mme Kerbrat. "Je ne pouvais pas faire venir Testart à l'accouchement, sinon tout le monde aurait su", indique Frydman.

    La naissance, finalement sans césarienne, s'est passée dans la "douceur"; "il y avait un aspect magique", reconnaît Mme Kerbrat.

    "On a rusé pour la sortie incognito d'Amandine et sa maman. Je portais le bébé, et, avec sa mère en robe de chambre, nous avons rejoint l'ambulance par des couloirs du sous-sol, sans que personne s'en aperçoive", se rappelle-t-elle.

    A 68 ans, le Pr Frydman ne décroche pas. "Je vais continuer - faire de la recherche", lance ce médecin engagé dans la cause des femmes, qui déplore la situation en France sur la recherche sur l'embryon, interdite sauf dans certains cas par dérogation. Il dénonce le "maquis de précautions sur le plan législatif qui contribue au retard français". Pour lui, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, mais il reste tant de choses à explorer, pour savoir par exemple pourquoi un embryon humain se développe normalement ou pas. D'où un projet de Fondation.

    On doit à son équipe les premières naissances après congélation d'embryon en 1986, après diagnostic préimplantatoire (DPI) en 2000, après maturation in vitro en 2003, après congélation d'ovules en 2010. Le Pr Frydman regrettait alors d'avoir dû recourir à une technique moins performante que la congélation ultra rapide (la vitrification) utilisée à l'étranger "au prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon".

    Enfin en janvier 2011, naissait à Clamart pour la première fois en France un "bébé du double espoir", dont le sang du cordon ombilical a permis de faire une greffe de moelle à sa soeur malade.

    Amandine, elle, est tout ce qu'il y a de plus normal : "j'ai les mêmes défauts, qualités, questionnements que chacun. tout va bien. Ca a forcément influencé mes parents, ça leur a rendu service, mais moi ca n'aura aucunement influencé ma vie", a-t-elle confié à France2.


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    Le lac Vostok, eldorado des exobiologistes

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    Le lac Vostok est sur le territoire antarctique russe. © Nasa/Ciel et Espace Photos.

    L'épaisseur de 3768 m de glace qui recouvre le lac Vostok est percée depuis le 5 février 2012.

    En réalisant cet exploit technique au cœur de l'Antarctique, les Russes ont mis fin à 20 millions d'années d'isolement pour ce réservoir d'eau de 250 km de long.

    Des micro-organismes adaptés à un milieu hostile ?

    Les exobiologistes y voient un laboratoire unique. "Cet environnement peut ressembler à la planète Mars dans le passé, lorsqu'elle était plus loin du Soleil", estime Frances Westall, du Centre de biophysique moléculaire d'Orléans. Il sera intéressant d'étudier comment se sont adaptés des micro-organismes à ce milieu hostile.

    “Ils seront sans doute semblables à ceux que l'on connaît déjà, mais ils auront subi une évolution spécifique. Là où il faudra chercher des différences, c'est dans les sous-espèces”, explique Frances Westall.

    Ce milieu peut ressembler aussi à l'océan prisonnier sous la surface glacée d'Europe, l'un des satellites de Jupiter.

    Ci-dessous, une vue radar du lac. © Nasa.

    Futur terrain d'essai pour les sondes spatiales ?

    "Le forage de Vostok peut devenir intéressant pour tester de l'instrumentation, celle qui sera peut-être envoyée un jour vers Europe par exemple", note Frances Westall. En effet, "la difficulté pour forer la croûte de glace d'Europe et atteindre son océan est comparable", explique l'exobiologiste François Raulin, du Lisa (Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques, CNRS).

    Ci-dessous une coupe schématique du forage. Crédit DR.

    Plus de 20 ans d'efforts

    Le forage du lac Vostok a débuté en 1989, mais il s'est arrêté en 1998 à 188 m du lac, sous la pression de la communauté internationale. Les chercheurs craignaient une contamination de l'eau avec des bactéries de surface. Après avoir changé de technique, les Russes se sont remis à l'ouvrage en 2006. Néanmoins, les craintes de contamination par des organismes extérieurs sont toujours présentes chez les scientifiques extérieurs au projet.


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  • Publié le 02 février 2012 à 13h51 | Mis à jour le 02 février 2012 à 13h51

    Découverte d'une autre exoplanète «habitable»

    Cette illustration fournie par l'Observatoire austral européen (ESO)... (Photo: Archives AP)

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    Cette illustration fournie par l'Observatoire austral européen (ESO) en 2009 montre la planète Gilese, la plus légère des exoplanètes découverte jusqu'ici.

    Photo: Archives AP

    Agence France-Presse
    Washington

    Une équipe internationale d'astronomes a annoncé jeudi la découverte d'une nouvelle exoplanète potentiellement «habitable», portant à quatre le nombre de ces planètes situées hors de notre système solaire détectées par la communauté scientifique.

    «Cette planète - rocheuse - est la nouvelle meilleure candidate pour maintenir l'eau liquide à sa surface et peut-être y abriter la vie telle que nous la connaissons», a expliqué Guillem Anglada-Escudé, responsable de cette équipe qui travaillait alors à la Carnegie Institution for Science à Washington.

    Cette planète (GJ 667Cc) est en orbite autour d'une étoile baptisée GJ 667C située à environ 22 années-lumière de la Terre (une année-lumière équivaut à 9460 milliards de km).

    Elle tourne autour de son étoile en 28 jours environ et a une masse minimum de 4,5 fois celle de la Terre. Cette planète est ainsi environ 50% plus grosse que notre planète.

    La planète se trouve dans une orbite qui la place à une distance de son étoile dans «une zone habitable», où les températures ne sont ni trop chaudes ni trop froides, permettant à l'eau de rester à l'état liquide à la surface.

    Ces chercheurs ont également découvert des indices laissant penser qu'au moins une autre exoplanète et peut-être deux, voire trois, autres sont en orbite autour de la même étoile.

    Cette étoile appartient à un système stellaire comprenant au total trois étoiles.

    Cette découverte montre que des planètes potentiellement habitables peuvent se former dans une plus grande variété d'environnements qu'on ne le pensait jusqu'alors, notent les auteurs de cette découverte qui doit être publiée dans les Lettres du Journal d'Astrophysique. Le manuscrit sera publié en ligne sur le site arxiv.org/archive/astro-ph.

    Les astronomes ont utilisé des données publiques de l'Observatoire européen austral (ESO) au Chili qu'ils ont analysées selon une nouvelle méthode.

    Ils ont aussi incorporé des mesures effectuées avec les télescopes de l'observatoire Keck à Hawaï.


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  • Un astéroïde a frôlé la Terre

     

    Par Anne-Julie Contenay avec AFP

    Publié le 28 janvier 2012 à 14h11 Mis à jour le 28 janvier 2012 à 14h11

     
    L'astéroïde a frôlé la Terre vendredi.

    L'astéroïde a frôlé la Terre vendredi. © CAPTURE D'ECRAN YOUTUBE

    Cet objet céleste s’est approché de notre planète. Une collision a été "évitée de peu".

    Il s’appelle 2012 BX34 et fait la taille d’un bus. Cet astéroïde a frôlé la Terre vendredi, selon les experts du Minor Planet Center, un organisme américain chargé de traquer les objets dans le système solaire. Pas de panique cependant : les scientifiques n’ont jamais été inquiets quant à la possibilité d’un éventuel impact.

    2012 BX34, qui mesure entre six et 19 mètres de diamètre, est soudainement apparu mercredi dans le champ de vision d’un télescope de l’Arizona. Il s’est approché à 60.000 kilomètre de la Terre, précise Gareth Williams, directeur associé de l’organisme. Selon lui, une collision a "été évitée de peu", comme le montrent ces image de la trajectoire de l’objet.

    La trajectoire de l’astéroïde qui a frôlé la Terre :

    Un phénomène pas inhabituel

    Sur son compte Twitter, la Nasa s’est voulue rassurante, répondant aux questions des internautes pour leur dire qu’il ne fallait pas s’inquiéter et que l’astéroïde était de petite taille. Une taille qui explique d’ailleurs que l’objet n’ait plu être détecté qu’une fois tout près de la Terre.

    Et même si Gareth Williams explique que le fait qu’il ait frôlé la Terre était une surprise, ce fait est loin d’être inhabituel : l’année dernière, pas moins de 30 objets sont passés dans l’orbite de la Lune.


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