• Source: Actions Birmanie

    BIRMANIE : Analyse du processus électoral 

    Bien que la campagne électorale n'ait pas officiellement commencé, le parti de l’USDP (Union Solidarity and Development Party) joue déjà un rôle important. Dirigé par des membres du gouvernement actuel, y compris le Premier Ministre Thein Sein, le parti bénéficie de l'appui du mouvement pro-junte USDA (Union Solidarity and Development Association) et de la protection des plus hautes autorités de l'État. L’USDP a démarré très vite une campagne non officielle, recrutant régulièrement des partisans et des observateurs électoraux dans tout le pays et organisant des formations. 

    Jusqu'à présent, 42 partis ont déposé des demandes d’enregistrement pour participer aux élections et 33 se sont vus accorder une autorisation par la Commission électorale. Tous ces partis sont dans l’attente de l'annonce de la date des élections et ne peuvent démarrer leur campagne, car ils doivent d'abord recruter, dans les 90 jours, au moins 500 membres, pour des scrutins locaux, ou 1.000 membres, s’ils escomptent participer aux élections à l'échelle nationale. Dans le même temps, ils sont aux prises avec des problèmes financiers liés à la taxe d’enregistrement élevée que la loi électorale prévoit, à savoir 500.000 kyats (environ 500$) par candidat. Cette disposition a suscité beaucoup de questions sur la façon dont les partis politiques birmans seraient capables de faire face à cette requête, alors qu’1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

    De tous les partis enregistrés, l’USDP est probablement l'un des rares à pouvoir se permettre ces frais.

     
    La Commission électorale a publié un premier ensemble de lois concernant la campagne, qui restreint la liberté d'association et de réunion. Il est notamment stipulé que les partis politiques enregistrés doivent obligatoirement demander la permission à la Commission électorale pour tout discours ou rassemblement organisés hors de leur propre bureau. Dans un même temps, le gouvernement a mis en place un nouvel organe de censure, la Division de l’enregistrement et de la vérification de la presse (PSRD), créée afin de renforcer encore un peu plus cette censure. 

    Than Nyein, porte-parole du parti National Democratic Force (NDF), groupe dissident de la LND, a déclaré que la NDF ne place pas de grands espoirs dans le processus électoral, mais a réaffirmé que la NDF a été créée afin de donner un statut juridique légal au parti. 
    Les membres dirigeants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) ont commencé, de façon imprévue, à voyager à travers le pays afin de rendre visite aux familles des prisonniers politiques et aux militants membres du Parti. L’objectif de ce voyage est de discuter des élections à venir et de justifier la décision de la LND de ne pas y participer. Il est également prévu de communiquer sur les concepts de droits individuels, de démocratie, et d’élections libres et équitables. En plus de tous ces échanges, ces voyages seront l’opportunité d'évaluer si les membres de la LND rencontrent des difficultés. En effet, la LND demeure une source d'aide sociale et économique importante pour de nombreuses familles en Birmanie, et ses dirigeants conservent une influence certaine sur le scénario électoral. À l'heure actuelle, la junte a fait le choix de ne pas intimider ou punir les dirigeants de la LND en liberté qui poursuivent leurs activités sociales et politiques, bien que leur parti soit devenu officiellement illégal. 

    Aung San Suu Kyi a encouragé le parti à travailler activement sur les questions de réconciliation nationale, de droits de l’homme et de démocratie. Elle a récemment demandé à son avocat, Nyan Win, de relayer l’idée que les citoyens ont le droit inaliénable de ne pas voter. Les avocats d’Aung San Suu Kyi ont été par la suite mis en garde par les autorités de ne pas transmettre aux médias les opinions de Suu Kyi sur les prochaines élections. 
    Des prisonniers politiques ont été questionnés par la « police spéciale » pour donner leur avis sur les élections et leur intention d’être ou non actif politiquement s’ils sont libérés. Ces enquêtes auprès de prisonniers politiques peuvent être liées à la peur du régime de ce que la LND, et les organisations de la société civile et de défense des droits de l’homme pourraient faire ; mais une autre possibilité est que ces interrogatoires soient utilisés pour déterminer quels prisonniers sont toujours de potentiels « dangereux » activistes, et lesquels pourront être relâchés. En effet, une nouvelle vague de libération de prisonniers est attendue avant la tenue des élections, une tactique classique du régime militaire pour alléger la pression internationale. Ces libérations pourraient se produire en septembre, au moment du débat annuel des Nations unies, et qui pourrait donner lieu à une nouvelle réunion ministérielle du groupe des amis de la Birmanie. 

    Après la visite du premier ministre chinois à Nay Pyi Daw, la junte a décidé de reporter après les élections la mise en œuvre du plan de gardes frontaliers (BGF), lorsque le nouveau gouvernement sera formé. La junte avait été plus que résolue à transformer l’ensemble des groupes de cessez-le-feu en forces frontalières, et ainsi prendre possession des territoires ‘manquants’, c’est-à-dire les portions du pays sous contrôle de milices et non de l’armée et des autorités nationales. Néanmoins, les groupes de cessez-le-feu continuent de garder non seulement le contrôle tant politique que militaire de leurs zones respectives, mais sont également vitaux dans les relations économiques transfrontalières, en particulier avec la Chine.

    Le premier ministre chinois Wen Jabao, lors de sa visite en Birmanie, n’a pas manqué de souligner que son pays n’accepterait pas un nouveau conflit le long de la frontière chinoise (un conflit avait éclaté en août 2009 dans la région Kokang, provoquant l’afflux de plus de 30.000 réfugiés en Chine). La junte a alors annoncé lors d’une réunion avec le groupe Wa (UWSA) que la question BGF sera gelée jusqu’aux élections. Si la perspective d’une reprise du conflit semble s’éloigner, la question ethnique n’en demeure pas moins éludée, ce qui pourrait avoir deux graves conséquences.

    La première est que le pays continuera d’être fragmenté, politiquement et économiquement. La junte et la commission électorale vont très certainement décider de suspendre la tenue du scrutin électoral dans les zones de cessez-le-feu en invoquant les lois électorales (qui permettent notamment d’arguer le manque de sécurité comme raison pour annuler les élections à l’échelle locale). Cette décision exclurait une partie du pays et de ses citoyens du processus politique et perpétuerait une situation d’instabilité et de fragmentation.

    L’autre conséquence sera l’intensification des activités d’espionnage et de pression sur les leaders ethniques, avec des impacts très négatifs sur les violations des droits de l’homme, déjà massives et généralisées dans les régions peuplées de minorités ethniques. 


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  •  Etats-Unis: à 15 jours des élections, offensive tous azimuts de la Maison Blanche

    WASHINGTON — La Maison Blanche est engagée dans une offensive électorale tous azimuts, déterminée, malgré de mauvais sondages, à lutter pour empêcher les législatives du 2 novembre de sonner le glas des ambitions réformatrices du président Barack Obama.

    A 15 jours du scrutin, tant le président Obama que son vice-président Joe Biden, mais aussi la Première dame Michelle Obama, parcourent les Etats-Unis d'est en ouest pour tenter de convaincre les électeurs d'accorder à nouveau leur confiance aux démocrates.

    Le couple présidentiel devait faire campagne en duo pour la première fois depuis 2008 dimanche dans l'Ohio (nord).

    A chacun son registre: à M. Obama les attaques contre l'obstruction des républicains du Congrès qui ont selon lui bridé ses réformes; à M. Biden, champion de la classe moyenne, les tentatives d'éviter un ralliement de celle-ci au populisme des ultra-conservateurs du "Tea Party"; à Mme Obama les discours compassionnels et les appels à la patience.

    Le président, qui fait campagne dans pas moins de neuf Etats en 11 jours, s'est joint vendredi à M. Biden pour aller défendre le siège de sénateur que ce dernier a occupé pendant 36 ans dans le Delaware (est), et disputé à un démocrate par une figure haute en couleur du "Tea Party", Christine O'Donnell.

    "Il n'y a aucun doute que c'est une élection difficile. C'est difficile ici et c'est difficile dans tout le pays", a affirmé M. Obama, en évoquant la situation économique des Etats-Unis, en proie à un chômage obstinément élevé.

    Son porte-parole Robert Gibbs, s'est toutefois voulu optimiste dimanche.

    "Je pense que le soir du scrutin, nous garderons le contrôle de la Chambre et du Sénat", a-t-il affirmé sur la chaîne NBC.

    Selon John Pitney, professeur de sciences politiques au Claremont McKenna College, "les démocrates se préparent à d'importantes pertes. Il n'y a pas grand chose qu'ils puissent faire. Le président et d'autres têtes d'affiche de l'administration peuvent lever des fonds mais ils ont dépassé le stade où la rhétorique peut faire la différence".

    Les républicains ont besoin de 39 sièges supplémentaires à la Chambre des représentants pour ravir la majorité aux démocrates, ce qui semble à leur portée. M. Obama devrait alors négocier avec eux et sans doute renoncer à nombre de ses réformes.

    Au Sénat, les démocrates jouissent d'une majorité de 59 sièges sur 100 en comptant deux sénateurs indépendants. Les républicains doivent donc remporter au moins 10 sièges pour espérer prendre la majorité, ce qui semble plus difficile mais pas impossible.

    Selon Nate Silver, analyste et statisticien, les sondages s'améliorent pour les démocrates dans certains Etats comme le Nevada (ouest) et la Virginie occidentale (est), ce qui rend les perspectives de prise de contrôle des républicains plus "distantes".

    L'incertitude demeure toutefois au Nevada, où le chef de la majorité du Sénat Harry Reid défend son siège face à une autre représentante du "Tea party".

    Cette semaine, le parti démocrate a décidé de couper les vivres à des candidats considérés comme perdants côté Chambre, pour concentrer ses efforts sur les circonscriptions "gagnables".

    Le financement des campagnes électorales reste au coeur des débats alors que des sommes astronomiques continuent d'être versées dans la campagne législative déjà la plus chère de l'histoire américaine. Cette tendance bénéficie surtout aux républicains qui jouissent de l'appui de groupes conservateurs qui ne révèlent pas le nom de leurs donateurs.

    Selon le "Center for responsive politics", un centre d'analyse, plus de 3,4 milliards de dollars ont été dépensés au total lors de cette campagne.

     

    USA: les donateurs anonymes faussent le jeu électoral !

    WASHINGTON - La Maison Blanche a poursuivi dimanche ses critiques contre les donateurs anonymes qui favorisent l'opposition au président Barack Obama dans la course aux élections législatives de mi-mandat du 2 novembre.

    A près de 15 jours du scrutin, malgré une offensive du camp du président Obama sur le terrain, les sondages prédisent d'importants gains en sièges pour les républicains au Congrès. Selon le conseiller de M. Obama, David Axelrod, ces gains pourraient être en grande partie dus aux nombreux spots télévisés financés par des organisations pro-conservatrices.

    "Pour gagner ces élections, ils comptent sur les dizaines de millions de dollars de groupes qui financent des spots mensongers, à travers le pays", a dénoncé M. Axelrod en reprenant des critiques déjà formulées par M. Obama.

    Le président avait vilipendé le 7 octobre les sommes d'argent faramineuses versées par de grandes sociétés et groupes pro-conservateurs qui ne révèlent pas l'origine de leurs fonds. "Les vannes sont ouvertes", avait lancé M. Obama en dénonçant aussi l'irruption de "sociétés étrangères" dans la politique américaine.

    "Ils n'ont pas le courage de se dévoiler et révéler leur identité -- ils pourraient être des compagnies d'assurance, des banques de Wall Street ou des compagnies étrangères", a fustigé M. Axelrod dimanche sur la chaîne de télévision CNN.

    De son côté, le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a mis au défi les groupes conservateurs de révéler l'identité de leurs donateurs. Ils "pourraient simplement montrer aux gens d'où exactement viennent les dons, et qui paie pour les spots télévisés", a-t-il dit dimanche sur la chaîne NBC.

    MM. Axelrod et Gibbs ont tous deux dénoncé le rôle du très conservateur Karl Rove, ex-conseiller du président George W. Bush, dans l'organisation de ces groupes. M. Rove s'est illustré au sein du groupe American Crossroads, l'un de ceux qui ont récolté le plus d'argent pour les élections.

    "Le groupe de Karl Rove va apporter 50 millions de dollars au cours des trois dernières semaines de la campagne pour la Chambre des représentants, soit plus que le parti démocrate dans toute la campagne", a dit M. Axelrod, dénonçant cela comme "fondamentalement mal".

    Les républicains estiment que les inquiétudes de la Maison Blanche ne sont dues qu'à l'amertume devant les lourdes pertes attendues le soir de l'élection. En outre, ils assurent que les règles du financement des campagnes sont les mêmes pour les deux partis.

    Le financement des campagnes électorales reste au coeur des débats dans cette campagne législative, déjà la plus chère de l'histoire américaine. Selon le "Center for responsive politics", un centre de réflexion, plus de 3,5 milliards de dollars ont été dépensés au total lors de cette campagne.

    Si pour cette campagne l'argent coule à flot, c'est en grande partie grâce à une décision de la Cour suprême qui, en janvier dernier, a levé une règle interdisant aux entreprises privées de puiser directement dans leur trésorerie pour financer des spots électoraux en faveur ou en défaveur d'un candidat.

    Barack Obama avait vigoureusement critiqué cette décision de la plus haute juridiction des Etats-Unis.

    (©AFP / 17 octobre 2010 19h21)


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  •  Journée du refus de la misère: les jeunes au coeur des débats

    PARIS — La journée mondiale du refus de la misère, célébrée dimanche à Trocadéro à Paris à l'initiative de l'organisation ATD Quart Monde, était consacrée au thème de la misère grandissante des jeunes, autour du slogan "Regardez-moi comme une chance", a constaté un journaliste de l'AFP.

    Des centaines de personnes ont assisté et/ou participé tout l'après-midi à ds ateliers-rencontres des spectacles, des témoignages.

    "On considère que la pauvreté s'aggrave depuis l'arrivée de la crise. il y a de plus en plus de précaires sans espoir, les gens sont coupés du RSA, la vie est morose", a déclaré Bruno Tardieu, délégué général d'ATD Quart monde. "Les jeunes veulent que ça change, ils sont prêt à s'y mettre. Ils disent non à l'apartheid social, on en a assez de cette discrimination pour cause de pauvreté", a-t-il insisté.

    "Il faut mettre en place un nouveau plan de cohésion sociale qui redonne de nouvelles priorités", a souligné de son côté le ministre de la Jeunesse et des solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse, à la sortie des universités populaires qui se tenaient sous un chapiteau, non loin du parvis du Trocadéro.

    Pour lui "il y a besoin de changer les choses" notamment "sur le logement, sur l'emploi des jeunes et sur l'égalité des chances car il y a encore beaucoup de choses à faire pour lutter contre la discrimination".

    Dans un message lu aux participants, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a invité les gouvernements à prendre en compte la question de la précarité des jeunes. Il devrait rencontrer mardi à Strasbourg une délégation des jeunes conduites par ATD. Les jeunes veulent être "regardés non pas comme un problème, mais comme une chance", ont rappelé les organisateurs.  la misère des jeunes 


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  •  Le FC Barcelone va poursuivre son ex-président Joan Laporta

    MADRID — Les "socios" délégués du FC Barcelone ont décidé samedi de poursuivre devant les tribunaux l'ancien président du club, Joan Laporta, et sa direction, pour qu'ils s'expliquent sur les comptes de la saison dernière, qui affichent une perte de près de 80 millions d'euros.

    "Les +compromisarios+ (délégués) du FC Barcelone ont décidé d'exercer l'action sociale de responsabilité à l'encontre de la direction antérieure, avec un vote très serré: 486 voix pour, 439 contre et 113 bulletins blancs", a indiqué le club catalan sur son site internet.

    "La direction que présidait Joan Laporta jusqu'au 30 juin devra répondre de sa gestion devant les tribunaux", a précisé le Barça, présidé depuis juillet par Sandro Rosell, ancien bras droit de Laporta devenu l'un de ses plus farouches adversaires.

    Il s'agit de "la décision sociale la plus importante de l'histoire du club", avait déclaré Rosell avant le vote, ajoutant que ce moment n'avait "rien d'agréable".

    L'ancienne direction devra s'expliquer sur certaines dépenses, notamment les 8 millions d'euros versés à l'agent de Zlatan Ibrahimovic ou encore les 318.000 euros de frais divers, dont les 53.000 dépensés par un garde du corps de Laporta avec une carte de crédit du club.

    Ces 53.000 euros "incluent des frais non justifiés de restaurants en période de vacances, de bars et boîtes de nuit et autres", selon un rapport d'audit de l'entreprise KPMG.

    Joan Laporta a été président du Barça de 2003 à 2010. Sous sa présidence, le club a notamment remporté deux Ligues des champions (2006, 2009) et quatre championnats d'Espagne (2005, 2006, 2009 et 2010).


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    Iñaki Frade / Patron des patrons de Girona

    «Pour juguler la crise, nous visons la Chine et l'Inde»

    Vendredi 1.10.2010. 21:00h

     

    Le patron des patrons de la région de Girona pourrait proclamer « Vive la crise », tant les stratégies lancées depuis 2009 par ses bureaux encouragent la refonte de l’économie du territoire, où évolue une constellation de PME familiales. La PIMEC, qu’il préside, a favorisé l’ouverture de marchés internationaux. L’élan de Girona peut-il profiter à Perpignan ?


    Iñaki Frade, président de la PIMEC Girona, septembre 2010 / La Clau
    Iñaki Frade, président de la PIMEC Girona, septembre 2010 / La Clau



    La province de Girona, 712.000 habitants, s'éloigne de la crise après avoir perdu 6 % de ses emplois et 11 % de sa production industrielle entre septembre 2009 et septembre 2010. Mais son puissant secteur de viandes a gagné 0,5 % au pire du tumulte économique mondial, et ses exportations ont gagné 12 % au premier semestre, par rapport à 2009.

    Quelle est la méthode ? Positiviste à tout crin, Iñaki Frade préside la PIMEC, "Petites et moyennes entreprises de Catalogne", à Girona, depuis 2008. Il ne nous dit pas tout, mais il nous dit beaucoup.

    La Clau : Vous incarnez une sorte de patronat social ?

    Inaki Frade : c'est un peu cela, oui. La PIMEC est un partenaire social du monde de l'entreprise en Catalogne, qui ne dispose pas d'équivalent en France. Nous sommes le patronat des petites et moyennes entreprises et nous travaillons avec d'autres partenaires, qui sont les syndicats Commissions Ouvrières et Union Générale des Travailleurs, et le "Foment" du Travail, qui réunit les fédérations d'entreprises en Catalogne. Nous assurons un lobbying législatif en matière d'exportations, d'installation de systèmes, d'environnement, de défense juridique etc. Nous sommes une sorte de syndicat des PME et nous incarnons ce qui compte à Girona. La force de notre territoire est que les entreprises y sont essentiellement familiales : lorsqu'il s'agit de miser son patrimoine sur l'entreprise, elles le font. C'est une garantie énorme.

    Perpignan connaît mal votre industrie...

    La province de Girona n'a quasiment plus de multinationales, comme Panasonic, Coca-Cola, Zodiac, etc. Nous avons encore Nestlé ou Haribo, mais le secteur automobile a disparu. En revanche, notre industrie des viandes est très puissante, des abattoirs jusqu'aux ateliers de découpe en passant par la production de denrées alimentaires. Cette industrie est présente sur l'ensemble de la province, avec une certaine densité à Olot, mais aussi avec des entreprises de taille dans la région de La Selva(au sud de Girona, près de la Province de Barcelone - ndlr). Notre secteur du BTP, traditionnellement fort, a permis à de nombreux Britanniques, Allemands, Français ou Hollandais de s'offrir de grandes maisons, pour un prix très abordable. Nous disposons du secteur de la carrosserie, présent essentiellement dans la ville d'Arbúcies. Ce secteur dépendait jusqu'à présent de l'Italie, car la maîtrise de l'anglais était faible chez nous, mais une nette amélioration s'est produite au niveau international, en particulier vers le marché allemand. Notez que la plupart des voiturettes présentes sur les aéroports sont fabriquées ici. Mais notre cluster "matières plastiques" s'est affaibli. Il faut accepter cette évolution, car cette industrie s'est déplacée plus au sud. Cependant, nos entreprises de produits chimiques, généralement familiales, vont plutôt pas mal. Pendant la crise, ce secteur, tout comme celui des viandes, a perdu peu de valeur ajoutée brute (VAB). Notre secteur papetier et notre filière bois ne vont pas trop mal. Ici, il y a quelques années, l'industrie des métaux était considérable, mais est s'est nettement amenuisée parallèlement à l'évolution de l'automobile.

    En 2011, la croissance économique atteindra 1% à Girona et 0,7 % en Catalogne du sud, selon la banque CatalunyaCaixa. La crise vous a servi de tremplin ?

    D'une certaine manière, oui, car nous avons agi en matière de législation liée au travail, de flexibilité, et de mise en place de plans sociaux dans les meilleures conditions possibles. Mais nous regrettons que le gouvernement Zapatero n'ait pas réduit les indemnités de départ, qui sont anachroniques, car elles datent du temps où les salariés n'avaient aucune assurance chômage. Lorsqu'une entreprise de dix employés doit faire face à une chute d'activité et ne peut alors employer que cinq personnes, licencier les cinq autres est une absurdité. Nous préférerions un système de chômage partiel pour tous, en finançant la sécurité sociale des heures chômées. Nous éviterions comme cela les choix étranges comme les licenciements, ce qui serait bien plus bénéfique au niveau psychologique pour les employés. Nous éviterions aussi les restructurations, souvent néfastes, car chaque entreprise a sa logique interne. Faute de dispositif comme celui-ci, nous avons contribué à surmonter le manque de financement des entreprises, en favorisant les prêts bancaires, dans un élan de solidarité avec les sociétés, au profit de l'emploi.

    Vos produits se vendent mieux dans le monde qu'avant la crise ? 

    Je le crois, car nous avons exploré de nouveaux marchés internationaux, en constante progression. Nous sommes d'ailleurs  pionniers dans ce domaine, par l'intermédiaire de passerelles entre la Catalogne et le reste du monde. Nous avons mis l'accent sur les plates-formes pour faire "atterrir" notre industrie en Roumanie, mais nous avons également établi des ponts entre Girona et l'Algérie, le Sénégal, l'Inde, la Chine et le Brésil. Nos rencontres organisées dans ces pays sont bien plus modestes, personnalisées et efficaces que les grands voyages ministériels ! Nous travaillons actuellement à la promotion de l'arc méditerranéen Valence-Catalogne-France, que souhaitons relier davantage à l'Europe centrale. A vrai dire, les ports de Barcelone et de Valence sont très importants, et justifient l'amélioration des voies de communication vers la France, au bénéfice de la France elle-même, mais aussi de la Catalogne et de l'Espagne. Car nos ports sont plus efficaces et moins coûteux que celui d'Hambourg, notamment, qui engendre des dépenses inutiles du fait de la distance, que je considère trop importante. Nous menons cette action précise en partenariat avec les groupements de patrons de Perpignan, comme l'UPE 66 (Union Patronale des Pyrénées-Orientales - ndlr) et la CGPME 66 (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises des Pyrénées-Orientales - ndlr)

    L'UPE 66 souhaite d'ailleurs lancer avec vous un "Conseil patronal transfrontalier" pour promouvoir la mobilité des salariés et renforcer la connaissance mutuelle... Justement, les clusters économiques sont plus fréquents à Girona qu'en Roussillon. Comment les gérez-vous?

    Nous assurons la promotion de clusters qui existent déjà et sont composés d'entreprises, petites mais compétitives au niveau international. Nous avons dans la province de Girona des entreprises très spécialisées et autofinancées, qui disposent de charges fixes constantes par temps de crise. Elles appartiennent principalement au secteur de la fabrication de machines et celui de la production agroalimentaire. Le secteur de la viande, en particulier, dispose d'entreprises compétitives au plan mondial, dont la qualité des produits, comparable à l'artisanat, est pourtant issue de l'industrie. Cela renforce leur crédibilité et a permis de résister aux pires moments de la crise. D'autre part, ces entreprises entraînent avec elles des services auxiliaires très compétitifs et hautement spécialisés, comme celui des machines de transformation des viandes, le nettoyage, les installation techniques, et la réfrigération. Du coup, tout un groupe d'entreprises est au service de ce groupe principal, ce qui permet d'atteindre une bonne capacité de résistance face à l'adversité économique. En fait, la région de Girona a progressé très rapidement à l'international en termes de commandes industrielles, car notre marché territorial parvenait à saturation.

    Vous allez aussi me dire que la Costa Brava est le meilleur spot touristique du monde !

    Absolument ! Il n'existe sur la planète aucune autre zone qui offre autant de prestations. Le seul point faible de la Costa Brava est son ensoleillement, moins étendu que celui des régions situées plus au sud, en Espagne, en Afrique ou dans les Caraïbes. Mais son éventail de services est pratiquement imbattable, car nous avons le patrimoine, les sports, le golf, le cyclisme, le soleil évidemment, l'art, la gastronomie, des circuits sportifs et culturels multiples etc. J'ai visité de nombreuses autres régions plus ensoleillées du monde, mais nous avons quelque chose de plus par rapport aux pays instables. Il s'agit de la sécurité. 

    Les salaires de la province de Girona sont plus faibles que les nôtres, mais votre économie est bien plus riche...

    En fait, Girona s'en tire mieux que les autres régions de Catalogne et d'Espagne car nos industries sont très compétitives et pénètrent les marchés internationaux. Mais notre niveau salarial, c'est vrai, est relativement faible par rapport à la France, à l'Allemagne, à la Finlande, etc. C'est un avantage. Songez que le salaire moyen varie de 1,4, entre Girona et Perpignan. Et puis Girona ne reçoit pas de subventions, ce qui nous rend plus compétitifs, car lorsqu'on n'a pas d'aides, on se retrousse les manches. Le prix de revient de nos produits et leurs tarifs sur lemarché est intéressant. Notre productivité est supérieure à la moyenne espagnole, mais aussi à celle de Barcelone. Nous sommes très proches de la moyenne européenne. Et en termes de rentabilité, nous sommes à 5,2%, tandis que Barcelone est à 4,5%, selon les chiffres officiels de 2009. 

    La prochaine décennie connaîtra un rapprochement entre Perpignan et Girona. Quel rôle jouerez-vous ? 

    Notre rôle sera central, car la province de Girona jouit de sa position frontalière, c'est une constante des territoires frontaliers, qui exportent avant en premier vers le territoire voisin. La Catalogne du nord a tout intérêt à se relier à la Catalogne gironaise, car les Catalans d'ici, souhaitons exister en extension de l'Europe, en passant la France. La porosité des échanges économiques et culturels entre la France et l'Espagne deviendra imparable grâce à l'amélioration des infrastructures. Lorsque les travaux de la Ligne à Grande Vitesse seront terminés,  lorsque l'autoroute AP7/A0 et la route nationale NII  et votre route départementale 900 seront élargies, lorsque les accords interprofessionnels communs que nous encourageons entre Girona et Perpignan prendront corps, l'équipe de rugby de Girona sera l'USAP. 

    Ressentez-vous un intérêt de la population du Roussillon envers Girona ? 

    Tout le monde sait que le commerce de La Jonquera et de Roses profite de la clientèle française. Les Français y sont chez eux, et d'ailleurs nombreux sont ceux qui y habitent. Dans les milieux d'affaires, je ne vois aucune différence entre Perpignan et Girona. Je rencontre partout de nombreuses personnes bien formées au plan universitaire, et très professionnelles. A mon avis, nous pouvons travailler ensemble et partager notre stratégie de business, qui consiste à préferer la pérennité des activités à la croissance, car les augmentations de capital ont tendance à multiplier lele risque d'endettement. Historiquement, cette préférence est la force de notre région: défendre l'emploi territorial, évoluer, mais sans se croire trop importante, et sans arrogance. Cette pratique va à l'encontre des prérogative des grandes écoles et des universités, qui prennent généralement modèle sur les multinationales. 

    En Roussillon foisonnent les produits de la province de Girona: alimentation, salaisons, matières plastiques, etc. Pourtant, notre production de viandes est importante, mais elle ne pénètre pas votre marché. Vous n'aimez pas a saucisse et les extraordinaires vins du Roussillon ? 

    Les habitudes de consommation sont très difficiles à changer, et l'échange de produits dans les deux sens sera compliqué. Je suis convaincu que les produits français sont différents des produits espagnols. Lorsque Mercadona, qui est chez nous la chaîne de supermarchés la moins chère, cherche un fournisseur, le goût espagnol est exigé. Il faut savoir que que l'installation de McDonald's a été difficile en Espagne, pour des raisons de goût, car nous avons vécu en autarcie. Désormais, les habitants de Girona voyagent dans le monde grâce à Ryanair, mais c'est une tendance récente. Cependant, il est vrai qu'en ce début de rapprochement du territoire "Catalogne nord - Catalogne Sud", on trouve bien plus de produits du sud en vente du nord que l'inverse. Lorsque le mouvement sera devenu naturel, lorsque les Espagnols s'installeront sur le littoral de Catalogne du nord, comme le font les Français sur la Costa Brava, ce sera le signe que le mélange sera réel.

    Les artisans sud-catalans ont trusté le marché de la Cerdagne sous administration française, on peut voir à Perpignan des véhicules de produits surgelés de Girona, les éditeurs du Roussillon font travailler les imprimeries de Girona, etc. La faiblesse de vos salaires, et vostre fiscalité avantageuse, sont une menace pour nous ? 

    ... Oui, c'est une simple question de salaires. Mais Girona constitue actuellement un important foyer de progrès, avec un niveau de vie comparable à celui des Pays-Bas. De l'autre côté, chez vous, le sud de la France est plus pauvre, malgré des salaires plus élevés, mais pas sans notre haut niveau d'activité.

    Les bureaux de l'Agglomération Perpignan-Méditerranée à Girona sont inaugurés le 8 octobre, pour mieux vous "espionner"... Qu'en pensez-vous ?

    Ce sera fantastique pour Perpignan et Girona. Les liens entre Perpignan et Girona sont plus évidents qu'entre Perpignan et Barcelone, qui souffre d'un étrange complexe de "capitalité", alors que Girona est plus expansive. Pour preuve, nous avons trouvé des solutions anticrise à l'étranger. J'aimerais voir d'ici 2020 davantage de flux entre nos deux zones géographiques, ce qui vous permettrait de trouver des produits du Roussillon ici à Girona. Le flux unilatéral actuel sera alors complété par un flux inverse. Je souhaite que les biens et les personnes circulent plus, et mieux. Nous pourrons explorer ensemble des niches économiques, et valoriser nos différences et nos complémentarités, que nous ignorons encore. Depuis longtemps, les Français regardent vers le nord, comme le font les Italiens. Il s'agit maintenant de se tourner vers le sud. De notre côté, à Girona, nous avons déjà franchi le pas de regarder vers le nord, c'est à dire vers vous.

    Entretien Esteve Valls


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