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    Les naissances dans un zoo, c'est toujours un événement ! Retrouvez les plus adorables et exceptionnels animaux nouveaux-nés des zoos de France. Kaïlin et Gaya sont deux adorables panthères nébuleuses, aussi appelées panthères longibandes, nées à la ménagerie du Muséum national d'Histoire naturelle le 24 mars 2011. L'espèce est en danger d'extinction dans la nature.  © F-G Grandin / MNHN
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  • "Une vie meilleure" : la maturité de l'acteur Guillaume Canet

    Critique | LEMONDE | 03.01.12 | 23h37

    Leïla Bekhti et Guillaume Canet dans "Une vie meilleure", de Cédric Kahn.

    Leïla Bekhti et Guillaume Canet dans "Une vie meilleure", de Cédric Kahn.MARS DISTRIBUTION

    Sur certains panneaux, les affiches d'Une vie meilleure - qui montrent Guillaume Canet avec une jeune femme (Leïla Bekhti) ou un petit garçon (Slimane Khettabi) - sont agrémentées d'un slogan qui semble promettre une comédie sentimentale : "Un nouvel amour", "Un nouveau départ". La réclame n'est pas tout à fait honnête. C'est qu'il est difficile d'annoncer au chaland qui hésite à l'entrée du multiplexe qu'il va flirter avec la misère, fût-ce en compagnie d'une vedette de cinéma.

    Pourtant, la proposition est moins déprimante qu'il n'y paraît au premier abord. D'accord, Cédric Kahn ne travaille pas le lait de la tendresse humaine. Son ingrédient d'élection est la violence, celle des criminels (Roberto Zucco) ou celle qui se niche au creux de l'enfance (L'Avion) ou dans l'intimité des couples (Feux rouges). Cette fois, c'est l'argent qui servira d'instrument contondant. L'argent dont on a besoin, celui qui vient à manquer au moment crucial. La victime, plus ou moins consentante, s'appelle Yann. C'est un cuisinier qui rêve d'ouvrir un restaurant. Interprété par Guillaume Canet, Yann est une belle figure, complexe et changeante. La présence de son interprète tout au long du film permet à celui-ci de surmonter ses faiblesses et d'émouvoir plus, au final, que la comédie sentimentale qu'annoncent les affiches sur les quais de gare.

    Au hasard de sa quête d'un emploi mieux rémunéré que celui qu'il occupe dans une cantine, Yann a rencontré Nadia. La jeune femme élève seule son fils, Slimane, et bientôt le trio recompose une famille à laquelle il ne manque plus qu'un chez-soi. Un grand local désaffecté en forêt, découvert lors d'une promenade dominicale, va cristalliser le rêve de Yann. Il imagine un restaurant où tout le voisinage accourra. Pour donner une réalité à ce rêve, il se tourne vers la banque qui lui prête de l'argent, pas assez, bien sûr, surtout quand les travaux d'aménagement du restaurant se révèlent plus coûteux que prévu.

    Coincés entre les crédits revolving, les petits arrangements avec des prêteurs sans scrupule, Yann et Nadia voient leur vie voler en éclats. Bientôt, le jeune homme se retrouve seul avec Slimane. Le scénario (de Cédric Kahn et Catherine Paillé) enchaîne un peu mécaniquement ces coups du sort. Le travail de Guillaume Canet masque cette raideur jusqu'à la faire oublier. De séquence en séquence, on observe avec intérêt, passion parfois, la métamorphose du jeune homme arrogant qui bientôt ne peut plus compter que sur son intégrité pour lutter contre l'adversité.

    De toute évidence, Cédric Kahn a voulu tirer le portrait d'une société qui ne propose pour modèle que la réussite individuelle. Autour de Yann, les personnages secondaires semblent souvent n'avoir d'autre raison que de fournir un argument à la polémique : le banquier qui n'a d'autre souci que de placer ses prêts, la travailleuse sociale qui ne peut qu'annoncer les inévitables catastrophes... Leïla Bekthi elle-même, dont le personnage est mieux défini, n'échappe pas à cette vision délibérément schématique. Seul le jeune Slimane Khettabi parvient à sortir Guillaume Canet de sa magnifique solitude.

    La volonté de démonstration politique n'a pas que des inconvénients. L'indignation dont elle procède donne son rythme au film. Aux meilleurs moments (les duos entre Yann et Slimane, par exemple), Cédric Kahn et Guillaume Canet parviennent à conjuguer cette indignation et l'émotion brute d'un drame qui bouleverse une fois pour toutes l'existence d'un homme.


    Film français de Cédric Kahn avec Guillaume Canet, Leïla Bekhti et Slimane Khettabi. (1 h 50.)

    Thomas Sotinel


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  • Au Maroc, les islamistes entrent au palais

     

    Par Thierry Oberlé Mis à jour <time class="updated" datetime="03-01-2012T23:03:00+02:00;">le 03/01/2012 à 23:03</time> | publié <time datetime="03-01-2012T20:55:00+02:00;" pubdate="">le 03/01/2012 à 20:55</time>

     

    Le roi Mohammed VI et son fils le prince Moulay Hassan, hier à Rabat, au côté du premier ministre Abdellilah Benkirane (à droite).
    Le roi Mohammed VI et son fils le prince Moulay Hassan, hier à Rabat, au côté du premier ministre Abdellilah Benkirane (à droite). Crédits photo : AZZOUZ BOUKALLOUCH/AFP

    Mohammed VI a désigné son nouveau gouvernement dirigé par Abdellilah Benkirane. Un peu plus d'un tiers des ministres sont issus du PJD.

    Quarante jours après le raz de marée islamiste des élections législatives, l'architecture du nouveau pouvoir est en place au Maroc. Mohammed VI a nommé hier le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane, le chef du Parti de la justice et du développement (PJD). Le roi a confié un peu plus d'un tiers des portefeuilles à des membres du parti qui domine désormais le Parlement. Des personnalités issues principalement des rangs de l'Istiqlal, l'un des partis historiques du pays, arrivé en deuxième position au scrutin du 25 novembre, du Mouvement populaire (NP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-communiste) complètent l'équipe.

    Si le monarque reste le maître du jeu politique, il va devoir composer en vertu de la nouvelle Constitution avec un gouvernement aux pouvoirs élargis.

    Signe de changement, Mohammed VI a entériné l'arrivée au ministère de la Justice de Moustapha Ramid en dépit d'une polémique sur cet avocat au profil plutôt turbulent. Chantre de la lutte contre la corruption, un sujet de préoccupation majeur pour l'opinion publique, il est connu pour ses positions en faveur d'une réduction des prérogatives royales. Moustapha Ramid s'était également distingué en s'opposant à la venue au Maroc du chanteur britannique Elton John qui avait affirmé que Jésus-Christ était homosexuel.

    Saad Eddine el-Othmani hérite, pour sa part, du prestigieux ministère des Affaires étrangères. Un autre poids lourd du PJD, Lhacen Daoudi, obtient l'Enseignement supérieur et la Recherche.

    Une contestation essoufflée

    Les ministères régaliens comme la Défense et l'Intérieur échappent en revanche aux islamistes avec les nominations respectives de Abdellatif Loudiyi, un «indépendant» et de Mohand Laenser, le secrétaire général du MP. Tout comme les affaires… islamiques, ce qui n'a rien de surprenant dans un royaume où le souverain incarne la religion. Enfin, l'Économie et les Finances sont confiées à Nizar Baraka, le gendre de l'ex-premier ministre Abbas el-Fassi.

    Le gouvernement Benkirane, en dépit de probables tiraillements entre les conseillers du palais et certains ministres, devrait bénéficier au cours des prochaines semaines d'une lune de miel. Les islamistes du PJD dont le monarchisme n'a jamais été pris en défaut parviennent en effet aux affaires dans un climat de relative confiance. Ils représentent, pour l'instant, une force alternative et neuve. Abdellilah Benkirane, qui va présenter sa déclaration de politique générale, a déjà indiqué qu'il plaçait les questions sociales au centre de son action.

    Sous l'influence des révolutions dans les pays d'Afrique du Nord, les élections législatives avaient été avancées d'un an. Il s'agissait de désamorcer le mouvement du 20 février qui mobilisait une partie de la jeunesse. La contestation a fini par s'essouffler. Voici quelques jours, l'organisation Justice et Bienfaisance, la secte religieuse du cheikh Yassine a annoncé son retrait de l'alliance du 20 février. Après sa victoire électorale, le PJD avait invité les islamistes radicaux à faire progresser leurs idées dans le cadre des institutions. Justice et Bienfaisance n'en est pas encore là, mais la menace de troubles semble s'éloigner.

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  • "Louise Wimmer" : une guerrière sur le front de la précarité

    LEMONDE | 03.01.12 | 17h55   •  Mis à jour le 03.01.12 | 23h44

     

     

    Corinne Massiero, avec son mélange de brutalité et d'élégance, repart sans cesse à l'assaut - ici, le 8 décembre 2011 lors du Festival international du film à Marrakech.

    Corinne Massiero, avec son mélange de brutalité et d'élégance, repart sans cesse à l'assaut - ici, le 8 décembre 2011 lors du Festival international du film à Marrakech.AFP/VALERY HACHE

    Louise Wimmer est un premier long-métrage qui honore le cinéma français. Résumé de manière à faire fuir les plus téméraires, il s'agit de l'histoire d'une femme de milieu modeste, qu'un divorce fait chuter brutalement dans la spirale de la précarité. En réalité, c'est Mission impossible en Franche-Comté, tourné sans trucages, avec une SDF dans le rôle de Tom Cruise. Un récit de survie hypertendu en milieu hostile, scandé par la rage apocalyptique d'un negro spiritual de Nina Simone (Sinnerman, 1965), rédimé par la grâce ambiguë d'un petit bijou de pop orchestrale (Days of Pearly Spencer, de David McWilliams, 1967).

    Dissimulé dans une section parallèle de la Mostra de Venise en septembre 2011, le film y a été immédiatement repéré, enchaînant depuis lors avec un bonheur communicatif festivals et avant-premières. Croisés rapidement, mais chaudement, sur un Lido de Venise en ébullition, on retrouve à Paris, dans un café vide du 3e arrondissement, les deux principaux artisans de cette réussite : le réalisateur Cyril Mennegun, 36 ans, barbu discret, posé, droit dans ses bottes, et l'actrice Corinne Masiero, 47 ans, grande rousse excentrique, avatar moderne de la reine du cancan Louise Weber, dite "La Goulue", immortalisée par Toulouse-Lautrec.

    Rencontre sans chichis, dense et rayonnante. A mille lieues du cirque promotionnel, avec ses numéros de charme frelatés et sa goujaterie empressée, où cela fait beau temps qu'on ne sait plus ce que parler veut dire. C'est que ces deux oiseaux-là détonnent dans le paysage. "Corinne et moi, rien ne nous destinait à faire du cinéma. Nous venons de la vraie France, et nous sommes de vrais prolos, de génération en génération. C'est peut-être pour ça qu'on fait du cinéma de manière non bourgeoise." Ni orgueil ni mépris, pourtant, dans ce propos de Cyril Mennegun. Simplement, comme le précise Corinne Masiero, une manière de ne pas se renier : "La culture ouvrière, c'est une grandeur et c'est un enfer. Alors, on ne pense qu'à s'arracher de là, et quand on y arrive, il s'agit de ne pas oublier d'où on vient, ou pire, de faire croire qu'on vient d'ailleurs ."

     

    Image tirée du film "Louise Wimmer"

    Image tirée du film "Louise Wimmer"© Haut et Court

    Rien de rhétorique là-dedans. Une latitude nord-est les réunit sous un horizon prolétarien en berne. Roubaix pour Corinne, où le grand-père mineur meurt de la silicose, la mère fait des ménages et le père est moniteur d'auto-école. Belfort pour Cyril, qui y poursuit une scolarité chaotique, passe un CAP de vente et finit par ouvrir un camion à pizza avec sa mère. Comment échappent-ils, l'une au textile, l'autre à Peugeot, mais plus sûrement encore au chômage, qui ravage l'une et l'autre de ces villes ? Pour lui, c'est la fréquentation assidue des Entrevues de Belfort, l'un des meilleurs festivals de cinéma en France, qui lui loge l'idée et le goût dans la tête.

    Il voit aujourd'hui un signe dans la simple dédicace que lui avait signée un vieux monsieur dont, adolescent, il ignorait alors l'identité : "Bonne chance dans la vie." Le paraphe était de Samuel Fuller. Pour elle, c'est une pure affaire de tempérament : "J'aurais jamais imaginé faire ça. C'est venu tardivement, à 28 ans. Je me suis formée sur le tas, par le théâtre de rue, un peu par accident parce que, de toute façon, quand ça m'intéresse pas, j'y vais pas."

    Tandis qu'elle enchaîne les petits rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma, il entame, de chic, une carrière de documentariste, signant notamment en 2005 Tahar l'étudiant, un portrait du Belfortain d'origine Tahar Rahim, qui n'était pas encore l'acteur qu'il est devenu (Un prophète, de Jacques Audiard, 2008).

    C'est la réalisatrice Josée Dayan qui, sans le savoir, scelle la rencontre de Cyril et Corinne. La scène se déroule en février 2008, rassemble Mennegun, un canapé, une zappette et la télévision. Le réalisateur cale un peu sur son scénario : il lui manque le corps, la chair, le regard qui va donner vie à son personnage. Sur France 2 passe alors le polar Sous les vents de Neptune, un épisode de la collection Fred Vargas. Mennegun tombe en arrêt devant cette forte femme qui interprète le lieutenant Violette Retancourt : "Ah purée ! c'était elle. Ça s'est décidé sur un plan très court, qui était en fait un plan volé, où elle éclate de rire dans une voiture."

    Ils se voient rapidement, s'entendent, se reconnaissent. Corinne Masiero, qui a d'abord cru à une blague, tombe sous le charme : "Bon, d'abord, refuser un premier rôle, c'est difficile. Ensuite, les scénarios, je ne les lis pas, je m'endors au bout de trois pages. Ce qui m'a plu, c'est la rareté du projet : raconter le parcours d'une chômeuse de 50 balais sans tomber dans les clichés, mêler l'élégance au trash. Le trash, la provocation, l'outrance, c'est plutôt mon truc. Mais Cyril m'a obligée à utiliser d'autres outils, à aller chercher des choses à l'intérieur, à déposer l'armure. Ça, ça n'a pas été facile."

    Pour le cinéaste, la rencontre libère l'écriture : "Je n'ai jamais fait un film pour faire un film. Il me faut connaître la personne, m'inspirer d'elle pour construire, avec elle, le personnage. Il y a tellement de doutes. C'est Corinne qui m'a donné le courage d'aller jusqu'au bout." Même si l'histoire s'inspire de femmes côtoyées par le réalisateur, de mille détails observés dans son entourage, il l'écrit désormais "sur mesure pour elle", impose la présence de l'actrice auprès des partenaires financiers. Pas une mince affaire par les temps qui courent.

    Tout ce que le système français compte de soutien (avances sur recettes, régions, télés...) le suivra à hauteur de 1 700 000 euros. La société de distribution Haut et court s'engage également très tôt pour assurer à ce film à tous égards inconnu une "belle sortie" : soixante salles, dont une dizaine à Paris.

    Premier long-métrage de fiction pour le réalisateur, premier rôle principal pour son actrice, Louise Wimmer est aussi une "première fois" pour son producteur, Bruno Nahon, et son chef opérateur, Thomas Letellier. Ils peuvent légitimement en être très fiers.

    À lire : la critique du film par Thomas Sotinel.


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  • Justice: premières audiences pour les citoyens assesseurs

     

    Par Laurence De Charette Mis à jour <time class="updated" datetime="03-01-2012T23:06:00+02:00;">le 03/01/2012 à 23:06</time> | publié <time datetime="03-01-2012T20:30:00+02:00;" pubdate="">le 03/01/2012 à 20:30</time>

     

    Audience à la cour d'appel de la chambre correctionnelle de Dijon. Pendant toute la durée de leur mission, les citoyen assesseurs siègent aux côtés des magistrats.
    Audience à la cour d'appel de la chambre correctionnelle de Dijon. Pendant toute la durée de leur mission, les citoyen assesseurs siègent aux côtés des magistrats. Crédits photo : JEFF PACHOUD/AFP

    Au tribunal correctionnel de Toulouse, les nouveaux jurés ont jugé des agresseurs sexuels.

    Ils attendent consciencieusement dans le vaste hall du tribunal de grande instance de Toulouse, sacoche en main, avec au visage les traits un peu tendus de ceux qui se rendent à un entretien d'embauche. Anne-Marie, salariée d'une banque, Frédéric, conseiller-vente dans un magasin de bricolage, Laure qui travaille dans une agence immobilière et Bernard, retraité de l'aéronautique, sont les premiers citoyens assesseurs de la juridiction de la cour d'appel toulousaine, l'une des deux cours hexagonales chargées d'expérimenter la participation des jurés aux audiences correctionnelles.

    Avant les fêtes, au début du mois de décembre, ils ont suivi une journée d'information au tribunal, avant de visiter, les uns, une maison d'arrêt, les autres, un établissement pour peine. «Des bâtiments bien entretenus, avec des salles de sport», a noté Anne-Marie. Visiblement vêtus avec soin, ces pionniers ne cachent pas une forme de fierté, mais aussi de crainte, face à la mission qui leur est confiée: juger, aux côtés des magistrats professionnels, des auteurs de délits passibles de plusieurs années de prison. Ces temps-ci, Frédéric peine à trouver le sommeil…

    Après avoir solennellement prêté serment face aux magistrats professionnels, c'est d'un pas hésitant qu'il rejoint l'estrade, de l'autre côté de la barre, pour prendre place dans l'imposant fauteuil noir installé pour lui à droite du président d'audience. Pendant quinze jours, il va siéger à cette place en présence de trois magistrats professionnels, avant de pouvoir se glisser à nouveau dans sa vie quotidienne après une expérience que son entourage lui a prédit «enrichissante». En face, sur les bancs des avocats, on affiche une prudence parfois teintée d'une pointe de sarcasme. Le défenseur d'un auteur d'agression sexuelle tord le nez en constatant que l'un des deux citoyens assesseurs chargé de «son» audience est une femme «aujourd'hui, c'est un peu tôt, mais à l'avenir, il faudra penser à étudier les profils des citoyens assesseurs pour demander d'éventuelles récusations», prévoit-il.

    Un dossier assez mince

    Dans la salle voisine, Youssouf, un jeune homme accusé d'avoir abusé de l'une de ses amies après une soirée arrosée, s'est dispensé d'avocat - il dispose lui-même d'un talent d'orateur supérieur à la moyenne. La jeune femme qui l'a hébergé un soir de match a porté plainte avec le sentiment, résume le président de l'audience, que «quelque chose s'est passé sans son consentement». En l'absence de certificat médical, le dossier reste toutefois assez mince, d'autant que la victime dont la mémoire a été troublée par une forte absorption d'alcool ne s'est pas rendue à l'audience. Seuls éléments matériels: des SMS exprimant un très vif regret envoyés dans les jours qui ont suivi par Youssouf à son amie.

    «C'est un dossier difficile, sans preuve évidente, où tout se joue parole contre parole… C est typiquement le genre d'affaires où la présence de jurés peut faire basculer le sens du jugement», analyse un magistrat présent à l'audience. Or, l'accusé se défend pied à pied, martelant qu'il a cessé toute tentative «dès qu'elle a dit clairement non, N-0-N, trois lettres qu'il connaît bien», assure-t-il. Après quinze minutes de délibéré, les trois magistrats et leurs nouveaux assesseurs décident d'un acquittement au bénéfice du doute. Le parquet avait requis un an avec sursis.

    Visiblement fatigués, les jurés finissent par quitter le tribunal en tentant d'éviter les questions des journalistes pour ne pas rompre le secret du délibéré auquel ils sont tenus. «J'ai vu la justice de l'intérieur, c'est à peu près conforme à l'idée que je m'en faisais», explique Anne- Marie. De son côté, Bernard réfléchit déjà à de possibles améliorations de la procédure. Les magistrats toulousains, qui ont accepté de jouer le jeu de l'expérimentation, s'inquiètent toutefois d'un allongement de la durée des audiences. «On verra certainement que ceux qui misent sur une sévérité accrue des citoyens-assesseurs se trompent», pronostique Michel Vallet, procureur de Toulouse.

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