• La fraude dans les transports coûte «600 millions d’euros par an»

    Créé le 27/11/2013 à 20h14 -- Mis à jour le 27/11/2013 à 20h43
    Jean-Pierre Farandou, président de Keolis
    <aside>

    Jean-Pierre Farandou, président de Keolis S.ORTOLA/20MINUTES

    </aside>

    TRANSPORTS - Le président de Keolis, filiale de la SNCF en charge du transport dans de nombreuses agglomérations françaises, veut faire de la fraude sa «priorité» pour 2014...

    La fraude sera la «thématique numéro un» du groupe Keolis en 2014. L’entreprise, filiale de la SNCF et qui exploite une grande partie des réseaux urbains en France, veut mettre en place un système dissuasif dès l’année prochaine, a annoncé son président Jean-Pierre Farandou, depuis les 24èmes rencontres nationales du transport public, qui se tiennent à Bordeaux jusqu’au 29 novembre.

    «C’est un véritable sujet de fond pour nous, s’inquiète Jean-Pierre Farandou. Il est normal de demander aux usagers d’apporter leur écot au service proposé, surtout quand on sait qu’en France, les usagers payent entre 30 et 33% du coût réel du transport. S’acquitter du prix du transport, c’est un acte citoyen, et c’est un enjeu économique très fort pour les acteurs du transport » clame le dirigeant.

    La SNCF a estimé à environ 400 millions d’euros par an le coût de la fraude sur son réseau, la RATP à 100 millions d’euros, «et nous estimons qu’elle coûte encore 100 millions d’euros sur le reste du réseau du transport urbain en France » révèle Jean-Pierre Farandou. «Nous arrivons donc à 600 millions d’euros par an! Nous n’avons pas l’ambition de pouvoir tout récupérer, mais au moins une grande partie.»

    «C’est M. et Mme Tout le Monde qui fraude…»

    Jean-Pierre Farandou explique que «du côté de Keolis nous avons essayé de comprendre d’où venait cette fraude. » «Nous avons un taux de fraude moyen de 10% sur l’ensemble de notre réseau. On pourrait donc croire qu’il y a 10% de fraudeurs. Et bien pas du tout. Nous avons identifié 60% de personnes qui ont fraudé au moins une fois sur notre réseau. Donc, c’est M. et Mme tout le monde qui fraude en réalité. Il faut donc que nous apportions des solutions pour les dissuader, qui vont de la tarification sociale à la tarification pour les trajets courts. Les applications smartphone pour payer son ticket à distance sont aussi une solution.»

    «Tous les moyens seront bons pour combattre ce fléau, poursuit le président du groupe, et nous allons demander à nos personnels administratifs de venir prêter main forte, de manière ponctuelle, aux contrôleurs, dont la tâche est difficile.»

    Cette directive sera appliquée sur l’ensemble du réseau de Keolis, «mais la ville de Lille sera notre priorité car, suite à la mise en place de la nouvelle billétique, nous avons constaté une forte augmentation de la fraude.»

    Mickaël Bosredon

    votre commentaire
  • Le Sénat rejette en première lecture le budget 2014

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2013-11-27T18:02:10+01:00" itemprop="datePublished">27.11.2013 à 18h02</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-27T20:08:18+01:00" itemprop="dateModified">27.11.2013 à 20h08</time>

    lien 

    Partager google + linkedin pinterest

    <figure class="illustration_haut"> Au palais du Luxembourg, en octobre 2012. </figure>

    Le Sénat a rejeté, mercredi 27 novembre, en première lecture le budget 2014, les communistes comme la droite ayant voté contre tandis que les écologistes se sont abstenus.

    La première partie du projet de loi de finances qui concerne les recettes n'ayant pas été adoptée, l'ensemble du texte est considéré comme rejeté. Le gouvernement avait demandé mercredi un vote bloqué sur le volet dépenses, excluant ainsi la plupart des amendements qui avaient été apportés au texte.

    « Les votes des amendements votés au Sénat vont revoir à la hausse de 10 milliards le déficit budgétaire », ce qui est contraire à l'objectif du gouvernement, avait déclaré le ministre du budget, Bernard Cazeneuve, en annonçant cette décision.

    VOTE BLOQUÉ

    Cette mesure, définie dans l'article 44 de la Constitution, permet, « si le Gouvernement le demande », que « l'assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement ».

    Au lieu de voter la loi article par article et chaque amendement, l'Assemblée est alors obligée de voter en bloc le texte – ou une partie de celui-ci si le gouvernement préfère –, et donc de l'approuver ou de le rejeter.

    Ont voté contre le texte 180 sénateurs (UMP, PCF et une grande partie des centristes) alors que 143 ont voté pour (PS et RDSE à majorité PRG), les écologistes et quelques centristes s'abstenant.


    votre commentaire
  • ITALIE:  Berlusconi déchu de son poste de sénateur

    Outils

    Silvio Berlusconi. AFP

    Silvio Berlusconi. AFP

    Au centre de la vie politique italienne depuis 20 ans, Silvio Berlusconi a été chassé ce mercredi du parlement après une infamante condamnation pour fraude fiscale, mais a promis de «continuer à combattre».

     

    Vers 17 h 45 ce mercredi, le président du Sénat Pietro Grasso a annoncé la fin d’une série de votes techniques qui ont débouché sur l’éviction du Cavaliere, mettant fin à 20 ans de présence ininterrompue sur les bancs du parlement.

    Moins d’une demi-heure auparavant, le Cavaliere parlait encore devant des milliers de partisans rassemblés devant son palais romain. Déjà résigné à l’issue du vote, il a annoncé qu’il «continuerait à combattre». «Je ne me retirerai pas dans un couvent, nous sommes ici, vous êtes ici, nous serons là», a-t-il martelé, alors que ses fidèles agitaient des drapeaux de son parti «Forza Italia» et criaient «Silvio Silvio».

    L’issue des scrutins qui ont fait suite à une longue journée de débats était connue puisque la gauche et le Mouvement Cinq Etoiles de l’ex-comique Beppe Grillo unissaient leurs voix pour voter la destitution de Berlusconi.

    Le vote est le résultat d’une loi adoptée en 2012 prévoyant l’inéligibilité pendant six ans de tout élu condamné à une peine de plus de deux ans de prison (le Cavaliere s’est vu infliger quatre ans, dont trois annulés par une amnistie).

    «Aucun leader politique n’a jamais subi une persécution comme celle que j’ai vécue», s’est plaint l’ex-chef du gouvernement, évoquant même «un peloton d’exécution» et accusant «une magistrature communiste d’avoir ouvert la route à la conquête du pouvoir par la gauche».

    La destitution de M. Berlusconi n’aura a priori pas d’impact sur le gouvernement gauche-droite d’Enrico Letta qui peut compter sur la fidélité de ses ministres de droite et de 50 parlementaires ex-berlusconiens regroupés sous l’appellation Nouveau Centre droit.

    Pendant les débats au Sénat, Alessandra Mussolini, petite-fille du dictateur italien Benito et sénatrice ultra-fidèle du Cavaliere, les a accusés d’»être uniquement intéressés par leurs fauteuils».

    Privé de son immunité parlementaire, M. Berlusconi pourrait-il être arrêté dans le cadre de l’une des procédures judiciaires à son encontre ? «C’est une hypothèse absurde, complètement irréelle», a assuré Franco Coppi, l’un de ses avocats, invoquant sa position politique et son âge.

    Jusqu’au dernier moment, Silvio Berlusconi a tenté d’éviter son humiliante expulsion en présentant de «nouvelles preuves» pour demander une révision du procès Mediaset qui a abouti à sa première condamnation définitive en 20 ans d’ennuis judiciaires. Le Cavaliere a en outre déposé des recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.

    Mercredi il s’est dit convaincu qu’il obtiendrait «un renversement total des décisions qui aboutiront à un non-lieu complet».

    Sur le plan politique, il restera à la tête de son parti refondé Forza Italia qui, en cas d’élections anticipées, obtiendrait avec ses alliés de droite de 34,5 à 37% des voix contre 31 à 33% pour le centre gauche, selon de récents sondages.

    A la fin de son discours, il a donné rendez-vous à ses militants «pour une Italie plus démocratique, plus libre, de plus grand bien-être», promettant que lors de la prochaine campagne électorale qui pour lui commence déjà, sa formation «réussira à changer le pays».

    AFP


    votre commentaire
  • L'Ukraine affirme continuer de chercher

    un accord avec l'UE

    Créé le 27/11/2013 à 10h00 -- Mis à jour le 27/11/2013 à 19h40
     Des partisans de la chef de file de l'opposition ukrainienne, Ioulia Timochenko, le 27 novembre 2013 à Kiev 
    <aside>

    Des partisans de la chef de file de l'opposition ukrainienne, Ioulia Timochenko, le 27 novembre 2013 à Kiev Genya Savilov AFP

    </aside>

    Kiev - L'Ukraine a affirmé mercredi continuer de rechercher la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne à de meilleures conditions, à la veille du sommet du Partenariat oriental de l'UE à Vilnius, sur fond de nouvelles manifestations pro-européennes.

    «Je déclare en toute responsabilité que le processus de négociations sur la signature d'un accord d'association se poursuit, et que le travail visant à rapprocher le pays des standards européens ne s'arrête pas un seul jour», a indiqué le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, lors de la réunion du gouvernement mercredi.

    Il s'agit de la première réunion du gouvernement ukrainien depuis l'annonce la semaine dernière de M. Azarov du rejet par l'Ukraine de cet accord historique entre l'ancienne république soviétique et l'UE.

    Le Premier ministre avait alors expliqué la décision du gouvernement «exclusivement par des raisons économiques», en soulignant qu'elle ne remettait pas en cause l'orientation européenne du pays, avant de reconnaître mardi -- pour la première fois -- que l'Ukraine avait été dissuadée de signer par la Russie.

    Moscou presse Kiev d'adhérer à l'Union douanière créée par la Russie avec d'autres ex-républiques soviétiques.

    L'Ukraine, c'est l'Europe

    La chancelière allemande Angela Merkel a rappelé mercredi à la Russie que «la guerre froide est finie», en appelant les autorités russes à «surmonter cette mentalité du +soit l'un, soit l'autre+». L'UE «continuera à inviter» Kiev à un partenariat oriental, a-t-elle souligné, lors d'une conférence de presse à Berlin.

    L'Union européenne a sous-estimé les capacités de «chantage» et de «pression» de la Russie face à l'Ukraine, a affirmé pour sa part le président polonais Bronislaw Komorowski. «Bruxelles a commis une erreur de jugement du fond du problème dans les relations UE-Ukraine», a-t-il estimé dans une interview au quotidien Gazeta Wyborcza.

    De son côté, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé mardi soir que l'Ukraine attendrait de meilleures conditions pour signer un accord d'association avec l'UE.

    «Dès qu'on atteindra (dans les négociations avec les Européens, ndlr) un niveau confortable pour nous, celui qui correspondra à nos intérêts, quand nous pourrons nous mettre d'accord sur des conditions normales, nous pourrons parler de la signature» de ce document, a-t-il déclaré à des chaînes de télévision ukrainiennes.

    L’Ukraine, c'est l'Europe

    Les manifestations de l'opposition ukrainienne pro-européenne se poursuivaient mercredi en Ukraine pour la quatrième journée consécutive, rassemblant quelque 3.000 personnes à Kiev et environ 15.000 à Lviv (ouest).

    L'Ukraine, c'est l'Europe

    Les organisateurs des protestations sur la place de l'Indépendance à Kiev, haut lieu de la Révolution orange pro-occidentale de 2004, ont indiqué s'attendre à un afflux important après 17H00 GMT.

    Dans la matinée, un millier de manifestants s'étaient déjà réunis devant le bâtiment du gouvernement en plein centre Kiev en scandant «Honte!».

    L'opposition multiplie les pressions sur les autorités à l'approche du sommet du Partenariat oriental de l'UE à Vilnius, au cours duquel aurait du être signé un accord d'association UE-Ukraine.

    Le sommet aura lieu jeudi et vendredi dans la capitale de la Lituanie, pays assurant la présidence semestrielle de l'UE.

    L'opposante et ex-Premier ministre ukrainienne emprisonnée, Ioulia Timochenko, qui a entamé lundi une grève de la faim par solidarité avec les manifestants, a appelé tous les partis d'opposition à s'unir pour obtenir la signature de l'accord.

    «Notre objectif, c'est l'Europe. L'Ukraine, c'est l'Europe. Notre unité, c'est la base de notre victoire absolue. Soit l'accord est signé, soit Ianoukovitch n'est plus président», a déclaré Mme Timochenko, dans une adresse aux manifestants pro-européens, diffusée mardi soir par sa fille Evguenia.

    Mme Timochenko purge une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir, condamnation qu'elle dénonce comme une vengeance politique. Elle est hospitalisée sous surveillance depuis avril 2012 à Kharkiv (est) pour des hernies discales.

    Mardi, le ministre des Affaires étrangères lituanien, Linas Linkevicius, a estimé que l'accord Ukraine-UE avait encore une chance d'être signé avec la confirmation de la venue du président Ianoukovitch au sommet de Vilnius.

    Les dirigeants de l'opposition ukrainienne ont également annoncé leur déplacement à Vilnius dès mercredi pour défendre leur cause pendant le sommet.

    © 2013 AFP

    votre commentaire
  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Harcèlement scolaire : l'école entre timidement en campagne

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-11-27T18:34:15+01:00" itemprop="datePublished">27.11.2013 à 18h34</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-27T18:42:45+01:00" itemprop="dateModified">27.11.2013 à 18h42</time> | Par

    lien 

    Partager google + linkedin pinterest

    <figure class="illustration_haut">

    Le ministre de l'éducation, Vincent Peillon.

    </figure>

    « Briser la loi du silence ». C'est l'objectif des huit mesures au cœur de la campagne Agir contre le harcèlement à l'école, dévoilée mardi 26 novembre par le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon. Une campagne qui vise à poursuivre et approfondir les acquis de la précédente – la première en la matière –, initiée en janvier 2012 par Luc Chatel après des assises sur ce thème en 2011. « Mais il manquait la deuxième partie, c'est-à-dire les outils, les moyens de prise en charge et, en particulier, de formation des personnels », estime le ministre socialiste. Ce qu'il annonce « mettre en place aujourd'hui ».

    Ces outils reprennent surtout ceux qui existaient déjà : site internet, rénové, avec des ressources et des conseils aux élèves victimes, aux familles et aux témoins, numéro vert d'assistance (implémenté en 2009 par la Commission européenne), partenariat entre l'association e-Enfance et Facebook (depuis 2011) pour intervenir dans les classes à propos du cyberharcèlement – et parfois bloquer les comptes des harceleurs –, ou encore clips vidéo de sensibilisation. Cette fois avec deux personnalités, Chimène Badi et Christophe Lemaitre.

    Lire : «  Peillon lance une campagne contre le harcèlement scolaire »

    « ON EST ALLÉ BEAUCOUP PLUS LOIN »

    « C'est que c'est plus qu'une campagne à proprement parler, on est allé beaucoup plus loin », estime Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, un poste créé il y a tout juste un an – façon, pour l'éducation nationale, de « reconnaître qu'il faut mener une action spécifique contre les violences scolaires, et [de] se doter des moyens de le faire », avait alors déclaré Vincent Peillon.

    Une nouveauté : un programme de formation à l’Ecole supérieure de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche (Esen) impliquant, sur trois ans, 500 professionnels pouvant être confrontés au problème du harcèlement scolaire : référents académiques et départementaux « harcèlement », personnels sociaux et de santé, référents « gestion de classe », membres des équipes mobiles de sécurité. Mais face à 12 millions d'écoliers, le chiffre peut toutefois sembler dérisoire.

    Le ministère lui-même estime que « 10 % des écoliers et des collégiens rencontrent des problèmes de harcèlement et que 6 à 7 % d'entre eux subissent un harcèlement que l'on peut qualifier de sévère à très sévère ». Aussi louables soient les objectifs de ces campagnes de sensibilisation et de prévention, ces chiffres alarmants posent donc la question de leur efficacité face à un phénomène insidieux amplifié par les réseaux sociaux.

    UNE CAMPAGNE « CRUELLEMENT IRONIQUE » POUR CERTAINS

    Quand le 6 janvier 2012, Luc Chatel, alors ministre de l'éducation nationale, dévoile sa campagne, il souhaite « lever le tabou » sur « cette forme de violence à bas bruit aux conséquences parfois dramatiques et irréversibles » après le suicide, trois jours plus tôt, de Pauline, une collégienne de 12 ans harcelée par ses camarades. Malgré l'espoir alors formulé par la mère de la victime que des mesures ambitieuses soient votées afin d'éviter qu'un tel drame ne se reproduise, l'histoire se répète avec – entre autres incidents – un nouveau suicide, le 13 février 2013, celui de Marion, une collégienne de 13 ans harcelée verbalement et physiquement sans relâche par ses « camarades ».

    Avec une différence notable : cette fois, les parents ont décidé de porter plainte contre l'éducation nationale. « Pour les autres enfants (...). Et puis c'est très difficile de faire face à ce silence, à ce mépris de l'éducation nationale », pointe la mère de Marion, Nora Fraisse, à l'antenne d'Europe 1. Sollicité par le Monde.fr, l'avocat de la famille de Marion, Me David Père, explique qu'il est « cruellement ironique que l'éducation nationale propose cette campagne aujourd'hui alors que les trois courriers envoyés à Vincent Peillon, pour demander une enquête administrative ayant vocation à éviter d'autres drames, sont restés lettre morte, aucune réponse ni accusé de réception ».

    RECONNAITRE LE HARCÈLEMENT DANS LE CADRE SCOLAIRE COMME UN DÉLIT

    L'avocat regrette « une campagne politicienne, certes pleine de bons sentiments », mais qui évite de poser le vrai problème : « Il faut que des sanctions pénales appropriées visent ce délit-là dans le cadre scolaire. » D'un point de vue pénal, en effet, le harcèlement n'existe pas en milieu scolaire, mais seulement dans le cadre du travail et au sein du couple. « Certes, le droit pénal n'est pas une solution à tout, mais il faut la création d'un délit qui réprime pénalement le harcèlement à l'école », insiste Me Père.

    Interrogé sur ce point, Eric Debardieux rappelle que le « cadre législatif obligeant de prendre en charge le harcèlement à l'école existe d'une certaine façon avec la loi de refondation de l'école du 8 juillet 2013 ». La campagne d'aujourd'hui est donc « complémentaire », puisqu'elle permet de « sensibiliser l'opinion publique et de former des professionnels qui peuvent être confrontés au problème ».

    « Malheureusement, ces drames continueront d'exister », consent Eric Debardieux, qui rappelle qu'« on ne parle du problème que depuis trois ans. Cette campagne va beaucoup plus loin que la précédente, ce n'est pas un “coup médiatique”, c'est une immense avancée dans la lutte contre le harcèlement à l'école ». Directeur de l'Observatoire international de la violence à l'école (OIVE), M. Debarbieux présidait le conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l'école (avril 2010) organisés par Luc Chatel : « C'est un travail de long terme, les Finlandais ont mis quinze ans pour diviser le harcèlement scolaire par trois. »

    UNE LUTTE CONTRE LE « CYBERHARCÈLEMENT » ENCORE BALBUTIANTE

    Au-delà de la sensibilisation du grand public, la lutte contre le « cyberharcèlement » (harcèlement en ligne) se veut le fer de lance de l'actuelle campagne à l'heure où 40 % des élèves français disent avoir subi une agression en ligne. En mai 2011, Luc Chatel avait annoncé un partenariat en « direct » entre l'éducation nationale et Facebook pour lutter contre le cyberharcèlement et faire fermer les comptes des agresseurs. Il s'agit en réalité d'un partenariat qui passe par l'association e-Enfance – agréée par le ministère sur le sujet du numérique à l'école.

    Le partenariat est toujours d'actualité et la directrice de l'association, Justine Atlan, fait état d'« une cinquantaine de fermetures de comptes » en partenariat avec Facebook depuis deux ans. Si le chiffre peut paraitre faible, Justine Atlan explique qu'e-Enfance n'intervient auprès du réseau social que dans les cas les plus graves où, malgré plusieurs avertissements de Facebook après un signalement d'abus de la part de la victime par la voie classique, le harceleur continue.

    La nouvelle campagne reprend aussi l'idée d'un « guide de prévention du cyberharcèlement », qui existait déjà sous Luc Chatel. Une réponse qui peut paraitre timide pour un enjeu mis au cœur de la campagne. « Mais le problème du cyberharcèlement, c'est qu'il ne relève pas vraiment de l'éducation nationale. C'est une problématique à cheval entre les domaines privé et public. Les élèves ne sont pas censés avoir de smartphones dans l'enceinte de l'école », souligne Justine Atlan.   L'éducation nationale ne peut donc pas faire beaucoup plus que de donner les informations et mettre à disposition des acteurs, comme nos intervenants, pour en parler dans les classes ».

    En terme de financement de la campagne, Eric Debarbieux n'a pas donné de chiffres, parlant d'une initiative « largement financée par la Maïf, la MAE et la Fondation de France », mais qui a surtout mobilisée « beaucoup de bénévoles, dont Chimène Badi et Christophe Lemaitre ».

    </article>

    votre commentaire