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    Mort de Pierre Bonte, ethnologue des sociétés maures

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-11-11T18:33:14+01:00" itemprop="datePublished">11.11.2013 à 18h33</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-12T11:12:15+01:00" itemprop="dateModified">12.11.2013 à 11h12</time> | Par

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    Vidéo : Pierre Bonte le 29 juin 2007, à l'Université de tous les savoirs (UTLS)

    Spécialiste de l'ethnologie des sociétés maures, Pierre Bonte est mort à Paris, le 4 novembre, à l'âge de 71 ans. Né en Flandre romane à Annœullin (Nord) le 25 août 1942, il est fortement marqué par son origine sociale : un grand-père mineur, qui fut député de gauche, un père et une mère tous deux instituteurs. Ses études secondaires le conduisent sans surprise à Lille. Puis, méritocratie républicaine oblige, il gagne Paris, la Sorbonne et le Musée de l'Homme. Si son engagement dans le champ des sciences sociales n'empêche pas son intérêt pour la psychologie (notamment celle de l'enfant), c'est finalement l'ethnologie qui va déterminer sa carrière.

    Disciple de l'anthropologue indianiste Louis Dumont (1911-1998), lui-même élève de Marcel Mauss, Bonte reprend d'emblée l'option comparatiste de son maître. Aussi, dès 1969 étudie-t-il tant les Touareg Kel Gress du Niger que les Maures de l'Adrâr mauritanien. Croisant les perspectives sur deux sociétés, saharienne et sahélienne. Objet d'une thèse de 3e cycle soutenue dès 1970 à Paris-X Nanterre sous la direction d'André Leroi-Gourhan (1911-1986), le volet sur les Touareg est aussitôt publié (1971).

    LE CHOIX DU TERRAIN EN 68

    Entrepris sous la houlette de Claude Tardits, puis d'Emmanuel Terray, le chantier de Pierre Bonte sur l'émirat maure de l'Adrâr, somme qui lui vaut le titre de docteur d'Etat en ethnologie et anthropologie sociale (1998) sera repris et mis à jour dix ans plus tard (Karthala, 2008). Mais ses premières publications sur les populations nomades du nord de la Mauritanie remontent à 1972. Et pour la première fois, dans un recueil d'études offert à son directeur de thèse, Bonte met en dialogue l'organisation techno-économique et sociale des éleveurs sahariens et sahéliens.

    Le choix du terrain de ces études remonte à 1968, au moment où les mouvements sociaux qui secouent Zouerate, cité minière créée ex-nihilo par la Société des mines de fer de Mauritanie (Miferma) à l'heure où naît la République islamique de Mauritanie, mettent en lumière une communauté dont l'anthropologie marxiste se saisit. Bonte, qui est fortement marqué par ce courant – il devait plus tard éditer, avec Claude Mainfroy, L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, de Friedrich Engels (Ed. sociales, 1983) – se passionne pour un peuple nomade jusque-là négligé par les anthropologues, pourtant nombreux au Niger si proche.

    LA PARENTÉ ET LE POLITIQUE

    Sur des sociétés pastorales et nomades auxquelles il consacre nombre d'articles et d'ouvrages, en particulier un travail de synthèse sur le pastoralisme africain avec J.G. Galaty (Herders, Warriors and Traders. Pastoralism in Africa, 1991) et des ouvrages de vulgarisation (Les Derniers nomades, Solar, 2004), Pierre Bonte contribue à la constitution d'un groupe de recherche dont l'activité se déploie au plan international. Sur le terrain, où il travaille avec une assiduité qui explique l'émotion que provoque en Mauritanie sa disparition soudaine, il découvre que nombre de travailleurs saisonniers venus du Niger pour être embauchés à la Miferma repartent chez eux à la saison de la récolte des dattes et ne reviennent pas.

    C'est ainsi que Bonte expérimente la confrontation de deux mondes unis par un nomadisme encore bien réel. Tout au long de ses enquêtes – il s'attache personnellement au Sahara, au Sahel et au Maghreb (prioritairement à la Mauritanie, mais aussi au Mali, au Niger et au Maroc) –, Pierre Bonte se fait l'anthropologue de la parenté, par des approches théoriques comme des études spécifiques sur les lieux familiaux, les alliances et les codifications juridiques : il dirige en 1994 un collectif Epouser au plus proche. Inceste, prohibitions et stratégies matrimoniales autour de la Méditerranée (éd. de l'EHESS, 1994). Comme il interroge les organisations tribales. Et, croisant encore ces deux axes, Bonte livre, avec Edouard Conte et Paul Dresch, un passionnant collectif, Emirs et présidents. Figures de la parenté et du politique dans le monde arabe (CNRS éd., 2001).

    DÉMARCHE COMPARATIVE

    Si le savant ne craint pas de collaborer à des ouvrages de vulgarisation – il signe une dizaine d'entrées, de "daza" à "znaga", dans l'excellent Dictionnaire des peuples, dirigé par Jean-Christophe Tamisier (Larousse, 1998), on signalera aussi ses contributions à l'étude des systèmes sacrificiels et des rituels de protection. Avec Anne-Marie Brisebarre et Altan Gokalp (1942-2010), comme lui passionnés par l'analyse anthropologique des idées politiques et religieuses d'aujourd'hui, il anime le collectif Sacrifices en Islam. Espaces et temps d'un rituel (CNRS éd., 1999), soulignant la diversité et la référence commune, même transgressive, à l'Islam.

    S'il se tient à la démarche comparative, qui aiguise son regard et nourrit ses analyses – le séminaire mensuel qu'il anime au Laboratoire d'anthropologie sociale (EHESS-CNRS-Collège de France) s'intitule significativement "Anthropologie comparative des sociétés musulmanes" –, Pierre Bonte suit tout ce qui s'écrit dans les champs qu'il croise et ses comptes-rendus (dans L'Homme essentiellement, mais aussi dans France nouvelle, Etudes rurales, La Pensée, Annales ESC ou La Recherche) l'imposent comme un lecteur exceptionnel. D'une pratique aiguë, l'anthropologue s'attache à repenser les notions et les concepts de sa science et l'homme de terrain se fait volontiers théoricien.

    SOMME INDISPENSABLE

    Et c'est ainsi qu'avec Michel Izard (1931-2012), disciple de Claude Lévi-Strauss et Georges Balandier à l'Ecole pratique des hautes études, qui vient alors de créer l'Association pour la recherche en anthropologie sociale (Apras), Pierre Bonte s'attelle à un Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie (PUF, 1991). Sitôt parue, la somme fait autorité et connaîtra de nombreuses traductions, tant en espagnol, en italien ou en roumain qu'en arabe ou en coréen... A la sortie de ce monumental collectif, fruit d'une démarche encyclopédique autant que critique, Georges Balandier salue dans Le Monde "la plus actuelle et la plus éclairante des explorations conduite à l'intérieur de l'espace anthropologique". Vingt ans plus tard, le Dictionnaire fait toujours référence.

    Gageons que le volume que Pierre Bonte venait d'achever, répondant à une commande de l'Agence du Sud, sur Le Sahara sous gouvernance marocaine. Identités et changement, à paraître chez Karthala en 2014, s'imposera pareillement comme une somme indispensable.

    Homme discret, peu expansif au premier abord, Bonte s'avérait très vite plein d'humour. D'une inépuisable gentillesse aussi. A l'écoute de ses nombreux doctorants, il savait mettre en valeur leurs qualités et insuffler l'énergie qui leur permettait d'accoucher de leur propre pensée. Syndicaliste convaincu, il sut ainsi contribuer à faire intégrer au CNRS bien de ces chercheurs hors statuts menacés de perdre le bénéfice de leur engagement scientifique. Pour cette générosité intellectuelle et humaine, Pierre Bonte est plus qu'un théoricien influent et un chercheur engagé : un savant mémorable.

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  • Dans la galère quotidienne d’un agent Pôle emploi

    Bertrand*, conseiller Pôle emploi dans une des agences les plus chargées de France, située en zone urbaine sensible (ZUS), a envoyé un témoignage marquant sur son quotidien professionnel aux organisations syndicales de l'organisme, qui l'ont mis en ligne. J'ai décidé, avec son accord, de le reproduire ici. J'ai complété ce témoignage par des précisions obtenues par téléphone.

    Bertrand est conseiller depuis huit ans. Il est payé 2 000 euros brut, sur 14,5 mois, comme le prévoit la convention collective de Pôle emploi. Il a décidé d'écrire ce texte intitulé "Ce matin est  un jour comme les autres...", "le soir même d'une journée particulièrement tendue", raconte-t-il. "J'ai voulu dénoncer notre charge de travail, qui ne cesse de s'alourdir. Dans notre agence, il y a toujours entre trente et quarante demandeurs d'emplois qui attendent à l'accueil où se trouvent seulement deux conseillers." Son témoignage, criant de vérité, atteste également de l'incroyable pesanteur administrative et informatique que doivent affronter les conseillers de terrain.

     

    06 h 30 : Je me lève,

    07h30 : J'arrive au travail. Je connecte mon PC sur ma session IXXX9999. Heureusement je n'ai pas oublié mon code... heureusement.
    15 minutes plus tard ma session s'ouvre enfin ! "Écran bleu", j'attends que NOVELL Zenworks 7 ait lancé tous mes applicatifs en espérant que tout fonctionne cette fois-ci !... tout fonctionne (pour le moment).

    07 h 45 : Je lance en priorité ma boite mail pour vérifier que je n'ai pas d'autres mails "urgents" à traiter pour hier... J'ai une dizaine de mails que j'arrive à épurer. Il m'en reste une dizaine encore, on verra plus tard. Je ne désespère bien sûr pas mais en attendant je dois finaliser le travail de montage de l'Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR) [dispositif qui prévoit de former un chômeur non rémunéré en entreprise avec une promesse d'embauche à la clef] que je n'ai pas eu le temps de faire hier au service employeur parce que j'étais seul en accueil téléphonique à courir dans tous les sens pour tout gérer "à temps"... [Au service employeur, les conseillers se chargent de traiter les annonces et de répondre aux questions des recruteurs]

    Je viens souvent à 7 h 30, même si Pôle emploi ne m'autorise à badger qu'à partir de 7h45. Je fais certes cadeau de ce temps à la direction, mais on a souvent une activité contrainte de 8 h 30 à 16 h 30.  Cela permet de traiter les dossiers en retard. On peut déclarer jusqu'à une quinzaine d'heures supplémentaires et poser des jours de récupération pour les récupérer. Mais il faut que ce soit accepté au planning, ce qui n'est pas toujours évident. Au delà, les heures sont écrêtées. L'année dernière, j'ai perdu ainsi une quarantaine d'heures de travail.

    Convention Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR), Rémunération de Formation Pôle Emploi (RFPE), Demande d'Aides aux Frais Associés à la Formation (DAFAF),... et Jourform [qui permet de calculer le nombre de jours ouvrés entre deux dates] et Viamichelin [qui permet de calculer la distance entre le domicile du demandeurs d'emploi et son lieu de formation] qui plantent en permanence... une histoire de Mozilla Firefox surement !

    On est obligé de travailler avec Jourform et Viamichelin, même si Google Maps est plus rapide. Sinon nos dossiers ne sont pas retenus par l'organisme avec lequel on travaille. On est très contraints sur nos outils, qui ne sont malheureusement pas les plus efficaces.

    30 minutes après, il est temps que j'aille enfin (re-)consulter mon planning pour vérifier que depuis hier 17 h 30 , mon planning n'ait pas changé... et il a changé : je suis en Entretien Individuel Diagnostic (EID) [l'entretien d'inscription des nouveaux chômeurs, censé durer 50 minutes] finalement, mais cette fois je dois former une collègue nouvellement arrivée qui est en "immersion". Nos responsables changent souvent l'organisation de notre planning sans nous le demander. Trois RDV programmés durant la matinée, trois RDV qui s'enchaînent de 50 minutes alors qu'ils nécessiteraient 1 heure de temps voir 1 h 10.

    [Le planning des conseillers Pôle emploi est organisé en demi-journées, chacune dédiée à un activité. Au sein d'une agence, les conseillers sont normalement censés tourner sur tous les postes. Dans une semaine type, Bertrand passe une demi-journée à traiter des dossiers d'indemnisation des chômeurs en 'back-office', deux à l'accueil de l'agence et le reste à inscrire les nouveaux chômeurs ou à recevoir certains des 380 chômeurs de son "portefeuille".]

    9 h10, 10 h 20, 11 h 10 : Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis déconnecté de l'espace temps... Je me répète machinalement.

    11 h 30 : (vu sur la barre d'outils), le MANAC [le responsable de l'équipe d'accueil] m'informe qu’à cause de surbooking en EID (12 conseillers de prévus pour 14 RDV par tranche de 50 minutes) je dois recevoir un 4e RDV EID qui attend depuis 10 h 30.
    Je le reçois, je l'inscris, tout va bien cette fois-ci, il s'en va... Pour maintenir notre taux de remplissage, les responsables surchargent les rendez-vous, en espérant que tous les chômeurs ne viennent pas. Parfois, ils nous appellent en renfort quand nous sommes en back-office.

    12 h 45 : Je pars en pause déjeuner pour normalement 45 minutes : cet après midi je dois reprendre en Gestion de Portefeuille (GPF) [activité de réception et de suivi des chômeurs du portefeuille] à 13 h 30. Dans quel bureau ? [les conseillers Pôle emploi n'ont pas de bureau attitré] On verra bien tout à l'heure, j'ai faim, j'ai soif.

    13 h15 : Alors que je débauche, une collègue me sollicite pour une aide à la mobilité que j'ai initiée la semaine dernière. Elle en profite pour m'interroger sur le CUI-CAE [contrat aidé] de M. Azer (où ? quand ? comment ?) sur la possibilité ou non de monter d'autres mesure pour "forcer" le recrutement. On a des recruteurs identifiés comme des "chats noirs" qui ne sont pas sérieux dans l'intégration des demandeurs d'emploi en stage ou en formation [rémunérés par Pôle emploi]. Nous n'avons pas le temps de contrôler les entreprises, mais lorsqu'on a deux ou trois retours négatifs de chômeurs, on repère celles qui abusent.  J'en profite pour lui demander des informations sur les orientations des travailleurs handicapés. Rien n'est clair, rien n'est officiel, tout n'est que "bruit de couloirs"mais je prends, même sur mon temps de pause, même dans ces conditions...

    13 h 25 : Me revoilà à la cuisine, j'y ai perdu quelques collègues qui ont couru vers leur poste de travail. Je finis de déjeuner à grande vitesse (DGV).

    13 h 30 : Je m'aperçois via GOA [le logiciel qui permet aux conseillers de l'accueil de signaler l'arrivée des chômeurs convoqués] que j'ai mon premier RDV - il a été positionné par la plateforme téléphonique pour une durée de... 5 minutes. Cela ne me pose pas de problème que la plateforme nous cale des rendez-vous, mais il faudrait au moins quinze minutes pour recevoir les chômeurs. Dans le doute, je consulte ce planning de RDV et je me rends compte que je vais être sur la dent toute l'après midi !! Malgré mon alerte auprès des Équipes Locales de Direction (ELD), personne n'est en mesure de pouvoir m'aider, pas même un(e) des membres de l'ELD, réunion ELD trop récurrente oblige, tous mes collègues étant dans la même position que moi... Je me débrouille comme je peux, après tout je suis autonome (comprendre débrouillard et magicien) !

    14 h 00, 15 h 00 15 h 05, 15 h 25, 15 h 30... Je ne sais toujours pas, je ne sais toujours plus…je continue malgré tout, mon retard s'accumule : je veille à ne pas dépasser 15 minutes de retard.

    Je reçois ou j'appelle par téléphone entre 7 et 8 chômeurs par demi-journée. Je réponds aussi aux mails, mais ce n'est pas considéré dans l'organisation du planning. Étant donné le temps dont je dispose, je ne peux pour l'instant que réaliser les convocations obligatoires [au quatrième et neuvième mois de chômage] et ceux qui me sollicitent. Les autres, je n'ai pas encore eu le temps de m'y plonger.

    Et puis, il y a tous ceux qui sont convoqués mais qui ne viennent pas, alors qu'on leur a envoyé une convocation et qu'on leur a rappelé la veille par SMS leur rendez-vous. Je dirai que la moitié des gens ne viennent pas. On est censé les rappeler pour savoir pourquoi ils ne sont pas venus avant de leur envoyer un avertissement avant radiation. Mais je ne le fais pas : on les déjà a prévenus par plusieurs moyens. Ils trouvent souvent un moyen de se faire réinscrire en faisant un recours auprès du directeur d'agence ou du médiateur. Quand ils disent que leur véhicule était en panne, on ne leur demande pas de justificatif. Mais ça va peut-être bientôt changer. [Un projet de circulaire contesté de Pôle emploi prévoit de demander des justificatifs presque systématiquement pour justifier des absences aux convocations.]

    D'autres collègues me sollicitent parce que je suis CLI (correspondant local informatique) pour des demandes d'interventions, d’informations et autres.
    Les appels à l'Accueil Diagnostic, le changement de Toner, le papier coincé, les câbles débranchés, les néons qui clignotent que je me vois obligé de débrancher. Je m'impose électricien, plombier, femme de ménage... Je travaille à Pôle Emploi je dois être polyvalent ! Dromadaire, je tiendrai jusqu'à la fin de la journée pour aller boire et faire pipi.

    16 h 14 mon dernier RDV : J'avais officieusement espéré qu'il ne viendrait pas. Il est là, je le reçois pour les 30 minutes règlementaires. Allocation de Retour à l'Emploi (ARE), Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), aide fin de droit, activité reprise, activité perdue, Conditions d'Ouverture de Droit (COD), Formations conventionnées (AFC), formations prévues au Programme Régional de Formation (PRF), Rémunération de Fin de Formation (RFF ou R2F pour les habitués), différents arrêtés préfectoraux, indus, etc. [autant d'acronymes administratifs avec lesquels jonglent quotidiennement les conseillers]

    J'essaie de répondre à toutes les questions, j'y réponds car j'ai la chance d'avoir été formé à la double compétence [indemnisation et placement des chômeurs] et que c'est mon dernier rdv de la journée ! La double compétence, parlons-en... ou pas : elle a été oubliée, mise au placard, il paraît même qu'elle n'est plus indispensable, il paraît ! [Lors de la fusion de l'ANPE et des Assedics, il avait été prévu que tous les conseillers Pôle emploi puissent à la fois traiter l'indemnisation et le placement des chômeurs. Une volonté ensuite abandonnée face à la difficulté de bien accomplir les deux missions, les règles d'indemnisation des chômeurs étant particulièrement complexes]

    17 h00 : J'ai terminé ma journée marathon, sur les rotules je quitte mon poste de travail. Je débadge et récupère mes affaires mais…il y a toujours un "mais", on me coince dans le couloir pour encore m’interroger sur l'informatique, sur les aides à la reprise d'emploi, sur les CAE, sur la convention d'assurance chômage, etc. Je vais une dernière fois soutenir un collègue.

    17 h 20 : soit 20 minutes après avoir débadgé, je quitte enfin les locaux en ayant commencé à planifier ma journée de demain... (je suis prévoyant)

    Pas d'inquiétude je suis encore en EID le matin puis d’Accueil Relation Client (ARC) l'après-midi..

    J'aurai très certainement le temps de réaliser mes activités en toute quiétude et de répondre à toutes les sollicitations de mes demandeurs d'emploi :

    Demain s'annonce, un jour comme les autres.

    ----------------

    Malgré ce sombre témoignage, Bertrand, titulaire d'un master, assure ne pas regretter d'avoir choisi ce métier. "Ce métier me plaît, il me permet de mettre en application mes compétences en RH, assure-t-il. Mais je voulais dénoncer la hausse de la charge de travail. En 2009, lors de la fusion, je faisais une demi-journée d'inscriptions par semaine, maintenant c'est quatre ou cinq. A l'époque, je pouvais aller dans les entreprises rencontrer les recruteurs, je n'ai plus le temps maintenant, alors que c'est censé être le coeur de notre métier".

    Selon lui, la hausse des effectifs de 4 000 conseillers depuis 2012 n'a pas permis de faire face à l'explosion du chômage. "Depuis septembre, on a eu des renforts en CDD. Mais on les a mis à l'accueil, alors que c'est le dernier endroit où il faudrait les mettre. Sans formation ou presque, ils doivent régler rapidement les problèmes des demandeurs d'emploi. Cela génère beaucoup de tensions, il y a beaucoup de violence à l'accueil", explique-t-il.

    Bertrand veut aussi dénoncer le discours de sa direction, axé "uniquement sur les statistiques". "Dans les couloirs, on nous dit à peine bonjour, assure-t-il, on nous parle taux de remplissage, taux d'inscription dans les dix jours, taux de mise en relation. Je suis censé envoyer une offre à au moins 60 % des chômeurs que je suis tous les deux mois. Mais où est l'intérêt d'envoyer des annonces à des chômeurs qui y ont déjà accès sur le site de Pôle emploi ? On a vraiment des statistiques sur tout et n'importe quoi : la direction nous parle même maintenant d'un taux d'extinction de nos ordinateurs le soir en partant !"

    * A sa demande, le prénom de Bertrand a été modifié pour préserver son anonymat.


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  • A 30 ans, ils n'ont jamais connu de CDI

    LE MONDE | <time datetime="2013-11-21T12:02:13+01:00" itemprop="datePublished">21.11.2013 à 12h02</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-22T07:40:17+01:00" itemprop="dateModified">22.11.2013 à 07h40</time> | Par

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    Il a fallu quelques minutes à Nadège, 28 ans, pour les compter. Depuis son BTS de tourisme, obtenu en 2006, elle a signé 11 CDD – le plus long était un contrat aidé de deux ans – et 10 missions d'intérim. « On ne m'a jamais proposé de CDI », résume cette jeune femme des Sables-d'Olonne qui se débat avec les offices du tourisme de Vendée pour décrocher un emploi stable. « Il y en a 39, je les connais tous. Ils ont des besoins d'avril à septembre, je suis au chômage l'hiver », raconte-t-elle.

    Lire aussi l'aricle : Explosion du nombre de CDD de moins d'un mois

    Comme elle, Alexandra et Arnaud [leurs prénoms ont été modifiés] ont témoigné de leur quête pour l'instant infructueuse de CDI. A presque 30 ans ou à peine plus, ils pensaient avoir atteint l'âge du premier CDI, que les statistiques fixent en moyenne à 27 ans. Mais, malgré plusieurs années de galère en CDD ou en intérim, ce n'est toujours pas le cas.

    "IL Y A CLAIREMENT UN PROBLÈME D'ÉTHIQUE"

    Alexandra, 29 ans, aligne déjà cinq CDD sur son CV. Diplômée d'un institut d'étude politique en 2006, elle a ensuite préparé le concours d'attaché territorial, qu'elle a obtenu en 2009. « Mais il y a une grosse arnaque : vous réussissez le concours, mais c'est à vous de trouver le poste », explique-t-elle. En attendant, elle obtient un CDD dans un des organismes HLM de la Ville de Paris. Ce sera le premier d'une longue liste, qui rappelle que le public est rarement exemplaire en matière de précarité. « Je connais tous les bailleurs sociaux de la ville. Ils se refilent mon CV pour faire des remplacements », rigole-t-elle. Mais entre-temps, elle perd le bénéfice de son concours et donc la chance de devenir fonctionnaire.

    A 32 ans, chef de projet en développement durable, Arnaud a fait quatre CDD, deux stages et un volontariat international depuis qu'il a obtenu son master, en 2006. Grandes banques, entreprise de transport, compagnie d'assurance, il a enchaîné les postes de cadre. « On me dit que c'est pour des remplacements, mais ce n'est pas toujours vrai. La troisième fois, je savais que la personne ne reviendrait pas, cela m'a un peu agacé. J'ai préféré partir. Il y a clairement un problème d'éthique et de discours à dix mille lieues des actes réels, surtout dans mon domaine, le développement durable », avance-t-il. Son dernier CDI ? « Un job étudiant, il y a plus de dix ans. »

    Cette précarité pèse lourdement sur le quotidien de ces trois jeunes salariés, contraints de faire des allers et retours à Pôle emploi. Nadège a dû retourner vivre plusieurs fois chez ses parents, le temps de trouver autre chose. « J'ai aussi fait l'accueil et le ménage dans des campings », raconte-t-elle. Après avoirlouer plusieurs fois des meublés, elle a fini par décrocher un logement social aux Sables-d'Olonne. Mais elle est prête à le lâcher pour « un poste n'importe où dans l'ouest de la France ».

    "CELA EMPÊCHE DE CRÉER DES LIENS"

    Alexandra, elle, ne peut pas décoller de son 15 m2 parisien. « Cela fait quatre ans que je suis à la recherche d'un boulot stable, je ne peux pas prendre plus grand. » Elle rêve de déménager à Marseille. « L'office HLM m'a appelée pour faire des remplacements, mais comment y aller sans logement sur place ? », s'inquiète-t-elle. Quant à Arnaud, il a opté « pour une technique très parisienne » : « le faux contrat en CDI », qui permet de déposer un dossier correct chez les propriétaires.

    Cette précarité complique aussi leur vie sociale. « Cela a été problématique dans plusieurs de mes relations, témoigne Arnaud, la personne en face a parfois du mal à comprendre comment on peut se retrouver au chômage pendant plusieurs mois. D'autant plus que je renvoie une image d'angoissé. Je ne peux pas prévoir de vacances l'été en début d'année comme tout le monde. Car si je travaille, je ne peux pas partir ; et si je ne travaille pas, je ne pourrai pas claquer 2 000 euros. » « Je ne sais pas où je serai dans deux mois, cela empêche de créer des liens », abonde Nadège.

    Le futur ? Nadège s'est donnée « jusqu'à 30 ans » pour dérocher le sésame du CDI. Et après ? « Si je ne trouve rien, je devrai changer de secteur. S'il le faut, je retournerai à l'usine. En intérim, c'est là où j'ai été le mieux payée, mais travailler à la chaîne pour compter les pains au lait par cinq, ça fait perdre tous ses neurones. » Alexandra, de son côté, réfléchit à accepter un CDI niveau bac +2, alors qu'elle a deux masters. « J'ai vraiment l'impression d'être une variable d'ajustement. Quand je candidate sur des CDI, on me propose toujours des CDD de remplacement », explique-t-elle.

    Arnaud refuse de se plaindre. « J'ai la chance de pouvoir envisager de partir à l'étranger, je parle plusieurs langues, je suis flexible et quand je travaille, je gagne correctement ma vie, explique-t-il. Je garde le moral parce que je pense qu'il y a un effet de conjoncture. Et puis, par rapport aux gars qui perdent leur boulot au bout de trente ans d'usine, je me dis que ma situation n'est pas inextricable. » Il s'est fixé une limite : « Etre en mesure de payer le loyer. »

    Lire aussi : Chez Lenôtre, les « extras » en procès

    Jean-Baptiste Chastand
    Journaliste en charge du social et de l'emploi


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  • Hollande maintient son objectif d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année

    Le Monde.fr | <time datetime="2013-11-28T10:58:58+01:00" itemprop="datePublished">28.11.2013 à 10h58</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-11-28T11:33:50+01:00" itemprop="dateModified">28.11.2013 à 11h33</time>

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    François Hollande tiendra-t-il sa promesse, maintes fois répétées,  « d'inverser » la courbe du chômage avant la fin de l'année ? Lors d'un déplacement à Aubervilliers, jeudi 28 novembre,  M. Hollande a reconnu  que la  « bataille  » pour l'emploi engagée par l'exécutif prendrait le " temps nécessaire ". Un renoncement ? « Non », a assuré le chef de l'Etat qui maintient l'objectif pour la fin de l'année. 

    Du côté de l'Elysée, on assure que « rien n'évolue par rapport à ce qu'il avait dit. Ses propos ont consisté à évoquer le fait qu'après la inversion, il faudrait plusieurs mois pour confirmer le mouvement de baisse. Cela prendra du temps. A aucun moment, il n'a remis en cause la date évoquée à plusieurs reprises ».

     Cet engagement a été pris une première fois en septembre 2012, puis répété trois mois plus tard lors des vœux du chef de l'Etat. Dans sa version de septembre 2012, il n'a pas été tenu puisque le chômage continuait de grimper un an plus tard.

     Lire : Hollande n'a pas tenu sa promesse d'inverser la courbe du chômage
     


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  • Syrie: le chef militaire des rebelles dénonce les exactions des jihadistes

    Créé le 27/11/2013 à 21h50 -- Mis à jour le 27/11/2013 à 21h50
    Des rebelles à Alep le 24 novembre 2013
    <aside>

    Des rebelles à Alep le 24 novembre 2013 Medo Halab AFP

    </aside>

    Les abus commis par les jihadistes en Syrie "nous sont étrangers" ...

    Beyrouth - Les abus commis par les jihadistes en Syrie «nous sont étrangers» a affirmé mercredi le chef militaire de la rébellion syrienne dans une interview télévisée, assurant que les divisions entre rebelles étaient causées par le manque d'armes et d'argent.

    «Ceux qui sont entrés en rébellion (contre le régime de Bachar al-Assad) sont connus et ce sont des musulmans, tout comme nous sommes musulmans», a déclaré Sélim Idriss, chef du Conseil militaire syrien, à la chaîne Al-Aan, basée à Dubaï.

    Mais, «il y a ceux qui viennent de l'étranger (...) pour nous apprendre ce qu'est l'islam et qui veulent nous imposer leurs coutumes (...) étiquetant les gens comme musulmans, athées, hérétiques ou digne de décapitation», a-t-il ajouté assurant que de tels abus «nous sont étrangers et sont étrangers à la modération (...) de l'islam auquel nous voulons nous tenir».

    Les déclarations de M. Idriss interviennent alors que des abus, tels que des exécutions brutales ou des enlèvements, sont rapportés presque tous les jours dans les régions où sont présents des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au levant (EIIL).

    L'EIIL a combattu aux côtés de groupes rebelles dans certaines régions mais a également pris pour cible des combattants de l'opposition dans une tentative d'éliminer la concurrence au sein de la rébellion et de s'imposer comme unique autorité.

    Dans son interview, M. Idriss a également reproché à certains combattants de l'EIIL d'agir en faveur du régime et accusé les groupes enlevant des journalistes étrangers de «travailler contre les intérêts de la révolution».

    Bien qu'il soit respecté à titre personnel par les groupes rebelles, M. Idriss est à la tête d'un Conseil militaire qui a peu d'influence sur le terrain.

    Les rebelles n'ont reçu «ni aide financière, ni arsenal suffisant, ni des véhicules ou des équipements de communication» qui auraient pu leur permettre de s'unir, a-t-il regretté, ajoutant que la fragilisation de l'opposition traditionnelle a ouvert la voie à l'implantation des jihadistes.

    Dans des extraits de l'interview, dont la version complète sera diffusée jeudi, M. Idriss a également annoncé que le Conseil militaire syrien coordonnerait ses actions avec le «Front islamique» créé la semaine dernière et dont la charte, publiée mardi, annonce son intention d'établir un «Etat islamique».

    «Je félicite nos frères de ce Front», a déclaré M. Idriss, ajoutant qu'un «grand nombre d'entre eux sont avec nous au sein du Conseil militaire syrien».

    © 2013 AFP

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