• <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    La dernière image de Mercure transmise

    par la sonde « Messenger »

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-05-01T15:32:27+02:00" itemprop="datePublished">01.05.2015 à 15h32</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-05-01T15:52:51+02:00" itemprop="dateModified">01.05.2015 à 15h52  lien </time>

     
    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px">La dernière image de la surface de Mercure transmise par Messenger avant que la sonde ne s'y écrase, le 30 avril. </figure>

    La sonde de la NASA « Messenger » s'est écrasée comme prévu sur Mercure jeudi 30 avril après avoir épuisé son carburant, mettant fin à une fructueuse mission d'exploration de la plus petite planète du système solaire, qui est aussi la plus proche du Soleil. Le vaisseau a frappé le sol de Mercure à plus de 14 000 km/h. L'image ci-dessus est la dernière qu'il a transmise.

    Lancée en 2004, Messenger s'était mise en orbite autour de Mercure en mars 2011 après trois survols rapprochés. Elle avait dû auparavant contourner la Terre (août 2005), puis Vénus (octobre 2006 et juin 2007).

    Ne disposant que d'un moteur à propulsion chimique (de l'hélium), elle s'était propulsée durant ce voyage de 7,9 milliards de kilomètres en utilisant les forces gravitationnelles de la Terre, de Vénus et même, paradoxalement, de Mercure elle-même.

    Pour cette phase finale, le 21 avril, le centre de contrôle du Laboratoire de physique appliqué (APL) de l'université de Johns Hopkins à Laurel, dans le Maryland (est des Etats-Unis), avait exécuté la première de quatre corrections d'orbite. La dernière manœuvre a été faite le 24 avril, épuisant quasiment tout son carburant, avait expliqué Daniel O'Shaughnessy, l'ingénieur système de la mission.

    D'abondantes quantités de glace

    « Pour la première fois de l'histoire, nous avons une bonne connaissance de Mercure qui révèle une planète fascinante dans notre système solaire », avait commenté la semaine dernière John Grunsfeld, le directeur des missions scientifiques de la NASA.

    Initialement prévue pour durer un an, la mission de Messenger a été prolongée à deux reprises pour se poursuivre près de quatre ans supplémentaires. Parmi ses principales découvertes scientifiques, la sonde a fourni en 2012 des données confortant l'hypothèse que Mercure contient d'abondantes quantités d'eau sous forme de glace dans les cratères des régions polaires qui ne voient jamais le Soleil.

    Lire le post de blog : Mercure, la planète qui se ratatine

    Les chercheurs ont calculé que si ces glaces étaient étendues sur une zone de la superficie de la capitale fédérale américaine Washington (environ 180 km2), l'épaisseur dépasserait trois kilomètres. Avec cette mission de 396 millions d'euros, qui appartient à la série des missions peu coûteuses Discovery, initiées par la NASA, l'agence spatiale américaine avait renoué avec Mercure après une absence de trente ans. Le dernier survol de la planète la plus proche du Soleil remontait à 1974. A cette époque, la sonde américaine Mariner-10 avait été la première à effectuer trois survols de Mercure. Elle avait photographié 45 % de sa surface.

    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px">

     

    Spectromètre de Mercure, transmis par la sonde Messenger. </figure>
    </article>

     

     

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  • Microsoft Edge remplace Internet Explorer

    30 Avril 2015, 09h57 | MAJ : 30 Avril 2015, 09h57
     
     
    <figure> Le lancement officiel de Windows 10 est attendu pour le mois de juillet 2015. <figcaption class="articleChapeau">Le lancement officiel de Windows 10 est attendu pour le mois de juillet 2015. </figcaption> </figure>

     

    La Build 2015, la conférence annuelle à destination des développeurs de Microsoft, a dévoilé le nom officiel du nouveau navigateur intégré à Windows 10. 

    Son successeur connu jusqu'à présent sous le nom de "Project Spartan" devient Microsoft Edge.

     

    L'annonce a été faite lors de la première keynote du Microsoft Build 2015, qui se tient à San Francisco du 29 au 1er mai 2015.

    Remplaçant d'Internet Explorer, Microsoft Edge affiche dorénavant une nouvelle page à l'ouverture d'un onglet personnalisée. Ce contenu reprend les sites précédemment visités ainsi qu'une sélection d'apps. Concernant l'icône de son nouveau navigateur, Microsoft a dévoilé un design proche d'Internet Explorer.

    Le lancement officiel de Windows 10 est attendu pour le mois de juillet 2015. Microsoft Edge sera intégré à Windows 10, mais l'éditeur continuera de proposer Internet Explorer pour des questions de compatibilité. 


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  • Au Raincy, l'émouvante histoire de l'école qui a survécu au génocide arménien

    Fondée à Constantinople en 1879, l'école Tebrotzassère a fui le génocide arménien de 1915 pour trouver refuge dans cette ville de Seine-Saint-Denis.

     

     

    <figure id="image_1012935">L'école franco-arménienne Tebrotzassère du Raincy (Seine-Saint-Denis), le 3 avril 2015.<figcaption>L'école franco-arménienne Tebrotzassère du Raincy (Seine-Saint-Denis), le 3 avril 2015. (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure><section class="byline clearfix"> Par

    Mis à jour le <time datetime="2015-04-23T07:25:45+02:00" itemprop="dateModified">23/04/2015 | 07:25</time> , publié le <time datetime="2015-04-23T07:25:17+02:00" itemprop="datePublished">23/04/2015 | 07:25</time>

    </section>

     

     

    Ils sont quatre, assis en classe à l'heure de la récré. Alors que leurs camarades jouent dans la cour de l'école franco-arménienne Tebrotzassère, David, Chiara, Marie et Tatoul planchent avec leur professeur d'arménien sur "une sorte de Questions pour un champion", un concours de culture générale commun aux écoles arméniennes d'Ile-de-France. Le thème de cette année, le génocide, les motive particulièrement. C'était il y a tout juste cent ans, en 1915, mais cet événement continue d'occuper une place importante dans la vie de ces collégiens du Raincy (Seine-Saint-Denis).

    "Mon arrière-grand-père avait tellement peur d'être assassiné et déporté, qu'il n'a jamais voulu donner son nom et qu'il l'a oublié", raconte Chiara, 13 ans. C'est la police turque qui rebaptise le jeune orphelin arménien et son frère. Des gens du village croient reconnaître le "fils du gaucher", Solatoglu sera donc son nouveau nom. "Dans la famille de ma mère, on ne connaît plus notre vrai nom, celui d'avant le génocide", regrette la jeune fille.

    "En niant, les Turcs continuent leur génocide"

    La famille de Tatoul, 13 ans, a elle aussi changé de nom à cause du génocide. Son arrière-grand-père était l'un de ces volontaires qui ont pris les armes contre l'Empire ottoman. "Son prénom était Movses, mon nom de famille a été changé en Movsisian. Ma grand-mère et la génération des survivants ont décidé de faire ça pour honorer sa mémoire", raconte le jeune garçon. Un récit qu'il a consigné dans un petit livre qu'il compte donner à ses enfants.

     

     

    <figure id="image_1012937">David, Chiara, Tatoul, leur professeur Zepur Mehrabi et Marie posent devant une maquette du mémorial du génocide d'Erevan (Arménie), le 3 avril 2015 à l'école Tebrotzassère du Raincy (Seine-Saint-Denis).<figcaption>David, Chiara, Tatoul, leur professeur Zepur Mehrabi et Marie posent devant une maquette du mémorial du génocide d'Erevan (Arménie), le 3 avril 2015 à l'école Tebrotzassère du Raincy (Seine-Saint-Denis). (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    Ce passé, ces collégiens veulent le défendre à tout prix, quitte à faire des heures supplémentaires pour affûter leurs arguments. "J'apprends aussi pour pouvoir répondre aux gens qui disent que le génocide n'a pas eu lieu", confie David, 15 ans. L'ado assure qu'à Pantin (Seine-Saint-Denis), où il habite, des "gens de [son] âge", qui ne sont pas Arméniens, ne croient pas au génocide. Et l'attitude de la Turquie les révolte. "En niant, les Turcs continuent leur génocide, ils nous tuent moralement et psychologiquement", abonde Marie, 14 ans.

    Une école devenue orphelinat

    Tatoul, Chiara, Marie et David n'étudient pas dans une école ordinaire. Fondée en 1879 à Ortakoy, dans la banlieue de Constantinople (actuelle Istanbul), Tebrotzassère est la plus ancienne école arménienne de France. Son histoire se mêle intimement à celle du génocide. Dans la cour, un Khatchkar, une "pierre à croix" sculptée en Arménie, rend hommage aux victimes de tous les génocides.

    Dans la cantine de la nouvelle école maternelle, inaugurée en janvier, des photos des massacres et des rescapés dominent les tables. Certaines sont émouvantes. D'autres, très dures. "Nos enfants sont nés avec cela, c'est leur histoire, ils y sont habitués", explique Anahid Avedissian, vice-présidente de l'association des Dames arméniennes, qui gère l'école.

     

     

    <figure id="image_1012933">Le lieu de mémoire du génocide arménien installé dans la cantine de l'école maternelle Tebrotzassère, le 3 avril 2015.<figcaption>Le lieu de mémoire du génocide arménien installé dans la cantine de l'école maternelle Tebrotzassère, le 3 avril 2015. (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    A côté de ces photos, des listes de noms. Ceux des orphelines accueillies par l'école à partir des premiers massacres antiarméniens et du génocide de 1915. "C'était une école normale, qui formait des institutrices pour enseigner l'arménien. Petit à petit, avec les aléas de l'histoire, on a commencé à accueillir des orphelines", raconte Anahid Avedissian. Incendié à deux reprises pendant cette période, l'orphelinat continue malgré tout à recueillir les enfants des victimes du génocide à Constantinople, jusqu'en 1922. Cette année-là, l'école fait le choix de l'exil, d'abord à Salonique (Grèce), puis à Marseille (Bouches-du-Rhône), avant d'arriver au Raincy, en 1928.

    "Quand j'ai vu le nom de ma mère,
    cela a été un grand moment d'émotion"

    Le nom d'Alice Altoun Krikorian, née en 1911 dans la région de Kharpout, figure dans cette liste. Ara Krikorian, son fils, l'a retrouvé lors de son passage à l'école, il y a quelques semaines. "Quand j'ai vu le nom de ma mère, cela a été un grand moment d'émotion. Je ne suis pas un grand émotif, mais là, ça m'a fait vraiment plaisir", confie l'écrivain et éditeur. Sa mère et sa tante sont arrivées à Tebrotzassère en 1924. "On ne sait pas bien comment elles ont traversé le génocide, elles n'en disaient trop rien, par pudeur ou ignorance", retrace le fils.

     

     

    <figure id="image_1012929">Le nom d'Altoun Krikorian sur la liste des orphelines de Tebrotzassère, photographié le 3 avril 2015.<figcaption>Le nom d'Altoun Krikorian sur la liste des orphelines de Tebrotzassère, photographié le 3 avril 2015. (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    Exilée en France, l'un des rares pays à accepter d'accueillir les rescapés des massacres, Alice Altoun Krikorian a retrouvé Tebrotzassère au Raincy en 1954, en tant qu'enseignante. "Il y a un attachement, un amour pour cette école, une vraie fierté d'y avoir été scolarisé", explique Ara Krikorian, qui fut lui-même élève dans ce collège. "Quand on est passé à côté de la mort, mais que l’on vit dans un pays comme la France, avec de quoi manger et étudier, c’est assez extraordinaire", justifie-t-il.

    "Ce n'est plus un orphelinat, c'est un lieu de vie"

    Aujourd'hui, l'école Tebrotzassère "n'est plus un orphelinat, c'est un lieu de vie", se félicite son directeur, Haïg Sarkissian. De la maternelle au collège, 240 élèves, filles et garçons, venus de toute l'Ile-de-France grâce à la flotte de minibus de l'établissement, y sont scolarisés. Un lycée est en projet. Ce ne sont plus des orphelins, ni même des enfants d’orphelins. Mais l’enseignement de cette histoire douloureuse tient toujours une place primordiale dans cette école sous contrat avec l'Etat.

     

     

    <figure id="image_1012931">Des élèves de l'école Tebrotzassère dans la cour de l'école au Raincy (Seine-Saint-Denis), à une date inconnue.<figcaption>Des élèves de l'école Tebrotzassère dans la cour de l'école au Raincy (Seine-Saint-Denis), à une date inconnue. (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    Outre le cursus classique de l'Education nationale, les élèves de Tebrotzassère étudient la langue arménienne et l'histoire du peuple arménien. C'est dans cette matière que sont abordés, en classe de 3e, les événements de 1915. "C'est peut-être le seul sujet qui prédomine dans l'espace arménien, dans les familles, les associations et les centres culturels", analyse l'une des enseignantes, Nora Baroudjan, qui constate un intérêt "beaucoup plus grand" de ses élèves pour le génocide.

    "Il ne faut pas tout accepter sans se poser de question"

    "On entend beaucoup de choses, donc c’est difficile pour eux de faire le tri", estime l'enseignante, qui regrette "l'indifférence du programme" classique de l'Education nationale sur cette question, brièvement abordée en classe de 3e. Le travail de Nora Baroudjan consiste donc principalement à répondre aux questions. "Ils en ont beaucoup, notamment sur les raisons du génocide", constate-t-elle. La professeure essaie également de leur inculquer un "esprit critique" sur ce sujet délicat. "Ce n'est pas un sujet totalement enquêté, fini, terminé (...) Il ne faut pas tout accepter sans se poser de question", estime-t-elle.

     

     

    <figure id="image_1012927">Le directeur de l'école Tebrotzassère, Haïg Sarkissian, et la vice-présidente de l'Association des Dames arméniennes, Anahid Avedissian, devant le khatchkar de l'école, le 3 avril 2015. <figcaption>Le directeur de l'école Tebrotzassère, Haïg Sarkissian, et la vice-présidente de l'Association des Dames arméniennes, Anahid Avedissian, devant le khatchkar de l'école, le 3 avril 2015. (THOMAS BAÏETTO / FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    En cette année du centenaire, le génocide déborde le cadre du cours d'histoire. "Chacun s'est mobilisé pour faire avec les élèves un travail autour de ce sujet dans sa matière", explique le directeur adjoint, Alexandre Malekazarian. La chorale de l'école chantera La Marseillaise et l'hymne arménien le 25 avril, pour le traditionnel dépôt de gerbes.

    Les 6e et les 5e ont fabriqué en cours de technologie des maquettes du Dzidzernagapert, le mémorial d'Erevan, du mont Ararat ou de l'Eglise des Saints-Martyrs de Deir Ezzor, détruite par le groupe Etat islamique fin 2014. En histoire, français et arménien, tous les élèves sont invités à réaliser l'arbre généalogique de leur famille. "Souvent, ils s'arrêtent quelque part en 1915", regrette Zepur Mehrabi, l'enseignante de langue arménienne.

     

     

     

    <figure><figcaption>(FRANCETV INFO)</figcaption></figure>

     

     

    C'était il y a cent ans, mais le temps s'est comme arrêté sur ce petit bout du Raincy où se trouve Tebrotzassère. "Je vis chaque jour le génocide. Quand je regarde les yeux des enfants le matin, je le vois, confie Haïg Sarkissian. Alors ici, on donne le savoir, la joie, l'espoir." Pour le centenaire, le directeur aimerait que "l'école montre qu'elle existe, qu'il y a une vie malgré le génocide". "L'objectif des Turcs n'a pas abouti, insiste Anahid Avedissian. On est toujours vivants".


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  • Génocide arménien : quatre questions pour comprendre ce qui s'est passé il y a cent ans

    Le centenaire de ces massacres est commémoré le 24 avril. L'occasion pour francetv info de revenir sur ce fait historique méconnu.

     

     

    <figure id="image_1004069">

    Un charnier de victimes arméniennes du génocide dans le village de Sheyxalan (Turquie), en 1915.

    <figcaption>Un charnier de victimes arméniennes du génocide dans le village de Sheyxalan (Turquie), en 1915. (ARMENIAN GENOCIDE MUSEUM / AFP)</figcaption></figure><section class="byline clearfix">

    Par

    Mis à jour le <time datetime="2015-04-24T11:05:25+02:00" itemprop="dateModified">24/04/2015 | 11:05</time> , publié le <time datetime="2015-04-23T07:25:56+02:00" itemprop="datePublished">23/04/2015 | 07:25</time>

    </section>

     

     

    A l'époque, le mot génocide n'existait pas. Il y a cent ans, en pleine première guerre mondiale, les Arméniens de l'Empire ottoman, l'actuelle Turquie, sont massacrés ou déportés par les autorités. Ce génocide, le premier du 20e siècle, fait entre 1,2 et 1,5 million de morts, selon les estimations. Alors que le président François Hollande se rend à Erevan (Arménie), vendredi 24 avril, pour les commémorations de ce drame, francetv info revient sur cet événement historique méconnu en France.

    Que s'est-il passé ?

    Tout commence le 24 avril 1915. Cette nuit-là, le préfet de police de Constantinople (devenue Istanbul en 1930) ordonne l'arrestation de l'élite arménienne de la ville. 600 intellectuels sont exécutés en quelques jours. Dans les mois qui suivent, les populations arméniennes sont prises pour cible sur l'ensemble du territoire ottoman. "Cela s'est traduit par des rafles dans les villages, puis des convois de déportation vers des régions comme la Syrie", explique à francetv info Philippe Videlier, historien au CNRS et auteur de Nuit turque.

     

     

     

    <figure> <figcaption>(France 2)</figcaption></figure>

     

     

    Ces crimes sont perpétrés à la fois par les forces régulières, les gendarmes turcs, et par des unités créées pour l'occasion. C'est le cas, par exemple, de l'Organisation spéciale, dirigée par un médecin formé en France, Behaeddine Chakir. "Les gens mouraient soit massacrés, soit d’épuisement, poursuit Philippe Videlier. Certains ont été vendus comme esclaves. Il y a eu des crimes sexuels, des massacres d'enfants et des adoptions forcées." Les persécutions ne cessent qu'en 1918, après un changement de régime.

    Pourquoi les Arméniens ont-ils été pris pour cible ?

    Les massacres d'Arméniens, une minorité chrétienne dans un empire musulman, n'ont pas commencé en 1915. "L'Arménien, comme les autres non-musulmans, est considéré comme un citoyen de second ordre, sur qui pèsent des interdictions légales et des obligations fiscales découlant de sa condition d'infidèle", explique ainsi, en 1998, le rapport de l'Assemblée nationale française sur le génocide arménien.

    De 1894 à 1896, le sultan Abdülhamid II fait ainsi tuer 200 000 personnes après des révoltes paysannes. Mais c'est avec l'arrivée au pouvoir du parti des Jeunes-Turcs, en 1908, que les évènements s'accélèrent. "C'était un régime moderniste, mais très vite, leur nationalisme les a entraînés dans une voie raciale et raciste", observe l'historien Philippe Videlier. La première guerre mondiale va leur fournir une occasion de s'en prendre aux Arméniens. Par le jeu des alliances, l'Empire se trouve opposé à la Russie, un pays frontalier, où vit également une importante minorité arménienne. "Ils ont prétexté que les Arméniens n'étaient pas des éléments sûrs, mais des séparatistes qui allaient s'allier avec la Russie contre l'Empire ottoman", explique Philippe Videlier.

     

     

    <figure id="image_1010493">Le mémorial du génocide arménien à Erevan (Arménie), photographié le 24 avril 2014.<figcaption>Le mémorial du génocide arménien à Erevan (Arménie), photographié le 24 avril 2014. (TIGRAN MEHRABYAN / RIA NOVOSTI)</figcaption></figure>

     

     

    "Les vraies raisons, ce sont les mêmes que pour tous les génocides, poursuit l'historien. Il y avait une volonté d’épuration ethnique pour restaurer la pureté turque." Une analyse confirmée par les diplomates étrangers présents dans l'Empire à cette époque. "Il est évident que la déportation des Arméniens n'est pas motivée par les seules considérations militaires", écrit, le 1er juin 1915, l'ambassadeur allemand, pourtant allié du pouvoir turc. Dans ses mémoires, l'ambassadeur américain Henry Morgenthau rapporte cette phrase du ministre de l'Intérieur, Talaat Pacha : "Nous ne voulons plus voir d'Arméniens en Anatolie ; ils peuvent vivre dans le désert, mais nulle part ailleurs."

    Les coupables ont-ils été jugés ?

    Défait militairement, le gouvernement des Jeunes-Turcs perd le pouvoir en novembre 1918. Ses dirigeants, dont le trio Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, prennent la fuite. A l'issue du procès de Constantinople, en 1919, le triumvirat et d'autres responsables des Jeunes-Turcs sont condamnés à mort par contumace pour leur rôle dans le génocide des Arméniens. Mais la sentence ne sera pas exécutée : absents, ils échappent à la mort. Surtout, la Turquie change de position sur le sujet avec l'arrivée au pouvoir du régime nationaliste de Mustafa Kemal, Atatürk, en 1923.

     

     

    <figure id="image_1010477">Des manifestants arméniens se rassemblent devant l'ambassade turque d'Athènes (Grèce), le 24 avril 2013, à l'occasion du 98e anniversaire du génocide arménien.<figcaption>Des manifestants arméniens se rassemblent devant l'ambassade turque d'Athènes (Grèce), le 24 avril 2013, à l'occasion du 98e anniversaire du génocide arménien. (YANNIS BEHRAKIS / REUTERS)</figcaption></figure>

     

     

    Opposé au traité de Sèvres (1920), le traité de paix entre les vainqueurs de la première guerre mondiale et l'Empire Ottoman, Atatürk réclame sa renégociation. Sa victoire contre les troupes grecques, qui occupent alors une partie de l'Empire ottoman, change le rapport de force dans la région. La communauté internationale accepte donc de renégocier, et le traité de Lausanne est signé le 24 juillet 1923. Ce texte dessine les frontières de la Turquie actuelle, mais pas seulement. Il décrète au passage l'amnistie pour les crimes commis pendant le conflit.

    Les trois Pacha ont cependant déjà été rattrapés par leur passé. Une campagne d'assassinats ciblés, montée par des Arméniens, les frappent en 1921 et 1922 : Djemal est tué à Tbilissi (Géorgie), l'Armée rouge exécute Enver au Tadjikistan soviétique. Et  Talaat est assassiné à Berlin (Allemagne) par l'Arménien Soghomon Tehlirian. Jugé pour ce meurtre, ce dernier est finalement acquitté. "Les juges ont considéré qu'il y avait une sorte de légitime défense, et des circonstances atténuantes", analyse Philippe Videlier.

    Pourquoi la Turquie continue-t-elle de nier ?

    Même si le président du pays a présenté ses condoléances en 2014, la Turquie a toujours refusé de parler de génocide des Arméniens. Par nationalisme, mais pas seulement. A l'origine, le régime de Mustafa Kemal repose en grande partie sur les fonctionnaires du régime Jeunes-Turcs. "C'est comme si on avait repris tous les Maurice Papon possibles, compare Philippe Videlier. Les responsables matériels du génocide se sont retrouvés à des postes clés, ce qui explique la position négationniste."

     

     

    <figure id="image_1010487">

    Des manifestants pro-Turquie défilent devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 22 décembre 2011, pour protester contre la loi punissant la négation du génocide arménien.

    <figcaption>Des manifestants pro-Turquie défilent devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 22 décembre 2011, pour protester contre la loi punissant la négation du génocide arménien. (FRED DUFOUR / AFP)</figcaption></figure>

     

     

    D'abord favorables à la cause arménienne, les grandes puissances vainqueurs de la première guerre changent de position après la seconde. "En pleine guerre froide, il n’est plus question de demander des comptes à la Turquie parce qu'elle devient un pion essentiel face à la Russie", indique Philippe Videlier. Un calcul géopolitique qui explique pourquoi la France n'a reconnu ce génocide qu'en 2001. Une loi a été adoptée en 2011 pour punir sa négation, mais elle a été censurée depuis par le Conseil constitutionnel. Ce dernier estime que la loi porte une "atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication".


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  • Vendée : douze blessés dans la traversée

    vers l'Ile d'Yeu

    01 Mai 2015, 17h20 | MAJ : 01 Mai 2015, 18h01lien
     
    <figure> L'Ogia a rencontré deux grosses vagues lors de sa traversée. <figcaption class="articleChapeau">L'Ogia a rencontré deux grosses vagues lors de sa traversée. (www.compagnie-vendeenne.com.)</figcaption> </figure>

    Une personne a été blessée gravement et onze autres plus légèrement ce vendredi matin dans un navire qui les transportait vers l'île d'Yeu (Vendée). L'accident a eu lieu lors d'une liaison entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et l'île d'Yeu à bord d'un navire de la Compagnie vendéenne.

    La houle pourrait être à l'origine de l'accident.

     
     

    Selon «Ouest France», le bateau Ogia qui a quitté le port à 9 heures n'a rencontré que deux grosses vagues mais elles auraient été suffisantes pour causer des dégâts parmi les passagers.

    Bousculées dans le navire, plusieurs personnes ont été blessées. Le Samu les a prises en charge à l'arrivée du bateau sur l'île d'Yeu à Port-Joinville vers 10h15, d'après le quotidien régional. Une femme, blessée grave, ainsi qu'un enfant blessé plus légèrement, ont été évacués par hélicoptère pour le continent, où ils ont été admis à l'hôpital de Challans (Vendée). Les dix autres blessés légers ont été pris en charge à l'hôpital local.


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