</figure>
Après les émeutes de cette semaine, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le calme samedi 2 mai à Baltimore, pour dénoncer les brutalités policières et demander justice pour Freddie Gray.
« Pas de justice, pas de paix », scandaient des manifestants au départ d'un défilé depuis le lieu où le jeune homme noir de 25 ans a été arrêté le 12 avril. Quelque 10 000 personnes étaient attendues selon les organisateurs, au lendemain de l'annonce de poursuites contre six policiers de la ville impliqués dans la mort de Freddie Gray le 19 avril, des suites d'une blessure « grave » lors de son transport sans ceinture, pieds et mains liés à plat ventre dans un fourgon de police. Baltimore est le théâtre de manifestations quasi quotidiennes depuis le drame.
Lire le reportage de notre correspondant : Emeutes à Baltimore : « Il a suffi d’une étincelle »
Sécurité renforcée
« Les jeunes ne sont pas des voyous », « pas de paix dans nos âmes », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par les protestataires à l'hôtel de ville, venus à l'appel des avocats de la cause noire, les Black Lawyers for Justice, dont le leader Malik Shabazz est un ancien membre du mouvement radical Black Panthers. En tee-shirts bleus, des observateurs d'Amnesty International assuraient vouloir veiller au respect des droits de l'homme.
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"></figure>
La Garde nationale, appelée en renfort depuis que des émeutes ont éclaté lundi, a mobilisé quelque 3 000 hommes samedi « pour assurer le calme de Baltimore ». Vendredi soir, la police a procédé à une série d'arrestations de manifestants qui avaient bravé le couvre-feu nocturne, instauré depuis mardi.
Mais le calme voire la liesse avaient prévalu dans la journée après l'annonce surprise par la procureure Marilyn Mosby de poursuivre six policiers — trois Blancs, trois Noirs — pour la mort de Freddie Gray. Suspendus de leurs fonctions avec salaire depuis le drame, les six policiers ont été interpellés avant d'être relâchés vendredi soir moyennant des cautions allant de 250 000 à 350 000 dollars, selon des documents de justice.
Lire aussi : Baltimore : qui sont les protagonistes de l’« affaire Freddie Gray » ?
Arrestation « illégale »
Les policiers seront déférés devant un juge le 27 mai pour une audience préliminaire. Les poursuites notamment pour meurtre contre l'un des policiers avaient été saluées par la famille de la victime et dans le quartier de Baltimore le plus touché par les violences de lundi, où les habitants avaient accueilli cette décision avec des cris de joie. L'avocat du syndicat des policiers a en revanche dénoncé une décision précipitée.
Selon l'enquête et l'autopsie, Freddie Gray est mort d'une « blessure qui lui a été fatale alors qu'il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué » pieds et mains liés, et qui s'est arrêté à trois reprises sur le chemin du commissariat, selon la procureure Marilyn Mosby. Selon elle, les agents « n'ont pu fournir aucune justification » à cette arrestation et de ce fait, trois policiers sont poursuivis pour l'avoir arrêté « illégalement ».
Le président Barack Obama a souhaité vendredi que toute la lumière soit faite sur ce décès. Le drame de Baltimore et plusieurs faits divers similaires, comme à Ferguson (centre), ont réveillé les tensions raciales latentes aux Etats-Unis entre la communauté noire et la police. Dans la grande majorité des cas, les policiers impliqués ont échappé à des poursuites.
Lire aussi l'éditorial du "Monde" : De Ferguson à Baltimore, l’indispensable examen de conscience américain