• Pour les hedge funds, spéculer sur la dette souveraine peut rapporter très gros

    LEMONDE | 13.07.11 | 11h48   •  Mis à jour le 13.07.11 | 16h54

     

    La zone euro se déchire, les Etats surendettés redoutent la faillite… et les spéculateurs cherchent le moyen d'en tirer profit. Le 22 juin, à Monaco, lors du sommet GAIM International, où se rencontre le gratin des patrons de fonds spéculatifs, la remarque a échappé à Robert Marquardt, fondateur de Signet, un fonds qui investit dans différents fonds spéculatifs : avec cette crise grecque, à condition d'aimer le risque, "il y a certainement beaucoup d'argent à se faire", a-t-il lâché.

    S'ils ne sont qu'une poignée, les fonds vautours, les spéculateurs ou investisseurs plus
     
    classiques, tentent et peuvent s'enrichir "grâce" aux déboires de la Grèce, avant l'Italie ou
     
     
    l'Espagne.

    Comment ? Les opportunités sont nées de la pression exercée sur les créanciers privés d'Athènes. A ce moment-là, certaines banques affolées à l'idée de perdre trop d'argent ont été tentées de se défaire de dettes pour les revendre à des investisseurs plus audacieux.

    Selon le Sunday Telegraph, au cours des trois derniers mois, de grandes sociétés de gestion et des fonds d'investissement américains (Loomis Sayles, BlackRock), suisse (Julius Baer), français (Natixis AM) ou allemand (Star Cap), auraient racheté l'équivalent de 150 millions d'euros de dette grecque… à vil prix.

    "C'EST LE JACKPOT"

    De fait, aujourd'hui, sur ce marché de seconde main, la dette à dix ans de la Grèce s'achète environ 50 % de sa valeur initiale, celle à cinq ans à 47 %. Plus le temps passe plus l'investisseur empoche de l'argent car la dette grecque jugée très risquée rapporte en ce moment plus de 15 % l'an. Or, les investisseurs ont sûrement emprunté à un taux de l'ordre de 1,5 %, calcule un analyste.

    Autrement dit, le jeu est gagnant sur le court terme et si la Grèce parvient à honorer sa dette, "c'est le jackpot", poursuit-il. L'investisseur a empoché de juteux coupons et récupère, en plus, la mise initiale qu'il n'a payée que la moitié de son prix. En investissant à très court terme, "les rendements peuvent atteindre 50 % !", s'enthousiasme cet expert.

    En cas de restructuration de dette, c'est une autre histoire : il faut que l'effort réclamé aux créanciers privés ne soit pas trop sévère, et requière un abandon de créance de moins de 50 % de la mise, pour ne pas être perdant. Autrement dit, les spéculateurs n'ont pas intérêt à ce que le pays fasse défaut. En outre, s'ils peuvent se faire beaucoup d'argent, ils sont peu à naviguer dans ces eaux troubles. En ce moment, le marché de la dette grecque est déserté. "Les volumes sont dix fois inférieurs à ce qu'ils étaient avant la crise", constate un opérateur.

    Reste une autre méthode pour s'enrichir : jouer avec des credit default swaps, ou CDS, ces titres de garantie servant à se couvrir contre le défaut d'un pays. Un marché de 78 milliards d'euros pour la Grèce, selon Natixis. Mais pour en profiter, il fallait être visionnaire et s'emparer de CDS à un prix raisonnable, avant la tourmente. ( Voir notre infographie sur la hausse des CDS en Europe )

    Aujourd'hui, les propriétaires de CDS peuvent gagner de l'argent s'ils parviennent à empocher la prime versée en cas de défaut officiel du pays, ou s'ils arrivent à les revendre plus cher. En faisant, par exemple, courir le bruit que le pays va droit à la catastrophe pour augmenter le prix de la prime d'assurance ? La méthode serait malhonnête, mais les experts soupçonnent certaines rumeurs d'être issues de financiers sans scrupule.

    Claire Gatinois Article paru dans l'édition du 14.07.11


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  • Crise de la dette: la zone euro tente d'enrayer la panique

    L'Expansion.com avec AFP - publié le 12/07/2011 à 18:24

    Alors que les marchés financiers s'inquiètent de voir l'Italie et l'Espagne sombrer à leur tour dans la crise de la dette, la BCE est intervenue jeudi sur les marchés obligataires tandis que la zone euro envisage un sommet extraordinaire.

    Le commissaire européen pour le marché intérieur Michel Barnier (G), Le président de l'eurogroupe, Jean-Claude Juncker (C) et le président de la BCE Jean-Claude Trichet (D) lors de la réunion des ministres des finances de la zone euro le 12 juillet.
    REUTERS/Thierry Roge

    Les promesses ne suffisent plus. La nouvelle dégringolade des bourses mardi matin, à l'issue d'une réunion des ministres des finances de la zone euro conclue sans mesure concrète, a obligé les autorités européennes à répondre plus vigoureusement à la peur de voir la crise de la dette se propager à l'Espagne et à l'Italie. Une double action monétaire et politique qui a permis d'offrir un léger répit aux investisseurs, après le vent de panique de lundi.

    Les Bourses européennes se sont en effet redressées ou du moins ont réussi à limiter leurs pertes: le CAC 40 a abandonné 0,98% en clôture après avoir perdu près de 3% en début de séance. Même évolution à Madrid qui a finalement cédé 0,70% en revenant d'une perte de près de 4% . Londres (-1,02%) et Francfort (-0,78%) sont également parvenues à limiter les dégâts. Milan a même réussi à se hisser dans le vert (+1,18%) après avoir ouvert en baisse de plus de 4%.

    La BCE à la manoeuvre

    La BCE aurait grandement oeuvré à ce petit succès grâce à une intervention discrète mais efficace sur le marché obligataire. Discrète car elle n'a été évoquée que par la rumeur. "La Banque centrale européenne aurait procédé pour calmer les esprits à des rachats de titres de dettes italienne et espagnole, ce qui a contribué à détendre le marché obligataire", a commenté Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel.

    L'Italie aussi

    S'y est ajouté le fait que le Trésor italien ait réussi une émission obligataire de 6,75 milliards d'euros alors que certains investisseurs tablaient sur un échec. Enfin, l'ensemble de la classe politique italienne a affiché mardi sa détermination à adopter un plan de rigueur d'ici dimanche. Répondant à l'appel à l'unité de Silvio Berlusconi, majorité et opposition sont tombés d'accord pour accélérer le vote par le Parlement de mesures de rigueur sélevant à quelque 40 milliards d'euros.

    Conséquence, les taux obligataires en zone euro se sont effectivement détendus à partir de la fin de la matinée, après une nouvelle poussée de fièvre en début de séance. Les rendements à 10 ans de l'Italie ont ainsi reflué à 5,604% après avoir atteint un nouveau record historique lundi à 5,679% tandis que les taux espagnols refluaient au dessous des 6%.

    La zone euro promet un sommet extraordinaire

    Mais la BCE n'est pas la seule à avoir pris très au sérieux le message d'inquiétude des marchés. Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a ainsi envisagé de convoquer pour vendredi un sommet extraordinaire des dirigeants des pays de la zone euro afin de définir enfin une riposte coordonnée. Un tel sommet n'est "pas exclu", a-t-il dit à Madrid lors d'une conférence de presse.

    La réunion lundi soir à Bruxelles des ministres des finances de la zone euro avait en effet déçu par l'absence de mesures concrètes. Les investisseurs y ont surtout vu dans un premier temps la persistance de divergences sur le deuxième plan d'aide à la Grèce qui bute depuis des semaines sur les modalités de la participation des banques, des assureurs et des fonds de pension. Une incertitude qui a contribué à accroître la nervosité des marchés.

    Pourtant il y a bien eu quelques avancées au delà de la promesse de "tout faire pour assurer la stabilité financière" de la monnaie commune. Ils serait en effet question de renforcer "la flexibilité" et "l'envergure" du Fonds, qui a déjà servi à aider le Portugal et l'Irlande, pour parer à toute éventualité... Comme une demande d'aide de l'Italie, par exemple. Pas forcément très favorable au départ, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, n'a ainsi pas exclu mardi que sa capacité de prêts, actuellement de 440 milliards d'euros, soit accrue.

    Une mesure vraiment nouvelle

    Plus spectaculaire encore, il serait surtout question d'autoriser ce mécanisme à racheter de la dette publique sur le marché secondaire, là où les investisseurs s'échangent des titres déjà en circulation. Or les obligations grecques s'échangent actuellement avec une décote de 45% par rapport à leur valeur faciale. Concrètement, donc, ces opérations permettrait à la Grèce de réduire le poids de sa dette et des intérêts payés. En clair, une restructuration qui ne dit pas son nom. La différence, c'est qu'Athènes devrait de l'argent à l'ensemble des pays de l'UE au lieu d'avoir à rembourser des créanciers privés. Les Allemands et les Néerlandais étaient jusqu'ici fortement opposés à cette idée qui oblige leurs contribuables à éponger les erreurs d'Etats trop dépensiers. Leur conversion marque donc un tournant.

    Reste à surmonter les divisions sur les modalités de la participation des créanciers privés au deuxième plan d'aide à la Grèce. Le ministre des Finances néerlandais Jan Kees de Jager a affirmé mardi que la zone euro n'exclut désormais plus un défaut partiel de la Grèce. "Cette option n'est désormais plus exclue", a-t-il dit. Mais, signe de la cacophonie persistante entre Européens, son homologue luxembourgeois, Luc Frieden, l'a néanmoins contredit. "Ce n'est pas une option que nous avons envisagée", a-t-il dit aux journalistes. Signe que le retour au calme n'est peut-être que temporaire et que l'Europe est toujours en danger.


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  • 10/07 | 14:17

    Chine-Indicateurs-L'inflation à un plus haut de 3 ans en juin

    L'INFLATION À UN PLUS HAUT DE TROIS ANS EN JUINBAISSE DE L'INDICE PMI DES SERVICESL'INDICE PMI MANUFATURIER TOUCHE UN PLUS BAS DE 28 MOIS

    Le point sur les derniers indicateurs économiques chinois:


    L'inflation a atteint un plus haut de trois ans au mois de juin en rythme annuel, accentuant les chances de nouvelles hausses de taux d'intérêt par la Banque populaire de Chine (PBOC) afin d'atténuer les pressions sur les prix qui se propagent aux prix alimentaires et à l'énergie.


    D'une année sur l'autre, l'inflation a atteint 6,4% le mois dernier, un peu plus que la progression de 6,3% anticipée en moyenne par les économistes interrogés par Reuters. Hors alimentation, la hausse des prix s'est inscrite à 3%, un rythme historique.
     

    Tableau des statistiques:


    L'indice PMI des services est tombé à 57,0 en juin en Chine contre 61,9 en mai, a annoncé dimanche la Fédération chnoise d'achats et de logistique.
    Il semble que cet indice accuse lui aussi le coup de l'affaiblissement de la demande mondiale et d'une politique monétaire locale resserrée mais il continue à surperformer son homologue industriel.

    Le sous-indice des nouveaux contrats a reculé à 53,5 contre 53,8 en mai et celui des prix des facteurs de production a diminué à 61,6 contre 62.
     

    Le secteur industriel chinois a crû en juin à son rythme le plus bas en 28 mois, affecté par l'affaiblissement de la demande mondiale et par une politique monétaire locale resserrée.
     

    L'indice PMI manufacturier est ressorti à 50,9 en juin contre 52 en mai et 51,3 attendu, a annoncé la Fédération chinoise des achats et de la logistique.
    Le sous-indice des nouvelles commandes à l'exportation a reculé à 50,5 en juin contre 51,1 en mai.
      

    L'indice PMI de la banque HSBC a lui reculé à 50,1 en juin, au plus bas de 11 mois, contre 51,6 en ma  i.
    Le sous-indice de la production est tombé en dessous de la barre des 50 en juin pour la première fois depuis juillet 2010, à 49,8, attestant d'une modeste contraction de la production industrielle par rapport au mois précédent.

     


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  • La zone euro n'est pas la plus mal en point, juge Trichet

    samedi 9 juillet 2011 11h07
     

    par Jean-Baptiste Vey

    AIX-EN-PROVENCE (Reuters) - La zone euro dans son ensemble est dans une situation meilleure que d'autres zones économiques mais elle souffre de gros problèmes de gouvernance, a déclaré samedi le président de la Banque centrale européenne.

    Jean-Claude Trichet intervenait au lendemain d'une vague de crainte sur les marchés financiers concernant une possible contagion à l'Italie de la crise des dettes souveraines en Europe. Il n'a évoqué aucun pays européen en particulier.

    Dans un discours prononcé lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il a ajouté que le Conseil européen, qui réunit les exécutifs des Etats membres, n'avait pas pris toute la mesure de la nécessité d'un renforcement de la surveillance des politiques économiques et budgétaires.

    "Nous avons des problèmes, tous les grands pays avancés ont des problèmes extrêmement sérieux, sans aucune exception", a-t-il dit.

    "Le paradoxe est que la zone euro dans son ensemble est dans une situation un peu meilleure, mais bien entendu elle a de très gros problèmes de gouvernance", a-t-il ajouté, en prenant l'exemple des Etats-Unis et du Japon, dont les niveaux de déficits sont bien supérieurs à la moyenne des pays européens.

    BORGNES EN EUROPE, AVEUGLES AILLEURS ?

    D'importants travaux sont en cours pour renforcer la surveillance des politiques budgétaires dans la zone euro mais aussi des indicateurs de compétitivité et des déséquilibres économiques, a-t-il souligné.

    A cet égard, "il me semble que nous avons un parlement européen qui pousse dans le bon sens et un Conseil qui ne me paraît pas encore comprendre à quel point il est nécessaire que la surveillance soit renforcée dans tous les domaines", a dit Jean-Claude Trichet.

    Meilleure qu'ailleurs, la situation dans la zone euro est loin d'être optimale, a-t-il remarqué. "Au royaume des aveugles, les borgnes en effet peuvent être relativement dans une meilleure situation."

    "Notre croissance est très insuffisante, nous devons élever notre potentiel de croissance" en Europe, a-t-il précisé.

    Et même si 14 millions d'emplois ont été créés dans la zone euro depuis la création de la monnaie européenne, contre huit millions aux Etats-Unis sur la même période, "nous avons énormément de progrès à faire; nous nous contentons d'avoir un taux de chômage inadmissible".

    Jean-Claude Trichet a souligné qu'il avait toujours entendu les critiques et le scepticisme vis-à-vis de l'euro, en dépit des bénéfices apportés par la monnaie unique.

    Dans le débat sur l'"inachèvement" de la zone monétaire européenne par rapport aux Etats-Unis, il a remarqué que les écarts-types de croissance, d'inflation ou d'emploi constatés aux Etats-Unis n'étaient pas sensiblement différents de ceux constatés au sein de la zone euro.

    Jean-Baptiste Vey, édité par Marc Angrand


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  • Les marchés européens tendus

    après la dégradation du Portugal

    Le déclassement de la dette du Portugal en catégorie spéculative

    fait chuter les Bourses d'Europe du sud. La prime de risque de la France s'envole.

    Ecrit par
    Isabelle COUET
    Isabelle COUET
    Journaliste

    Alors que Moody's a relégué la note de la dette du Portugal en catégorie spéculative mardi soir,

    un vent d'inquiétudes souffle sur les marchés européens.

    La sanction de l'agence de notation a surpris par sa sévérité. « La note était sous surveillance négative depuis le 5 avril pour une possible dégradation de deux crans », explique Barclays Capital. « C'est un peu surprenant de l'abaisser de quatre crans, surtout quand les nouvelles sur le Portugal sont relativement neutres ces temps-ci ; cela nous semble être une réaction à la situation grecque. » L'équipe de Barclays craint que Fitch ne sévisse aussi prochainement sur le Portugal.

    Le Portugal pourrait avoir besoin d'un nouveau plan de sauvetage

    L'un des arguments avancés par Moody's est que le pays risque d'avoir besoin d'un nouveau plan de sauvetage car il n'aura probablement pas accès aux marchés financiers comme prévu. Autrement dit, le Portugal se retrouve dans une situation assez proche de celle de la Grèce.

    La nouvelle tombe mal, alors que les autorités et les créanciers privés peinent à se mettre d'accord sur un second dispositif pour soutenir la Grèce. Les banquiers se réunissent d'ailleurs ce mercredi.

    Les Bourses d'Europe du sud sont affectées. Lisbonne perd 2,7 %, Madrid 1,5 % et Milan 2,2 %.

    Sur le marché obligataire, le Portugal est sous forte pression. Les taux à 2 ans bondissent de 153 points de base à 14,47 %. Le rendement des obligations grecques de même maturité se tend de 50 points à 25,49 % et celui des obligations irlandaises de 72 points à 12,56 %.

    La prime de risque de la France est au plus haut depuis plus d'un an

    Les effets vont au-delà des pays périphériques. La prime de risque (« spread ») de la France, c'est à dire l'écart de taux à 10 ans avec l'Allemagne , atteint ainsi 0,52 %, un plus haut depuis plus d'un an.

    Les taux français ne se tendent pourtant pas ce mercredi matin, mais le rendement de la dette allemande se détend fortement, signe d'une recherche de sécurité de la part des investisseurs.

    Sur le front du crédit, les CDS des banques montent. Cela reflète les inquiétudes sur le secteur financier, exposé au risque « périphérique » ainsi qu'aux tensions sur la liquidité.

    I.CO.

    Pour aller plus loin :

    POINT DE VUE de Kenneth Rogoff. La crise en Europe est d'abord institutionnelle (4 juillet)

    Photo : AFP/ MartinOeser


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