• Espagne : «Nous investissons les supermarchés pour dénoncer le vol commis contre les plus défavorisés»

    <time datetime="2012-08-17T08:50:26+02:00" itemprop="datePublished">17 août 2012 à 08:50</time>

    Une femme avec un chariot passe devant un graffiti signé par le groupe des indignés du 15M.

    Une femme avec un chariot passe devant un graffiti signé par le groupe des indignés du 15M. (Photo Eloy Alonso. Reuters)

    Interview L'élu et activiste Sanchez Gordillo opèrent depuis début août des réquisitions dans des centres commerciaux pour distribuer de la nourriture aux victimes de la crise.

    Par CHLOÉ GUTIERREZ

    Juan Manuel Sanchez Gordillo est député du petit parti de gauche Izquierda Unida, élu au Parlement régional et maire du village de Marinaleda (Séville).

    Le 8 août, il a mené une action dans deux supermarchés avec les militants du Syndicat andalou des travailleurs (SAT), s’emparant de chariots pleins de nourriture afin de les distribuer à des associations caritatives et aussi pour dénoncer les inégalités dans cette région d’Espagne où la crise et le chômage font des ravages.

    Il répond à cette interview téléphonique pendant une marche de trois jours vers Jaén pour demander un nouveau plan de création d'emplois et un revenu de base pour les 350 000 familles qui vivent en Andalousie sans protection sociale.

    Quel message voulez-vous transmettre avec votre raid sur les supermarchés ?

    Ces assauts sont juste des actes symboliques pour que les gens se réveillent et réalisent la situation que vit l’Espagne actuellement. Contrairement à ce que tout le monde pense, ça n’a pas été un assaut violent, nous sommes rentrés dans le supermarché puis nous sommes partis avec les chariots sans payer, il n’y a pas eu de violence. Nous voulons dénoncer se qui se passe réellement en Andalousie, où 35% des familles dans les grandes villes sont en dessous du seuil de pauvreté, il y a un taux de chômage de 1,25 millions de personnes, trois millions de pauvres et 200 000 familles dont tous les membres n’ont plus de travails et ne reçoivent pas de perception. Je pense que la crise est une arnaque et un mensonge. Nous sommes confrontés à la plus grande fraude de l’histoire du capitalisme. On devrait envisager de ne pas rembourser la dette ou alors sortir de l’euro. Nous n’allons pas nous soumettre. Nous disons «non» aux coupes budgétaires, puisque la hausse de la TVA et la baisse des allocations chômage affectent toujours les plus pauvres.

    Semble-il justifié de voler parce que «les riches volent aussi» ?

    Non, mais si prendre dix paquets de riz, des haricots, un litre d’huile, c'est du vol, qu’est-ce que c’est quand le gouvernement arrive à renflouer les banques de 100 milliards d’euros comme pour Bankia ? Il y a des choses beaucoup plus barbares qu’un geste de désobéissance pacifique. Nous dénonçons le vol qui est commis à l’encontre des plus défavorisés.

    Le maire de Marinaleda (Séville) et député du Parti de Izquierda Unida, Sanchez Gordillo.

    Estimez-vous que les attaques peuvent affecter l’image de l’Espagne au plan international ?

    L’image de l’Espagne a été beaucoup plus affectée par le sauvetage de Bankia ou à cause des banquiers qui ont fraudé 30 milliards d’euros à des milliers de citoyens, comme Emilio Botin, président de Banco Santander, qui a été accusé de fraude fiscale. Je pense qu’il est beaucoup plus grave qu’il y ait environ 100 milliards d’euros d'économie souterraine, ou que nos grands athlètes ne paient pas la TVA parce qu’ils ont de l’argent dans des paradis fiscaux.

    Que proposez-vous?

    Un décret imposant que les produits alimentaires des grands magasins soient donnés cinq jours avant leur date limite de consommation au lieu de les jeter, de sorte qu’ils pourront être donnés à des familles qui ont des difficultés financières. Il y a 1 700 000 familles en Espagne où tout le monde est au chômage et où personne ne touche d'indemnité. Que vont-ils manger?

    Qu’avez-vous prévu à partir de maintenant ?

    Nous faisons en ce moment même une marche à pied vers Jaén, en Andalousie. Nous parcourons toutes les provinces de l’Andalousie pour rapprocher la campagne et la ville. Je n’exclus pas d’occuper à nouveau Las Turquillas, un domaine de 1 200 hectares qui n’est pas cultivé. Nous allons également continuer d’investir les centres commerciaux, et d’occuper des maisons vides. Nous n’aimons pas prendre de la nourriture dans les supermarchés, mais il n'y a pas beaucoup d’alternatives dans des circonstances sociales comme celles-là. Nous sommes obligés d’attirer l’attention de cette façon pour que le gouvernement se rende compte que certaines personnes sont désespérées. L'Etat doit veiller à que les citoyens puissent manger tous les jours et qu’ils dorment sous un toit. Nous sommes au XXIe siècle et en Europe, mais en Andalousie et dans les grandes villes, ce n’est plus garanti à tous les Espagnols.


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  • monde
    Accueil > monde > Les créances douteuses atteignent un niveau record en Espagne

    Les créances douteuses atteignent un niveau record en Espagne

    Créé le 17-08-2012 à 10h42 - Mis à jour à 17h37

    Les crédits immobiliers susceptibles d'être non remboursés continuent de fragiliser les banques espagnoles.

     

     (c) Sipa

    (c) Sipa

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    Le taux de créances douteuses des banques espagnoles, indice de leur vulnérabilité, a encore grimpé en juin, atteignant un nouveau record depuis 1994 à 9,42%, a annoncé vendredi 17 août la Banque d'Espagne.

    Les créances douteuses, principalement des crédits immobiliers susceptibles de ne pas être remboursés, s'élevaient en juin à 164,361 milliards d'euros, soit 9,42% du total des créances, contre 8,96% en mai (donnée révisée) et 8,72% en avril.

    L'éclatement de la bulle immobilière en 2008 a fortement déstabilisé le secteur financier espagnol, certaines banques étant très exposées au secteur immobilier sinistré.

    Face à leurs difficultés, l'Espagne a dû faire appel à un plan d'aide européen pour ses banques qui pourra s'élever jusqu'à 100 milliards d'euros.

    Une première tranche d'aide de 30 milliards est débloquée depuis fin juillet et une partie pourrait être injectée sous peu, selon les médias espagnols, pour soulager les banques les plus fragiles, notamment Bankia, dont la nationalisation en mai avait précipité cette demande d'aide.

    (Avec AFP)


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  • Grèce: le début des ennuis pour les gouvernements européens ?

     Par Sébastien Julian - publié le 16/08/2012 à 16:52 
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    Athènes réclame deux ans de plus pour réduire son déficit à zéro. Mais cela veut dire pour l'Europe, que ses créances mettront plus de temps à être remboursées.

    La Grèce propose de repousser à 2020 contre 2016, le début du remboursement d'un prêt de 110 milliards d'euros.

    La Grèce propose de repousser à 2020 contre 2016, le début du remboursement d'un prêt de 110 milliards d'euros.
    REUTERS/Yiorgos Karahalis

    Antonis Samaras s'apprête à vivre une fin de mois chargée. Le 24 août, le Premier ministre Grec doit s'entretenir avec la chancelière allemande Angela Merkel. Le lendemain, il sera reçu à Paris par François Hollande. Auparavant, Antonis Samaras devrait s'entretenir le 22 août à Athènes avec le chef de file de la zone euro, Jean-Claude Juncker. Cet encombrement de calendrier n'est pas le fruit du hasard. La Grèce réclame deux ans de plus pour arriver à l'équilibre budgétaire. En d'autres termes, Athènes propose de réduire son déficit à zéro en 2016 et non pas en 2014.

    Sans surprise, l'Allemagne s'est déjà opposée à cette requête. Pourtant, celle-ci semble économiquement justifiée. L'économie grecque est en piteux état. La contraction du PIB pourrait atteindre 7% cette année. C'est la cinquième année de récession consécutive. 7% c'est aussi le niveau de déficit public grec. 2,4 point de plus que ce qui était prévu. Dans ces conditions, il semble illusoire de programmer un retour à l'équilibre budgétaire en 2014. Angela Merkel devra donc sans doute négocier un assouplissement avec Antonis Samaras.

    Le problème pour l'Europe, c'est que si la Grèce retarde son ajustement budgétaire, les créances qu'elle possède sur ce pays seront remboursées moins vite. A terme, certaines créances ne seront peut-être pas remboursées du tout, tant la situation économique de la Grèce est mauvaise. C'est en tout cas la crainte de certains économistes. "Nous avons eu un plan d'échange de dette avec les créanciers privés. Nous aurons tôt ou tard un plan d'échange de dette avec les créanciers publics", expliquait l'un d'entre eux avant les vacances d'été. "La Grèce ne pourra pas rembourser ses dettes : il faudra étaler considérablement les remboursements et sans doute effacer une partie de l'ardoise", expliquait un autre.

    Nous n'en sommes pas encore là. La Grèce n'a pas encore plaidé sa cause auprès des dirigeants européens. Mais dans la proposition qu'elle compte faire aux dirigeants européens, la Grèce désire repousser à 2020 contre 2016, le début du remboursement du premier prêt effectué par l'Europe et le FMI, d'un montant de 110 milliards d'euros. Et certains experts à Bruxelles doutent dejà la capacité de la Grèce à réduire son déficit public. Même en disposant de deux années supplémentaires.


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  • Grande-Bretagne: La justice va enquêter sur une filiale d'EADS

    Mis à jour le 09.08.12 à 23h05  lien

    Un organe de répression des fraudes britannique a ouvert une enquête pour déterminer si des représentants du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS ont corrompu des officiels saoudiens en vue de placer un contrat de télécommunications estimé à 3,3 milliards de dollars.

    Les enquêteurs entendent se pencher un contrat remporté par la société GPT Special Project Management Ltd auprès de la garde nationale saoudienne, qui protège la famille royale, visant à fournir des services de communications sécurisées à l'Arabie saoudite.

    Le Serious Fraud Office a annoncé l'ouverture de cette enquête sur son site internet.

    Personne n'était immédiatement disponible chez EADS jeudi pour un commentaire.

    Reuters

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  • Les "Sages" disent "oui" au traité européen

    jeudi 9 août 2012 20h58  lien
     
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    par Emile Picy et Yves Clarisse

    PARIS (Reuters) - L'adoption en droit français du traité budgétaire européen peut se faire sans révision de la Constitution, a décidé jeudi le conseil constitutionnel, évitant au gouvernement socialiste d'avoir à compter sur les voix de la droite pour le ratifier.

    Les "Sages" donnent ainsi raison à François Hollande, qui ne jugeait pas cette réforme nécessaire et permettent de faire avancer le processus de ratification au niveau européen.

    La majorité au pouvoir peut également pousser un "ouf" de soulagement, la gauche étant divisée sur ce dossier, comme lors du "non" à la Constitution européenne de 2005.

    Le "Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance" (TSCG) adopté fin juin oblige à plafonner leur déficit structurel à 0,5% du PIB sous peine de sanctions et un Etat en déficit excessif devra fournir un plan de réformes structurelles soumis à l'approbation du Conseil européen, ce qui impliquait selon des députés des abandons de souveraineté.

    Une révision constitutionnelle aurait nécessité un vote à la majorité des trois cinquièmes du Parlement réuni en Congrès, ce qui aurait impliqué l'appui d'une partie de l'opposition de droite, des députés de gauche ayant annoncé qu'ils ne voteraient pas un texte qui impose selon eux une austérité sans fin.

    Mais pour le conseil constitutionnel, ce n'est pas nécessaire, la France étant déjà tenue par les règles de discipline budgétaire adoptées dans le passé.

    "Le TSCG, qui abaisse à 0,5 % cet objectif, se borne sur ce point à reprendre, en les renforçant, les engagements existants", écrivent les "Sages" dans leur décision.

    RATIFICATION EN SEPTEMBRE

    "Il ne procède pas à des transferts de compétences en matière de politique économique ou budgétaire", ajoutent-ils. "Le Conseil constitutionnel a en conséquence jugé que, pas plus que les engagements antérieurs de discipline budgétaire, l'engagement de respecter ces nouvelles règles de discipline budgétaire ne porte atteinte aux conditions essentielles d'exercice de la souveraineté nationale."

    Le conseil constitutionnel estime toutefois qu'une loi organique, supérieure à la loi ordinaire mais qui ne nécessite qu'une majorité simple à l'Assemblée et au Sénat, doit être adoptée, ce sur quoi le gouvernement s'était par avance engagé.

    Le "paquet européen" sera donc soumis au Parlement durant la dernière semaine de septembre au cours d'une nouvelle session extraordinaire du Parlement et François Hollande a demandé au gouvernement de préparer "rapidement" le texte.

    Membre de droit du conseil constitutionnel, comme tous les anciens présidents, Nicolas Sarkozy, qui a négocié le texte, n'a pas participé aux délibérations pour ne pas être juge et partie.

    Jacques Chirac était lui aussi absent de ce forum de 12 personnes nommées par les président de la République ainsi que par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale mais Valéry Giscard d'Estaing a participé aux délibérations.

    VOIE DÉGAGÉE POUR LE TRAITÉ

    La voie est donc dégagée pour le traité européen qui entrera en vigueur lorsque 12 des 17 pays de la zone euro l'auront ratifié, ce qui devrait être bientôt le cas puisque plusieurs pays, dont l'Allemagne et l'Italie, ont déjà franchi le pas.

    "La décision du conseil constitutionnel ouvre une nouvelle voie pour la France et l'Europe", a déclaré dans un communiqué la première secrétaire du PS, Martine Aubry.

    Les opposants de gauche et d'extrême droite à ce traité qui gravera dans le marbre l'interdiction des déficits ne pourront donc livrer qu'un baroud d'honneur en septembre.

    Selon le Front de gauche, certaines personnalités écologistes et une vingtaine de députés socialistes, la France n'a pas réussi à renégocier le traité européen, contrairement à ce que François Hollande avait promis pendant sa campagne.

    Le nouveau président estime avoir eu gain de cause avec l'accord conclu fin juin à Bruxelles sur un plan de 120 milliards d'euros pour la croissance, une taxe sur les transactions financières et la rédaction par le président du Conseil européen Herman Van Rompuy d'une "feuille de route" vers plus d'intégration européenne.

    Pour les opposants, le compte n'y est pas et il convient désormais d'organiser un référendum, ce que François Hollande a catégoriquement exclu.

    "Très surprenant que le traité européen ait été jugé constitutionnel", a écrit Florian Philippot, vice-président du Front national, sur son compte twitter. "Peu importe, il faut exiger un référendum."

    Avec Julien Ponthus et Gérard Bon, édité par Yves Clarisse


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