Les talibans, qui avaient promis d'essayer de tuer le prince Harry de retour en Afghanistan, ont tenté de tenir parole en attaquant vendredi 14 septembre au soir la base dans laquelle il est affecté. Sans parvenir à leurs fins, ils ont toutefois tués deux soldats américains dans leur assaut.
L'attaque à l'arme légère et à l'aide d'obus et/ou de roquettes contre le camp Bastion, situé dans la province très instable du Helmand (sud), a débuté vers minuit heure locale (20h30), a indiqué le sergent Bob Barko Jr, du centre de presse de l'Isaf, la force armée de l'Otan en Afghanistan. "D'après les informations en notre possession, le prince Harry, surnommé capitaine Wales, est hors de danger", a-t-il déclaré.
Deux soldats américains ont été tués dans l'assaut, a déclaré à Washington un responsable américain de la défense, sous couvert d'anonymat. "Moins de cinq hommes", dont la nationalité n'a pas été précisée, ont également été blessés, selon le sergent Barko Jr. Plus aucune activité armée n'est actuellement recensée autour de la base britannique, située dans la province très instable du Helmand, a-t-il ajouté.
"Nous ne cherchons pas à le kidnapper, mais à le tuer"
Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de l'attaque. L'Isaf n'est ainsi pas en mesure de préciser si l'assaut a débuté contre le camp Bastion ou le camp Leatherneck, qui lui est adjacent, a déclaré le porte-parole.
Aucune information n'est disponible sur le nombre d'insurgés ayant participé à cette action, ni sur les pertes qui leur ont été infligées, de même source.
Les talibans afghans ont affirmé lundi être déterminés à tuer le prince Harry, pilote d'hélicoptère de combat dans l'armée britannique, de retour en Afghanistan pour une deuxième mission militaire. "Nous ne cherchons pas à le kidnapper, mais à le tuer", avait déclaré Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, précisant que les talibans avaient mis sur pied un "plan très important" pour attaquer le troisième dans l'ordre de succession au trône britannique.
L'assaut contre le camp Bastion pourrait de ce fait être interprété comme une bravade des rebelles, bien moins nombreux et moins équipés que les soldats de l'Isaf.
Aucune déclaration des talibans concernant cette attaque n'a pour l'instant été mise en ligne. Leur implication est toutefois fort probable, le Helmand étant un territoire où ils sont très fortement implantés.
Harry, pilote d'hélicoptère Apache
Le prince Harry est arrivé la semaine dernière à Camp Bastion, dans la province du Helmand pour une mission temporaire de quatre mois comme pilote d'hélicoptère Apache, selon l'armée britannique. Cette mission est la deuxième dans ce pays pour le prince Harry, mais la première rendue publique par les autorités britanniques.
Sa précédente venue en Afghanistan, entamée en décembre 2007, avait été soigneusement tenue secrète jusqu'à ce qu'elle soit écourtée au bout de dix semaines pour des raisons de sécurité, en mars 2008, après la divulgation par les médias de sa présence.
Harry, 27 ans et troisième dans l'ordre de succession au trône d'Angleterre, avait défrayé la chronique le mois dernier en apparaissant nu sur des photos prises lors d'une partie de "strip-billard" à Las Vegas, aux Etats-Unis.
Contacté, un porte-parole de l'armée britannique s'est refusé à tout commentaire sur d'éventuelles mesures de sécurité supplémentaires prises pour protéger le prince Harry, par rapport à celles en vigueur pour ses compagnons d'arme. Le Royaume-Uni est, avec 9.500 soldats, le deuxième contributeur de l'Isaf en Afghanistan après les Etats-Unis. Il a perdu 425 hommes depuis le début du conflit en 2001. La coalition de l'Otan a chassé fin 2001 les talibans d'un pouvoir qu'ils occupaient depuis 1996. Ceux-ci mènent depuis lors une guérilla sanglante contre le gouvernement et ses partenaires internationaux.
Quelque 117.000 militaires étrangers sont encore présents en Afghanistan. La grande majorité d'entre eux quittera le pays à la fin 2014. Lors de sa visite jeudi au camp Bastion, le ministre britannique de la Défense Philip Hammond a envisagé la possibilité d'un retrait prématuré. "Je pense que le message que j'ai clairement reçu de l'armée est qu'il pourrait être possible de retirer les troupes en 2013", a-t-il déclaré au quotidien "The Guardian".