• Incendies et explosions, les anarchistes russes attaquent l’État

     
    Depuis deux ans, les actes criminels visant des symboles de l’Etat russe, ainsi que ceux du capitalisme, se multiplient dans le pays. À l’origine de ces actions violentes, principalement des incendies criminels, se trouve un réseau d’anarchistes russes prêts à tout pour se faire entendre.
     
    La première de ces attaques remonte à 2009. Lors de la célébration du 1er mai, journée internationale des travailleurs, 250 anarchistes s’étaient regroupés à Saint-Pétersbourg avec l’autorisation de la mairie de la ville.
    Avant même le début de leur marche, des officiers OMON, les troupes spéciales du ministère russe de l’Intérieur,   avaient arrêté 137 d’entre eux au motif qu’ils prévoyaient d’attaquer un groupe de nationalistes russes rassemblés pour la même occasion.   Une attaque que les anarchistes niaient avoir planifié. Trois jours après ces arrestations, plusieurs voitures de police ont été incendiées à proximité du commissariat de Svetlanovsky à Saint-Pétersbourg. Le lendemain, c’est un poste de police entier qui était réduit en cendres à Nizni Novgorod.
     
    Après ces premiers incidents, les incendies criminels se sont multipliés dans le pays. Entre 2010 et 2011, des voitures et des postes de police, mais aussi des voitures de luxe, des centres d’affaires, des bureaux d’inscription militaires, un chalet témoin qui faisait la promotion de maisons de luxe près de Moscou et des antennes locales de Russie Unie, le parti au pouvoir, ont été incendiés. Dernière cible en date, un bureau local de Russie Unie situé à Moscou a été réduit en cendres le 22 juillet dernier. Aucune victime n’a jamais été à déplorer car les bâtiments, comme les voitures, étaient toujours vides au moment des crimes.
     
     
    Ces actes ont tous été revendiqués par différents mouvements anarchistes qui se disent regroupés de façon informelle dans un réseau Black Bloc. Les Black Bloc sont des rassemblements éphémères et non hiérarchisés d'individus anonymes ayant pour but des actions violentes notamment contre les symboles du capitalisme. Les membres partagent leurs expériences et collaborent pour établir leurs cibles et leurs modes d’action. Quiconque souhaite prendre part à ces incendies criminels est libre de le faire. Jusqu’à présent la police n’a retrouvé aucun individu lié à ce réseau.
     
    Déjà présents en Europe, les réseaux Black bloc ont été particulièrement actifs pendant les manifestations contre l’austérité à Londres et en Grèce
     
     
     

     
    Contributeurs

    "Employer des méthodes plus radicales nous permet d’atteindre des objectifs plus importants avec moins de moyens"

    Blacblocg écrit en anglais le blog "Black Bloc, nouvelles de la guérilla anarchique".
     
    Les formes pacifiques de luttes (réunions, campagne de communication, etc…) n’ont pas ou très peu d’effets dans notre pays car finalement peu de gens sont prêts à descendre dans la rue pour manifester. Les actions radicales et "dangereuses" attirent bien plus l’attention du public et des médias. Un bon exemple de cette théorie est le combat pour la protection de la forêt de Khimki [En juillet 2010, un groupe d’écologistes russes dénonçait le projet de construction d'un tronçon de la nouvelle autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg au beau milieu du parc forestier de Khimki]. La campagne de sensibilisation, plutôt calme au début, a reçu bien plus d’attention après que les "anti-fascistes" se sont attaqués à des locaux de l’administration de Khimki. Nous considérons que ce n’est que suite à cette action que le combat des écologistes a reçu le soutien de personnalités comme Yuri Shevchuk [chanteur de rock engagé qui dénonce le manque de démocratie en Russie] ou Artemy Troitsky [un des critiques musicaux les plus reconnus en Russie] et que tout s’est accéléré [Les écologistes n’ont toutefois pas réussi à empêcher la construction de l’autoroute et des actions anarchistes ciblent aujourd’hui le matériel de construction].
     
     
    Des bulldozers incendiés dans la forêt de Khimki à la fin du mois de juin 2011.
     
    Donc, il y a deux ans, nous avons décidé d’employer des méthodes plus radicales. Nous voulions pouvoir atteindre des objectifs plus importants, mais avec moins de moyens. Et jusqu’à présent, cette méthode s’est révélée efficace. Grâce à nos actions de ces deux dernières années, plus de gens se sont reconnus dans les opinions anarchistes que pendant toute la période d’anarchisme pacifique de la Russie moderne.
     
    "Jusqu’à sa disparition, nous verrons toujours l’État comme un ennemi"
     
    Il y aussi quelques chose de très personnel, voire d’ "existentiel" dans notre lutte. Etant anarchistes, jusqu’à sa disparition, nous verrons l’État comme un ennemi. Imaginez-vous voir votre ennemi jour après jour sans faire quoique ce soit d’autre que de dire aux gens qui vous entourent à quel point il est mauvais – et la plupart des gens s’en fichent d’ailleurs pas mal. Voila comment les anarchistes russes ont vécu ces 25 dernières années. Mais heureusement cette période est terminée. L’État n’a pas encore disparu, mais nous pouvons provoquer de véritables dégâts.
     
    Nos attaques n’ont pas fait de victimes jusqu’à présent, pas même un officier de police ou quelque autre représentant de l’État. Eviter de blesser les gens est notre premier principe et toutes nos actions sont clairement organisées dans ce sens.
     
    Nous ne pensons pas que nos actions vont faire l’objet d’une importante répression. Aujourd’hui, l’État russe n’a pas de moyens, pas d’instrument efficace, et surtout, n’a pas la volonté politique de nous réprimer."
     

    "Ils vont exaspérer l’Etat, justifier un durcissement de la police et discréditer l’opposition"

    Oleg Kozyrev habite à Moscou. Il est écrivain et milite pour la démocratie en Russie.
     
    Je suis pour la lutte non-violente. Mes modèles sont Gandhi et Martin Luther King. Je ne peux pas approuver ce nouveau mode d’action des anarchistes et ce même si personne n’a été blessé jusqu’à aujourd’hui. Le risque que ces actions ne fassent des victimes dans le futur existe.
     
    Ils mettent le feu à des bureaux d’inscriptions de l’armée, mais ces locaux sont la plupart du temps situés dans des immeubles. Ils ont de la chance que les bâtiments n’aient pas intégralement brûlé. Quand ils lancent une bombe, il peut très bien y avoir un passant innocent dans les parages. Et même s’il y a une victime qui symbolise l’autorité, ça reste de la violence et rien de bon ne peut en résulter.
     
    Les incendies criminels, les explosions et autres méthodes brutales ont des conséquences déplorables. Elles vont exaspérer l’État, justifier un durcissement de la police et discréditer l’opposition. Les nouvelles générations devraient plutôt apprendre de l’Histoire de notre pays que les Russes ont beaucoup souffert des extrémistes révolutionnaires.
     
    Il est évident que les anarchistes deviennent de plus en plus forts politiquement en Russie. Ils mènent de très nombreuses actions, se battent contre le fascisme et tous les abus de pouvoir des forces de l’ordre. Et je soutiendrai leurs actions tant qu’elles seront pacifiques, justes et adaptées. Mais je ne peux pas soutenir les incendies criminels. J’ose espérer qu’ils seront assez sages pour laisser tomber ces méthodes."
    Billet écrit avec la collaboration de Ostap Karmodi, journaliste.

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  • Le procureur de Dunkerque ne rigole pas tous les jours

     

    Assimiler la politique pénale du gouvernement exige une intense concentration et un redoutable esprit de synthèse. Ainsi le procureur de Dunkerque, qui avait cru agir avec bon sens en suspendant, en août, les incarcérations pour les délits les moins graves, était, sans le savoir, parfaitement en phase avec la chancellerie.

    Philippe Muller avait ordonné, le 25 juillet, « en raison du surencombrement de la maison d’arrêt de Dunkerque », de suspendre les écrous jusqu’au 5 septembre, sauf pour les violences sexuelles ou sur mineurs.

     

    Le ministère, qui ne savait apparemment pas non plus que le magistrat appliquait ses propres consignes, l’a sommé de rapporter ses instructions et de manger son chapeau.

    Vidéo : la réaction du ministère de la justice

    Superbe synthèse

    Or, la chancellerie avait signé le 21 juillet, soit quatre jours avant l’initiative du procureur, une roborative circulaire sur « la synthèse nationale annuelle des conférences régionales semestrielles sur les aménagements de peine et les alternatives à l’incarcération tenues en 2010 » que les magistrats dévorent toujours avec délice et qui n’a pas échappé au Syndicat de la magistrature (gauche). Le ministère s’y félicitait de « la richesse des comptes rendus »  et de « la pertinence et de l’intérêt de ces lieux d’échange ».

    On n'est pas obligé de tout lire

    Un paragraphe noyé au milieu de la note était effectivement pertinent : «Grâce à une collaboration renforcée entre l’administration pénitentiaire et le parquet, des protocoles ont été élaborés, fixant un nombre d’écrous au-dessus duquel, compte tenu des capacités d’accueil des établissements pénitentiaires, les mises à exécution des peines d’emprisonnement étaient reportées.»

    Soit exactement ce qu’a décidé le parquet de Dunkerque. Vendredi 29 juillet, le jour même où il a été désavoué, la prison de Dunkerque comptait 157 détenus pour 95 places – record historique pour la maison d’arrêt. Mais pendant que la chancellerie rabrouait son procureur, elle faisait discrètement le ménage et répartissait les effectifs dans les prisons voisines : lundi 1er août, les détenus n’étaient plus que 136, le lendemain 130. Soit un niveau sinon normal, du moins habituel de surpopulation carcérale locale.

    Un taux humainement acceptable

    Tous les procureurs agissent d’ailleurs comme à Dunkerque – sans se risquer à signer comme lui une circulaire –, et négocient discrètement avec la pénitentiaire pour éviter la surchauffe. Au tribunal de Valence, le vice-procureur chargé de l’application des peines a même défini avec la maison d’arrêt un «taux d’occupation humainement acceptable », sorte de numerus clausus informel : à 150% l'an dernier, et 134% aujourd'hui d’occupation de la prison, on recherche des solutions d’aménagement de peine.

    Le Syndicat de la magistrature – dont le procureur de Dunkerque n’est pas membre – a envoyé, jeudi, au garde des sceaux l’un des courriers un peu vifs dont il a le secret, pour lui signaler qu’il avait fait « un faux pas magistral ». Le Syndicat se désole que le ministre ait « manqué à ce point du courage politique qui aurait consisté à expliquer à l’opinion publique que la situation carcérale rendait nécessaire les aménagements du type de ceux qu’[il vient] de récuser officiellement après les avoir officieusement encouragés ».

    La lettre se termine sur une note aussi chaleureuse que peut l’être le syndicat :

    « L’épisode est d’autant plus atterrant que la saillie vient d’un ministre qui, comparé à ses prédécesseurs, s’était jusqu’à alors comporté de façon plutôt respectueuse à l’endroit des magistrats. »


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  • "Pétrole contre nourriture", un scandale mondial

    LEMONDE.FR | 05.08.11 | 08h30   •  Mis à jour le 05.08.11 | 09h28

    Dix ans de procédures devraient conduire Charles Pasqua, Total et son PDG, Christophe de Margerie, devant le tribunal correctionnel de Paris en 2012. Avec dix-sept autres personnes physiques, ils sont accusés d'avoir pris part à un vaste système de corruption, mis en place par Saddam Hussein dans le cadre du programme onusien "Pétrole contre nourriture". Comme eux, plusieurs cadres des Nations unies ont été mis en cause depuis 2004.

    • Au départ, éviter une crise humanitaire

     

    Des soldats américains pris en photo le 23 août 1990, quelques jours après le début de la première guerre du Golfe.

    Des soldats américains pris en photo le 23 août 1990, quelques jours après le début de la première guerre du Golfe.AFP/GERARD FOUET

    Dès son invasion du Koweït en août 1990, l'Irak est soumis à un embargo qui a pour effet, mois après mois, de durcir les conditions de vie de la population. Afin de soulager le peuple irakien, l'ONU adopte le 14 avril 1995 la résolution 986. Elle permet à l'Irak de vendre du pétrole pour acheter de la nourriture et des médicaments.

    Mis en place en 1996, le programme "Pétrole contre nourriture" autorise Bagdad à vendre du brut, tous les six mois, à hauteur de 2 milliards de dollars (environ 500 000 barils). L'exportation du pétrole, l'utilisation des revenus et la distribution des vivres et des médicaments sont placées sous la supervision de l'ONU. Toutes les opérations sont opérées sur un compte séquestre ouvert par les Nations unies à la BNP, à New York.

    Sur chaque milliard de dollars de pétrole vendu, 300 millions doivent être alloués aux victimes de la guerre du Golfe, 20 millions à 30 millions doivent couvrir les coûts du désarmement de l'Irak et 130 millions à 150 millions doivent servir à aider les populations kurdes du nord de l'Irak.

    Chaque vente de pétrole doit être approuvée par le comité des sanctions et surveillée par des experts. Dans les provinces kurdes du nord de l'Irak, la distribution des vivres est placée sous la responsabilité du programme inter-agences des Nations unies. Dans le reste du pays, elle est aussi supervisée par le personnel des Nations unies, mais sous la responsabilité du gouvernement de Bagdad.

    • Un vaste système de corruption se met en place

     

    Peinture murale de Saddam Hussein, instigateur du système de corruption.

    Peinture murale de Saddam Hussein, instigateur du système de corruption.Reuters

    En parallèle de la filière légale qui profite à 3 900 entreprises, le gouvernement irakien met en place un système de corruption à son profit, reposant sur des rétro-commissions et des surcharges renvoyées vers l'Etat irakien.

    Il impose à ses clients et fournisseurs de lui verser des surcharges – jusqu'à 30 cents par baril – sur les ventes de brut, et des commissions illégales de 10 % sur le volet humanitaire. En 2000, elles deviennent systématiques. L'essentiel des sommes détournées, 1,8 milliard de dollars, est prélevé sur les produits vendus par les entreprises de 66 pays. Ces sommes sont transférées dans des ambassades irakiennes à l'étranger ou déposées dans des comptes offshore pour être ensuite retirées en cash. L'argent liquide est ensuite rapatrié en Irak et déposé à la banque centrale. Du pétrole de contrebande est également vendu aux frontières, rapportant 11 milliards de dollars au régime baasiste.

    Dans le même temps, Saddam Hussein délivre des bons de pétrole à des personnalités dont il attend des activités de lobbying pour la levée de sanctions frappant l'Irak. Ces influents revendent ces bons à des intermédiaires opaques. Sont notamment approchés des Russes et des Français.

    Le programme "Pétrole contre nourriture", qui devait s'achever en novembre 2003, s'arrête brutalement au mois de mars de cette même année, quand débute l'intervention américaine.

    • L'ONU éclaboussée par les révélations

     

    L'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.

    L'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.AP/Virginia Mayo

    Dès le démarrage de l'offensive, le Trésor américain traque les milliards détournés sous la dictature. En janvier 2004, le journal irakien Al-Mada publie une liste de 270 personnalités qui auraient bénéficié des largesses du raïs. Plusieurs Français sont cités, dont Charles Pasqua et son conseiller diplomatique, Bernard Guillet. Le 18 mars, le Government Accountability Office (GAO), l'équivalent américain de la Cour des comptes, affirme devant la Chambre des représentants que l'ancien régime aurait détourné plus de 10 milliards de dollars dans le cadre du programme.

    Le lendemain, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, annonce la création d'une commission indépendante pour enquêter sur de possibles cas de corruption et de détournement de fonds dans la gestion de ce programme par l'ONU. Paul Volcker, ancien président de la Réserve fédérale américaine, est choisi pour diriger l'enquête.

    Tout au long de l'année 2004, Kofi Annan est victime d'une violente campagne de dénigrement visant à provoquer sa démission. Son fils Kojo Annan est soupçonné de conflit d'intérêt en tant qu'employé de la société Cotecna, chargée de la vérification des produits entrants en Irak dès fin 1998.

    Le 3 janvier 2005, la commission de l'ONU met en cause le responsable du programme, Benon Sevan, coupable d'après elle d'un "conflit d'intérêt sérieux et persistant". M. Sevan est accusé d'avoir demandé aux Irakiens des droits d'achat de barils de pétrole pour le compte d'une petite société installée en Suisse, l'AMEP (Africa Middle East Petroleum), laquelle lui aurait reversé des contreparties.

    • Des personnalités et entreprises françaises impliquées

     

    Bernard Guillet, l'ex-conseiller diplomatique de Charles Pasqua, en 2009.

    Bernard Guillet, l'ex-conseiller diplomatique de Charles Pasqua, en 2009.AFP/LIONEL BONAVENTURE

    Début 2005, des documents de la commission sont saisis à New York par le juge Philippe Courroye, dans le cadre d'une enquête qu'il mène depuis 2002, visant les pots-de-vin qu'aurait versés Total au régime de Saddam Hussein afin de contourner l'embargo pétrolier. Certains d'entre eux détaillent le mécanisme qui aurait permis à Charles Pasqua et son conseiller diplomatique, Bernard Guillet, de toucher des fonds.

    L'ancien ministre de l'intérieur aurait obtenu du régime baasiste le droit de revendre 10,8 millions de barils de brut et M. Guillet, 2 millions de barils. Fin avril 2005, Bernard Guillet est mis en examen pour "recel d'abus de biens sociaux" et "trafic d'influence aggravé". Charles Pasqua nie toute responsabilité. Le 6 avril 2006, il est finalement mis en examen à son tour.

    Le rôle de 19 autres personnes physiques, dont l'une est décédée depuis, et de deux entreprises, Total et Vitol, est également examinée par la justice. Figurent parmi elles un homme d'affaires proche de Jacques Chirac, Patrick Maugein, ou encore l'ancien ambassadeur de France à Rome et à l'ONU, Jean-Bernard Mérimée.

    La BNP est également pointée du doigt. Banquier du programme, elle était, selon le rapport définitif de la commission Volcker, "en position d'avoir une connaissance de première main" des paiements illégaux réclamés par le régime de Saddam Hussein, mais n'aurait "pas reconnu une responsabilité particulière d'informer l'ONU de manière adéquate".

    Le 25 octobre 2010, le parquet de Paris requiert un non-lieu pour Charles Pasqua et Total. Dans ses réquisitions, il considère que l'enquête n'a pas permis de démontrer que le patron de Total, Christophe de Margerie, s'est rendu complice d'abus de biens sociaux, ni que M. Pasqua s'est livré à du trafic d'influence.

    Le juge d'instruction Serge Tournaire a finalement décidé le 28 juillet de renvoyer devant le tribunal correctionnel dix-neuf personnes physiques, dont Charles Pasqua et Christophe de Margerie, ainsi que Total. Le procès devrait se tenir à Paris courant 2012.

    Le Monde.fr


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  • Achats de dette, rigueur, Eurobonds : les pistes pour enrayer la contagion en Europe

    LEMONDE | 05.08.11 | 15h15   •  Mis à jour le 05.08.11 | 18h16

     

    Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.

    Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.REUTERS/RALPH ORLOWSKI

     

    En dépit d'une action coup de poing sur les marchés, pour acheter de la dette souveraine européenne, la Banque centrale européenne (BCE) n'est pas parvenue, jeudi 4 août, à éteindre l'incendie qui enflamme la zone euro et fait déraper le coût des emprunts des nouveaux "maillons faibles" de l'Union monétaire, l'Italie et l'Espagne. Les taux de leurs emprunts à dix ans ont atteint vendredi matin des niveaux records, à 6,3 % pour l'Espagne et 6,2 % pour l'Italie, contre 2,2 % pour le Bund allemand érigé en valeur refuge. Comment enrayer la spirale ? Revue des pistes envisageables.

    Permettre à la BCE d'acheter massivement des dettes italienne et espagnole.

    Pour la plupart des économistes, "la" solution pour contrer les attaques spéculatives consisterait à faire acheter massivement par la BCE de la dette italienne et espagnole sur le marché. Assez pour faire redescendre leurs taux à des niveaux raisonnables. En mai 2010, la BCE avait déjà mis en place un tel dispositif anti-crise appelé SMP (Securities Markets Programme). Mais depuis, celui-ci avait été mis en sourdine. Jeudi, la banque centrale est à nouveau intervenue. Mais selon des sources de marchés, elle n'aurait acheté que de la dette irlandaise et portugaise.

    L'autorité monétaire est en effet peu encline à assister les grands Etats, préférant qu'ils assainissent leurs finances. Et si jeudi, Jean-Claude Trichet, son président, a indiqué que la décision de reprendre ce programme a été votée par le conseil des gouverneurs à une "majorité écrasante", une voix - notamment - s'y est opposée : celle de Jens Weidmann, président de la Bundesbank.

     

    Le siège de la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort.

    Le siège de la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort.AFP/DOMINIQUE FAGET

    Annoncer tout de suite une refonte du FESF.

    Les dirigeants européens ont décidé le 21 juillet que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pourrait intervenir directement sur le marché secondaire (où les investisseurs se revendent les titres) pour acheter de la dette d'Etat. Mais l'accord prévoit que ce système reste exceptionnel et se fera sur recommandation de la BCE. Surtout, il ne sera pas mis en place avant que les parlements des pays de la zone euro n'aient donné leur approbation. Autrement dit, rien ne sera fait avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

    Or, si les dirigeants européens se mettaient d'accord pour augmenter très vite la force de frappe du FESF - actuellement de 440 milliards d'euros -, l'Europe montrerait qu'elle peut contrer les risques de contagion à l'Espagne et à l'Italie. José Manuel Barroso, président de la Commission, a écrit jeudi aux dirigeants européens, les enjoignant à "une rapide réévaluation de tous les éléments liés au FESF et au MES (Mécanisme européen de stabilité, qui succédera au FESF)". Des rumeurs évoquent des réunions secrètes envisageant une augmentation de la dotation du FESF jusqu'à 1 000 milliards d'euros. Seuls obstacles, la France et l'Allemagne : elles estiment avoir déjà beaucoup donné, et ne veulent pas, pour le moment, augmenter la dotation du FESF.

    Des plans de rigueur nationaux plus rapides et plus crédibles. Et s'il "suffisait" d'accélérer les mesures nationales destinées à réduire les déficits ? En Espagne comme en Italie, la crise de surendettement s'accompagne de turbulences politiques qui mettent à mal ou ralentissent les dispositifs censés éponger la dette. En Italie, le gouvernement n'a décidé de mettre en oeuvre les premières mesures fiscales qu'en 2013-2014...

    Si les choses s'accéléraient et si l'Italie parvenait à des économies de 34 milliards d'euros, le déficit retomberait à 1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2011 contre 4,6 % en 2010, calculent les experts de Barclays. De quoi rassurer les investisseurs.

    Mais, trop rigoureux et généralisés, les plans d'austérité auraient des effets dépressifs sur toute l'économie européenne.

    Dévaluer l'euro.

    Dans la plupart des crises de surendettement d'Etats, qu'il s'agisse de la "faillite des deux tiers" au XVIIIe siècle ou de la crise argentine de la fin des années 1990 et du début des années 2000, dévaluer la monnaie faisait partie de la solution. En affaissant la valeur de la devise locale, on dope les exportations, on attire des capitaux étrangers et on crée de l'inflation. "On mange ainsi la dette en remboursant les prêteurs en monnaie de singe", indique Gerard Béaur, économiste et historien à l'EHESS. Cette option serait techniquement faisable en Europe en ayant recours à la planche à billets. Mais la tactique a des effets pervers : l'inflation rogne sur le pouvoir d'achat. Et si la dette est détenue par des prêteurs étrangers et doit être remboursée dans cette devise, l'effet est désastreux. Enfin, et surtout, tous les pays de l'Europe n'ont pas intérêt à ce que l'euro plonge et une dégringolade incontrôlée de la monnaie unique décrédibiliserait l'Union et rendrait méfiants les créanciers.

    Créer des "Eurobonds".

    C'est ce que l'économiste Daniel Cohen (membre du conseil de surveillance du Monde) appelle "la bombe à neutrons". Elle consisterait à émettre tout ou partie de la dette des Etats de l'eurozone sans distinction de pays. Les taux d'emprunts seraient ainsi uniformes et le risque mutualisé. Cela suppose que des pays comme l'Allemagne paient plus cher pour soulager des pays comme la Grèce ou l'Italie.

    La démarche peut sembler injuste, mais "si les taux allemands sont si bas, c'est aussi parce que les investisseurs effrayés par l'Italie et l'Espagne ou la Grèce, et se reportent sur le Bund allemand", juge Cédrix Thellier, économiste chez Natixis. Reste à faire accepter cette option par les dirigeants de l'Union monétaire.

    Claire Gatinois et Cécile Prudhomme.


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  • Les marchés restent nerveux après la légère baisse du chômage américain

    LEMONDE.FR avec AFP | 05.08.11 | 06h38   •  Mis à jour le 05.08.11 | 17h58

    La Bourse de Paris a clôturé pour la dixième journée consécutive en baisse.

    La Bourse de Paris a clôturé pour la dixième journée consécutive en baisse.AFP/FRANK RUMPENHORST

    Les marchés mondiaux restaient nerveux vendredi après leur plongeon de la veille. Des chiffres meilleurs que prévu de l'emploi aux Etats-Unis n'ont pas suffi à apaiser les angoisses concernant l'économie mondiale et la crise de la dette en zone euro.

    L'économie américaine a créé 117 000 emplois en juillet, mois au cours duquel le taux de chômage a baissé d'un dixième de point à 9,1 %. Ces chiffres nettement supérieurs aux pronostics ont été bien accueillis par les marchés, dans un premier temps, avant que le pessimisme ne reprenne le dessus.

    • Les Bourses européennes se stabilisent

    Les places européennes ont brièvement rebondi à l'annonce des chiffres américains. Mais à 16 heures, la Bourse de Paris était repartie à la baisse, cédant à la clôture 1,26 %, et atteignant ainsi son plus bas niveau depuis juillet 2009. C'est la dixième séance consécutive de baisse pour le marché parisien, du jamais-vu pour le CAC40.

    La Bourse londonienne a plus lourdement chuté, l'indice Footsie-100 perdant 2,71 % en fin de séance. A Francfort, le Dax termine lui aussi en recul de 2,78 % à 6 236,16 points. A contre-courant, Madrid, qui évoluait dans le vert dans l'après-midi, finit en légère baisse, abandonnant 0,18 %. L'indice Ibex a notamment profité de rumeurs selon lesquelles la Banque centrale européenne (BCE) s'apprêterait à acheter des obligations espagnoles et italiennes peu prisées par les marchés.

    L'Italie et l'Espagne ont publié vendredi les chiffres de leur croissance au deuxième trimestre, qui se sont avérés poussifs : la croissance a ralenti en Espagne à 0,2 % contre 0,3 % au premier trimestre, tandis qu'elle a accéléré à 0,3 % en Italie. Cette situation inquiète les marchés, car elle rend mécaniquement plus difficile l'assainissement budgétaire. "Si les Etats ont une dette élevée, ils doivent croître, sinon cette dette devient insoutenable. C'est le point crucial et c'est pour cela que l'Italie et l'Espagne sont devenus la cible [des marchés]", analyse Chiara Corsa, économiste de UniCredit.

    Le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, a affirmé que l'Espagne et l'Italie n'auront pas besoin de plan d'aide, contrairement à la Grèce, à l'Irlande ou au Portugal, car "leurs fondamentaux économiques ne le justifient pas".   Il a plaidé pour l'augmentation des capacités du fonds de soutien européen et a appelé les marchés à la patience.  

    Jeudi, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, avait échoué à enrayer la panique boursière malgré l'annonce par la Banque centrale européenne (BCE) d'une reprise de ses achats sur le marché de la dette.

    Face aux turbulences dans la zone euro, le président français, Nicolas Sarkozy, avait ouvert des consultations, mercredi et jeudi, avec le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, pour évoquer la "situation boursière". Il doit s'entretenir séparément vendredi au téléphone avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

    La Bourse de New York peinait à trouver une direction claire vendredi après-midi, volatile face à un rapport sur l'emploi américain qui n'offrait qu'un petit répit après les lourdes pertes de la veille. Le Dow Jones perdait 0,23 % et le Nasdaq 0,76 % vers 16 h 30.

    Jeudi, Wall Street avait lourdement chuté, participant à la débâcle générale des marchés financiers, minés par les craintes de voir l'économie mondiale ralentir. Le Dow Jones avait lâché 4,31 % pour retrouver son niveau de décembre, le Nasdaq 5,08 %.

    Dans un marché très tendu, épuisé par une série d'indicateurs inquiétants pour la croissance future aux Etats-Unis, l'annonce de chiffres de l'emploi meilleurs qu'attendu, une heure avant l'ouverture du marché, a d'abord provoqué "un soupir de soulagement entendu de Chicago à Melbourne", a noté Patrick O'Hare, de Briefing.com.

    "Le rapport reste médiocre, et l'on a vu une précédente série de mauvais indicateurs, ce qui suggère que l'on n'est pas sorti d'affaire. Mais c'est une publication bienvenue, meilleure que les prévisions", a observé Lindsey Piegza, de FTN Financial. Les analystes tablaient sur la création de 85 000 emplois nets et un taux de chômage restant stable à 9,2 %. Toutefois les indices ont rapidement replongé dans le rouge, avant d'osciller autour de l'équilibre.

    La première économie mondiale a donné, ces dernières semaines, des signes de faiblesse qui ont pesé lourdement sur la cote de popularité du président Barack Obama. Mardi, celui-ci avait appelé la classe politique à "faire tout ce qui est en [son] pouvoir pour faire croître cette économie et remettre l'Amérique au travail".

    • Les craintes d'une contagion en Asie

    En Asie, où les Bourses avaient fermé avant l'annonce des chiffres de l'emploi américain, Tokyo a dévissé vendredi de 3,72 % et Hongkong de 4,29 %. La Chine et le Japon ont appelé à une coopération internationale. Le ministre des finances japonais, Yoshihiko Noda, a souligné la nécessité de traiter les problèmes de distorsion sur le marché des changes, la crise de la dette et la question économique américaine, au lendemain d'une intervention du Japon pour vendre du yen.

    La Chine souhaitait, pour sa part, améliorer la coordination entre puissances mondiales face aux risques nés des problèmes de dette aux Etats-Unis et en Europe, soulignait son ministre des affaires étrangères, Yang Jiechi. Ce dernier a notamment appelé la première puissance économique mondiale à adopter une politique monétaire "responsable" et à protéger les investissements en dollars des autres pays.

    Ces appels des deux principaux créanciers étrangers des Etats-Unis soulignent les craintes de plus en plus grandes d'une contagion en Asie, où les marchés avaient lourdement chuté vendredi matin, dans le sillage du décrochage de la veille à Wall Street.


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