• <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    La famille Peugeot pourrait abandonner prochainement

    le contrôle de PSA

    Le Monde.fr avec Reuters | <time datetime="2013-06-27T16:52:58+02:00" itemprop="datePublished">27.06.2013 à 16h52</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-06-27T17:10:08+02:00" itemprop="dateModified">27.06.2013 à 17h10</time>

    lien 

    Partager google + linkedin

    <figure class="illustration_haut">

    Selon l'agence Reuters, la famille Peugeot est prête à céder le contrôle de PSA Peugeot Citroën si elle parvient à convaincre GM de renforcer son alliance et d'injecter des fonds.

    </figure>

    La famille Peugeot serait prête à céder le contrôle de PSA Peugeot Citroën si elle parvenait à convaincre General Motors (GM) de renforcer l'alliance entre les deux groupes et d'injecter de nouveaux fonds, assure jeudi 27 juin l'agence Reuters, citant plusieurs sources proches du dossier.

    Selon ces dernières, PSA et la famille fondatrice du groupe automobile français, qui en contrôle toujours le capital, se sont de nouveau tournés vers GM, deuxième actionnaire à hauteur de 7 %, après avoir examiné en vain d'autres partenariats possibles, notamment avec le constructeur chinois Dongfeng, allié de PSA via une coentreprise en Chine.

    Les discussions exploratoires ont porté sur une vente de 30 % du groupe à un consortium conduit par le groupe chinois, mais n'ont pas abouti, toujours selon les mêmes sources.

     "PROBLÈME DE SURCAPACITÉ"

    "GM est confronté au même problème de surcapacité avec [sa filiale européenne] Opel, et c'est pour cette raison que PSA essaie de le convaincre de fusionner les deux", a indiqué l'une des sources, sous couvert d'anonymat.

    Les Peugeot détiennent actuellement 25,44 % du capital de PSA et 38,07 % des droits de vote. La famille a déjà laissé diluer sa participation lors de l'augmentation de capital d'un milliard d'euros organisée en mars 2012 dans le cadre de l'alliance avec General Motors, puisqu'elle détenait avant cette opération 30,96 % du capital et 48,3 % des droits de vote.

    La famille serait désormais prête à tomber sous la barre des 33 % des droits de vote. Une affirmation que GM, PSA et la famille Peugeot ont tous trois refusé de commenter. Fin mai, un proche de la direction de PSA avait déclaré que le groupe envisageait sérieusement une augmentation de capital.

    Lire : PSA étudie une augmentation de capital pour survivre à la chute de ses ventes

    </article>

    votre commentaire
  • Une catastrophe nucléaire nommée Béryl

    <time datetime="2013-06-26T19:06:20+02:00" itemprop="datePublished">26 juin 2013 à 19:06</time> (Mis à jour: <time datetime="2013-06-27T12:17:37+02:00" itemprop="dateModified">27 juin 2013 à 12:17</time>) 
    lien

    La montagne de l'Atakor, où a été effectué l'essai nucléaire français, le 1er mai 1962, dans le Sahara algérien (ici photographiée en 2010).

    La montagne de l'Atakor, où a été effectué l'essai nucléaire français, le 1er mai 1962,
    dans le Sahara algérien (ici photographiée en 2010). (Photo Zohra Bensemra. Reuters)

    Il y a cinquante et un an, la France du général de Gaulle a procédé, le 1er mai 1962 en Algérie, au cœur du Sahara dans le massif montagneux du Hoggar, au nord des sommets de l’Atakor, à deux pas de l’ermitage du père de Foucauld, à son second essai nucléaire souterrain. Il avait pour nom de code «Béryl» et pour parrains d’éminents représentants de l’Etat français en la personne de Pierre Messmer, ministre de la Défense, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche scientifique. La publicité de ce tir expérimental n’eut pas l’écho retentissant de celui du premier tir aérien de Reganne, deux ans plus tôt, salué par le cocorico enthousiaste du président de la République. A cela au moins une bonne raison, le tir Béryl s’était transformé en catastrophe nucléaire.

    La montagne, sous laquelle avait été placée la bombe dans son labyrinthe de galeries en profondeur, s’était ouverte sous l’effet de l’explosion et un nuage très radioactif s’en était échappé enveloppant sous sa chape de particules irradiantes les centaines de militaires et civils présents sur les lieux face à la montagne tragique du Tan-Affela. Tous sans exception à des degrés divers furent touchés par les fuites de produits radioactifs. Les changements brutaux du régime des vents autour de ce massif montagneux ont fait en sorte qu’aucune direction géographique ne fût épargnée même si dans l’heure qui a suivi le tir, le nuage le plus dangereux a pris la direction plein sud de la base-vie des installations militaires, atteignant ensuite les centres de culture des populations locales jusqu’à Tamanrasset et au-delà. Tout cela sans compter les groupes isolés de Touaregs nomadisant dans ces territoires et à leur tour touchés par les retombées du nuage radioactif. Nous sommes encore quelques-uns, une poignée du contingent dont des scientifiques, à pouvoir témoigner sur l’ampleur de la catastrophe du tir Béryl dont les conséquences tant humaines qu’environnementales ont été ignorées par les responsables de l’Etat français jusqu’à la promulgation de la loi Morin en 2010 mais sans apporter, comme escomptée par les victimes, la réponse qui s’imposait à leurs souffrances.

    La République a un devoir de mémoire et de reconnaissance à l’égard de ces hommes appelés en service commandé ou civils engagés dans l’aventure du nucléaire français qui ont exposé vies et santé en participant à cette campagne d’essais dont le point d’orgue fut la montagne éclatée du tir Béryl. La dimension de ce désastre écologique se mesure au no man’s land que la France a laissé dans son ancienne colonie, l’Algérie, autour de la montagne du Tan-Affela. Nous qui avions à peine plus de 20 ans à cette époque savions avant même d’y être envoyés quelle était la beauté extraordinaire et incomparable de ces horizons sahariens célébrés par l’ermite de l’Assekrem. Mais c’est bien au-delà du Hoggar que le sol algérien a été contaminé par les fuites radioactives de Béryl car nous pouvons témoigner de nos missions à Djanet près de la frontière libyenne, voire pour certains d’entre nous jusqu’au Niger, afin d’en expertiser la radioactivité après Béryl.

    Quel sort a été celui des populations sahariennes ainsi exposées à la radioactivité et qui s’en est soucié en France ? Monsieur le Président, au terme de nos vies, nous voulons dire que notre pays ne peut continuer à se soustraire à son devoir de mémoire et de réparation face aux conséquences de ces campagnes de tirs nucléaires et nous en sommes encore les témoins pour dénoncer sa passivité. L’Histoire, nous en sommes convaincus, rattrapera la France pour ce déni de justice.

    Raymond Sené et Louis Bulidon sont d'anciens scientifiques du contingent en Algérie, témoins de l’essai du 1er mai 1962.

    Louis Bulidon est auteur des «Irradiés de Béryl», éd. Thaddée, 2011.


    votre commentaire
  • Vu de Chine

    L'actualité d'un géant qui combine explosion économique et répression.

    Monde

    En Chine, le Xinjiang théâtre de violences

    sans fin

    <time datetime="2013-06-27T16:15:52+02:00" itemprop="datePublished">27 juin 2013 à 16:15    </time>lien

    Photo prise le jour de l'attaque, mercredi à Lukeqin, près de Turfan, au Xianjiang, postée sur un blog chinois.

    Photo prise le jour de l'attaque, mercredi à Lukeqin, près de Turfan, au Xianjiang,
    postée sur un blog chinois. (Photo Dwnews)

    Décryptage Vingt-sept personnes ont été tuées dans l’attaque au couteau d’un commissariat de cette région musulmane et turcophone.

    Situ XinjiangVingt-sept personnes ont été tuées mercredi dans l’attaque au couteau d’un commissariat et de bâtiments officiels chinois par des assaillants présumés ouïghours. Turcophones et musulmans, les Ouïghours constituent 46% de la population du Xinjiang, région autrefois connue sous le nom de Turkestan chinois. Elle est le théâtre depuis 2009 de nombreux attentats et affrontements ethniques entre les colons han (Chinois de souche) et les autochtones ouïghours. Des photos de l’attaque sont apparues ce jeudi sur les microblogs chinois.

    Que s’est-il passé?

    Vingt-sept personnes ont été tuées dans ces violences qui se sont déroulées mercredi dans le village de Lukeqin, non loin de la ville touristique de Turfan. Selon la version de l’agence Chine Nouvelle, «une foule d’émeutiers armés de couteaux» a attaqué les bâtiments officiels peu avant l’aube. Neuf policiers et huit autres personnes ont été poignardés. Les policiers chinois auraient alors ouvert le feu et tué 10 des assaillants. Les autorités n’ont pas précisé ni le nombre ni l’ethnie des attaquants, ni si ces derniers s’étaient emparés des armes du commissariat.

    Quels sont les précédents?

    A la mi-avril, des affrontements armés avaient déjà fait 21 morts dans la localité de Serikbuya, près de Kashgar. Selon Pékin, des «terroristes» avaient dans un premier temps tué 15 policiers et agents municipaux; dans un second temps, la police a contre-attaqué, tuant six «terroristes», tous Ouïghours. En juillet 2011, les colons hans avaient été la cible de trois attentats qui ont fait 40 morts. Un commissariat avait été attaqué, là encore au couteau. 

    Les attentats n’ont cessé de se multiplier depuis les émeutes ethniques d’Urumqi, durant l’été 2009, qui se sont soldées par 200 morts, principalement des Hans. La vague d’exécutions de Ouïghours qui a suivi n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.

    Pourquoi cette répétition de violences?

    Les autorités chinoises blâment le plus souvent «des groupes terroristes islamistes» qui s’entraîneraient au Pakistan, pays limitrophe du Xinjiang. Les Ouïghours y voient plutôt des actes de résistance contre la migration massive Han, et la politique chinoise de marginalisation de leur culture millénaire. Du primaire jusqu’au cycle universitaire, l’enseignement en langue ouïghoure est proscrit depuis plusieurs années. Des dizaines de milliers d’enseignants locaux ont été licenciés. Les fonctionnaires ne peuvent ni porter la barbe ni la moustache et toute activité religieuse leur est interdite. Pour les étudiants, observer le ramadan vaut une expulsion immédiate. Les Ouïghours, exemptés de la politique de l’enfant unique il y a dix ans encore, ne sont plus autorisés à avoir plus que deux enfants, parfois trois dans les zones rurales. La grande majorité des postes de responsabilité naguère occupé par des Ouïghours sont aujourd’hui presque tous tenus par des Hans.

     

    Les Ouïgours soumis au «Poing d’acier» du pouvoir chinois

    <time datetime="2012-08-03T21:07:37+02:00" itemprop="datePublished">3 août 2012 à 21:07   </time>lien

    Soixante-trois ans après avoir établi sa mainmise sur le Xinjiang, la République populaire de Chine est loin d’être venue à bout de la soif d’indépendance de ce «Far West» chinois peuplé aujourd’hui de 45%de Ouïgours turcophones et musulmans. En dépit - ou peut-être à cause - de l’envoi de millions de colons sur ce territoire riche en ressources naturelles, le Xinjiang reste un théâtre d’affrontements ethniques. Le mois dernier, les autorités ont déclenché une vague de répression appelée «Poing d’acier». Elle s’est soldée par la condamnation, annoncée vendredi, de vingt jeunes «séparatistes» Ouïgours à des peines allant de dix-huit mois à quinze ans de prison. Ils ont été jugés coupables «d’activités terroristes» allant de la «propagation d’idées séparatistes sur Internet», à la fabrication d’explosifs dans le but de commettre des attentats.

    Deux mois auparavant, un groupe de six Ouïgours, âgés de 20 à 36 ans, avait tenté de détourner un vol régional reliant Hotan à Urumqi, la capitale du Xinjiang. Les pirates de l’air avaient utilisé des armes pointues cachées dans de fausses béquilles et tenté d’ouvrir la porte du cockpit, selon la presse chinoise. D’autres avaient tenté d’allumer une charge explosive. Les passagers et les membres de l’équipage auraient assailli les pirates, faisant échouer leur funeste projet. Deux d’entre eux sont morts à l’hôpital «des suites de leurs blessures», selon Pékin. La tentative d’attentat coïncidait, à quelques jours près, avec le troisième anniversaire des graves émeutes antichinoises qui ont officiellement fait 197 morts en 2009 à Urumqi. Depuis lors, les attentats visant des Chinois, généralement au couteau, se sont multipliés et une atmosphère de peur et de méfiance mutuelle est perceptible à travers toute la région. Elle est renforcée, côté ouïgour, par la décision de Pékin d’imposer désormais la langue chinoise dans les écoles et les universités de ladite «région autonome».

    L’opération Poing d’acier a particulièrement pris pour cible la pratique religieuse, considérée comme étant le creuset de la révolte. La police interdit aux étudiants, aux mineurs, aux fonctionnaires et enseignants d’observer le jeûne du ramadan, qui a débuté fin juillet et se termine le 18 août. Le port de la barbe ou de la moustache est également prohibé pour cette catégorie de la population. Les fidèles doivent montrer leurs cartes d’identité pour entrer dans une mosquée, et ceux qui ne sont pas du quartier sont refoulés par des miliciens, baptisés «groupes de stabilité», campant dans les lieux de culte. «La tendance générale à la répression touche toute la Chine, observe Catherine Baber d’Amnesty international, mais elle est particulièrement prononcée au Xinjiang.»

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle"><article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    Le Venezuela donnerait "certainement" l'asile politique à Snowden

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2013-06-27T04:47:55+02:00" itemprop="datePublished">27.06.2013 à 04h47</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-06-27T07:36:53+02:00" itemprop="dateModified">27.06.2013 à 07h36</time>

    lien 

    Partager google + linkedin

    Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a déclaré mercredi 26 juin que son pays accorderait de façon "quasiment certaine" l'asile politique à Edward Snowden, l'informaticien américain accusé d'espionnage par Washington, s'il le demandait."L'asile politique (...) est une institution du droit humanitaire international pour protéger les personnes persécutées", a affirmé le président, rappelant que l'Equateur, qui a reçu une demande, est "en train de l'examiner".

    Par ailleurs, l'Equateur a démenti mercredi avoir fourni un document permettant de voyager à Snowden et a maintenu le suspense sur sa demande d'asile, en soulignant que son examen pourrait prendre un jour ou des mois.

    Les Etats-Unis, qui ont annulé le passeport de Snowden et l'ont inculpé pour espionnage, demandent son extradition. Le jeune homme, qui se trouve actuellement dans la zone de transit d'un aéroport de Moscou, a déposé des demandes d'asile politique en Islande et en Equateur. La Russie a répété mercredi qu'aucune "menace" des Etats-Unis ne la contraindrait à livrer Edward Snowden, déclarant qu'il avait le "droit" de partir de la zone de transit pour aller "où il veut".

    </article></article>

    votre commentaire
  • <article class="article article_normal" itemscope="" itemtype="http://schema.org/NewsArticle">

    AfricADN, le business des tests génétiques

    LE MONDE | <time datetime="2013-06-26T19:50:17+02:00" itemprop="datePublished">26.06.2013 à 19h50</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-06-27T15:52:30+02:00" itemprop="dateModified">27.06.2013 à 15h52</time> |

    lien 

    Partager google + linkedin

    <figure class="illustration_haut"> Barack Obama devait visiter jeudi l'île de Gorée, symbole de la traite négrière. </figure>

    Dans la petite foule qui débarque de la "chaloupe" de Dakar sous un soleil d'acier, on les distingue facilement des Sénégalais : smartphone dernier cri brandi pour tout photographier, sac à dos de touriste chargé d'eau minérale et surtout visage grave qui tranche avec la bonne humeur ambiante. A l'instar de Barack Obama qui, avec son épouse et leurs enfants, devait visiter, jeudi 27 juin, l'île symbole de la traite négrière, les Noirs américains abordent Gorée en pèlerins. Ces derniers jours, ils sont pourtant moins nombreux que les malabars à verres fumés et cheveux ras des services de sécurité américains venus inspecter les ruelles débordantes de bougainvillées que doit emprunter le président.

    Lire aussi l'article A Dakar, Barack Obama renoue avec l'Afrique

    "Certains visiteurs font des libations à leur arrivée. Ils forment un cercle et ferment les yeux, versent du lait et de la bière sur le sable, raconte un témoin sénégalais. Ils pensent être arrivés chez eux. C'est un moment d'intense émotion." Une émotion souvent partagée par les autochtones dans un mélange de respect et d'incompréhension. "Un jour, une Américaine m'est tombée dans les bras. Elle disait que j'étais le portrait de sa soeur et était persuadée que nous étions parents, raconte Kine Diop, une vendeuse de souvenirs de Gorée. Elle n'arrivait plus à me quitter. J'ai fini par pleurer avec elle." Thyonne Gordon, qui conduit le voyage pédagogique au Sénégal de vingt jeunes des quartiers difficiles de Los Angeles, insiste sur leur "immense fierté" : "Ils ont compris que nos ancêtres passés par ici ont ensuite contribué à construire les Etats-Unis."

    Sur le livre d'or de la Maison des esclaves, le clou absolu de la visite de l'île, Bridgit, une Noire américaine, a écrit en anglais : "Préservons ce monument qui nous rappelle que nous venons de si loin", avant d'assortir sa signature de la mention : "Africaine pour toujours."

    LES "BLACK HERITAGE TOURS" FONT FLORÈS EN AFRIQUE DE L'OUEST

    Le lieu, que Bill Clinton, George Bush, Jean Paul II ou Nelson Mandela ont honoré avant Barack Obama, a sans doute joué un rôle mineur dans la traite transatlantique, mais il a acquis une notoriété internationale grâce à l'éloquence de Joseph Ndiaye. Cet ancien combattant de la seconde guerre mondiale, qui a inspiré le film de Rachid Bouchareb Little Senegal, y fut conservateur et guide pendant quarante ans, jusqu'à sa mort en 2009. Il fit frémir des générations de touristes dans les ténèbres du couloir qui débouche directement sur l'Atlantique par une ouverture baptisée "porte du voyage sans retour".

    "Gorée a été érigée en mémorial au moment de l'indépendance, lorsque les discours magnifiaient l'unité africaine contre le colonialisme, explique l'historien Ibrahima Thioub, directeur du Centre africain de recherches sur les traites et l'esclavage de Dakar. Plutôt que de choisir un lieu situé à l'intérieur du pays, là où des élites africaines ont capturé des paysans pour les vendre, ce qui aurait affiché la fracture entre Africains, on a préféré Gorée, un lieu de "rencontre" avec les Européens, quitte à oublier que les esclaves ne tombaient pas du ciel."

    Un quart des 42 millions de Noirs américains d'aujourd'hui ont des ancêtres déportés depuis les côtes du Sénégal et de la Gambie. C'est dire l'importance que revêt l'Afrique de l'Ouest francophone pour le secteur du tourisme mémoriel américain – les "Black Heritage Tours" y font florès –, mais aussi pour les recherches généalogiques que des milliers d'Africains américains effectuent grâce à des tests ADN.

    Si beaucoup de Noirs sont partis à la recherche de leurs racines africaines dès la fin des années 1970 après le succès du feuilleton "Roots", les promesses affichées par la génétique ont transformé cet engouement en marché prospère et en phénomène de société dans un pays où presque chaque habitant vient d'ailleurs. Pour 100 à 900 dollars, des dizaines de sociétés exploitent cette obsession des origines. Il suffit de frotter un coton-tige dans sa cavité buccale, de l'expédier sous enveloppe par la poste, pour que Family Tree DNA ou 23andMe (en référence à nos 23 paires de chromosomes), après analyse, vous indique quel pourcentage de sang européen ou asiatique coule dans vos veines. Aux Africains américains, les mêmes firmes se font fort de préciser l'ethnie d'origine, à la fois en lignée maternelle et paternelle depuis cinq siècles.

    UNE MODE POPULARISÉE PAR LES STARS AFRO-AMÉRICAINES

    "L'esclavage avait systématiquement effacé cette connaissance. L'ADN élucide un mystère douloureux dont recherchaient le secret de façon obsessionnelle, celui de leur identité", s'enthousiasme Henry Louis Gates Jr, professeur à Harvard et célébrité des études afro-américaines. Soudain, nos ancêtres sortent de l'abstraction. Ils étaient ghanéens, nigérians, sénégalais, et nous pouvons enfin leur donner un visage !" Le professeur reconnaît en riant qu'il n'est "pas absolument objectif" pour parler des tests ADN parce qu'il est... actionnaire d'African DNA, une des sociétés qui les commercialisent. Mais en tant qu'universitaire, il estime que ces analyses génétiques "permettent aux Africains américains de renverser symboliquement" les stigmates de la traite en "renouant avec leur patrimoine africain".

    Henry Louis Gates est devenu un pape dans ce domaine en produisant la série télévisée "Finding Your Roots" diffusée sur la chaîne publique PBS. Chaque documentaire conduit le téléspectateur à la recherche des racines de célébrités. Regardée en 2012 par 24,9 millions d'Américains, elle a contribué à populariser la démarche. L'actrice Whoopi Goldberg y a découvert ses origines papels et bayotes, deux tribus bissau-guinéennes ; le cinéaste Spike Lee peut prétendre désormais que ses ancêtres vivaient au Cameroun et au Niger. Quant à l'animatrice Oprah Winfrey, très populaire en Afrique du Sud, on lui a trouvé une ascendance zouloue, avant que des historiens sud-africains rappellent que cette tribu n'avait probablement pas connu l'esclavage vers l'Amérique du Nord. Un test postérieur l'a prudemment rattachée au groupe ethnique Kpelle du Liberia.

    "Si tant de Noirs américains sont prêts à investir autant de ressources matérielles et symboliques pour se relier à un territoire, c'est que, plus d'un siècle après les abolitions, les sociétés n'ont toujours pas trouvé la thérapie pour guérir ce traumatisme", constate Ibrahima Thioub. L'historien sénégalais en a pris conscience lorsqu'une collègue noire de La Nouvelle-Orléans lui a confié un souvenir scolaire : tous les enfants se définissaient par leur origine – irlandaise, allemande, voire kényane si leurs parents avaient émigré – sauf elle, dont l'identité passait seulement par la couleur de sa peau.

    Pourtant, le professeur Thioub se dit "mal à l'aise devant pareille utilisation de la génétique en histoire". "Toutes les sociétés atlantiques – africaine, américaine ou européenne – sont des victoires du métissage, estime-t-il. En enfermant les gens dans des catégories, on nie cette réalité. Cela revient à prétendre que les Wolofs ou les Bretons ont été créés à côté des souris et des chameaux, une fois pour toutes, sans jamais subir de modification. C'est anti-darwinien !"

    Souvent critiqué sur ce point, Henry Louis Gates a une riposte toute prête : "Contrairement à ce que j'imaginais, les Africains américains sont moins intéressés par leur ascendance tribale que par leur degré de mélange ethnique. La complexité géographique de leur identité les fascine." Lui-même n'a-t-il pas appris qu'il était 50 % africain et 50 % européen ? "Nous avons établi qu'un tiers d'entre nous descend d'un homme blanc . Tout le monde est mélangé. Qui peut penser que le "gène" de la culture wolof se transmet ?"

     LES OBAMA ONT FAIT PARLER LEUR ADN

    Aux Etats-Unis même, la mode des tests ADN fait l'objet de vives critiques. Les témoignages faisant état de résultats aberrants rectifiés après saisine du service après-vente fleurissent sur l'Internet. "Les tests génétiques vendus directement aux consommateurs tombent dans un vide juridique et ne font pas l'objet de contrôles suffisants (...) pour assurer la qualité et l'interprétation des informations vendues", estiment un groupe d'universitaires dans la revue Science.

    Les tests consistent à comparer l'ADN des Afro-Américains avec celui contenu dans des bases de données génétiques recueillies en Afrique. La taille des échantillons est trop restreinte, et les filiations trop complexes pour pouvoir rattacher un individu à un groupe ethnique spécifique, arguent des scientifiques. Commandée par le marketing, la référence obligée à ces ethnies contribue à les figer, comme si ces ensembles humains étaient restés immuables au cours des siècles.

    Sans compter que le sentiment identitaire est loin de pouvoir se réduire à un diagnostic sorti d'une éprouvette. L'écrivaine américaine Saidiya Hartman, partie au Ghana à la recherche des ancêtres qui la hantaient, a raconté sa souffrance de ne pas pouvoir partager avec les Africains sa relation intime avec l'histoire de la traite. "Je ne me suis jamais autant senti américaine qu'au Ghana, a-t-elle rapporté. Les Ghanéens plaisantent à propos de l'esclavage. C'est incroyablement bizarre." Elle dit s'être libérée du "mythe de l'Afrique comme mère idéale".

    Personne ne sait, au-delà de l'extraordinaire symbole, quels sentiments animent le premier président américain noir et son épouse Michelle au moment où ils entreprennent, à leur tour, le pèlerinage de Gorée. Pour eux aussi, l'ADN conjugué à un travail d'archives a déjà parlé, révélant deux formidables histoires américaines : l'un des ancêtres de Michelle, côté maternel, est un mulâtre né de l'union, volontaire ou contrainte, d'une esclave noire et de son maître ou de l'un de ses fils.

    Quant à Barack Obama, d'origine kényane par son père et censé ne pas descendre d'une lignée d'esclaves, il compterait parmi ses ancêtres un certain John Punch, esclave rebelle ayant vécu en Virginie au XVIIe siècle. La société Ancestry.com qui, en juillet 2012, a affirmé l'avoir établi, n'a pas fait les choses à moitié : selon elle, John Punch serait un ascendant de Stanley Ann Dunham, la mère du président. Ainsi, Barack Obama serait issu d'un esclave noir par sa mère, une femme blanche.

    </article>

    votre commentaire