• Bo Xilai, criminel ou héros?

    Le contraste est frappant: d'un côté, les médias officiels reprennent sobrement les informations de l'agence officielle Chine Nouvelle (Xinhua) sur l'expulsion du parti communiste de Bo Xilai, de l'autre, le sort de l'ancienne étoile montante de la politique chinoise suscite une frénésie de commentaires sur la blogosphère.

    Pour les réformateurs, c'est la preuve supplémentaire que la Chine doit s'engager dans la voie des réformes politiques pour éviter les dérives des puissants qui se croient au dessus des lois.

    He Weifang, un professeur de droit connu pour son combat pour une justice plus indépendante, se contente sur son blog de reprendre une dépêche de Chine Nouvelle datée du 10 septembre 2011, qui rendait compte d'une rencontre, deux jours auparavant, entre Bo Xilai et des professeurs d'une école primaire de Chongqing, alors qu'il était encore numéro un du parti communiste de cette mégapole du sud-ouest. M. Bo, aujourd'hui accusé de corruption, de manquement à ses responsabilités et de luxure, avait déclaré: "Si la génération suivante ne sait que gagner de l'argent, elle sera perdue, cela provoquera des problèmes, le pays ira vers le déclin"... Sur son compte de microblog, He Weifang s'épanche plus, constatant qu'au cours de ses plus de vingt ans de carrière, "plus il était corrompu, plus il progressait dans la hiérarchie". "Comment pouvons-nous croire dans les promesses (de lutter contre la corruption) de ce genre de régime? Quand allez-vous enfin vous réveiller: la même vieille rengaine ne peut plus marcher!".

    Beaucoup estime que Bo Xilai n'est que le symptôme d'un système où, comme l'écrit Zhao Chu, un expert des questions militaires et éditorialiste, "il reste encore beaucoup de Bo" qui sauront bâtir leur carrière politique en recueillant le soutien des laissés-pour-compte des réformes, nostalgiques de la période maoïste où les inégalités n'étaient pas aussi fortes. La société chinoise, si elle ne change pas ses règles, ne cessera de produire des Bo Xilai, juge-t-il. La question des réformes politiques est de nouveau posé pour poser des limites à la toute puissance des cadres du parti. "Pour Bo et sa famille, c'est la fin de l'histoire, mais pour le parti au pouvoir et le pays ce n'est que le début (...) La voie d'une politique démocratique et d'un pouvoir libre, c'est la voie d'une véritable constitution, d'une véritable république et d'un véritable système judiciaire". Son post a été le plus retweeté sur Sina Weibo samedi 29 septembre.

     

    Les tenants de la gauche radicale, eux, regrettent la chute de Bo Xilai, leur champion.

    "Lutte révolutionnaire, lutte de pouvoir. Le peuple ne peut que spéculer et se lamenter. Bo Xi X, tu mérites le soutien du peuple", écrit un internaute de Chengdu, dans la province du Sichuan, qui a remplacé le dernier caractère de Xilai par un X pour contourner la censure.

    Pour l'un des représentants les plus médiatiques de la gauche chinoise néo-maoïste, Si Manan, la chute de Bo Xilai ne signifie pas la disgrâce du "modèle de Chongqing", l'expérience politique et sociale que le charimastique homme politique menait depuis 2007 dans la mégapole du sud-ouest avant d'être limogé au printemps 2012. "Les autorités centrales n'ont pas conclu si Bo était de gauche ou de gauche, ce qu'il y a dans le rapport de la commission de discipline du parti, c'est de la corruption individuelle", écrit-il sur son blog.

    François Bougon


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    Le Point.fr - Publié le 29/09/2012 à 11:42

    La montée des nationalismes provoquée par la crise ressemble-t-elle à ce qui s'est passé après la grande dépression ? Une comparaison pas si absurde.

    Anthony Beevor, auteur de

    Anthony Beevor, auteur de "La Seconde Guerre mondiale", ici en 2010. © Rex Features/REX/SIPA

    Après Stalingrad, D-Day et La chute de Berlin, l'historien britannique Anthony Beevor va publier le 11 octobre un livre monument sur la Seconde Guerre mondiale (chez Calmann-Lévy). Une oeuvre globale et majeure, dont Le Point rendra compte prochainement. Or récemment, au cours d'un déjeuner à Londres, Beevor a raconté qu'à sa grande surprise, lorsqu'il s'est rendu il y a quelques semaines aux Pays-Bas pour faire la promotion de ce livre, le ministre des affaires Étrangères lui a demandé s'il accepterait de participer à un colloque sur le thème "Deuxième Guerre mondiale et crise de l'eurozone, similitude et différences"...

    L'historien, qui dans son livre décrit avec précision la montée des nationalismes dans l'Europe des années 30, refuse l'amalgame, même s'il perçoit certains traits communs entre les deux époques. Et il concluait qu'heureusement la différence majeure entre les deux situations, c'est qu'il n'existe pas aujourd'hui d'idéologie, comme le nazisme ou le communisme, susceptibles de mobiliser les masses et d'anesthésier les esprits, comme ce fut le cas à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

    Faits impunis

    Pourtant, ajoutait Beevor, la montée d'un certain extrémisme, notamment en Grèce, commence à devenir inquiétante pour la cohésion de la zone euro et même de l'Europe. En effet, si les incidents qui se produisent là-bas sont moins médiatisés qu'au moment des élections du printemps, les manifestations de voyous racistes, issus du mouvement d'extrême droite Aube dorée, se multiplient dans des proportions alarmantes.

    Depuis le moi de mai, des dizaines de témoins rapportent des histoires de ratonnades, particulièrement à Athènes, contre des immigrés pakistanais ou somaliens, ou des réfugiés irakiens ou syriens. Étrangement, ces faits sont rarement suivis d'actions judiciaires. Alors que leurs auteurs sont souvent connus pour leurs idées néo-nazies. Pour une bonne raison : les victimes n'osent pas porter plainte, car tout le monde le sait, en Grèce, la police est gangrenée par l'extrême droite.

    Saut dans l'inconnu

    Le parti de l'Aube dorée, surgi de nulle part, sinon des catastrophes humaines provoquées par les mesures d'austérité, a fait 7 % des voix aux élections législatives grecques. Et tout indique qu'il n'a cessé de progresser, puisque les sondages lui accordent maintenant 12 %, ce qui le place en troisième position derrière la Nouvelle Démocratie et la gauche radicale.

    Si une nouvelle crise se préparait avec la troïka (FMI, BCE, zone euro), pour qui la Grèce ne remplit pas complètement ses engagements pour espérer un nouveau déblocage de fonds, le gouvernement Samaras n'y résisterait sans doute pas. Ce serait alors un vrai saut dans l'inconnu pour Athènes. Et pour le reste de l'Europe.


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  • Prix des médicaments : pourquoi ça flambe ?

    mediacments

    Pour lutter contre le trou de la sécu, de nouveaux médicaments sont aujourd'hui déremboursés. L'industrie pharmaceutique en profiterait pour saler la note. Explications.

    Publié le 27 septembre 2012, 15h08 
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    Après le livre choc de deux professeurs de médecine listant les médicaments dangereux commercialisés en France, c'est au tour du journal Le Canard enchaîné de se pencher sur les pharmacies. Ce média annonce cette semaine une mauvaise nouvelle pour le portefeuille des malades. Après le déremboursement de médicaments dits "de confort", en 2006, ce sont des traitements contre l'asthme ou les bronchites qui suivent aujourd'hui le même chemin. En tout, ce sont 500 produits qui ont ainsi été retirés des médicaments à rembourser pour la Sécu en dix ans. Mais le Canard enchaîné du 26 septembre 2012 pointe une conséquence encore plus néfaste pour le pouvoir d'achat des clients dans les pharmacies françaises : les médicaments qui ne sont plus remboursés voient leur prix augmenter. En clair, la Sécurité sociale ne régulant plus le prix de ces remèdes, qui sortent de son champ d'action, les fabricants augmenteraient ces prix pour contrer la baisse des ventes.   

    Ainsi, selon l'Idres, l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, le prix, devenu libre, de ces médicaments déremboursés augmenterait en moyenne de 43 %. Cette hausse permettrait ainsi aux laboratoires de reconstituer leur marge malgré la chute des ventes. Et le Canard enchaîné de donner des exemples : l'antiallergique Polaramine serait passé de 1,50 euro lorsqu'il était remboursé, à 7 euros aujourd'hui. L'hebdomadaire met en avant des experts qui soulignent que les nouveaux déremboursements rapporteraient 7 millions d'euros. Et d'appeler plutôt à une harmonisation européenne : dans d'autres pays d'Europe, les génériques se vendraient en effet moins cher qu'en France, un exemple qui, s'il était suivi dans l'hexagone, permettrait à la Sécu de réaliser de nouvelles économies. "Une dizaine de milliards par an".

     

    VIRGINIE RIVIERE, L'Internaute


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  • Accueil > Economie > Hollande impose un Sarko-boy à Bercy

    Hollande impose un Sarko-boy à Bercy

    Créé le 25-09-2012 à 18h51 - Mis à jour le 26-09-2012 à 09h45   lien

    Philippe Parini, qui fut écarté du ministère de l'Economie par le gouvernement Jospin, sauve cette fois sa tête. Au prix d'étranges manoeuvres.

    Philippe Parini (AFP)

    Philippe Parini (AFP)

    C'est une première : François Hollande a signé mardi 18 septembre le décret de nomination du très sarkozyste Philippe Parini, nouveau trésorier-payeur général (TPG) de Paris, contre l'avis de Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, respectivement ministre des Finances et ministre du Budget.

    La proximité de Philippe Parini avec l'ancien président est connue : il fut trésorier-payeur général des Hauts-de-Seine et chargé en 2008 par Nicolas Sarkozy d'effectuer la délicate fusion entre la direction générale des Impôts et celle de la Comptabilité publique. Depuis l'installation de Hollande à l'Elysée, de nombreux hauts fonctionnaires notoirement proches de Sarkozy, comme Bernard Squarcini ou Frédéric Péchenard dans la police, ont été promptement remplacés. Philippe Parini, qui fut écarté de Bercy par le gouvernement Jospin, sauve cette fois sa tête. Au prix d'étranges manoeuvres.

    Petit retour en arrière. En octobre 2011, le précédent TPG de Paris fait valoir ses droits à la retraite. Philippe Parini, alors directeur général des Finances publiques, nommé par Sarkozy, décide de ne pas choisir de remplaçant et gèle le poste, avec l'accord du ministre de l'Economie. Résultat : la place reste vacante pendant huit mois.

    Après la victoire de la gauche en mai dernier, Parini fait comprendre qu'il est intéressé par la fonction. Refus catégorique de Moscovici et Cahuzac. Même attitude de Pierre-René Lemas et Emmanuel Macron, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint de l'Elysée, qui ne jugent pas raisonnable de donner à Parini le contrôle de la comptabilité et de toutes les opérations financières de la Ville de Paris, poste qu'il avait déjà occupé quelques années auparavant.

    La semaine dernière, pourtant, François Hollande en a décidé autrement, sans même attendre une réunion de la commission administrative paritaire de Bercy, généralement consultée pour avis. Pour quelle raison ? Mystère. Intervention d'émissaires de Sarkozy auprès de Hollande ? Deal politique en relation avec les futures élections municipales ? Les initiés se perdent en conjectures. Une chose est sûre pour le moment : l'association des trésoriers-payeurs généraux, plus que troublée par cette pratique d'un genre nouveau, envisage de déposer un recours.

    Article paru dans "Le Nouvel Observateur" du 26 septembre 2012


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  • ArcelorMittal : «Il est urgent d’attendre» dit Force Ouvrière

    <time datetime="2012-09-27T09:41:53.603755+02:00" itemprop="datePublished">27 septembre 2012 à 09:41  </time><time datetime="2012-09-27T09:41:53.603755+02:00" itemprop="datePublished"></time>

    Des employés de l'aciérie ArcelorMittal le 11 avril 2012 à Florange.

    Des employés de l'aciérie ArcelorMittal le 11 avril 2012 à Florange. (Photo Jean-Christophe Verhaegen. AFP)lien

    Réactions L'un des principaux responsables syndicaux de l'usine de Florange s'est dit «surpris» par les annonces de «Libération», alors que rien de filtre du cabinet de Montebourg. La droite aussi a réagi.

     

    L’un des principaux responsables syndicaux de l’usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), Walter Broccoli (FO), s’est dit «surpris» jeudi par les annonces du quotidien Libération, qui affirme que l’aciériste a confirmé au gouvernement la fermeture définitive des deux hauts-fourneaux en Lorraine.

    «Il est urgent d’attendre et d'écouter ce qu’a à nous dire Arnaud Montebourg», a déclaré à l’AFP Walter Broccoli, alors que le ministre du Redressement productif est attendu jeudi après-midi sur place.

    Selon le journal, qui ne cite pas de source, le groupe sidérurgique installé à Luxembourg a confirmé au gouvernement sa décision de fermer définitivement les deux hauts-fourneaux P3 et P6, comme le redoutent les syndicats alors qu’un comité central d’entreprise (CCE) sur l’avenir du site a lieu lundi. Ces hauts-fourneaux, à l’arrêt depuis juin et octobre 2011, emploient 550 des 2 800 employés du site lorrain.

    Mais, toujours selon Libération, «le gouvernement est, depuis trois semaines, en négociations avancées pour obtenir de Mittal qu’il accepte de céder la "filière chaude" (hauts-fourneaux et aciérie) pour l’euro symbolique».

    «Nous, on souhaitait que tout le site intégré soit repris», a indiqué Walter Broccoli. «Aujourd’hui, on se retrouve avec une annonce dans un journal, alors qu’hier encore, rien ne filtrait du cabinet du ministre : on est surpris», a-t-il poursuivi.

    «Il faut attendre de voir ce que monsieur Montebourg propose. L’objectif, c’est de voir couler l’acier en Lorraine, mais il faut voir dans quelles conditions: comment vont-être traités les salariés, avec quelles stratégies, et quelle somme l’Etat est-il prêt à mettre?», a-t-il interrogé.

    Jean-François Copé le 19 septembre 2012 à ParisDe son côté, Jean-François Copé (photo AFP), secrétaire général de l’UMP, interrogé sur les perspectives d’arrêt définitif des hauts fourneaux de Florange, a assuré jeudi qu’une «entreprise ne ferme pas par plaisir», incitant à mettre «la compétitivité au coeur de tout».

    Sur Europe 1, le député-maire de Meaux s’est dit «solidaire des salariés oui évidemment, parce que c’est une situation extrêmement angoissante pour chacun d’entre eux». «En même temps, une entreprise ne ferme pas par plaisir. Ce qui est capital, c’est qu’on mette plus que jamais sur la table, comme nous l’avions fait d’ailleurs, la compétitivité de nos entreprises au coeur de tous les grands sujets».

    «Je note que la décision de Mittal arrive après que François Hollande a retaxé les heures supplémentaires et supprimé la fiscalité anti-délocalisation qu’on avait mise en place», a argumenté l’ancien ministre du Budget.

    Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (photo AFP)Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, à Bercy, le 11 septembre 2012 se rend ce jeudi à Florange (Moselle) à la demande des salariés de l’aciérie ArcelorMittal inquiets pour l’avenir des deux hauts fourneaux du site dont l’arrêt définitif pourrait être annoncé lundi par la direction.

    (AFP)


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